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C'est le gouvernement qui devrait avoir peur de son peuple, et non l'inverse !
V for Vendetta


Si tu es seul
à rêver,
ce n'est
qu'un rêve,
si vous rêvez à plusieurs,
c'est la réalité qui commence.
Chant populaire brésilien


Le blanc est un significatif silence qu'il n'est pas moins beau
de composer
que les vers.
S. Mallarmé


Rien n'est écrit.
T.E. Lawrence


Ses dents largement découvertes signifient à tous que le loup ne se nourrit pas que de rêves.
Henri Michaux


On n'a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d'un seul coup ce que l'on perçoit d'un clin d'œil.
N. Sarraute


Je ne veux que du magnifique et je ne travaille pas pour le vulgaire des lecteurs
G. Bodoni


En typographie, il n'y a qu'un seul degré de bien : la perfection
Maximilien Vox


Il n'est pas nécessaire d'être fou pour travailler ici, mais ça aide
Jacques Bergier


Un intellectuel assis va moins loin qu'une brute qui marche
M. Audiard


Bonjour, je suis heureux de voir ici plus de chapeaux de cowboys que de cravates
Georges W. Bush


Inter Scientias, non minima est Typographica
Anonyme,
Graz 1673


Les lettres, signes hiéroglyphiques que la matière fait à l'esprit
Lamartine

 Décembre 
 
 25/12/13  Noël C'est mon idole…

[C'est mon idole…] Voici un bien beau cadeau de Noël d'une fidèle lectrice du BdG, qu'elle en soit mille fois remerciée. Je crois vous l'avoir déjà dit, et même un grand nombre de fois, mais je le redis quand même, Hermann Zapf est mon idole. J'ai une admiration sans borne à la fois pour sa virtuosité mais aussi pour la grande qualité des caractères qu'il crée, des calligraphies qu'il réalise et surtout de ses livres tous plus magnifiques les uns que les autres. Les proportions, les contrastes et les courbes font vibrer quelque chose en moi qui est de l'ordre de l'indicible mais qui me remplit de joie rien qu'à voir la composition d'une page de son Manuale Typographicum.

C'est bien sûr le résultat d'une longue vie de travail, Hermann Zapf a fêté ses 90 ans en 2008, mais déjà tout petit, enfin presque, il maniait avec une virtuosité incroyable tous les outils d'écriture qui lui tombaient sous la main. En témoigne cette video qui le montre encore fort jeune, utilisant certes des plumes carrées comme tous les calligraphes bien entrainés, mais aussi de la craie ou un stylo à bille ! Et quand on voit ce qu'il arrive à en tirer, cela relativise considérablement la course à l'outil que je constate parfois chez certains de mes collègues calligraphes qui passent un temps et un argent considérable à trouver la plume ou l'encre introuvables qui leur assureront la même réussite, croient-ils ?, que tel ou tel maître calligraphe de renommée internationale. Eh non, chers amis, comme le disait Henri Mérou, que nous avons eu une fois de plus la joie de retrouver pour notre banquet Graphos de dimanche dernier, comme le disait Henri Mérou, donc, la calligraphie ça coute vingt francs, en tout cas c'est ce qu'il fallait, à l'époque, pour acheter un porte plume, une plume et une bouteille d'encre et un cahier. Hermann Zapf nous dirait sans doute que c'est dépenser encore trop puisqu'un simple stylo à bille suffit ! Et un abécédaire réalisé de sa main sur le livre d'or de la Bello Visto en témoigne, si cette video ne vous suffit pas.

Fait intéressant et unique à ma connaissance, dans cette video il chante les louanges de l'encre de Chine au bâton et à la pierre comme étant supérieure à tout ce qu'il a essayé, notamment pour la finesse des déliés, alors que la très grande majorité des calligraphes que je connais, lui préfèrent de très loin l'encre au gallo-tannate, justement pour la finesse des déliés qu'elle permet, notamment en anglaise. Un préjugé qui reste à vérifier donc...

Bon bon allez d'accord, j'arrête la zapfolâtrie, mais je vous avais prévenus, c'est mon idole.

Joyeux Noël à toutes et à tous !

>[Elsa Pfolatre]

   
 22/12/13  LOL 21 juillet 1969

[21 juillet 1969] Bon, allez, un peu de détente en cette fin d'année, on me fait passer par mail une publicité très drôle qui réveillera le côté scatologique enfantin que j'espère nous gardons tous un peu au fond de nous et qui ne demande qu'à sortir au détour d'une blague de fin de repas bien arrosé.

Vous connaissez sans doute la théorie du complot qui voudrait que l'on n'ait pas vraiment marché sur la Lune ce 21 juillet 1969. Je me souviens encore de ce moment où j'ai vu à la télévision, noir et blanc à l'époque, cet homme dans son gros scaphandre blanc en train de sautiller sur ce sol étranger. Et bien certains affirment que ce ne serait pas moins que Stanley Kubrick, qui réalisait justement « 2011 Odyssée de l'espace » cette même année, qui aurait réalisé en studio ce que tout le monde a pris à l'époque pour le premier pas de l'homme sur une autre planète. D'ailleurs, la bande originale du film de la Nasa a été perdue, et il n'en reste que la très mauvaise prise de vue d'un mauvais écran de télévision, ce qui en explique la qualité médiocre.

Eh bien non, ce qui s'est passé est bien plus terrible en réalité, comme le prouve ce film qui est la vraie transcription de l'événement. A noter que l'idée avait déjà été exploitée dans les « Idées noires » du génial Franquin (voir ici, puis et enfin ).

>[Harry Coblanc]

   
 18/12/13  Font Chapitre

[Chapitre] Voici qu'il y a quelque jours dans la boite mail du blog tombe un message de Jonathan Perez. Vous devez vous en souvenir, nous vous en avions parlé il y a quelque temps quand la fonderie qu'il anime avec Laurent Bourcellier a gagné plusieurs prix dont le très prestigieux Type Directors Club Certificate of Excellence in Type Design pour sa superbe Joos. Sachez que le travail continue sur typographies.fr et que d’autres polices sont donc venues rejoindre les plus classiques Joos et Copte scripte, comme par exemple la Cadence, une incroyable police d'ornements combinables mais dont le seul défaut est d'être totalement indescriptible avec des mots. Il va donc falloir, si vous voulez comprendre, cliquer ici pour examiner par vous même les possibilités combinatoires.

Une petite nouvelle est venue rejoindre récemment cette belle collection, il s'agit du Chapitre, une police que les amateurs d'entrelacs irlandais ou de bâtarde flamande à la Van de Velde apprécieront sans aucun doute. Chaque lettre est en effet formée d'un entrelacs à plusieurs fils permettant de donner non seulement le squelette de la lettre mais aussi de suggérer les empattements. On se trouve donc devant une vraie dentelle typographique dont le côté aérien ne pourra que séduire les adeptes de lettrages finement ciselés et de paraphes tarabiscotés. Je vous conseille notamment de faire un petit tour du côté du spécimen pour en apprécier vraiment toutes les subtilités.

Ah si les moines de l'abbaye de Iona ou de Kells avaient eu ce genre d'outils sous la main ! La face du monde calligraphique en eut été changée. Même si vous êtes adeptes de calligraphie exclusivement, parcourez le site typographies.fr et rappelez-vous que l'expressivité des formes est universelle, qu'elles soient réalisées à la main ou par des courbes de Bézier !

>[Elie Vreux de Kells]

   
 15/12/13  FC La fabrique de l'histoire

[La fabrique de l'histoire] Une bien belle série d’émissions cette semaine dans la Fabrique de l’histoire d’Emmanuel Laurentin, tiens je me rends compte que nombre d’animateurs de France Culture ont une page Wikipedia consacrée à leur personne, série d’émissions autour du thème des grandes collections du livre, avec mardi à propos du Livre de poche, mercredi un débat sur les collections et les maisons d’édition les plus célèbres et enfin jeudi la Bibliothèque Bleue et les éditions de colportage.

Heureusement pour ceux que cette nouvelle atteint après la diffusion de cette série d’émission, France Culture a la générosité de nous proposer de réécouter ses émissions au calme, dans un bon fauteuil, bien longtemps après leur diffusion en utilisant son extraordinaire système de podcasts. Il vous est donc très simple, en utilisant iTunes par exemple, ou tout autre gestionnaire de balado-diffusion qui vous plaira, très simple dis-je donc, de télécharger en toute légalité les émissions diffusées au cours de l’année et de se les écouter à tout instant qui vous plaira, qui donc se ravira de Mauvais Genre de François Angelier dans un bon fauteuil au cours d’une longue soirée d’hiver, qui d’autre en effectuant des tâches ménagères, je vous garantis qu’éplucher les patates en écoutant Raphaël Enthoven au cours du Gai savoir vous parler des Ennéades de Plotin prend tout de suite une dimension plus cosmique, qui d’autre au milieu des embouteillages, ce qui pourra aller jusqu’à vous faire aimer les embarras routiers qui vous permettent d’écouter les Racines du Ciel et Frédéric Lenoir et Leili Anvar jusqu’à leur terme, qui encore dans le train, ce qui contribuera à vous faire préférer les TERs aux TGVs, trop rapides pour vous laisser parcourir jusqu’à leur fin les Nouveaux chemins de la connaissance en compagnie d’Adèle Van Reeth, bref j’en passe et des meilleures sur cet éloge de la lenteur. Enfin une bonne raison d’acheter un de ces soit disant smart-phones qui sont le support rêvé pour l’écoute des podcasts, du moment que vous avez pensés à en inhiber la partie téléphone, bien entendu. Il ne manquerait plus qu’on m’appelle pendant que je suis en train de me délecter des Concordance des temps que nous concocte Jean-Noël Jeanneney, ancien directeur de la BnF soit dit en passant.

Toutes les informations à propos de ces abonnements sur la page podcast du site de France Culture.

>[Rapha Brick de Lystoire]

PS : et en plus vous savez quoi ? Aujourd'hui c'est la banquet Graphos ! Mail-art, gastronomie et rigolade au programme de la journée…

   
 11/12/13  IRL La B42 chez vous

[La B42 chez vous] Noël approche et la chasse aux idées de cadeaux est ouverte ! Le Musée de l'Imprimerie de Lyon nous en propose une qui va ravir tous les passionnés de typographie, une page de la célèbre Bible à 42 lignes de Gutenberg. Quoi ? vous entends-je hurler malgré la distance, on a démembré un tel ouvrage pour le vendre page par page ? Oh non, vous réponds-je, calmez-vous, ces défenseurs du livre ancien et de ses outils ne pourraient jamais faire une chose pareille ! Petite parenthèse, bien des bouquinistes le font, surtout pour tenter de revendre à l'unité des gravures tirées de livres qui se vendraient bien moins cher entiers. Une petite signature au crayon et hop, le tour est joué et si un pigeon se présente, l'affaire et les euros sont dans la poche. Allez sur eBay, il y en a des centaines.

Pour en revenir au Musée de l'Imprimerie, bien loin de ces turpitudes, il nous propose une page de la B42 recomposée par ses équipes avec une reproduction de la casse même de Gutenberg, plus de 250 caractères tout de même pour une textura et ses ligatures, imprimée sur un beau papier par une presse à bras comme ils en ont de fort belles, et rubriquée par une calligraphe et enlumineuse professionnelles. Bref, un petit bijou, digne de figurer au mur de la maison de n'importe quel amateur de typographie un tantinet éduqué.

Le prix est digne de l'objet, 150 euros jusqu'à la fin de l'année et 170 euros ensuite. Les Amis du Musée ont même une réduction spéciale portant le prix jusqu'à 100 euros, donc pour ceux que la financiarisation de la vie moderne a profondément imprégnés, ce qui fait que l'adhésion à cette belle association est remboursée par le simple achat d'une telle feuille ! Bon mais de toute façon si vous lisez cette vénérable colonne, qui a fêté ses huit ans il y a quelques jours, vous devez déjà être membre des Amis du Musée de l'Imprimerie, tant je vous ai vanté les mérites des voyages qu'elle organise, des conférences qu'elle propose, des visites spéciales qu'elle offre à ses adhérents, et surtout la chaleur humaine de ses membres, bref un ensemble de joyaux culturels d'une valeur bien supérieure aux quelques euros de la cotisation.

Donc cliquez ici pour vite commander vos exemplaires avant Noël et là, pour mieux connaître les Amis du Musée de l'Imprimerie.

>[Barnabé Quarante-deux]

   
 7/12/13  www 2xB42 en ligne

[2xB42 en ligne] Vite à vos souris ! La nouvelle tombe à l'instant sur nos téléscripteurs, virtuels je vous rassure, la bibliothèque du Vatican et la Bodleian Library se proposent de mettre en ligne un million et demi de pages d'ouvrages rares détenus dans leurs réserves, principalement des manuscrits hébreux et grecs, donc réservés aux connaisseurs, mais aussi des ouvrages de la période des débuts de l'imprimerie comme la célébrissime et superbe bible à 42 lignes imprimée par Gutenberg dont deux exemplaires (si si deux) vous sont proposés, celui de la Bilbiotheca Vaticana et celui de la Bodleian Library ! Mais vous trouverez aussi de belles bibles ou psautiers illustrés, souvent composés avec ces superbes caractères de la Renaissance, dont la magnifique souplesse et la rondeur sont encore le reflet des caractères humanistiques calligraphiés à la main. La numérisation est exceptionnellement bonne, et je m'y connais, les ouvrages sont en couleurs, avec une excellente résolution qui permet d'en voir tous les détails, depuis les caractères, justement, jusqu'au enluminures et autres rubrications quand elles existent. Bref un régal de tous les clics.

Il vous suffit de vous rendre sur le site de la Polonsky Fondation et de choisir ! Bon honnêtement, seule une petite partie des millions de pages promises est aujourd'hui consultable, le projet va s'étaler sur quatre ans. Mais surveillez la liste des livres et revenez-y fréquemment pour découvrir les nouveautés !

>[Rémi Enligne]

   
 3/12/13  Expo Peinture t'chan

[Peinture t'chan] Si vous suivez cette colonne depuis quelque temps, vous devez avoir entendu parler de Michel, un fidèle graphosien depuis de nombreuses années, qui fut longtemps actif sur les forums de calligraphie sous le pseudonyme de bonsaïka (ici, le correcteur orthographique me propose « bosniaque », haha trop PTDR) et sur les forums de bonsaï sous le pseudo du « calligraphe ». Ça vous donne une petite idée du bonhomme. Car Michel a de nombreuses cordes à son arc. Et autant c’est un excellent calligraphe, autant il arrive aussi à mener de front des activités de sumi-e et de peinture tch’an, deux courants de la peinture extrême orientale ainsi que l’élevage de bonsaï. Il nous avait parlé de la convergence de toute ses activités dans son livre paru auxéditions Arqa sous le titre de « Bonsaï et calligraphie », livre que je vous conseille de lire et relire tant les idées qui y sont exprimées ouvrent des portes pour les praticiens de la calligraphie.
Tout ceci pour vous signaler que Michel ouvrira le 7 décembre les portes de sa première exposition de peinture tch’an au célébrissime « Nain jaune », tenu par son beau-frère Max, antre du jeu de société et de la gastronomie où nous avons passé une soirée mémorable lors de la rentrée graphosienne. Le vernissage aura lieu à 19 heures et sera suivi, pour ceux qui le souhaitent d’un repas spécial pour la somme de 25 euros. Avec un peu de chance, Max nous proposera un jeu digne du Dixit dont je vous avais déjà parlé, ce qui nous permettra de bien rigoler entre amis mais aussi de faire de belles découvertes de nos inconscients. Vous trouverez ici l’invitation à cet événement auquel je vous conseille de vous rendre, j’ai eu l’occasion d’entrevoir une partie des œuvres qui seront exposées, je peux vous dire qu’elles sont d’une grande beauté et que vous ne regretterez pas le déplacement !

Un dernier conseil, si Max vous propose un mojito ou un rhum arrangé, prenez garde, c’est un piège dans lequel plus d’un se sont précipités et dont vous ne ressortirez indemne que si vous en usez avec la plus grande modération !

>[Adamo Rito]

   
 Novembre 
 
 30/11/13  BnF Adoptez un livre

[Adoptez un livre] Quand la créativité humaine se déchaîne, on peut certes arriver au pire, mais on peut parfois aussi trouver le meilleur. Une géniale idée, et je pèse mes mots, vient de tomber dans ma boite mail. L'association des amis de la BnF lance une opération « Adoptez un livre » afin de combler les énormes besoins de budget de financement pour la numérisation et la mise en ligne des ouvrages les plus intéressants. Plutôt que d'aller pleurer auprès de son (ses ?) ministres de tutelle, gonflant ainsi la longue file des quémandeurs de budget, entre les pêcheurs bretons, les conservatoires de musique et les hôpitaux en voie de fermeture, la BnF se tourne auprès de son public et fait appel non seulement à sa générosité, ce qui serait peut-être un peu illusoire, mais surtout à son sens de l'intérêt propre. Et ça, dans notre époque où le un pour tous est beaucoup moins en vogue que le tous pour moi, c'est vraiment une bonne idée.

Vous voulez enfin lire dans son édition originale tel ou tel livre, je prends au hasard, le « Traité théorique et pratique du haschich et des substances psychiques » d'Ernest Bosc ? Il suffit de régler 300 euros et vous pourrez bientôt en lire en ligne un exemplaire sur Gallica ainsi que des millions d'autres internautes. De multiples ouvrages sont suggérés sur des sujets divers depuis la gastronomie, la vigne et le vin, ou le tour du monde en 80 livres jusqu'à la culture de la soie. Mais vous pouvez aussi en proposer parmi ceux que vous voudriez voir en ligne, les réserves de la BnF sont considérables et bien souvent le livre que vous cherchez y est conservé. Bon, certains sujets sont déjà bien fournis, je vous conseille de demander les ouvrages de paléographie et avec ce simple mot clé, vous vous retrouverez avec une liste de 174 ouvrages comprenant notamment les deux tomes de l'introuvable « Éléments de paléographie » de Natalis de Wailly, ouvrage de référence que j'ai mis personnellement plus de cinq ans à trouver à un prix abordable, mais aussi le « Prou » le « Chassand » le « Champollion » et même un ouvrage de paléographie de l'écriture indienne en allemand dont j'ignorais l'existence jusqu'il y a cinq minutes !

Alors à vos bibliographies, trouvez le livre que vous avez toujours voulu lire, cliquez ici et à vos cartes bleues !

>[Olga Lika]

   
 26/11/13  TvM Quand les cochons sauront voler 

[Quand les cochons sauront voler…] Chouette, Thora van Male a sorti un nouveau livre ! Cette érudite des dictionnaires, elle nous avait régalé de son livre, de son site et de son exposition sur l’« Art Dico », nous avait fait réfléchir sur les correspondances de certains mots en anglais et en français dans son livre suivant, « Les liaisons généreuses », qui m’avait pour ma part fait découvrir combien le fait que le français ne faisait qu’utiliser les mots anglais était une idée reçue totalement fausse, et que c’étaient bien plus souvent des aller retour ou des échanges entre les langues qui se produisaient. Par contre ce qui unit ces deux livres, c’est un ton. Car autant Thora possède son sujet sur le bout des doigts, autant le ton de ses livres est léger dans le bon sens du terme, sans toutes ces fioritures qui font les textes érudits ou universitaires habituels, et surtout elle les parsème d’un humour qui fait que cette lecture qui pourrait n’être qu’intéressante devient un vrai plaisir de toutes les pages.

Dans son dernier livre, elle nous promène dans les expressions françaises en étudiant leur contreparties anglaises, qui, comme vous vous en doutez, n’en sont bien sûr pas des traductions littérales. Ainsi l’expression qui donne son titre au livre « Quand les cochons sauront voler… » est l’équivalent anglais du célèbre « quand les poules auront des dents » ! Cet ouvrage passe donc en revue, depuis « être aux anges » jusqu’à « un drôle de zèbre », toutes les expressions les plus courantes du français de tous les jours, et cela fait partie du plaisir de ce livre que de retrouver des expressions rares et précieuses que nos parents utilisaient souvent mais que l’appauvrissement et le nivellement par le bas du français issu de la télévision ne nous font malheureusement plus entendre dans la bouche de nos contemporains. Pour chacune de ces expressions, comme le délicieux « ça ne vaut pas un pet de lapin », elle nous en donne une petite illustration humoristique qu’elle a glanée, n’en doutons pas, dans sa grande collection de dictionnaires, et nous donne à lire un petit texte expliquant à la fois la signification de l’expression française quand elle en demande une, ainsi que l’équivalent anglais de l’expression française et son explication à elle, le tout non sans de subtils jeux de mots et touches d’humour qui font venir sur notre visage le petit sourire de celui qui apprend en s’amusant. Un lexique des mots anglais et un lexique des mots français terminent cet ouvrage et le rendent tout à fait utilisable dans la vie de tous les jours pour comprendre les expressions anglaises ou traduire un peu mieux nos textes français sans trop se casser la tête (to scratch my brain). On s’amuse à le lire, certes mais on peut aussi s’en servir de référence !

Bon, Noël approche et je gage que ce livre va se retrouver sous bien des sapins, en tout cas pour ma part, je compte bien l'offrir à certains de mes amis que je sais apprécier ce genre d’ouvrage. Un dernier mot pour signaler que ce livre est très joliment maquetté, finement illustré mais également parfaitement fabriqué et relié dans les règles de l’art, ce qui est de moins en moins courant dans l’édition aujourd’hui. Que les autres éditeurs en prennent de la graine, ce n’est pas parce qu’un livre vaut seize euros aujourd’hui qu’il faut que les marges en soient réduites à quelques millimètres, que le texte soit composé en corps huit ou que les pages se détachent à la première lecture.

>[Enrico Chonvolant]

   
 21/11/13  Film iDiots

[iDiots] Le monde de la marchandise est un monde incroyable. Les économistes nous modélisent sous la forme d'agents rationnels, uniquement préoccupés de maximiser nos flux entrants, matériels ou financiers, en minimisant nos flux sortants, c'est à dire pour le dire crûment à nous transformer en avares essayant toujours de payer moins cher pour le plus grand nombre possible de biens. Ils n'ont pas tort pour une grande majorité des gens, l'avarice est devenu aujourd'hui une vertu et beaucoup d'« homo economicus » ont un lien social qui ne tourne qu'autour des meilleurs affaires que l'ont peut faire en achetant ici ou là tel ou tel bien, habillement et nourriture sont les plus courants, plutôt qu'ailleurs. Et cela mène au monde actuel dans lequel pour vendre il vaut mieux délocaliser en Chine, sans quoi la main d'œuvre grève tellement le prix des articles qu'ils en deviennent invendables, quitte à mettre au chômage une grande partie des acheteurs.

Mais l'homme est loin d'être la machine économique que l'on nous prédit. C'est aussi un animal émotif dont les passions font dévier considérablement les comportements, l'amenant bien loin de la pure rationalité. Prenez la marque à la pomme. Elle arrive à déchainer chez les uns un amour passionné qui les rend totalement aveugles à la réalité de leurs besoins, et chez les autres des haines équivalentes qui feront qu'ils pourront aller contre leur propre intérêt plutôt que d'iAcheter quoi que ce soit. Les anglais utilisent le terme de « fanboy » qui résume bien la situation, mélange de fanatisme et d'infantilisme. Pour ma part, j'utilise, c'est vrai, un téléphone et un ordinateur siglés à la pomme, parce que cela me permet d'en changer moins souvent. Je garde mes ordinateurs en général entre six et sept ans voir plus, et ce n'est que pour les refourguer à mes enfants qui continuent de s'en servir. Seul un ordinateur de qualité correcte peut encore être utilisé dix ans après avec toujours la même fluidité d'usage. Mais, sans en être du tout prosélyte, je tombe inmanquablement sur des gens qui fustigent les mille défauts qu'ils attribuent à ces matériels et à leurs acheteurs, certains bien réels, le rapport qualité prix par exemple, mais d'autres totalement imaginaires comme la pollution engendrée par les déchets, puisqu'un simple bon sens vous fait comprendre que si vous changez d'ordinateur tous les dix ans, vous créez cinq fois moins de déchets que si vous en changez tous les deux ans.

Ainsi un petit film trouvé sur Vimeo montre l'énergie et le temps que peuvent dépenser ces « fanboys » pour aduler ou vouer aux gémonies la marque à la pomme. Qu'est-ce qu'on nous explique ? Que les gens qui iAchètent le font sans réfléchir. Sans aucun doute, et heureusement pour les autres marques, ce n'est pas le domaine exclusif de la pomme. Que quand ils ont acheté leur appareil, ils l'utilisent pour s'amuser seuls ou en groupe. Euh… depuis pas mal de temps, un téléphone est utilisé à bien plus de choses qu'à téléphoner. Est-ce que les autres marques ne sont pas à mettre dans le même sac ? Mon vieux téléphone, sans appareil photo, sans internet, sans écran tactile me proposait déjà tétris et centipède ! Et puis vient l'obsolescence programmée. Et c'est là qu'à mon avis la mauvaise foi du fanboy commence à pointer son nez. Avant qu'une voiture lui roule dessus (si si) l'année dernière, mon iPod première génération de 2001 fonctionnait parfaitement onze ans après, mon portable « Wall street » de 1998 est toujours opérationnel quinze ans après, ainsi que mon Powerbook de 2004 ! En fait l'obsolescence n'est programmée que dans nos têtes, car un bon « fanboy », comme pas mal de fanatiques de voiture, de technologie ou de matériel calligraphique se doit d'avoir, et de montrer, LE dernier modèle à la mode, et les marques le savent bien, puisqu'elles changent volontairement l'apparence des objets pour que l'on puisse facilement distinguer le nouveau modèle de l'ancien, même si à l'intérieur de la boite les modifications sont mineures. C'est donc bien dans la tête des gens qu'est l'obsolescence et non pas dans le matériel lui-même, nos poubelles sont pleines de matériel parfaitement en état de marche. N'est-ce pas là justement une victoire de la marchandise sur la rationalité ?

Reste que ce petit film est absolument magnifique dans sa technique, parfait dans son réalisme et très bien fait pour exprimer tout une gamme d'émotions sans paroles. Allez voir les autres vidéos proposées par BLR_VFX, c'est un vrai régal des yeux…

>[Adonaï Fonne]

   
 16/11/13  KLi Château de la Buzine

[Château de la Buzine] Chouette, j’ai pu par chance trouver le temps l’autre dimanche d’aller au Château de la Buzine pur aller voir l’exposition de calligraphie dont je vous parlais l’autre jour. Eh bien je peux vous dire que je ne l’ai pas regretté ! Le lieu tout d’abord, un superbe château refait de neuf, un peu trop neuf même parfois, auquel a été adjoint une aile moderne abritant un cinéma, le tout formant un contraste magnifique entre tradition et modernité, chacune des parties faisant ressortir le caractère unique de l’autre. L’intérieur n’ayant pas pu être conservé, il se déploie sur quatre niveaux, tout en espace aériens, offrant trois étages supérieurs pur la bibliothèque et les expositions et un étage accueillant une salle de cinéma.

C’est au premier que se trouvent exposés les travaux de calligraphie. Bon autant vous dire, il n’y a eu aucun compromis, ni sur la quantité des œuvres, ni sur leur qualité. Car bien loin de ces expositions offrant à l’admiration une ou deux œuvres par mur, on se retrouve ici plutôt par un exposition digne des musées du XIXe tant il y a de belles choses à voir sur bien peu de mètres carrés. On y trouve une incroyable diversité de traitement de la lettre, tant le nombre d’artistes est élevé et tant fleurissent aujourd’hui les conceptions parfois radicalement différentes de notre art. On y trouve des grands noms, on y trouve des humbles, certains même peuvent être ou ont pu être vus aux dimanches graphosiens, on y trouve des travaux magnifiques, à vous laisser bouche bée, bavant d’admiration et d’autre moins inspirés, moins léchés mais on sent pour chacun l’enthousiasme de la création, l’envie de partager ces signes et l’élan vers le perfectionnement. Tous les styles sont représentés, latins, hébreu, chinois, de nombreux amis de Graphos nous ayant rejoint un dimanche sont là, on y trouve aussi des originaux comme ces travaux mêlant calligraphie, collages et couture, les enveloppes de « Mail Art Around the World » ou bien les entrelacs graphiques dont on ne sait plus trop bien s’il s’agit de peinture ou de calligraphie.

Bref, vous remarquerez que j’ai pris grand soin de ne citer aucun nom, et de façon délibérée afin de vous enjoindre à venir vous aussi les découvrir au Château de la Buzine. Honnêtement, c’est une des plus belles expositions de ces dernières années, surtout par la diversité des travaux qui sont offerts à notre admiration, mais aussi parce qu’elle montre l’énorme bouillonnement de créativité du monde calligraphique, preuve s’il en fallait que cet art est loin de tomber dans l’oubli.

>[Natacha Todlabuzine]

   
 11/11/13  ^_^ Dance your PhD

[Dance your PhD] Je trouve toujours très suspects les rapprochements que font certaines personnes, de deux domaines aussi éloignés que la science dure, mathématiques ou physique, et les sciences humaines, comme la philosophie ou la religion. A mon avis, seul quelqu'un de totalement inculte dans les deux domaines peut réellement tenir un discours du genre, le bouddhisme avait déjà trouvé, il y a deux mille ans, ce que la relativité d'Einstein ne nous a révélé qu'au XXe siècle. La relativité est une série d'équations dont je doute que les bouddhistes aient l'équivalent, même sous forme de concepts élaborés, et de même la façon dont ils envisagent la relativité est bien plus complexe que celle dont ces équations nous parlent. Dire que les deux coïncident c'est comme de dire qu'utilisant les mêmes mots, ils veulent dire la même chose. Et je vous passe les fumeux rapprochements qui suivent en général les discours commençant par « comme le dit la mécanique quantique… ». Toute personne ayant déjà étudié la fonction d'onde de Schroedinger pourra vous dire qu'elle n'a rien à voir avec l'allégorie de la caverne de Platon, ni l'équation à la base du principe d'Heisenberg avec la théologie négative de Nicolas de Cues.

Mais autant les sciences humaines et les sciences dures sont insolubles les unes dans les autres, autant je trouve les rapprochements de l'art et de la science très fructueux. Ainsi, une initiative incroyable a vu le jour dans une université américaine, il s'agit de chorégraphier les thèses des étudiants. Oui, vous avez bien lu, « Dance your PhD », en français « Danse ta thèse », est un concours de vidéo de chorégraphies expliquant le contenu de thèses portant sur des sujets aussi abscons que « Comprendre le rôle du MYCN dans le neuroblastome en utilisant une approche de biologie des systèmes » ou bien « Kinase d'adhésion focale comme un transducteur cellulaire » voir même « Caractérisation biophysique des peptides transmembranaires utilisant la fluorescence » ! Et tout ceci donne une série de vidéo de chorégraphies pour lesquelles vous pourrez voter sur cette page, après les avoir visionnées, bien sûr, ce que je vous encourage à faire. Certes on est parfois bien loin de Maurice Béjart, mais l'approche est d'une fraicheur stupéfiante et le sérieux avec lequel ces jeunes étudiants travaillant sur des domaines ultra-spécialisés ont œuvré pour la transmission de leur travaux à travers la danse me laisse baba d'admiration. Je rêve d'un concours pour les développeurs informatique sur le thème de « Danse ton programme » qui essayerait par exemple de montrer le fonctionnement intime d'un programme de traitement d'image sous la forme d'une chorégraphie de milliers de personnes chacune personnifiant un pixel et dansant les divers traitements auxquels il est soumis… On trouve souvent le pire sur Internet, mais aussi parfois le meilleur. Quelle belle initiative !

>[Adam Sœur]

   
 7/11/13  Fête Cette fois je le fais…

[Cette fois je le fais…] Bon ça faisait plusieurs années que je me disais, cette année, je le fais. Et puis vous savez ce que c'est, les sollicitations diverses, ça tombe mal, ou bien le train train quotidien, qui nous plombe l'envie par l'habitude… Ceux qui le faisaient me disaient « fais-le, tu verras c'est super, tu ne le regretteras pas ! », mais à chaque fois il y avait quelque chose d'autre ou bien la flemme, tout simplement.

Alors cette année, surtout cette année, je me suis dit, cette fois ça y est, je le fais, je vais aller à la fête du debut novembre au Cadratin à Vevey. D'autant que cette année, Jean-Renaud Dagon et son équipe fêtent les 25 ans de l'atelier, c'est vraiment une superbe occasion de changer un peu de paysage. Encouragé par une complice lursienne, il fallait bien la covoiturer, je me suis donc décidé à réserver le long week-end de la Toussaint à cette escapade helvétique. Et bien je n'ai pas été déçu ! La fête a été mémorable, les rencontres chaleureuses, les découvertes sublimes et, comme d'habitude, la production de l'atelier du Cadratin a été au plus haut niveau de l'art typographique.

Dès dix heures du matin, l'imprimerie tout endimanchée a ouvert ses portes et un public nombreux s'est emparé des lieux. Plusieurs ateliers démontraient divers aspects de l'art du livre, dont un atelier de papier à la forme et divers endroits où l'on pouvait voir des presses en action, comme par exemple une incroyable presse à bras du XIXe, dont le mécanisme est basé non pas sur un classique pas de vis mais sur un espèce de genou mécanique, qui en a surpris plus d'un, à la fois par la pertinence de l'invention mais aussi par la beauté du métal travaillé. Et surtout, les productions du Cadratin étaient là, exposées aux yeux et aux mains de tous. Depuis le plus humble livret de quelques pages, « Le lac noir », récit d'une aventure enfantine imprimée dans son propre langage, jusqu'au sublime « Éloge du vide parfait » avec ces photographies noir et blanc d'une incroyable beauté et ses textes si sobres, en une typo simple, noir sur blanc, en passant par les beaux livres, « Consonnes », qui fait le pendant au « Voyelles » de Rimbaud de l'année dernière, ou bien « Feu sur le noir », « La vie en rose » ou « La fil rouge », tous éblouissants de perfection typographique et de maîtrise parfaite de l'art du livre.

Et la journée s'est poursuivie, avec à midi la traditionnelle soupe de courge suivie du gâteau traditionnel et de ses 25 bougies, mais aussi des lectures, des musiciens et des retrouvailles, celles des lursiens d'ici et d'ailleurs en goguette, et des rencontres avec les amis, tous réunis ici dans cette célébration de l'art du livre et l'amour du travail bien fait. Une soirée fondue et musique a conclu cette fête organisée de main de maître par toute l'équipe du Cadratin qui, au vu de l'organisation parfaite, y travaillait sans doute depuis de longs mois.

Un grand moment d'émotion, pour ma part, a été la rencontre avec le travail de Fernand Parisod, le défunt « maître » de Jean-Renaud, comme celui-ci se plait à l'appeler. Je connaissait une plaquette « Aux dormants des Baux » imprimée par lui sur les presses de Louis Jou, mais la découverte de quelques-uns de ses livres a été vraiment un moment de révélation d'une grande beauté, à la fois parce qu'on y retrouve les racines, les valeurs fortes du travail de Jean-Renaud, mais aussi parce qu'était présente son épouse pour les commenter et rendre encore plus émouvante la découverte de ces chef d'œuvres.

Alors un grand merci à tous pour ces moments inoubliables, et pour ceux qui ne s'y sont pas rendus, vous trouverez ici, une photo de la brochette des Compagnons de Lure et là un petit film qui vous donnera une idée de l'ambiance… et peut-être l'envie d'y aller l'année prochaine ? Et pour ceux qui aiment les beaux livres, la boutique du Cadratin est disponible en ligne, vous pouvez vous y servir en toute confiance, les livres qu'on y trouve sont vraiment de qualité, car si comme le décrit la phrase de Maximilien Vox, « en typographie, il n'y a qu'un seul niveau de bien, la perfection », alors je l'ai rencontrée, elle est à Vevey.

>[Rébecca Dratin]

   
 3/11/13  Expo Feuillets d'art

[Feuillets d'art] Youpi, enfin une exposition de calligraphie qui ne nous obligera pas, nous autres graphosiens provençaux, à brûler des litres et des litres de carburant fossile pour aller nous régaler les mirettes ! Mais oui, c'est à Marseille même, au Château de la Buzine dans le onzième arrondissement que s'ouvrira vendredi 8 novembre une exposition de calligraphies sur le thème des « Feuillets d'art », exposition qui devrait nous donner à voir nombre de calligraphes de talents, et dont même, chuchote-t-on dans les coulisses, certains travaux de notre Thierry Garnier himself en personne ! En tout cas, sont annoncés Mail Art Across the World (MAATW de son petit nom) qu'il est inutile de présenter aux lecteurs fidèles de cette colonne, ainsi que Calligraphies en Liberté, Amitié Provence Chine et d'autres dont à ma grande honte je dois avouer que je ne les connaissais pas jusqu'à cette heure.

Cette exposition présentera des œuvres calligraphiées mais aussi des outils et « tout un florilège de papiers et d'outils d'artistes, de calligraphies, de mail-art et d'art populaire... entre tradition et création contemporaine », tel est ce qui nous en est dit sur le dépliant qui nous informe du vernissage.

Bref, étant donné le nombre minime d'expositions de calligraphie qu'il nous est donné de voir dans la région, j'espère que tous les amateurs d'écriture provençaux, d’ici ou d’ailleurs se presseront au Château de la Buzine, qui a l'air ma fois fort joli en lui-même, afin d'inciter d'autres initiatives du même tonneau à voir le jour à moins de cinq cents kilomètres. Qu'on se le dise !

>[Alex Position]

   
 Octobre 
 
 27/10/13  G Rentrée Graphos

[Rentrée Graphos] Ah quelle belle rentrée Graphos ! Nous avons en effet repris nos travaux de plume dimanche dernier au couvent du Belvédère, qui nous accueille maintenant depuis de nombreuses années, avec un stage sur les majuscules gothiques dont le point d'orgue a été la réalisation d'un abécédaire à la gouache blanche sur papier foncé. Autant dire que pour une reprise, le thème nous a fait démarrer sur les chapeaux de roue ! Car beaucoup d'entre nous, n'ayant pas ou peu travaillé depuis le dernier stage de l'année dernière ont trouvé leurs brauses (et leur main) singulièrement rouillées ! Il a fallu toute la virtuosité que demandent ces lettres pour pouvoir retrouver un semblant de souplesse dans les tracés. Mais le résultat final en valait le coup.
Les agapes de mi-journée furent dignes de notre réputation, avec le retour d'Yvette et de ses boulettes de viandes, accompagnées (mazette !) d'un Pommard 1997 (je vous garantis que c'est vrai, j'ai goûté ce nectar) issu de la cave d'Ernest. Bien entendu les autres graphosiens n'étaient pas de reste, qui ramenant de délicieuses charcuteries de la Haute Loire (hmmm les grattons !) et moultes quiches, cakes et gâteaux qui ont régalé l'assemblée.
Mais nous étions quand même là aussi pour travailler, et l’après midi nous a tous mené au bout de nos travaux avec de bien belles réalisations prouvant que même si le graphosien est rouillé, son ardeur au travail lui fait rapidement retrouver son adresse calligraphique ! Un très beau stage qui a réjoui tous les amis (merci à notre maître, toujours aussi attentif à ce que tout se passe bien), bien content de se retrouver pour cette rentrée ! Rendez-vous en novembre pour un stage sur l’anglaise et en décembre pour notre stage festif habituel sur le thème du mail art. Pour l’année prochaine , quelques fuites de thèmes potentiels de stages me laissent à penser que nous n’allons pas manquer de nous étonner sur les multiples manière d’envisager l’écriture !

>[Harpo Mard]

   
 22/10/13  End La fin de l'écriture

[La fin de l'écriture] A mon avis, notre monde est proche de sa fin. Oh non, pas comme en 2012, pas notre Terre, pas notre environnement matériel de tous les jours, non celui-là perdurera grâce au puissant moteur de la marchandisation qui nous transforme lentement en machines à consommer. Non, je veux parler du monde de la calligraphie qui disparaitra sans doute très bientôt, et qui forcera les derniers pratiquants de cet art à survivre dans des zoos aux côtés d’espèces disparues, comme des animaux curieux, survivants d’un passé heureusement disparu. Deux nouvelles récentes sont venues à ma connaissance qui me font craindre en effet que la fin finale soit proche.

La première c’est l’annonce que 45 états des États-Unis ont décidé de ne plus enseigner l’écriture manuelle aux enfants, et ce au profit, tenez-vous bien, des tablettes et autres claviers informatiques plus ou moins virtuels. Alors ça c’est typique : on remplace quelque chose de gratuit, votre main, par un outil payant, une tablette, afin de mieux faire marcher le commerce. Car qui oserait prétendre que l’apprentissage de l’écriture ne sert qu’à pouvoir prendre des notes ? Qui oserait réduire l’écriture manuscrite qu’à un moyen antique de mémoriser de l'information ? Non, l’écriture manuelle nous permet d’apprendre à se servir de nos mains, or l’homme pense parce qu’il a une main comme le disait Agricol Perdiguier. De là à soupçonner que le fait de penser par soi-même ne soit plus de mise dans notre société, il n’y a qu’un pas que je franchirais allègrement. Non, l’écriture manuelle sert non seulement à savoir nous servir de notre main, mais aussi à mieux penser, à mieux intégrer les formes graphiques, il suffit de voir la différence de vision entre un peintre qui va mettre des heures à représenter un paysage et le japonais moyen qui, sa tablette tendue devant lui, filme tout se qui lui passe sous les yeux sans même faire l’effort de trier, en regardant non plus l’original, le paysage, mais bien ce qu’il va en garder, l’écran de la tablette. Bref, je sens que notre ami Henri Mérou va grimper au rideaux en lisant cette nouvelle, mais je ne peux que l’y suivre, virtuellement je vous rassure.

La deuxième nouvelle qui me fait craindre la fin de l’art de la calligraphie est l’invention d’une machine à calligraphier. Si, si ! je vous garantis, voyez ici, un fou malade a amélioré une machine qui existait depuis des années, un traceur de plans, pour lui faire effectuer les gestes du calligraphe sans l’intervention d’aucune main humaine et sous la seule direction d’un logiciel aujourd’hui primitif, mais qui ne manquera de s’améliorer dans les prochains temps, n’en doutons pas !

Alors s’il faut rejoindre les espèces disparues, les dodos, les dinosaures ou les mammouths, faisons-le en ripaillant et en rigolant, car dimanche 27 octobre prochain, les travaux de Graphos repreendront force et vigueur avec un stage sur l’art de la gothique accompagné des agapes traditionnelles qui le complètent, vite avant que les machines nous aient envahis !

>[Amesis Izeziènnede]

   
 18/10/13  Site Le Visorion

[Le Visorion] Je vous signale un très joli site, contenant blog et catalogue d'éditeur, qui m'a été signalé par Pierre Brillard, qui tient une librairie ancienne  à Tarascon, librairie dont les étagères recèlent mille merveilles, dont un certain nombre de livres de Louis Jou. Vous devinez ce qui m'a mis en contact avec ce bouquiniste d’exception qui organise parfois, de ci de là des expositions sur le sublime « Architecte du livre ».

Le site qu'il ma indiqué, c'est le Visorion, dont la page d'accueil nous dit que le visorion (on écrit aussi visorium) est le support que le typographe fixait sur sa casse pour avoir sa copie à hauteur d’œil. Vous y trouverez un blog qui vous explique « des choses sues et oubliées » à propos de la typographie, de la reliure et de l'art de faire des livres en général. Bien entendu les articles explorent surtout la façon dont on faisait les livres à l'époque dite du plomb. Quand j’évoque cette période, j'ai toujours l'impression de parler de préhistoire alors que la technique d’impression des livres par la typographie a duré cinq siècles et ne s'est terminée que depuis une petite cinquantaine d'années, et encore, que pour les livres d’usage courant.

Le visorion c'est aussi une maison d'édition qui utilise le fin du fin des techniques d'impression actuelles, l'impression numérique, pour faire reparaitre des ouvrages introuvables sur l'art du livre, comme le célèbre « Le traité de la typographie », par Henri Fournier datant de 1825, à ne pas confondre avec celui que fit paraître Pierre Simon Fournier en 1764. Certes, ces livres sont imprimés en utilisant des techniques ultramodernes mais sans aucune concession sur la qualité. Chaque page est retravaillée à partir de la version numérique de l'ouvrage d'origine, le papier est de qualité et la reliure est superbe. Bref, de bien beaux ouvrages qui vous permettront de vous imprégner de ces textes d'époque, sans avoir à vous casser les yeux sur l'écran d'un ordinateur connecté à Gallica, mais qui orneront de plus votre bibliothèque sans avoir à rougir devant les éditions anciennes.

Ne manquez donc pas de visiter ces deux sites, celui de Pierre Brillard et celui du Visorion, mais prenez garde pour chacun de vous maintenir au loin de votre carte bancaire, un petit clic est si vite arrivé !

>[Ravi Zorion]

   
 12/10/13  Sol Sauver la planète

[Sauver la planète] Je vous avoue, je ne me sens pas franchement une âme d'écologiste. J’aime beaucoup la nature et je fais des efforts tous les jours pour la respecter, mais j’ai toujours considéré que l'humain était la valeur suprême et que rien n'était plus drôle qu'une militante écologiste (un peu énervée) annonçant furieusement qu'elle détestait tellement les chasseurs et qu'elle allait prendre un fusil et leur tirer dessus.

Alors de voir la récupération financière de l'écologie par les grandes industries me fait quand même doucement rigoler. L'écologie aujourd'hui permet de vendre des produits plus chers et de les renouveler plus souvent afin de respecter la sacro-sainte nature. Un immeuble n'est pas aux normes ? Abattons le et reconstruisons-en un neuf ! Le téléphone portable contient des substances non-biodégradables ? Jetons-le et rachetons-en un neuf estampillé propre ! Votre vieux chauffe-eau qui a vingt ans et qui fonctionne parfaitement bien a un mauvais « bilan carbone » ? A la poubelle pour un tout nouveau, qui consomme moins... et qui flanchera dans deux ans. Notre ex-président se vantait de créer vingt mille emplois chaque fois qu’il changeait une norme ou imposait un nouveau contrôle, comme ceux que vous devez faire quand vous vendez un bien immobilier et qui servent à votre acheteur à savoir… qu’il devra payer du chauffage !

Et je ne parle même pas de l’industrie du photovoltaïque qui est générée par un différentiel de tarifs qui contribue grandement à son expansion, bien plus que le fait de produire de l’énergie « naturelle », enfin du moins quand on exclut la pollution due à la production des panneaux, et les diverses nuisances produite par leur recyclage. Dans le domaine, nos amis étazuniens, toujours aussi subtils, viennent de mettre en service le plus grand champ de production d’électricité solaire au monde, sur pas loin de huit kilomètres carrés ! Huit kilomètres carrés de terrain recouverts de miroirs, et donc immédiatement transformés en désert, pour produire deux cents ridicules mégawatts… les jours de beau temps ! Si c’est ça l’écologie, recouvrir du terrain par de gigantesques panneaux solaire ou miroirs paraboliques, comme cela se fait de plus en plus en Provence, comme par exemple sur le plateau de Valensole, alors là bravo ! Ca c’est respecter la nature !

Bon, assez d’écolo-bashing (l’expression machin-bashing est très à la mode en ce moment), il y a de bonnes initiatives dans ce domaine. L’autre jour en allant dans un grand supermarché, j’ai vu qu’ils installaient de grands panneaux solaires au dessus du parking. Voilà un bonne idée ! Au lieu que les clients se ruent sur les trois places à l’ombre, ils en créent des centaines, tout en utilisant l’espace pour produire de l’énergie, qui sera sans doute, après passage dans le différentiel de tarif EdF, utilisée pour faire fonctionner les gigantesques groupes de climatisation qui assurent une température polaire dans les locaux tout l’été. Grace à ce supermarché, on pourra garer nos voitures à l’ombre et sauver la planète en même temps !

>[Alphonso Vélaplanette]

   
 4/10/13  Site Laurent Rébéna

[Laurent Rébéna] Un mail laconique tombé il y a quelques jours nous signale la mise en ligne du site de Laurent Rébéna. Tout ceux qui ont eu la chance de le rencontrer chez Graphos, il y a quelque temps, se souviennent d'un calligraphe chaleureux et virtuose, pour qui la création calligraphique sort parfois très largement des limites du « déjà vu quelque part », en ce sens qu'il ose, et réussit, à faire sortir la calligraphie du cadre plonplon de la citation religieuse encadrée en textura enluminée au dessus de la cheminée. Je caricature, mais à peine.

Pour vous en convaincre, parcourez les nombreuses pages du site et notez l'importante galerie de photos allant du classique « Communiquer », quoique la calligraphie sur tissus ne soit pas du plus banal, jusqu'au « Surprendre » qui en effet ne pourra que vous surprendre ! Car on y trouve du land art, sublimes cursives gothique sur rocher au bord de la rivière, des performances sur grand format, et par grand, je veux dire vraiment grand, du genre capitales romaines au balai sur un terrain de football, jusqu'à l'exposition « Art du trait », réalisée en commun avec Bruno Gigarel, fondateur de Graphos, qui dispose, l'exposition, d'un site à part que je vous engage tout autant à visiter !

Ce site est également en lien avec celui de l'association Calligraphis animée par quatre calligraphes, Abdollah Kiaie en calligraphie persane et arabe, Inès Igelnick en calligraphie extrême-orientale, Bruno Gigarel et Laurent Rébéna en calligraphie latine, dont vous avez du sûrement déjà avoir le lien sous votre souris.

Autant dire qu'avant de cliquer sur ces liens, assurez vous d'avoir un bon moment devant vous, car vous aurez du mal à vous décoller de votre écran !

>[Alain Ternette]

   
 Septembre 
 
 30/9/13  Revue Avant / Après

[Avant / Après] Le monde se divise en deux catégories, ceux qui vont aux sessions lursiennes de fin août et ceux qui n'y vont pas. Hélas pour eux, la deuxième catégorie est en immense majorité. Certains n'en ont que faire d'aller se retrouver dans une ex-bergerie surchauffée écouter dans un confort précaire des interventions à propos de pinaillages sur le dessin de lettres ou d'admirer les petits gribouillis pour lesquels on se demande pourquoi on paye les graphistes si cher, alors que le fils de ma concierge qui a douze ans, qui est une génie de l'informatique et qui manie en virtuose un Photoshop craqué en Russie ferait aussi bien pour un repas chez MacDo... Bon ceux-là font bien de ne pas y venir. Il y en a qui s'y prennent un peu tard et manque de bol, c'est complet, comme cette année, ou bien ceux qui trouvent que c'est vraiment trop cher tout en sirotant leur café à cinq euros aux Deux Garçons sur le Cours Mirabeau avant de rejoindre leur villa de Saint Marc Jaumegarde en 4x4 allemand de luxe en pianotant sur leur « téléphone intelligent », anglicisme tiré de « smartphone » dont on peut s'interroger par rapport à qui l'engin est intelligent... Ils ont peut-être tendance à sous estimer l'intérêt de ces sessions en regard de l'effort que cela leur demande pour s'y inscrire.

Mais il en reste hélas qui ne peuvent vraiment pas, qui font des efforts et des sacrifices, mais non. Pour ceux-là, mais aussi un peu pour les autres, il existe dorénavant une revue « Avant / Après » éditée par les Rencontres de Lure, donc l'information directement à la source, qui pour le prix modique de dix euros vous donnera à la fois un arrière-goût de ce qui s'y est passé l'année précédente tout en vous donnant un avant-goût de ce qui s'y passera l'année prochaine. Bref, l'outil idéal pour se remémorer, ou découvrir, durant l'année le meilleur du top de ce qui s'y est passé l'année dernière et à la fois des pistes, des liens et des indices pour mieux préparer la session de l'année prochaine. Vous l'avez compris, il s'agit autant d'une revue pour ceux qui y sont allés, qu'une revue pour ceux qui vont y aller que pour ceux qui n'y sont ni ne vont y aller, bref une revue d'intérêt universel !

Et donc je ne peux que vous encourager à cliquer immédiatement sur ce lien, muni de votre carte bleue, pour en commander un exemplaire pour vous et d'autres pour les êtres que vous chérissez, par exemple, pour votre conjoint qui se demande après toutes ces années quel intérêt vous trouvez à chaque fin d'août à aller mijoter à petit feu avec une centaine de congénères dans un village provençal où même la 3G a du mal à passer !

>[Alban Aprais]

   
 26/9/13  Jeu Dixit

[Dixit] Bon, je ne vais pas vous conter l'après-midi de samedi dernier au MUCEM ni la soirée chez Max, d'autant que si Graphos a prouvé une fois de plus qu'il était grand, il a montré également des limites des participants dans l'absorption de mojitos. Mais la spécialité de Max, à part les mojitos, ce sont les jeux de société. Et donc, entre le plat de résistance et le dessert, il nous a fait découvrir un jeu très intéressant qui a ravi l'auditoire graphosien. Bon autant vous dire tout de suite, je n'y connais pas grand chose aux jeux de société, je n'ai d'ailleurs jamais réussi à apprendre, ni même à fortiori à mettre en pratique, les règles d'un jeu aussi simple que le tarot, c'est vous dire mon état de nullité ludique.

Par contre, pour ce jeu, Dixit, tout est simple. Chacun des participants tire au hasard dix cartes représentant des illustrations qui s'apparentent, pour moi, à des tableaux surréalistes. Des éléments divers forment une scénette onirique, digne d'être utilisée dans « Un chien andalou » (à voir ici, attention âmes sensibles, les rêves de Dali et Buñuel, ça décoiffe !), dont les divers éléments colorés sont propices à toute sortes d'interprétation. Tour à tour, chacun choisit une carte parmi son stock et la pose face cachée sur la table en annonçant le thème ou le concept qu'elle évoque pour lui. Par exemple, pour une carte illustrant une table richement garnie, l'un de nous a proposé que cela illustre Graphos (quelle bonne idée !). Les autres ne voyant pas la carte du décideur, cherchent dans leur stock une carte qui pourrait illustrer le même concept et la posent également face en dessous sur la table. On se retrouve donc avec une carte par joueur illustrant toutes, plus ou moins, le même thème. On les retourne et chacun doit voter pour essayer de trouver la carte originale qui a été mise par le décideur. Un système de points permet de récompenser les personnes ayant été choisies le plus souvent ainsi que ceux des votants qui auront retrouvé la carte originale. Le premier arrivant à trente points a gagné.

Ce que je trouve vraiment génial dans ce jeu, c'est tout d'abord qu'il est simple, même moi j'ai compris, et qu'il fait travailler une partie du cerveau qui dort en général bien sagement durant la journée, je veux parler de la partie symbolisme de notre mental. Il est étrange de voir parfois un thème s'imposer à nous à la vision d'une carte, sans que l'on puisse tout d'abord expliquer pourquoi, comme si notre subconscient venait à la surface nous souffler les concepts, sans qu'on en ait de prime abord la clé symbolique. Ensuite, bien sûr, la raison reprend le dessus et l'analyse se met en place. Mais cette phase en dit beaucoup sur la personne, ainsi d'ailleurs, à l'envers, sur le choix des cartes que vont poser les autres participants pour illustrer le concept. L'un de nous, pour illustrer le thème de Graphos, a posé une carte sur laquelle était représenté un corbeau habillé en curé. Pour les chanceux qui connaissent Graphos de l'intérieur, ce genre d'interprétation ne peut que nous interpeller !

Bref, une riche et fraternelle soirée entre graphosiens heureux de se retrouver après la pause estivale, un de ces grands moments qui resteront dans les mémoires !

>[Freddy Xit]

   
 22/9/13  Brrr Peinture automatique

[Peinture automatique] Les machines sont partout, rognant inlassablement jour après jour le périmètre d'action des humains, et remplaçant ceux-ci, soit disant pour leur bien, jusqu'à les rendre totalement inactifs, passifs devant le spectacle des machines au travail. Mais oui, déjà dans Matrix, les agents annoncent clairement la couleur : « Never let a human do a machine's job » (« ne laissez jamais les humains faire un travail de machine »), or étant donné qu'ils sont omnipotents, cela est démontré dans les trois films de la série, il ne devrait plus rien y avoir à faire pour les humains, sinon produire de l'énergie ?

C'est dans cet ordre d'idée qu'un savant fou, car comment le qualifier autrement, a programmé un robot… pour peindre ! Non, non pas pour produire une œuvre digitale virtuelle qui restera sur écran ou au prire sera reproduite à de mulitples exemplaires sur papier en perdant toute la vitalité que la lumière des pixels peut lui donner. Non, il a tout simplement couplé une caméra, un ordinateur et un bras robot en dotant la première de la vue, le deuxième d'un logiciel qui crée une peinture à partir du sujet vu par la caméra et le troisième d'une palette et d'un pinceau ! Le résultat ? Les peintures exécutées ne peuvent plus être distinguées de celles faites par un vrai humain, certes qui serait assez mauvais peintre à mon goût, mais qui peut travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept sans se fatiguer ni tomber en panne d'inspiration ! De quoi mettre même les petits enfants chinois au chômage !

L'humanité est certes intrinsèquement fainéante, et depuis Marx, une grande partie de nos contemporains ne voient le travail en général que comme une aliénation par rapport à l'état de nature (inactif ?) de l'homme, alors que ce n'est pas du tout ce que disait Marx, ni même la réalité par rapport à notre lointain passé de chasseurs cueilleurs, mais bon… Le mal est fait.

Regardez tout de même cette vidéo, admirez (?) les œuvres produites et dites-vous que si aujourd'hui c'est la peinture qu'on traite de cette façon, peut-être demain un Tournesol de pacotille mettra-t-il un porte plume au bout du bras robot et il ramènera la calligraphie au rang des arts obsolètes ?

>[Renato Taumatique]

   
 18/9/13  Blog Typomètre

[Typomètre] Un petit mot pour vous signaler un fort joli blog, bien que pas très actif hélas, dans lequel Nicolas Regamey, typographe à Lausanne nous montre quelques fort belles réalisations de son atelier l'"Atelier Typo de la Cité". Pour les chanceux qui projettent d'aller voir l'atelier du Cadratin, situé à quelques kilomètres de là à Vevey, il est indispensable de passer quelques temps à Lausanne voir cet autre atelier qui maintient dans leur jus ces machines magnifiques, et qui produisent de fort beaux livres, dont la sensualité du toucher n'a d'égal que la finesse de leur impression.

Mais Nicolas fait également fonctionner, si je me souviens bien, une des dernières machines à imprimer des tickets de trains, vous savez, ces petits tickets cartonnés imprimés en typo, avec profond foulage à la clé, imprimés au moment de l'achat au guichet et qui comportaient en clair la gare de départ et la gare d'arrivée. Ils étaient produits par des presses spécialisée de fort petit format sur des cartons vierges, presses qui ont été mises à la ferraille pour la plupart pour être avantageusement (?) remplacées par les actuels billets papiers, voir dématérialisés, comme les eBillet.

Bref, restez à l’affût des publications de ce blog et des pages correspondantes sur Facebook !

>[Betty Paumaitre]

   
 14/9/13  G Rentrée Graphos

[Rentrée Graphos] La rentrée scolaire est certes le triste sujet du moment, mais elle est suivie par une joyeuse rentrée Graphos, bien plus amusante et chaleureuse, dont je vous livre en exclusivité le scoop : avant de nous retrouver autour de nos plumes et de nos encriers pour le stage d'octobre, notre cher maître nous propose de nous retrouver pour une sortie au MUCEM à Marseillele 21 septembre prochain !

Vous êtes sans doute comme moi, vous avez évité de vous lancer dans la masse des vacanciers de l'été qui n'ont pas manqué de remplir les divers événements de MP2013, mais les vacances sont finies, les écoliers ont retrouvé leurs salles de classe et les parents leur travail, la voie est donc libre pour découvrir tous ces sites dont on nous a rebattu les oreilles depuis leur ouverture. Quelle bonne occasion d'y aller entre amis calligraphes graphosiens pour se retrouver après la (longue) pause estivale et repartir du bon pied pour une année 2013 - 2014 pleine de dimanches conviviaux comme seuls Graphos sait nous en faire partager !

Réservez donc l'après midi de votre samedi 21 septembre pour nous retrouver à 14h30 au MUCEM et signalez-nous à l'adresse habituelle (teg5 at voila point effe ère) votre participation pour cet après midi d'exception !

>[BdG]

   
 10/9/13  MdI Gutenberg live

[Gutenberg live] Le Musée de l'Imprimerie de Lyon est à l'origine d'une nitiative bien intéressante, que je vous livre brute de décoffrage.

« Les visiteurs des Journées du patrimoine les 14 et 15 septembre prochains vont emporter un souvenir original de l’atelier du Musée de l’imprimerie. Il s’agit d’un facsimilé d’un feuillet recto/verso de la Bible à 42 lignes de Gutenberg, composé par Fernande Nicaise, responsable de l’atelier de typographie. Le Musée de l’imprimerie a en effet acquis auprès de la Dale Guild Type Foundry (Connecticut, E. U.), la réédition des caractères ayant servi à composer la Bible de Gutenberg.

Premier livre imprimé en Europe à l’aide de caractères mobiles, la Bible à 42 lignes de Gutenberg fut réalisée à Mayence de 1452 à 1455. De 150 à 180 exemplaires ont été imprimés, 49 sont aujourd’hui répertoriés, certains incomplets. Le Musée de l’imprimerie possède 1 feuillet recto/verso de la fameuse « B42 ». Dans ces feuillets, le texte est justifié, c’est-à-dire aligné à droite et à gauche. À l’époque de Gutenberg, pas de logiciel de mise en page ! Pour arriver à un pavé parfait, le compositeur devait ruser avec les caractères en utilisant un étonnant éventail de signes : lettres de largeurs différentes ; ligatures, abréviations diverses, coupures en fin de ligne.

Composer à nouveau nos feuillets de la Bible s’est avéré un véritable défi. Alors qu’une casse normale comporte 70 à 80 signes différents, la casse de la Bible en compte 255. Le premier travail a donc été d’identifier les caractères des feuillets du Musée. Scannées et déchiffrées par Matthieu Cortat, dessinateur de caractères et intervenant au Musée, les lignes ont ensuite été « passées au peigne fin » par Fernande Nicaise. Il a fallu de 2 semaines pour identifier et classer tous les signes (trois casses ont été nécessaires au lieu d’une seule). La composition s’est donc effectuée très lentement. Au final, 2 feuillets que l’on imprimera pour les Journées du Patrimoine dans les règles de l’imprimerie d’antan, c’est-à-dire en mouillant le papier pur-chiffon avant l’impression. »

Une bonne occasion de (re-)visiter ce superbe musée situé dans un magnifique hôtel particulier Renaissance et de voir sous vos yeux, IRL, comme à la télé, une presse typographique en fonctionnement.

>[Johannes Gensfleisch]

   
 6/9/13  Revue Art & métiers du livre

[Art & métiers du livre] La revue « Art de l'enluminure » a une grande sœur, « Art et métiers du livre », des mêmes éditions Faton, une revue qui, affirme son éditeur, traite de l'histoire du livre, du manuscrit ancien au livre d'artiste, de l'art du livre et de la fabrication du papier à la reliure d'art, des librairies anciennes et des fonds prestigieux des bibliothèques à l'estampe avec ses techniques et ses artistes.

Bon, ça peut paraître un peu hors sujet à l'amateur de callitypographie, car comme vous l'avez compris, cette revue est principalement centrée sur la forme extérieure du livre. Mais elle visite souvent de manière approfondie les riches bibliothèques privées ou publiques, nous donnant à voir et donc à admirer le contenu précieux et rare qu'elles recèlent. Et c'est là que l'amateur de callitypographie peut être comblé, c'est au cours de ces articles qu'est parfois montrée quelque belle page des siècles passés, élégamment mise en page et typographiée, toute vêtue de caractères soigneusement dessinés et de gravures finement ciselées.

Car oui, un amateur de lettres comme vous ne peut rester indifférent à de belles gravures qui ne sont en fait que l'extension à la représentation figurative de ces vingt six (et plus) formes abstraites qui transmettent la connaissance, il ne peut rester indifférent à ce beau papier sur lequel il aimerait bien faire glisser sa brause (ou autre suivant ses affinités), il ne peut que se sentir interpellé par ces réalisations des maîtres passés qui sont l'inspiration de son travail présent, comme le sont les œuvres de nos grand maitres calligraphes (chacun reconnaît ici les siens !).

Donc, quand vous baguenaudez dans une maison de la presse ou que vous errerez sur internet, pensez à examiner ce magazine par le menu, il est souvent bien caché, et regardez si d'aventure dans le numéro en cours, il est bimensuel, vous ne trouveriez pas de quoi nourrir pour quelque temps votre appétit de beauté. Car cette revue en couleurs sur beau papier peut souvent vous offrir un plaisir des yeux valant bien au delà des 8 euros 50 que coûte chaque numéro !

>[Richard Aimé Tiédulivre]

   
 3/9/13  Pub Jaune avec un grand R

[Jaune avec un grand R] La typo semble revenir à la mode... en tout cas je trouve que notre paysage graphique de tous les jours se peuple de plus en plus de jeux sur les lettres, depuis de fort belles animations au cinéma que vous avez peut-être vues (désolé, je n'ai pas retrouvé la video sur internet) jusqu'aux superbes publicités sur affiche pour Ricard que vous ne pouvez pas avoir manqué cet été.

Car oui, bien loin de l'image de l'habituel pub d'été avec pichet glacé et du liquide jaune dans un verre siglé de la marque, la dernière campagne de publicité "Jaune avec un grand R" pour Ricard joue sur les lettres, leur esthétique et leur effet de représentation, bien moins primaire que les procédés habituels, du type "un Ricard sinon rien" qui préconisait un fondamentalisme anisé de bien mauvais aloi. Simplicité et bon goût sont  la ligne directrice de cette campagne inhabituelle et cela amène fort à propos quelques grammes de distinction dans ce monde de brutes ! Cette campagne cible du coup un peu plus le CSP+ stylé en vacances que l'habitué prolétaire avec son short sale, son bob Ricard qui fait sa partie de boule annuelle dans un camping surpeuplé de ses congénères rougeoyants au soleil de plomb que la Provence réserve à ces vacanciers du nord, c'est à dire au nord d'Avignon, vous l'aurez compris (houh, cliché !).

Bref, au revoir les images de synthèse rutilantes de bling bling technologique, adieu les pulpeuses jeunes femmes plus ou moins déshabillées, bye bye les grands verres dégoulinant d'eau glacée, la boisson la plus chic et la plus distinguée de cet été est donc le Ricard, à déguster dans le bar de votre Rolls Royce Phantom II sur la route de la corniche, en route pour Monaco claquer quelques milliers d'euros à la roulette (surtout pas aux machines à sous !) avant de souper en toute intimité chez monsieur le comte à Eze...

Cela m'en ferait presque oublier les vieux whiskies écossais pour cette distinguée anisette !

>[Henri Carre]

PS : j'ai trouvé ces liens sur un blog bien sympathique sur lequel j'attire votre attention, il s'agit de la Veilleuse Graphique dont je suis sûr que vous lirez avec beaucoup de plaisir les articles ici !

   
 Août 
 
 31/8/13  CU Limitation par drones

[Limitation par drones] Une fonction importante de l'art est d'éveiller les consciences, c'est pour cela que les dictatures et autres régimes autoritaires ont toujours imposé un art officiel strictement sous contrôle afin d'éviter tous les débordements artistiques qui pourraient nuire à leur stabilité. Les États Unis sont bien loin de ce genre de régime mais ils ont tout particulièrement mal accueilli les derniers travaux de Stephen Whisler.

Cet artiste a installé de faux panneaux routiers sur certaines autoroutes californiennes, non loin des panneaux de limitations de vitesses, faux panneaux qui reprenaient exactement la charte graphique de ceux officiels de l'état mais qui portaient le texte « speed enforced by drones » (« vitesse imposée par des drones »). Là où l'affaire se corse, c'est qu'au dessus du texte, un petit graphique montrait un drone Predator, au profil bien connu, en train de tirer un missile Hellfire, impliquant par là même que tout contrevenant serait systématiquement détruit sans avoir le temps de téléphoner à son avocat. La découverte des panneaux par l'autorité fit grand bruit, non seulement parce que ce genre de blague ne les a pas du tout fait rire, mais aussi parce que c'est une évocation un peu dérangeante de la politique d'assassinats de « terroristes » à distance qui a fait tant de dégâts dits collatéraux dans les pays qui ont la malchance d'avoir fait naître tel ou tel mouvement intégriste violent. De là à supposer que dépasser la limitation de vitesse puisse être assimilé à un acte de terrorisme pourrait faire sourire… si on ne se souvenait pas d'une récente affaire ou un honnête citoyen ayant un peu trop critiqué la police s'est fait accuser ni plus ni moins de vouloir atteindre à la sécurité de l'état et donc passible de la justice expéditive dédiée aux terroristes. Bon, il n'a pas été déporté à Guantanamo, toujours en activité malgré les multiples promesses des présidents successifs, mais l'information a bien été comprise : critiquez l'état étazunien et apprêtez à vous à ce qu'il utilise contre vous tous les moyens (je dis bien tous) pour vous en empêcher. Entre les découvertes récentes des programmes plus ou moins illégaux d'écoute systématique et l'utilisation elle encore totalement illégale de drones sur le territoire des États Unis, on comprend que Stéphane Whisler risque des ennuis, peut-être pas aussi importants que ceux d'Edward Snowden ou de Bradley Manning mais sûrement bien moins médiatisés.

Visitez le site de cet artiste, vous trouverez un bel exemple des réalisations d'un esprit libre !

>[Alex Aidevitesse]

   
 23/8/13  Revue Art de l'Enluminure

[Art de l'Enluminure] Continuons notre revue des revues avec une très belle revue des éditions Faton, Art de l'enluminure. Ce luxueux magazine trimestriel tout en couleur sur papier glacé examine à chaque numéro sous toutes les coutures un manuscrit enluminé dont elle nous fait découvrir tous les aspects à grand renfort de photos pleines pages et d'analyses érudites. Déjà, rien que les illustrations valent le détour, car je ne connais pas un seul amoureux de la lettre qui ne s'émerveille devant les belles enluminures, ne serait-ce qu'en admirant la finesse de ces véritables tableaux sur quelques centimètres carrés. Les manuscrits présentés sont souvent des joyaux ignorés dégotés au fin fond d'une bibliothèque et non les plus célèbres ouvrages ornés dont les reproductions se retrouvent par livres entiers chez les bouquinistes. Par exemple, quand ce magazine nous propose un ouvrage tiré de la bibliothèque du château de Chantilly, ce ne sont pas les Heures du duc de Berry, mais le Roman de Tristan qui nous est proposé, même s'il est quasiment inconnu du non spécialiste, alors que c'est un manuscrit qui mérite de sortir de l'ombre. Les calligraphes apprécieront que l'écriture soit également fort bien représentée dans les illustrations ce qui permet de se caler sur un modèle historique dans toute sa pureté, avec les risques que cela comporte, car parfois les talents de l'enlumineur sont bien au delà de ceux du scribe ! Bien souvent, une analyse paléographique remet en lumière le contexte historique de l'écriture utilisée, à la plus grande joie des amateurs.

L'abonnement est simple et facile sur internet, mais la revue peut être également facilement trouvée dans les bonnes maisons de la presse, et un carton d'abonnement détachable permettra à tous les déconnectés de jouir de ces belles images sans avoir d'écran à la maison !

>[Armand Luminure]

PS : la semaine des Rencontres de Lure semble avoir eu un beau succès cette année, elle est complète depuis plusieurs jours ! Le thème « Tous amateurs » en est-il la cause ? En tout cas, rendez-vous à tous les amis ce dimanche en fin d'après midi sur la promenade des évèques pour le « coup de bleu » !

   
 20/8/13  Phi Étienne Klein

[Étienne Klein] Après une petite éclipse du BdG due à des vacances déconnectées, je me propose de profiter de la chaleur ambiante, en Provence en tout cas, pour vous proposer une occupation pour les chaudes heures de la journée. Et pour une fois, il ne s'agira pas de se plonger dans tel ou tel livre plus ou moins abscons dont la lecture ne vous donnerait qu'une envie pressante de vous plonger dans la piscine ou la mer la plus proche ! Non, je vous propose de passer ces heures chaudes à regarder des vidéos sur Internet. Quoi ? Mais tu crois donc que avons du temps à perdre à regarder des nez de chiens en gros plan, des videos plus ou moins truquées de cascadeurs amateurs ou d'autres encore que la morale réprouve, quoiqu'elles contribuent à rééquilibrer notre régime de retraite soit par la naissance impromptues de futurs salariés quand elles sont vues par les plus jeunes, soit par l'augmentation du taux de crises cardiaques quand elles sont regardées par les plus âgés ? entends-je d'ici le lecteur fidèle s'exclamer.

Point de cela. J'ai trouvé totalement par hasard un cours de philosophie des sciences donnée à l'École centrale de Paris par Étienne Klein, dont vous connaissez peut-être les chroniques du jeudi matin sur France Culture, cours mis à disposition de tout internaute sous la forme de neuf vidéos de plus ou moins vingt minutes, dont je vous recommande instamment la vision sur votre ordinateur. Et pourquoi sur notre ordinateur ? s'exclame en son fort intérieur, je l'entends d'ici, le lecteur interloqué de tout à l'heure. Et bien parce que vous disposez d'une touche « pause » ! Et elle vous sera utile tant la densité du cours d'Étienne Klein fait qu'il est souvent indispensable d'arrêter le déroulement du cours pour prendre conscience de ce qui est dit et d'essayer d'imaginer toutes les conséquences qu'ont les propos qui y sont tenus. Les sujets de ce cours, suivi par des élèves qui n'avaient pas de touche « pause » les pauvres, vont d'une réflexion sur l'origine de l'univers (peut-il en avoir une), sur la notion de temps (est-il le même pour tous ?) ou bien encore les différentes possibilités qui s'offrent à tout un chacun quand sa théorie de l'univers est contredite par les faits. Ne croyez pas que ceci ne soit valable que pour les physiciens, car Étienne Klein est physicien au CEA, non, c'est un cours de philosophie des sciences fait par un scientifique (et pour une fois pas un philosophe de profession) et vous pouvez sans peine remplacer le mot « physicien » par le mot « humain » dans son discours sans qu'il ne perde sa profondeur. Il explique aussi pourquoi il est si difficile de vulgariser la physique, et pourquoi on entend donc tant de bêtises et de contresens quand un non physicien tente d'appuyer sa théorie d'un tout autre domaine, de la psychologie à la politique en passant par la philosophie, par des assertions tirées la physique quantique ou la relativité générale. Comment traduire ce qui ne s'exprime qu'en équations en un langage compréhensible par tout un chacun ? Autant essayer de décrire un tableau de Raphaël au téléphone sans possibilité de le montrer !

Plongez-vous lentement mais avec délice dans les propos lumineux de ce physicien-philosophe et repensez-y la prochaine fois qu'une personne quelconque commencera une phrase par « comme l'a prouvé la physique quantique… »

>[Madmacs]

PS : il y a plein d'autres vidéos de cours d'Étienne Klein sur les mêmes sujets ou des sujets connexes que je ne peux que vous conseiller d'explorer, vous vous en doutez !

   
 Juillet 
 
 28/7/13  Cu Mois du cuivre

[Bound & Lettered] « C’est le mois du cuivre chez Bragelonne ! » C'est avec cette phrase sibylline et néanmoins énigmatique que mon libraire préféré m'a accueilli il y a quelque temps déjà, alors que je bavais d'admiration devant un ouvrage pas vraiment récent, les Voies d'Anubis de Tim Powers, mais réédité dans une édition d'un luxe incroyable pour un prix relativement modique en contrepartie de la beauté de l'ouvrage. Bon, certes j'aime les livres de Tim Powers, notamment parce que c’est un ami du regretté Philip K Dick, le plus grand écrivain de science fiction du XXe siècle, donc de tous les temps. Mais pas que. J’ai lu les voies d'Anubis il y a fort longtemps déjà, le livre est sorti en 1983, mais cette réédition m'a définitivement incité à le relire, jugez-en plutôt : c'est une livre grand format, A5 environ, dont le papier bouffant est très agréable à feuilleter, dont la couverture souple ne se casse pas lors de la première ouverture, dont le design de la couverture tout à fait dans le style steampunk est d'un goût exquis, rehaussée de dorure à chaud juste comme il en faut sans sombrer dans le genre débordement d'ors des palais des maharadjas et dont la tranche aux coins arrondis, luxe suprême, est elle même également dorée, ou plutôt cuivrée, sur tout son pourtour, sauf le dos bien évidemment vous l'aurez compris.

Le style steampunk pour ceux qui ne le connaîtraient pas, est basé sur une technologie incroyablement avancée mais qui serait restée dans une esthétique XIXe, et les romans qui s'en réclament décrivent bien souvent une réalité alternative de ce XIXe siècle dans laquelle un moyen imaginaire de produire de l'énergie a été découvert qui a éclipsé toute utilisation du pétrole ou de l'électricité. On a donc conservé des ballons propulsés, plutôt que de se diriger vers l'avion, des chemins de fer plutôt que de s'orienter vers les voitures automobiles et bien entendu, l'esthétique des objets est au centre de leur design, bien loin d'avoir été remplacé par leur fonction comme ça a eu lieu dans notre univers.

Bragelonne est un éditeur qui s'est fait une spécialité de proposer des romans de fantastique, de science fiction et de tous les genres autour de l'imaginaire, sans compromission sur la qualité des textes qui, pour le mois du cuivre, explore un axe tout à fait particulier sur l'excellence de l'objet livre. Ils ont donc ressorti trois grands succès du genre steampunk en les décorant à la mode afin qu'après avoir enchanté l'esprit du lecteur, ils ornent sa bibliothèque de leur éclat très XIXe. En tout cas, le ton cuivre des dorures et de la tranche est tout à fait en accord avec le thème traité dans les romans et du coup, devant la beauté de la réalisation de ces ouvrages et la prouesse technique de leur fabrication (vous ai-je dit qu'un de ces romans avait son titre en thermorelief ?), je n'ai pas pu résister plus d'un dixième de secondes.

Si vous voulez vous initier au roman steampunk, c'est une bonne occasion, car quoi de plus agréable que de démarrer par un beau livre, dont l'agrément de lecture ajoutera encore au plaisir de la découverte du genre. Bon, je ne vous en parle que tardivement alors courez vite chez votre libraire préféré, il en reste peut-être encore quelques exemplaires ?

>[Ronaldo Ruracho]

   
 24/7/13  Revue Bound & Lettered

[Bound & Lettered] « Bound and Lettered » est une autre revue du groupe John Neal Booksellers moins connue que Letter Arts Review (LAR pour les intimes). Non, contrairement à ce que certains esprits malsains pourraient penser (je les vois d'ici), cette revue n'a rien à voir avec de quelconques pratiques sado-masochistes à base de mise en fers et de calligraphie corporelle, bound désigne ici la reliure de livres et lettered désigne, et bien, ce qui nous rassemble tous ici !

Cette revue est moins centrée sur la théorie de la lettre sous toute ses formes mais plus sur des réalisations pratiques de calligraphie, des trucs, des astuces, des idées géniales qui vont encore améliorer vos réalisations par une présentation, un cadre, un petit plus esthétique qui mine de rien pourra encore améliorer vos réalisations. Les articles sont de tout ordre mais toujours dans un sens pratique : banc d'essais de certains outils, supports ou matériaux, exercices de pliages, montages ou collages, interview d'un calligraphe célèbre afin qu'il nous révèle tout ce qui fait la perfection de son arts, bref, une foule d'informations pour ceux qui, ayant versé leur content de sueurs de sang et de larmes, sont arrivés à maitriser un tant soit peu la calligraphie et se disent : bon ben maintenant j'en fais quoi et comment ?

Certes, j'en vois déjà certain hurler à l'amalgame de la calligraphie à un art purement décoratif (je l'ai entendu de mes oreilles !) alors que selon eux, il ne s'agirait que d'un art immatériel qui ne devrait s'incarner dans la matière que pour faire manger celui qui le pratique. C'est une vision des choses, mais je trouve que rien n'est plus efficace pour communiquer notre passion de la lettre qu'une belle carte de vœux de fin d'année, une magnifique enveloppe somptueusement écrite et enluminée ou bien une invitation soigneusement pliée ou reliée. Voilà comment communiquer concrètement la passion de la lettre et l'envie de la pratiquer.

Pour l'abonnement, même adresse internet que pour LAR, le site de John Neal Bookseller, mais attention, pour une fois je vous en conjure ne visitez pas le reste du site, ni la partie outils, ni surtout la partie librairie, sinon, votre carte de crédit pourrait bien chauffer sérieusement et conséquemment la qualité de vos vacances en pâtir. Dur dur de renoncer à la tentation...

>[Emma Gazine]

   
 20/7/13  MIL Canard électronique

[Canard électronique] Savez-vous que le Musée de l'Imprimerie de Lyon diffuse depuis quelque temps un journal d'information sous le doux nom de « Canard électronique » ? Il s'agit d'une lettre d'information mensuelle qui nous fait connaître tout ce qui se fait dans le domaine de la lettre imprimée (ou pas) autour du musée ou par des personnes proches du musée de l'imprimerie. Dans le numéro du mois d'août, tombé ces jours-ci dans nos boites aux lettres... électroniques, j'apprends par exemple que Roger Gorrindo a été mandaté par la Ville de Lyon pour réaliser une signalétique « gravée sur trottoir » afin que les visiteurs de Lyon trouvent plus facilement le chemin des principaux sites de la Ville. En digne successeur de Jean-Claude Lamborot dont certaines rues du quartier Saint Jean à Lyon portent encore les plaques qu'il a gravées, on trouvera donc aussi de belles pierres gravées sur les bords des trottoirs. Etant un de ceux qui eurent la chance d'admirer ses travaux lors de l'exposition « Tracés de pierre » qu'il avait faite il y a quelques années à Volvic, je peux vous garantir que les passants amateurs de belles lettres auront le nez sur le trottoir, alors attention aux réverbères !

D'autres nouvelles du Canard reviennent sur l’exposition en cours au Musée sur le thème « Partez en Transatlantiques », nous proposent le programme des conférences du Musée pour l'année prochaine et nous signalent les collaborations du musée avec ses confrères de par le monde. Vous pouvez retrouver tous les anciens numéros déjà parus sur cette page et vous pourrez aussi vous y abonner pour les recevoir directement dans votre boite mél !

>[Emma Gazine]

   
 17/7/13  Revue LAR

[LAR] Je vous propose de profiter de la pause estivale pour vous reparler des revues et autres magazines concernant le sujet qui nous intéresse, la lettre dans tous ses états, puisque si j'aime à croire que la plupart d'entre vous suivent cette colonne depuis un moment déjà, nos nouveaux lecteurs pourraient cependant s'imaginer que les seuls moyens d'information, d'inspiration ou d'admiration sont ces livres hors de prix dont je vous rebats les oreilles à longueur de chronique.

Bon, à tout seigneur tout honneur, il me faut vous parler de Letter Arts Review. Cette revue étazunienne est anglophone, mais avec beaucoup d'images. C'est le must, le top, le gratin, la pierre philosophale en ce qui concerne les arts de la lettre. Calligraphie, gravure lapidaire, images numériques, tout est évoqué quatre fois par an dans des numéros somptueux sur un beau papier glacé entièrement en couleur. Tout, c'est à dire aussi bien un atelier de fabrication d'encre artisanale au Japon, tel ou tel artiste calligraphe dont la qualité des réalisations auront su séduire le comité de rédaction ou bien des articles de fond sur des sujets aussi polémiques que "la calligraphie numérique est-ce toujours de la calligraphie". Bref, tous, oui tous les sujets ayant trait à la lettre sont évoqués, dans un grand mélange de tradition et de modernité, mais sans concession sur la qualité artistique et la profondeur de la réflexion.

Un numéro par an est une sorte de catalogue de travaux que les calligraphes envoient à la revue et qui sont sélectionnés, rigoureusement croyez-moi, à la fois pour leur qualité et leur originalité. C'est une source incontournable d'inspiration pour utiliser de façon différente des outils que vous possédez déjà (je me souviens de la première fois que j'ai vu une gestuelle à la brause !) ou bien pour en découvrir de nouveaux (ah la capitale romaine au balai !).

L'abonnement à cette revue incontournable est disponible sur internet, ce qui facilite grandement les démarches à tout possesseur de carte de crédit. Je ne vous détaillerai pas l'embrouille que cela pouvait devenir il y a quelques années avec échange de fax transatlantiques et d'appels téléphoniques en une sorte de sabir pseudo-franco-anglais pour arriver à ce qui est aujourd'hui accessible d'un clic de souris ! Le prix des quatre numéros par an est assez élevé, mais sachez que ce que vous recevrez en échange le vaut jusqu'au dernier centime. Peut-être est-il possible de vous grouper pour réduire les frais ?

Cette revue a été reprise il y a quelques temps par John Neal Bookseller, un marchand d'articles de calligraphie, qui a sauvé ce magazine de la disparition, comme quoi le commerce et la culture font parfois bon ménage, n'en déplaise au amateurs de stéréotypes. Ce site marchand propose beaucoup de choses introuvables ailleurs dans le monde, mais toujours des articles soigneusement sélectionnés par des calligraphes de haut niveau. Hélas, les tarifs version américaine et les frais de ports transatlantiques sont un frein considérable à notre frénésie de découvertes de nouveaux outils !

>[Emma Gazine]

   
 13/7/13  Comp Passants et étrangers

[Passants et étrangers] Eh oui, pour une petite semaine encore, à Avignon dans nue petite ruelle que vous aurez du mal à localiser sans un plan détaillé, il y a une exposition du Centre d’étude des compagnonnages sur les tailleurs de pierre ! « Passants et étrangers » est le titre de cette expo, et si vous avez de la chance, vous pourrez avoir une visite guidée par Jean-Michel Mathonière lui-même, dont l’érudition et la façon dont il peut la transmettre me laisse chaque fois admiratif. Dans un lieu superbe qui est là même où habitent les compagnons en Avignon, lieu qui vaut à lui seul le déplacement, vous verrez de nombreux travaux de réception de compagnons, ces merveilles de perfection qui montrent la maîtrise du métier et surtout l’envie de le mener au bout de l’artisanat pour le faire entrer de plein pied dans l’art. Alors, prenez le temps d’admirer ces maquettes de portes, de fenêtres ou même de pièces entières, toutes ornées de marqueteries de bois fins, qui sont légions en ces lieux ordinairement loin des yeux du public.

Mais bien entendu, la clef de voûte de cette exposition, la cerise sur le gâteau, ce sont les manuscrits que Jean-Michel Mathonière a retrouvé aux archives départementales ou bien dans une vieille malle dont, j’espère, il vous comptera l’histoire incroyable, ces « rôles » qui recensent par le menu l’activité de la « cayenne » et qui ont permis de recenser voir de suivre toute ceux qui étaient passés par là, donnant ainsi une idée précise de la manière dont fonctionnait ces corporations il y a plus de deux siècles. Que de symboles à interpréter, que d’indices graphiques sur telle ou telle connaissances que devaient posséder ces compagnons, quelle différence avec la mentalité de notre travail quotidien où l’homme est totalement escamoté au profit de la fonction et de l’objet produit, voir même par rapport au flux financier qu’il génère.

Un autre temps à découvrir avant la fin de la semaine, normalement il n’était prévu que deux ouvertures vendredi et samedi prochain, mais de nombreuses personnes se pressent pour voir l’exposition avant qu’elle se termine et il y aura sans doute des ouvertures supplémentaires. Toutes les infos sur ce site (que je vous conseille de visiter quand vous aurez deux heures devant vous) ou en contactant directement par mail le Centre d’études du compagnonnage.

>[Rikita Yeur de Pierre]

   
 8/7/13  84 Les Papesses

[Les Papesses] Bon... L'activité autour de la calligraphie est pour le moins restreinte ces derniers temps… Je me demande si la morosité ambiante ajoutée à ces vacances tant attendues ne sont pas la cause d’un calme plat, que ne viennent à peine troubler que les soubresauts de Marseille Provence 2013…

Alors je vous propose de sortir un peu des sentiers battus pour aller passer une journée à Avignon. Avignon ? Voir le Festival ? Bon, ok si vous avez envie de vous fader deux heures de queue pour avoir votre carte de réduction pour aller voir quelques-uns des milliers de spectacles proposés, de vous faire alpaguer tous les deux mètres dans la rue pour vous voir proposer tel ou telle pièce, forcément extraordinaire, forcément géniale, forcément le clou du spectacle selon tel ou tel magazine dont vous ignoriez l’existence quelques secondes auparavant, si vous voulez vraiment naviguer au milieu de ces millions de panneaux omniprésents vous invitant à aller voir ze clou du festival, alors allez-y oui. Mais à côté du festival, il reste quand même d’autres choses à voir, désertées par les hordes théatreuses.

Tout d’abord l’exposition « Les Papesses » dans deux lieux, au Palais des Papes et à la Collection Imbert, qui vous montre les extraordinaires travaux de cinq femmes, Camille Claudel, Louise Bourgeois, Kitty Smith, Jana Sterbak et Berlinde de Bruyckère. Alors je vous préviens tout de suite, attendez-vous à du brutal, attendez-vous à recevoir une grande claque dans la figure, parce qu’elle arrivent parfaitement bien à exprimer ce qu’elles ont dans la tête et que, ma foi, je n’aimerais vraiment pas y être, dans leurs têtes, parce qu’il doit y régner un sacré chaos et pour certaines d’entre elles une noirceur qui fait franchement très très peur.

Mais même si certaines oeuvres sont franchement très dérangeantes, on ne peut s’empêcher de penser à « L’île du Dr Moreau » quand on voit les mannequins de Berlinde De Bruyckere, qu’on souffre à la place de Louise Bourgeois quand on l’écoute raconter son enfance, sa mère vue en tant qu’araignée « aux nerfs d’aciers, patientant des heures sans bouger, sans manifester aucun sentiment », ou que l’on est profondément ému par les sculptures de Camille Claudel, d’une expressivité rare, bref, même si tout ce qui nous est montré ne peut nous laisser indifférent et surtout à cause de cela, il faut aller voir cette exposition, ne serait-ce que pour voir sous nos yeux la transformation alchimique de la souffrance en beauté.

Et ce n’est pas tout ce qu’il y a à voir en Avignon en ce moment…

>[Agrippa Pesse]

   
 4/7/13  Mini Nanoécriture

[Nanoécriture] Alors là, pour les micro-écritures, amis calligraphes, il va falloir s'accrocher. Certes, vous maniez avec dextérité la plus fine des brause, la 0.5mm, et vous en extrayez une micro-chancelière parfaitement moulée, bon ok. Sans doute, vous vous êtes lancé dans la plume d'oie à la "Klaus Peter Schaeffel", d'un quart de millimètre voir moins, en produisant une caroline dont toutes les subtilités ne sont traçables qu'en utilisant une encre au gallo-tannate ultra-fluide dont la recette vous a demandé des mois de travail, ouais pas mal... Vous avez essayé la machine à graver une page de la bible à 42 lignes sur un grain de semoule (fine) et vous vous croyez arrivé au top ?

Eh bien non, car pour une somme modique, mais qui n'est pas indiquée, une nouvelle machine vient d'être mise au point qui permet de tracer des lettres qui ne font pas plus de deux microns (millièmes de millimètres), avec pleins et déliés parfaitement contrastés pour une largeur de bec de 400 nanomètres (millionièmes de millimètres). Certes l'exploit ne peut être constaté qu'au moyen d'un microscope électronique, ce qui réduit de beaucoup les chances pour une telle réalisation de figurer un jour sous forme d'original au mur d'une galerie, mais au moins on ne peut pas dire qu'une écriture de ce module contribue à la déforestation.

L'article qui présente cette machine insiste particulièrement sur le côté calligraphique de la chose, ce qui semble bien étrange pour un dispositif sans doute destiné bien plus à graver des masques de circuit intégrés ou a créer des nanomachines qu'à rédiger de sages maximes à accrocher au dessus de sa cheminée, mais c'est peut-être une indication que la calligraphie revient à la mode ? On peut toujours rêver ! Pour les anglophones ayant été au minimum initiés au mystères de la physique, vous trouverez toutes les informations à propos de cette machine sur ce site. La conception s'est faite à l'Université de Boston, ce qui tendrait à montrer une fois de plus la qualité des calligraphes etazuniens ! Quelle sera la réaction de la vieille Europe ?

>[Pamina Notekno]

   
 Juin 
 
 30/6/13  Jou Exposition de reliures

[Exposition de reliures] Mardi prochain, deux juillet, s'ouvrira pour deux semaines, une exposition de reliure à la Fondation Jou aux Baux de Provence. Si vous lisez cette colonne depuis quelque temps, vous ne pouvez ignorer que je voue à cet imprimeur une admiration qui confinerait presque à l'idolâtrie, penchant que je tente désespérément d'éviter, avec un succès pour le moins mitigé je dois l'avouer.

Donc au cas où vous vous trouveriez dans la situation totalement inimaginable de ne pas connaître Louis Jou, gasp, ni même ses magnifiques ouvrages, re-gasp, voilà une bonne occasion de combler ce manque, que dis-je, ce vide abyssal de votre culture de la lettre. Cette exposition nous propose des reliures contemporaines, mais qui voisineront, n'en doutons pas, avec les propres reliures de Jou, puisque ce génie, le mot est lâché, a tout fait lui-même dans le domaine du livre, étant à la fois dessinateur de ses caractères, le concepteur de son papier, l'alchimiste de ses encres, l'imprimeur sur sa presse à bras et le relieur de certains exemplaires de sa production. Autant dire que tout était choisi et fait au petit poil, et que cela se voit bien dans le résultat.

Bref, rendez-vous du deux au treize juillet à la Fondation Louis Jou pour admirer non seulement une quarantaine de reliures contemporaines mais aussi, bien entendu, les magnifiques livres de Jou. Vous trouverez des photos montrant deux exemples de reliure sur notre illustre album Graphos !

>[Emilie Dolatrie]

   
 27/6/13  Book La ville en toutes lettres

[La ville en toutes lettres] J'ai trouvé l'autre jour en librairie un très beau livre que je me dois de signaler à tous les amoureux de la lettre. Certes, il est une peu trop lourd, et un peu trop beau, pour vous accompagner à la plage, mais pour se faire une petit régal des yeux à la fraîche, il n'y a pas mieux.

Il s'agit d'un livre d'Anne Saccani, édité chez Pyramid, « La ville en toutes lettres, installations typographiques dans l'espace public », un catalogue qui regroupe toutes sortes d'interventions typographiques dans la ville. Cela va depuis le plus discret et quasiment insignifiant, des plaques d'égout à New York, de discrets panneaux devant la British Library, jusqu'au gigantisme de ces constructions en grillages en forme de lettres, soigneusement envahies par le lierre ou le monument aux morts de la guerre du Vietnam, depuis la lettre sur support métallique à celle entièrement en béton, en passant par celle gravée dans la pierre, bref, tous les styles tous les genres sont représentés. On y voit des installations éphémères dont on se doute qu'elles ont rapidement disparu jusqu'aux bâtiment ou monuments construits pour durer de toute éternité, enfin disons, une bonne partie de l'éternité, qui est ma foi longue, surtout vers la fin comme le disait Woody Allen.

Alors certes c'est un livre assez cher, pas loin de quarante euros, mais abondamment illustré sur beau papier ce qui fait qu'il en vaut largement le prix, surtout en comparaison de ce que coûte un kilo de tomate en ce moment dans les supermarché. Et non, je ne pense pas que vous puissiez le trouver soldé.

Je profite de cet article pour vous annoncer également que « Lettres du Havre » dont je vous avais parlé il y a quelque temps, vient d'obtenir deux prix Nous avons le plaisir de vous informer que l’ouvrage Lettres du Havre, que vous avez commandé sur le site des Éditions Non Standard, vient d’être récompensé par deux prix, le  European Design Award, Médaille d’Or (Belgrade 2013) et le FPO Special Award, Radical Production (USA 2013). Vite, ruez-vous sur les derniers exemplaires avant qu'il ne passe directement dans les musée !

>[Arletty Podanlavil]

   
 24/6/13  Lux Sylvie Constantin est là…

Sylvie Constantin est là…] Il est totalement impossible que vous ignoriez que la bibliothèque Méjanes héberge depuis quelque temps une exposition sur Albert Camus intitulée « Albert Camus les couleurs du livre », non parce que la qualité des oeuvres présentées serait tellement excellente ou bien totalement médiocre, non, vous en avez sans doute entendu parlé à cause de l'extraordinaire scandale politico-médiatique qui a présidé au choix de son conservateur. Je ne reviendrai pas sur cette lamentable histoire prouvant une fois de plus que quand la politique et la culture se mélangent, on obtient vite des effets comparable au célèbre mélange du Docteur Nitro et du professeur Glycérine.

Si je vous reparle de cette exposition, c'est parce que, diamant dans son écrin, un bien bel atelier aura lieu très prochainement, le samedi 29 juin pour être précis, un atelier qui aura pour thème « Voyage autour de la Méditerranée, les couleurs de Camus » et qui permettra aux dix plus rapides d'entre vous de découvrir le monde des couleurs en compagnie de Sylvie Constantin. Pour ceux qui ne la connaitraient pas, elle vint un temps aux ateliers de Graphos et fonda l’association d’Or et de pigments, qui ne peut vous être inconnue si vous vous êtes déjà frotté au monde de l'enluminure. Il s'agira d'un atelier de découverte et d'initiation à la fabrication de couleurs, une plongée dans l'histoire et dans le monde minéral, végétal et animal dont elles sont issues, nous dit-on ce qui laisse augurer le meilleur à ceux qui l'ont déjà côtoyée. Vite vite il n'y a que dix places, mais combien en reste-t-il encore à cette heure ?

>[Etienne Essa]

   
 20/6/13  NSA Police ZXX

[Police ZXX] Aujourd'hui que le nom d'Edward Snowden est connu dans le monde entier par les turpitudes étazuniennes qu'il nous a révélées, et ne doutez pas que ce soit l'apanage uniquement des Etats Unis, toute la communauté des amateurs et professionnels de la sécurité informatique est en ébullition devant l'ampleur des pénétrations de la NSA et tout le monde se demande comment s'en préserver.

Bon, évacuons immédiatement l'usage de logiciels de cryptages provenant des grandes marques ou d'espaces prétendument sécurisés sur internet, le programme PRISM a révélé que toutes les grades firmes se devaient de laisser une porte dérobée (back-door) à la NSA si elles voulaient continuer à faire du commerce. De là à conclure que celle qui font le commerce le plus important sont celles qui font le plus de compromissions avec les services de renseignement américains, il n'y a qu'un pas... que je ne franchirait pas, en tout cas pas devant tout le monde. Alors que faire ? comment s'assurer que nos communication privées le resteront et ne nous serviront pas un jour, sous un prétexte futile, à voir débarquer une bandes de gros bras armés jusqu'aux dents prétendant lutter contre le terrorisme international, un prétexte employé de plus en plus à tort et à travers pour discréditer tel ou tel opposant.

Donc une bonne solution semble le retour à nos bonnes vieilles lettres en papier avec enveloppe et mise à la boite aux lettres. Oui, mais peut-être sont elles toutes numérisées lors de leur passage au tri postal par ces superbes machines permettant en un clin d'oeil de transformer votre prose papier en un fichier informatique aussi transparents que si vous l'aviez envoyé par mail ? Une seule solution : utiliser la police créée par Sang Mun dont le seul but est de rendre mabouls tous les logiciels de lecture automatique. Et ça marche semble-t-il ! J'y trouve même un certains attrait particulier tant le chaos qui y règne est déstabilisant. Nyarlathotep n'y retrouverait pas ses petits !

Et si vous voulez bien faire, signez la pétition pour l'abandon des poursuites contre Edward Snowden, et comme ça, vous aussi pourrez rentrer dans la grande liste de la NSA des suspects de soutien au terrorisme international !

>[Etienne Essa]

   
 16/6/13  Jeu Paper sorcerer

[Paper sorcerer] Haha, qui l'eût cru ? La dernière mode en matière de jeu vidéo semble être de baser le visuel non plus sur des images de synthèse soigneusement calculées à coup de giga-ordinateurs tournant pendant des jours pour rendre visuellement vraisemblable le moindre pixel, point de hordes de graphistes tous plus imprégnés de culture science-fictionnesque ou med-fan (medieval fantastic, fantastique médiéval) les uns que les autres, non ce qui est totalement trendy (à la mode) aujourd'hui c'est le jeu vidéo à base de... dessins faits à la main sur du papier avec des crayons !

Mais oui, les joueurs en ont semblerait-il assez de déferlement d'images de synthèses toutes plus réalistes ou clinquantes les unes que les autres, ils préféreraient le ton uniforme du papier, les dessins bien plus expressifs dans leur simplicité que ne le sera jamais une grimace d'une entité de synthèse, et les animations low-cost (pas chères) bien plus fantastiques que ces créatures enchaînées par les lois de la physique et de la mécanique que leur autorise leur logiciel de gestion de mouvement.

Alors affûtez vos « brause », taillez vos calames et fendez vos plumes d'oie, un nouveau débouché attend les calligraphes, les jeux vidéo ! Fini les ternes et répétitives polices de caractères pseudo-médiévales, finis les caractères tous pareils, place aux messages soigneusement calligraphiés, expressifs eux aussi de leur contenu qui ont un réel impact sur l'imaginaire des joueurs ! Gageons que les économies réalisées en n'utilisant pas ces monstres qui calculent les images de synthèse seront bien plus utiles à l'ensemble de la communauté si elles vont à de vrais calligraphes en chair et en os, plutôt que si elles servaient à enrichir certains états carrément totalitaires dont les ouvriers sous-payés fabriquent à peu de frais les composants qu'on nous vend à prix d'or !

>[Edwige Vidéaux]

   
 12/6/13  3D Mataerial

[Mataerial] La technologie des imprimantes 3D (voir plusieurs de nos articles précédents) est en train de devenir vraiment intéressante en ceci qu'elle permet maintenant de construire des objets vraiment spécifiques. Après les objets construits par superposition de couches les unes sur les autres, sympa mais guère plus, le 3Doodler déjà bien plus intéressant, à mon avis, une petite société américaine (vous en doutiez ?) a réalisé Mataerial, une imprimante 3D qui permet de fabriquer des objets à la manière du 3Doodler mais sur une bien plus grande échelle puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'un bras robot, au bout duquel est fixé une extrudeuse de pâte plastique, jusque là rien que de bien habituel, mais aussi deux thermo-souffleuse qui durcissent le plastique instantanément lors de sa sortie de l'extrudeuse. Le résultat ? La pâte devenant immédiatement dure, il n'est plus nécessaire de devoir la poser sur un support rigide ou même solide, on peut la former « en l'air », elle tient toute seule une fois que le plastique est devenu rigide.

Toute une nouvelle classe d'objets sont possibles avec cette technologie, et notamment... imaginez... de bien beaux caractères en 3D ! Mais oui, le 3Doodler permettait déjà de faire de la calligraphie petit module mais alors là, on passe à la vitesse supérieure, même si on perd notablement en sensibilité du geste par le passage obligatoire par le bras robot. Il ne reste plus qu'à concevoir un stylo qui permette de capter le mouvement de la main du calligraphe pour piloter le bras robot pour que l'on puisse enfin s'amuser à écrire dans l'air autrement qu'avec de la lumière !

Et cerise sur le gâteau, la pâte plastique peut changer de couleur en cours de mouvement permettant des dégradés ou des lettres multicolores ! Certes, le prix de cette merveilleuse invention la met encore pour un temps hors de portée des bourses des humains moyens, mais on peut toujours espérer que l’engouement pour ce genre d'objet le rende un jour aussi commun qu'une bête imprimante 2D... et nous permette de l'acheter au même prix !

>[Emma Taériale]

   
 8/6/13  13.2 Mon île de Montmajour

[Mon île de Montmajour (suite)] Ne manquez pas la crypte déjà magnifique en soi agrémentée de ces vases chantants et cet alignement de blocs, noir blanc et rouge sur l'autel, pile en alignement avec une petite ouverture verticale qui leur illumine l'intérieur, sous une voute au pierres incroyablement ajustées (en passant notez la quantité de marques de tâcherons qui visibles sur les murs), mais surtout ne manquez pas d'aller vous émerveiller de « Beautiful steps », l'incroyable escalier volant dans la nef de l'abbatiale, une escalier blanc vers le ciel, plein de symboles, qui m'a fait réellement dresser les cheveux sur la tête devant tant de beauté.

L'ensemble offre un contraste étonnant entre la sévérité et le calme de ces vieilles pierres et le jaillissement créatifs de ces artistes. Chaque âge permet de mettre en valeur l'autre et les pierres ne paraissent que plus vénérables en regard de ces objets contemporains, tout comme ces derniers n'en paraissent que plus créatifs en regard de la sobriété du lieu.

Comme j’en entends déjà trouver maintes raisons pour rester douillettement chez eux, à siroter une bière devant Roland Garros, je m’empresse de vous allécher en publiant sur le maintenant célébrissime album Graphos, un petit échantillon photographique de quelques œuvres qui m’ont interpelé, mais aussi de marques de tâcherons gravées pour ‘éternité dans la pierre du lieu ainsi que quelques vues de cette crypte qui ne pourra pas vous laisser indifférent. Et comme je le rajoute à chaque fois, je ressasse, je deviens vieux, c’est mille fois plus beau en vrai et ces quelques pixels capturés ne peuvent absolument pas vous donner idée de la beauté de ces œuvres dans la réalité. Donc allez-y !

Prévoyez largement deux heures pour tout visiter, il serait dommage d'être pressé par le temps tellement il y a de choses somptueuses devant lesquelles s'émerveiller.

>[Raymond Majour]

   
 4/6/13  13.1 Mon île de Montmajour

[Mon île de Montmajour] Bon je sais, pour un marseillais ou un aixois, Arles c'est quand même à une petite heure de voiture, mais franchement, faites le plein et allez-y. Allez voir la splendide exposition d'art contemporain hébergée par l'abbaye de Montmajour, à quelques kilomètres d'Arles. Christian Lacroix, qui est, vous devez le savoir, bien plus qu'un couturier, vous propose « Mon île de Montmajour », une exposition collective dans ces vieux murs pour laquelle il a réuni un petit nombre de ses œuvres, mais surtout des travaux de créateurs contemporains, ainsi que du Cirva, le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques de Marseille. Le Cirva nous avait déjà réjoui la rétine lors de plusieurs expositions dans la région, par son habileté à la fois technique et artistique à transmuter le verre classiquement amorphe et transparent en une série de matériaux colorés, aux textures riches et sophistiquées et aux transparences subtiles et raffinées. On a parfois peine à croire qu'il s'agisse du même verre qui garnit nos bêtes fenêtres ! Les autres artistes offrent tous des œuvres variées, depuis la file des cadavres cardinaux (osé, dans une abbaye !) jusqu'à de somptueuses photos savamment mises en valeur. Enfin Christian Lacroix reste discret puisqu'on ne découvre que quelques costumes de ci de là, toujours aussi sophistiqués dans une apparente simplicité. De ci de là, quelques belles pierres gravée ou sculptées ont été sorties des musées pour compléter l'effet de contraste.

>[A suivre…]

   
 Mai 
 
 31/5/13  DB C'est la guerre…

[C'est la guerre…] Cette fois-ci, c'est la guerre... La guerre entre la Deutsche Bahn, équivalent germanique de notre SNCF, et la graffeurs qui bombent (de peinture !) les trains de la sus-mentionnée compagnie.

Chez Graphos, nous avions fait un stage il y a quelque temps sur le thème du graff' animé par un sympathique adepte de la peinture sous pression qui nous avait révélé la jouissance que prennent certains à « se faire un train », c'est à dire à pénétrer nuitamment dans les dépôts de trains et à couvrir un wagon, voir même plusieurs, de leur blaze, ou plus si affinité. Certaines compagnies de chemin de fer sont particulièrement féroces envers les (rares) graffeurs qu'elles arrivent à attraper, n'hésitant pas à d’abord leur faire subir un petit passage à tabac musclé avant de les livrer en fort piteux état à la police, nous a-t-on dit. Cependant, on peut imaginer les sommes folles que peuvent coûter le nettoyage d'un wagon par des agents d'une entreprise publique... et l'argent, qu'ils payent cette fois-ci, pour décorer de pimpants barbouillages les TERs aux couleurs de la région qu'ils parcourent !

Eh bien il semblerait que le ton doive encore monter d'un cran, puisque la Deutsche Bahn nous annonce que dorénavant, elle utilisera des drones avec caméra infra-rouge pour patrouiller dans ses dépôts et prendre ainsi sur le fait les peinturlureurs nocturnes. On connaît l'usage que fait l'armée américaine (entre autres) de ces engins qui permettent de détruire la moitié d'un village et les villageois qui y habitent tout en étant piloté à des dizaines de milliers de kilomètres, bien assis dans un confortable fauteuil, un verre de Coca Cola bien frais à portée de main (attention, cliché !). Je doute que les drones de la DB soient porteurs d'armes de destruction (semi-) massives étant donné qu'il ne faut surtout pas abîmer... les trains. Mais je pense que devant une telle escalade de moyens, les graffeurs téméraires n'hésiteront pas à se renseigner auprès des groupes extrémistes islamistes pour apprendre tous les moyens parfois fort simples pour échapper à ces engins.

De là à ce que ces contacts enrichissent mutuellement les graffeurs qui pourraient se mettre à calligraphier en de splendides arabesques des phrases du Coran sur les murs ou que les extrémistes abandonnent la bombe artisanale  (IED de nos amis d'outre atlantique) pour se mettre à la bombe à peinture, finalement, on pourrait presque y gagner !

>[Pédro Neux]

   
 28/5/13  Pb No pomme-Z !

[No pomme-Z !] Vous en avez assez de voir que vos réalisations graphiques virtuelles sont à la merci d'une coupure de courant, d'une invasion d'un virus quelconque ou tout simplement d'un crash de disque dur ? Abandonnez le virtuel, oubliez l'informatique, refusez l'immatériel et passez au dur, au vrai, au matériel. Non, je ne parle pas de calligraphie à la main, encore que ce soit aussi une voie d'évolution, mais plutôt à notre bonne vieille typographie au plomb, avec de vrais caractères en vrai métal imprimés avec de la vraie encre sur du vrai papier avec une vraie presse. Finis les crénages réalisés d'un coup de souris, utilisez plutôt la scie à métaux ! Pour augmenter la taille des caractères, distribution et recomposition !

Blague à part, juste avant la session d'été des Rencontres de Lure de cette année (avez-vous apporté votre obole pour la rénovation de la Chancellerie ? avez-vous pensé à vous inscrire pendant que court encore la réduction de 20% ?) vous avez l'occasion rarissime de suivre un stage de composition et d'impression au plomb par Jean-Louis Estève, qu'il est inutile de présenter, grand spécialiste de la fabrication des papiers en particulier et de la chose imprimée en général, et grand praticien de l'impression traditionnelle.

Découvrez le parangonnage, la composition, la distribution, le calage des presses, les ours, les frisquettes, les lézardes ou les postiches et même peut-être les fameux « ala » ! C'est à Blieux, riant village des Alpes de Haute-Provence, que se tiendra cette session qui vous permettra de toucher enfin du doigt la réalité de la transformation des caractères en plomb en or de la connaissance, comme cela se fait depuis plus de cinq siècles, avec une petite diminution ces cinquante dernières années, il faut bien l'avouer. Profitez-en ce genre d'occasion n'est pas si courante. Et bien sûr « No pomme-Z » !

>[Pipo Mezède]

   
 24/5/13  Vrai Flocons de neige…

[Flocons de neige…] Avec notre imagination fertile et notre si grande volonté à simplifier les choses, il arrive que l'on ne sache plus très bien ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Et avec l'irruption généralisée des images numériques, la confusion atteint son paroxysme. Ainsi, de tout temps, l'homme imaginait les flocons de neige comme de beaux hexagones, ornés de pointes totalement symétriques, le tout formant des figures géométriques dont la naturelle perfection dénotait l'existence certaine d'un ordre dans l'univers.

Puis, l'évolution de la technique aidant, on put produire des flocons de neige et des cristaux de glace plus ou moins de synthèse qui se trouvèrent, comme par hasard, montrer eux aussi une stupéfiante symétrie et des formes tellement magnifiques que nul ne pouvait douter de la grâce et de la beauté intrinsèques de la nature.

Hélas, aujourd'hui vient le temps du désenchantement. Un universitaire a créé un système pourvu d'une caméra haute vitesse et à fort agrandissement qui permet de photographier les flocons de neige en train de tomber. Miracle de la technologie, le système dégage suffisamment peu de chaleur pour ne pas faire fondre les délicats agrégats durant leur chute.

Et c'est là que la vérité crue de la réalité nous saute aux yeux : non, les flocons de neige ne sont pas symétriques, non ils ne sont pas hexagonaux, non ils ne sont pas (totalement) blancs. Voyez-vous même. Et comme Max Weber l'avait théorisé, on assiste à ce qu'il appelle le désenchantement du monde, c'est à dire que l'on passe d'une nature idéalisée, d'une simplicité toute géométrique, habitée d'esprits bienveillants, à la cruelle (?) réalité : bien plus que l'ordre, c'est le chaos qui règne dans la nature, et les flocons réels sont tout en bazar, agglomérats de cristaux plus ou moins complets allant même jusqu'à ressembler à une boule de coton, le summum du désordre. Bon certes, ici ou là, rarement, on en trouve certains passablement géométriques. Mais ils sont rares. Et la plupart des cristallographes vous l'auraient dit depuis longtemps, la forme amorphe est bien plus courante que la forme cristallisée, l'univers tend vers le chaos et non pas l'ordre nous prophétise le second principe de la thermodynamique

Et même Google ne le sait pas encore...

>[Cricri Staux]

   
 20/5/13  Beau François Delarozière

[François Delarozière] Pour la huitième édition d'Estampes en Mai, l'association Index, présidée par Reine Colin, nous fait découvrir un artiste proprement incroyable, j'ai nommé François Delarozière. Vous n'avez jamais entendu ce nom ? Ne vous inquiétez pas, de même que tout le monde connaît Roger Excoffon sans jamais avoir entendu son nom, de même j'en suis sûr vous connaissez les réalisations de François Delarozière sans jamais en avoir entendu le nom.

Vous avez sûrement entendu parler, voir eu la chance d'assister aux spectacles de la compagnie Royal de Luxe, spécialisée dans les interprétations baroques, les automates géants et les machines à l'esthétique steampunk, collision improbable entre le dix-neuvième siècle et la haute technologie, dans laquelle un peu de surnaturel se glisse parfois dans les interstices de la réalité. François Delarosière est de ceux qui ont conçu et réalisé certaines de leurs surprenantes machines, comme le gigantesque éléphant qui déambule de par les rues de notre paysage urbain. Mais il ne s'est pas arrêté là ! Il a également dessiné d'incroyables manèges et installations, tout en contraste entre le minéral métallique et le vivant fleuri, assaisonné d'une touche de musique contemporaine et d'une bonne dose de rêves d'enfant réalisés. Rien que pour voir ces installations sur l'île de Nantes, je suis prêt à faire les kilomètres qui nous séparent de la lointaine Vendée / Bretagne (rayez la mention inutile) tellement il doit être sidérant de voir ces énormes mécaniques en mouvement. En attendant, si vous allez à la chapelle du Calvaire vous pourrez voir certains des dessins et des croquis préparatoires de ces machines mais vous pourrez aussi voir une vidéo qui vous les montre en action dans la vraie vie ! Mais rassurez-vous amis des arts, les dessins que nous propose Reine Colin sont en eux-même des œuvres d'art et il vous suffira d'aller à Rousset pour vous en persuader. Car ces dessins sont bien loin du sec dessin technique d'ingénieur, ils portent en eux toute une part du rêve que l'on retrouve dans ces machines, depuis le poisson des profondeurs mi-sous-marin, jusqu'à l'arbre au héron, véritable promenade aérienne en passant par la chenille mécanique sur laquelle on peut s'installer et se laisser porter par les mouvements de flexion et d'extension, comme sa congénère de quelques centimètres de long !

Bref, profitez des prochaines semaines pour passer à Rousset, en dehors de l'accueil toujours chaleureux des gens de l'association Index, vous serez émerveillés de ce que la technique peut réaliser quand elle se marie avec le rêve et la poésie.

>[Emma Chine]

   
 16/5/13  Beau L'architecte & l'alchimiste

[L'architecte et l'alchimiste] Parfois, un livre qui ne parle pas de calligraphie peut nous aider à mieux comprendre certains aspects de notre art, simplement parce qu'il incite à la réflexion sur un sujet qui nous touche particulièrement tout en l'appliquant à un autre domaine. J'en veux pour preuve le superbe « L'architecte et l'alchimiste, dialogue sur la beauté » de Thierry de Champris. Ce livre imagine un dialogue au XIIIe siècle entre l'architecte qui préside à la construction d'une cathédrale et l'alchimiste qui a choisi le thème de certaines des sculptures qui ornent la façade. L'un est croyant, l'autre pas, l'un travaille sur lui-même, l'autre sur la matière, l'un est reclus dans son laboratoire et l'autre travaille sur un gigantesque vaisseau de pierre à l'air libre. Ces deux hommes que tout pourrait séparer vont, au cours de cinq journées, s'entretenir sur leur vision de la beauté et de l'univers, toutes en nuances et en tolérances, pour le plus grand plaisir du lecteur. Car oui, en chacun de nous il y a un architecte et un alchimiste et c'est par la convergence des deux univers que peut se faire l'homme équilibré. Ceci dit, leur discussion amène à des réflexions bien au delà de la beauté, sur l'univers et la façon dont on peut le percevoir, mais nous offre aussi une lumineuse interprétation de ce qui pouvait se passer sur le chantier des cathédrales. Un passage explique la construction géométrique qui a présidé à la conception de la façade de la cathédrale en question, une centaine de lignes de pur bonheur à découvrir tout ce que l'on peut trouver dans un « simple » fronton de cathédrale.

Bref, un livre que vous devrez sans doute lire au calme, par longues tirées et en y réfléchissant longuement mais un livre extrêmement enrichissant par la multiplicité des points de vue et la profondeur des dialogues. Vous ne passerez plus jamais devant une église de la même façon.

>[Rebecca Tédral]

   
 12/5/13  Vite! Le scribe qui dessine

[Le scribe qui dessine] Par un hasard extraordinaire, je suis tombé sur l’annonce d’un documentaire sur Arte à propos des scribes égyptiens, « Le scribe qui dessine » diffusé samedi dernier. Heureusement, grâce à la magie d’internet, vous pouvez encore revoir cette émission passionnante pendant toute la semaine jusqu’à vendredi prochain, après quoi, le carrosse redeviendra citrouille et cette belle émission sera perdue.

Ce documentaire expose par le menu la vie des scribes de l’Égypte antique; il explique la façon dont les scribes dessinaient et peignaient sur les parois des tombes tous ces merveilleux textes illustrés qui ont gardé toute leur beauté malgré les presque cinq mille ans qui nous séparent de leur création. Grâce à des œuvres en cours de création mais n’ayant jamais été achevées et d’une façon similaire à celle qu’utilisent les paléographes médiévaux, les égyptologues reconstituent la façon de se former, de travailler de ces scribes ainsi que les techniques de réalisation de ces pentures gravures et sculptures, les pigments utilisés, les morceaux de pierre qui servaient d’exercices retrouvés près d’un village entièrement constitué de scribes et sévèrement gardé par les soldats du pharaon, bref, un émouvant récit de la vie de tous les jours de ces lointains ancêtres des calligraphes modernes. Des oreilles attentives pourront d’ailleurs déceler ici ou là de bien troublantes correspondances avec certains aspects plus contemporains de la pratique de l’art royal égyptien…

Bref, prenez le temps de vous réserver 52 minutes avant vendredi pour vous en régaler les yeux et les oreilles !

>[Agnès Cribe]

   
 11/5/13  CC Des manuscrits sous licence

[Des manuscrits médiévaux sous licence] Une bien étrange nouvelle trouvée sur internet : il semblerait que l'Institut de Recherche sur l'Histoire des Textes (IRHT, affilié au CNRS et de très honorable réputation) aie décidé de placer des numérisations de documents médiévaux sous droit d'auteur et par là de limiter leur diffusion gratuite alors… qu'ils ne sont pas les auteurs de ces documents ! Lors de l'accès à la Bibliothèque Virtuelle des Manuscrits Médiévaux, qui regroupe des numérisations d'excellente qualité d'un millier de manuscrits médiévaux, ll est en effet fort bizarre de voir apparaître une fenêtre contenant un avertissement insistant sur le fait que les documents accédés sont sous licence Creative Commons, "conformément à la décision du Comité scientifique de pilotage de la BVMM", une formule qui autorise "la reproduction des données sous condition de citation et uniquement pour des opérations non commerciales". Déjà, on peut se poser la question de savoir si le CNRS détient réellement les droits d'auteur d'un manuscrit datant de plus de cinq siècles qu'il n'a fait que numériser. Là où cela devient à mon avis nettement plus grave, c'est qu'il est fait mention que la licence est "susceptible d'évoluer en fonction des positions officielles que prendraient les Ministères de la Culture et de la Communication, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, ainsi que le CNRS, quant au droit de reproduction des œuvres du domaine public et quant au droit d'auteur". Si je comprends bien, un jour où le sus-mentionné ministère aura besoin d'argent, il pourra tout simplement rendre payant l'accès aux manuscrits, qui sont pourtant notre patrimoine national, et à leur version numérisée, qui s'est faite avec l'argent de nos impôts. Imaginez que vous preniez un ouvrage libre de droits quelconque, que vous vous fassiez payer pour le photocopier et que vous revendiez à ceux-là même qui vous ont payé les copies du dit ouvrage  En interdisant bien sûr d'en faire par vous même !

Quand le CNRS rue dans les brancards parce qu'on essaye de limiter les budgets qui lui sont affectés, sous prétexte que la recherche doit restée désintéressée et uniquement à la poursuite de la connaissance sans idée de profit, est-ce qu'il ne pourrait pas tout d'abord appliquer ce précepte à lui-même ?

>[Amélie Cense]

   
 10/5/13  Bolos La littérature en djeun's

[La littérature en djeun's] L'exercice est classique mais pas souvent réussi. Enfin, après les hilarantes versions en argot des Fables de La Fontaine ou de la Bible, après les synthèses en quelques mots de pavés de mille pages, un site internet nous propose les classiques de la littérature résumés en langage de djeun's, même si le trait soit parfois grossi. Je connais en effet pas mal de djeun's qui arrivent encore à comprendre certains mots de plus de trois syllabes ou intègrent parfaitement le sens d'une phrase comportant un adverbe, voir même une proposition subordonnée !

Explosez-vous donc les zygomatiques en parcourant Moby Dick, les Lettres persannes ou bien Ubu Roi (j'adore) dont je ne peux résister au plaisir de vous faire goûter un échantillon :

« il avait une p’tite teub et un gros bouli le père ubu c’est ça le gros tube de l’été 1973 HIT MACHINE tonton !!! moi mon blaze c’est charly et moi lulu !!! loool allez merdre fini de se taper des barres on est pas là pour chiller mais pour se l’ambiancer pépouze sur une pièce chanmax c’est le père ubu un daron izi life qu’a trop des titres de tarba style capitaine de dragon officier de confiance du roi venceslas décoré de l’ordre de l’aigle rouge de pologne et ancien roi d’aragon triple ballon d’or académicien champion de la ligue pokémon rien que ça mdr !!!! mais sa zouz la zouz ubu elle lui dit “daron ubu tu m’fous l’seum faut qu’on foute sa race à venceslas pour bouffer de la raclette en mode NON-STOP EATING tahu !!!” ».

(si vous voyiez la tête de mon correcteur orthographique, il en est rougeoyant d'indignation et manque de renoncer à sa tâche devant l'ampleur des dégâts)

En tant que non djeun's, j'apprécie d'autant plus la performance que j'y apprends pas mal de vocabulaire, ce qui me permet de mieux comprendre certaines conversations de mes enfants ! Par contre, loin de moi, et j'espère de vous également, l'idée d'utiliser ces tournures dans mon propos. On est bolos ou on ne l'est pas !

>[Mambo Losse]

   
 5/5/13  Blog Mes beaux dimanches

[Mes beaux dimanches] Je suis à peu près sûr de vous avoir déjà parlé du blog « Mes beaux dimanches » à propos d'un de ses articles portant sur le graphisme. Mais j'ai eu beau farfouiller dans les centaines d'articles du BdG de jadis ou naguère, j'ai été incapable de la retrouver.

Et je récidive donc pour vous signaler une section de ce blog fort plaisant qui est consacrée à l'alphabet sous toutes ses formes et notamment les plus innovatrices. Pourquoi en effet se limiter dans la conception des caractères à ces formes noires sur fond blanc, alors que l'informatique d'aujourd'hui nous permettrait de composer avec des éléments graphiques plus complexes, photos ou même éléments animés ? Ce sont quelques uns de ces alphabets étranges et même saugrenus mais toujours intéressants que nous propose la catégorie « Alphabets et abécédaires » de ce blog. Vous y découvrirez des alphabets de tout genres, récupérés sur des objets anciens et connotant parfaitement leur époques ou bien des créations contemporaines comme ce superbe alphabet construit à partir de silhouettes de nus à travers une vitre translucide, ou bien un alphabet animé (réservé aux adultes et NSFW) illustrant en mouvement des imbrications… colorées !

Faites quand même, tant que vous y êtes, un tour sur les autres sections du blog, vous y trouverez une multitude de créations graphiques fort bien inspirées qui valent bien le temps que vous y passerez !

>[Edmée Bodimenche]

   
 1/05/13  2B Mai de la Calligraphie

[Mai de la Calligraphie] Nous avons eu la chance d'accueillir il y a quelques années Amélie Dhesse au cours d'un stage graphosien d'été sur les lettrines. Elle était venus en Provence comme bon nombre d'habitants du nord de la France pour se ressourcer en chaleur ensoleillée… mais aussi en calligraphie. Car Amélie Dhesse est l'organisatrice d'un événement qui prend chaque année plus d'ampleur, le Mai de la Calligraphie de Saint Amand les Eaux, manifestation qui est à ma connaissance la seule à être entièrement dédiée à la calligraphie.

Après une décennie d’expositions couronnées de succès au Musée de la Tour Abbatiale, Le Mai de la Calligraphie devient un rendez-vous biennal amandinois, laissant place un an sur deux à une résidence d’artiste calligraphe. Mettant à la disposition d’un professionnel invité un lieu d’exposition, de création, et de résidence, la médiathèque (en collaboration avec le musée) accueille en 2013 Stéphanie Devaux. Vous connaissez peut-être cette calligraphe qui allie un virtuose art de la plume à des compositions textiles tout à fait étonnantes. La trame de l'écriture et celle du tissus se marient, s'interpénètrent et entrent en résonance pour un très bel effet graphique.

Au cours du mois de mai, ateliers et temps d’échanges avec le grand public rythmeront la quinzaine calligraphique, ainsi qu’une sensibilisation des scolaires à l’art de la belle écriture. La restitution de ce projet viendra s’intégrer au programme plus vaste du traditionnel Mai de la Calligraphie en 2014.

Bref, amis lecteurs qui avez la possibilité de vous rendre à Saint Amand les Eaux sans avoir à produire moultes kilotonnes de gaz à effet de serre, profitez-en, de toute façon en ce moment le soleil provençal est parti ailleurs. Vous trouverez toutes les informations ici. Et si vous avez envie de nous envoyer un petit mot nous racontant ce que vous avez vu, n'hésitez pas à nous le faire parvenir que nous en fassions profiter tous nos lecteurs !

>[Edmée de la Calligraphie]

   
 Avril 
 
 28/04/13  Lire Mon nom est rouge

[Mon nom est rouge] C'est un petit bijou que je vous recommande de lire durant les quelques longs week-ends que cette fin d'année scolaire va nous offrir, il s'agit de « Mon nom est Rouge » d'Orhan Pamuk.

L'histoire se passe dans l’atmosphère beaucoup moins feutrée que l'on pourrait s'imaginer des ateliers d'enluminure et de miniatures turcs, au milieu de ce microcosme de peintres et de calligraphes qui produisent les plus grands chef d’œuvres pour un sultan de l'Empire ottoman au sommet de sa gloire. Un crime mystérieux est le prétexte à un époustouflante réflexion sur l'art de peindre et d'écrire, sur le style, la cécité et la nature de l'art en général. Car oui, il faut le dire, cette histoire de crime et l'histoire d'amour qui l'accompagne sont une trame bien fine qui sert surtout à supporter de nombreuses digressions philosophique de ces artistes, dont la retranscription du monde réel en un monde idéal, « tel que vu par Dieu », est en passe de se faire concurrencer par le travail à la vénitienne qui privilégie l'exacte reproduction de la réalité, la perspective et la ressemblance fondamentale avec le réel.

Et ce n'est qu'un des nombreux sujets abordés, tous aussi passionnants les uns que les autres pour qui s'intéresse à l'art, sa fonction et son rapport au réel et à la vérité, écrit dans une langue d'une richesse qui n'a d'égale que celle des miniatures turques (bravo l'auteur et le traducteur) et sous une forme qui joue constamment à intriguer, interpeller et désarçonner le lecteur, tant est si bien que j'ai eu chaque soir du mal à mettre mon marque page en place et à laisser fermé ce livre pour la nuit.

Mais c'est aussi un livre dans lequel on retrouve toute la verve et tout le style brillantissime des « Mille-et-une nuits » dont on imagine bien qu'il puisse être un des ouvrages réalisés dans cet atelier, avec ses histoires enchâssées unes dans les autres et ses subtiles correspondances et échos d'un personnage, d'une histoire à l'autre. A lire absolument. Et à méditer.

>[Kamal od-Din Bihzad]

   
 24/04/13  $€£¥ Yes we can !

[Yes we can !] « I want you », proclamait l'Oncle Sam en 1917, « Yes we can » lance Obama en écho à presque un siècle de distance. L'appel aux bonnes volontés est bien plus fréquemment utilisé chez nos amis anglo-saxons que dans notre beau pays de France où l'on se repose plutôt à la fois sur un individualisme forcené, et ça ne s'arrange pas ces derniers temps avec le consumérisme effréné qui l'accompagne, ou bien à l'autre extrême, on se tourne vers l'état pour tout et le reste, en lui demandant à la fois une loi pour éviter que mon boulanger fasse du pain trop salé et une autre pour contrer les tendances individualistes… de mon voisin qui a réussi à planquer de l'argent à l'étranger tout à fait légalement, ce que j'enrage de ne pouvoir faire.

Bref, tout ceci pour vous annoncer que la Chancellerie de Lurs va mal, qu'elle a besoin de nous et que nous pouvons y faire quelque chose. Car en ces temps de restrictions, d'austérité et de serrage de ceinture, il est difficile de demander à un organisme bancaire de financer ce genre de travaux, sans se retrouver… à la merci du dit organisme et obligé de faire tout ce qu'il demande, comme l'état français semble le découvrir bien tardivement après trente ans de budgets en déficit croissant.

Donc pour éviter cela, les Rencontres de Lure font appel à notre porte-monnaie, un petit peu amaigri certes ces derniers temps, pour financer 3500 euros de travaux qui sont immédiatement nécessaire. Et les participants au stage Graphos que nous avons fait l'année dernière sur place seront les premiers à en témoigner, il faut faire quelque chose, car les eaux d'en haut se sont déversées sur nous avec une telle rage que le bâtiment ne tiendra pas longtemps si cela se reproduit. Voici ce qui nous en est dit et la manière d'y remédier :

«  Chèr-e-s ami-e-s des Rencontres de Lure,

Un infolure qui nous vient de la chancellerie (la maison des Rencontres) et qui sonne comme un appel à l'aide. En effet, la Chancellerie ne chancelle pas, mais a besoin de travaux urgents de conservation et de mise en sécurité pour pouvoir accueillir du public (nous !) cet été. L'investissement dans les murs de la Chancellerie, (lieu fondateur et vivant au centre des activités des rencontres), a déjà commencé en 2012 avec la rénovation des fenêtres du dortoir notamment. La dégradation de la couverture et d'un auvent à l'arrière compromet cependant l'accueil du public et nous devons trouver les moyens d'intervenir en urgence. Dû à l'usure d'une maison ancienne et aux violents orages de mai 2012, l'eau se glisse par les tuiles disjointes et inonde l'intérieur de la maison. Ceci entraîne des dégâts et fragilise la bâtisse. Plus urgent, l'auvent de la terrasse du dortoir menace de s'écrouler et représente un réel danger pour ceux qui l'occupent et pour le voisinage.Le coût des travaux s'élève à 15 000 euros.

L'association peut financer 50% des travaux. Reste donc 7 500 EUR

Face à cette situation, une réponse collective s'impose ! Selon l'esprit libre et contradictoire de Lure, l'association lance une opération de crowdfunding (appel à dons) autonome ! En effet, il existe des plateformes permettant de collecter de l'argent, toutefois ces dernières prélèvent une commission.

L'association, indépendante comme toujours, a donc choisi d'échapper à ce système en comptant davantage sur le maillage de Lure, c'est-à-dire vous ! 3 moyens de faire un don : par virement, par chèque, sur place, le 25 mai 2013 au Puces typo #3 (Bagnolet).

Chaque émetteur de don, recevra un titre de don 100% lure et soigneusement personnalisé !

Pour en savoir plus et faire un don --> ici  »

Toute l'équipe du BdG a fait briller la joncaille, a fait péter le grisbi et a sorti les brouzoufs, et j'espère bien que tous nos lecteurs en feront autant, même pour des petites sommes, dans la mesure de leurs moyens ! Soyez généreux !

>[Amédée Zeuros]

   
 20/04/13  Ms Recettes du XIIe

[Recettes du XIIe] Ah heureusement que certains heureux mortels ont bien le temps de baguenauder de ci de là sur internet pour nous signaler les pépites les plus remarquables, les joyaux les plus brillants, bref les articles les plus intéressants du réseau mondial afin que je vous en fasse part au plus vite et que vous puissiez vous aussi vous en régaler.

Ainsi en est-il pour une nouvelle qui était passée totalement inaperçue des médias d'informations de masse, et pour cause, il s'agit de la découverte du plus ancien livre de recettes culinaires médiévales, un ouvrage qui date du XIIe siècle ! Bon, si vous suivez les articles de cette colonne depuis quelque temps déjà, ou si vous avez participé à quelques rencontres Graphos ou assimilées, vous n'êtes pas sans savoir que la gastronomie est une part importante de nos relations entre calligraphes graphosiens. Durant bien des agapes dominicales, les conversations tournent autour de la meilleure recette de daube, de la façon dont un des participants prépare cette délicieuse soupe de châtaignes au foie gras ou bien quel ingrédient secret contribue à nous régaler de telle quiche ou de telle tarte. Bref, en tant qu'issus de la tradition française, la nourriture fait partie intégrante de notre démarche calligraphique. Et ce n'est pas le livre « Le ventre de la lettre » paru aux éditions Arqa qui va prouver le contraire !

Les recettes retrouvées dans cet ancien manuscrit, dont beaucoup servaient à la fois de nourriture et de médicament, semblent, au dire de l'article, n'être pas forcément restées au goût du jour et cela se conçoit aisément pour qui a déjà parcouru un ouvrage un peu plus tardif comme le « Mesnagier de Paris » qui date du XIVe et dont pas mal de recettes mettraient en feu des papilles modernes tant les épices sont nombreuses et abondantes dans certains plats. D'autres au contraire sont restés tout a fait praticables et ce sont ceux dont on nous régale encore de nos jours dans les restaurants dédiés à la cuisine de cette époque.

Espérons que nous trouverons bientôt une édition traduite de ces recettes pour pouvoir se plonger encore plus complètement dans l'atmosphère des scriptoria médiévaux !

>[Laure Setteculinère]

   
 16/04/13  Book Processus créatifs

[Processus créatifs] Pour faire suite à ce que je vous disais sur mon manque de créativité, j’ai récemment trouvé un livre tout a fait intéressant sur le processus créatif des graphistes en tout genre, ouvrage qui a l'intérêt de présenter l’entièreté du processus de réalisation d’un projet du début à la fin, du cahier des charges de départ (le brief en langage technique) à la livraison finale, et ce par vingt graphistes dont certains sont parmi les plus connus. Chacun explique sa méthode, sa façon de traiter les projets, les diverses (nombreuses !) étapes du travail, les esquisses, les essais mis à la poubelle ou les idées rejetées par le client.

Et là, c’est une découverte : non seulement ces graphistes sont créatifs dans la solution qu’ils apportent au problème du client, mais pas un seul de ces vingt cas n’est résolu de la même manière ! Ils sont donc au moins aussi créatifs dans le processus de résolution du problème que dans la solution qu’ils apportent au dit problème !

Au final, si comme moi vous vous intéressez à ce monde mystérieux sans en faire partie, si comme moi vous en admirez les réalisations sans avoir la moindre idée sur la façon dont on peut à chaque fois arriver à trouver autant d’idées lumineuses et diverses, alors lisez ce livre qui vous éclairera tout aussi bien sur les vingt pour-cent d’inspiration que sur les quatre vingt pour-cent de transpiration qui constituent le travail quotidien du graphiste.

Seul bémol à la clé, ne sont décrit que des projets particulièrement « intéressants » dans des domaines valorisants comme la signalétique, les événements culturels ou de la communication d’entreprise. Pas un seul cas de packaging de céréales ou de d’affiche pour le club de gym local, projets dans lesquels la créativité débridée est bien plus difficile à faire accepter, mais domaines où elle est bien plus nécessaire pour aboutir à quelque chose de différent (think different fut un temps la pub d’Apple). Et c’est peut être dans ces projets qui polluent chaque jour notre environnement visuel qu’on en aurait le plus besoin !

>[Esmée Ledoidenleuil]

   
 13/04/13  id Tapis persans

[Tapis persans] J’admire les gens créatifs. Pour ma part, je ne le suis absolument pas, je sais très bien résoudre un problème qu’on me pose, mais arriver à faire « quelque chose » à partir des matériaux à ma disposition sans but précis ou sans voie tracée, j’en suis incapable. Prenez par exemple les images satellitaires. Cela fait plus de dix ans que je travaille sur le sujet professionnellement et je n’ai jamais eu la moindre idée d’utilisation autre que celle dont mes clients ont besoin, voir vite et bien ces énormes images à l’autre bout du monde, à travers de tout petits canaux de communication. Alors qu’il y a déjà quelques années, un typographe avait eu la géniale idée de créer une police à partir des différents immeubles de formes si diverses qui remplissent les images des villes du monde. Un immeuble en forme de X ou de S ont parfois attiré mon attention par leurs formes inhabituelles, mais je n’aurais jamais eu l’idée d’en faire une police.

Une autre idée tout aussi géniale a été de créer des pseudos « tapis persans » à partir de symétries construites depuis une image satellite issue de Google Maps. Le processus consiste à faire un peu comme dans un kaléidoscope et à dupliquer une partie d’image en symétrie horizontale ou verticale. Si l’image est bien choisie, on a une impression absolument bluffante de se trouver devant un tapis finement dessiné dont les formes certes assez inhabituelles qui éveille juste assez l’attention pour en faire ressortir le côté bizarre tout en laissant intacte la beauté et la finesse de l’ensemble.

Chacun ses capacités, mais cela n’empêche pas d’envier celles des autres, et de travailler à essayer de palier ses insuffisances !

>[Madmacs]

   
 10/04/13  Live Christiane Milekitch

[Christiane Milekitch on ze Net] Pour ceux qui ne connaissent pas encore Christiane Milekitch, voici venu le moment de la découvrir. On peut la rencontrer « in the real life » dans la région de Forcalquier où elle est présente à quasiment tous les événements autour de l'écriture en général mais aussi de la calligraphie en particulier. Jusqu'à présent, arriver à voir quelques uns de ses travaux était réservé à un petit cercle restreint, quoiqu'elle ait officié à grand renfort de calligraphie gestuelle lors de la fête du  livre de Forcalquier de l'automne dernier.

Ce qu'elle nous propose aujourd'hui est d'un tout autre calibre, car il s’agit ni plus ni moins que d'une vidéo sur DailyMotion où elle montre un extrait de son spectacle de quarante cinq minutes de calligraphie non-stop, "Voyelles", au cours duquel on peut la voir utiliser nombre de techniques et d'outils pour le moins difficiles ! Divers genres d'écritures sont abordés, calligraphie hébreu ou latine en passant par les runes. On la voit utiliser avec bonheur plume, cola-pen et autres pipettes dans des calligraphies de tout style et de tout genre. Mais ce qui m'a laissé baba, je dois dire, c'est sa maîtrise de la technique du Révérend Catich pour tracer des capitales romaines de l'époque trajane au pinceau, avec une parfaite prise en main des formes, pourtant pas simples du tout, de la modulation des graisses, subtiles et pas du tout intuitives, des empattements si caractéristiques et le tout pour des lettres dont le module doit bien faire ses vingt à trente centimètres de haut. Ouah ! J'attends avec une grande impatience une nouvelle séance de ce spectacle dans la région pour pouvoir admirer ça en direct live !

>[Rebecca Titche]

   
 Mars 
 
 28/03/13  Graf Interview de Massoudi

[Interview de Massoudi] Il y a deux ans, nous avions eu l'audace de faire un stage graphosien sur le thème du graf' du tag bref de l'écriture murale en toute liberté. Bien qu'initialement dubitatifs, les participants s'étaient vite rendu compte que loin de s'assimiler à du vandalisme urbain, l'art de l'écriture dans la rue a ses artistes et que bien des recherches de forme, de style ou même de mise en page murale pouvaient être source d'inspiration pour nous autres calligraphes plus "sages". Quant au grand format et à l'utilisation de la bombe (à peinture bien entendu) je n'aurai qu'un mot pour les décrire : jouissifs. Je conseille à tous les calligraphes d'essayer un jour d'utiliser ces outils, le geste léger et aérien offre au pratiquant une sensation de toute puissance inédite avec les outils plus contraignants dans leur maniement.

Tout ceci pour vous signaler que la calligraphie « classique » ou même « sage » a aussi éveillé des échos chez nos amis graffeurs puisque c'est un des sites consacré à cette pratique, Factcap (grosse capsule, c'est la partie de la bombe qui forme le jet de peinture), que vous trouverez une interview du célébrissime Hassan Massoudi qui lui aussi fait le pont entre les deux pratiques. Prenez le temps aussi de visiter le reste du site, vous y trouverez des exemples de peinture murale très recherchés tant au niveau de la forme que des couleurs, travaux qui vous feront sans doute changer d'avis sur cet art, bien loin du « jobard » qui défigure le mur de mon voisin, à la bombe noire vaguement gestuel, mais plutôt version mollassonne type spaghetti si vous voyez ce que je veux dire. Dans la rue, comme en calligraphie, il y a de tout. Quatre vingt pour cent de n'importe quoi est de la m... disait Théodore Sturgeon, et avec raison. Mais les vingt pour cent qui restent... sont sur ce site !

>[Ruy Blaze]

   
 24/03/13  EdC Histoire de l'@

[Histoire de l'@] Je me souviens que lors du stage sur les oubliés de la calligraphie, nous avions eu un long échange sur l'origine de l'arobase, le symbole @, queue de singe ou escargt pour les uns, a enroulé ou aronde pour certains, ad médiéval pour d'autres… Moultes versions de l'origine de ce signe avaient été explicitées, mais aucune n'émanait d'une autorité suffisante pour emporter l'adhésion de tous. Bien souvent, il s'agissait plutôt de « j'ai entendu à la télé… » ou bien « ma concierge à qui j'en parlais justement… ». Bref, rien de convainquant, de solide ou de définitif et chacun était reparti avec sous le bras sa propre conviction, mais également le doute sur son exactitude.

Et bien, après quelques années de doute, d'errements et pour tout dire d'incertitude, voici qu'enfin une source autorisée nous donne une version définitive (?). Il s'agit de rien de moins que d'un professeur de la célébrissime École des Chartes qui consacre à ce glyphe plus d'une heure de conférence et comme l'érudition des membres de l'École des Chartes n'a d'égal que leur générosité, cette vidéo est disponible en ligne sur leur site.

Une fois que vous aurez pu mesurer la qualité de l'enseignement de cette école, parcourez son site à la recherche de tout ce qui touche à la paléographie, depuis les cours en ligne (si, si !) jusqu'aux manuscrits annotés également proposés à la libre consultation, en passant par diverses vidéos et textes de conférences tous plus passionnants les uns que les autres. Bref, si l'histoire de l'écriture vous intéresse, et si vous lisez ce blog vous devez sans doute au moins y être sensibles sinon même peut-être enthousiastes, vous en aurez pour un moment avant d'avoir épuisé toutes les informations qui s'offrent à vous. Bon surf… et ne vous couchez pas trop tard !

>[Richard Robase]

   
 21/03/13  Oh! Vérités et mensonges…

[La magie de la vérité, des mensonges... et des iPods] Quand je vois la majorité de la jeune génération qui passe son temps à scruter leur téléphone dès qu'ils ont dix secondes d'inactivité, quand je les vois passer des heures devant les divers écrans qui peuplent toute résidence imprégnée de modernité (combien d'écrans chez vous ? chez nous plus d'une dizaine... pour quatre personnes !) je me dis que les relations d'humain à humain sans intermédiaire électronique sont bien mal en point. Et cependant, l'homme étant éternellement créatif je suis tombé sur une petite vidéo qui me réconcilie avec ces passe-temps que je trouverai plus approprié d'appeler des « perd-temps ».

Lors d'une conférence de la TED, le magicien Marco Tempest s'est efforcé de montrer que, comme le disait si bien un célèbre auteur de science fiction, la haute technologie est semblable à la magie pour ceux qui n'en connaissent pas les arcanes. Et c'est bien sur ce point que joue ce magicien pour nous montrer une utilisation ô combien magnifique de trois iPods qui semblent former une triade magique pour notre plus grand bonheur.

Alors, si la technologie ça sert à nous faire rêver plutôt qu'à remplir nos moments de calme d'un babillage indigent, je dis vive la technologie !

>[Emma Gissien]

   
 18/03/13  10! D'or et de pigments

[D'or et de pigments] Les plus anciens graphosiens, dont votre serviteur, se souviennent sans aucun doute de Sylvie Constantin. Elle fut notre compagne de souffrance sur les diaboliques modèles que nous proposaient nos maîtres il y a quelques années et sur l'assimilation desquels nous passions, et pour certain nous passons encore, un dimanche par mois. Elle nous montrait parfois, mais vu sa discrétion tout de même assez rarement, des enluminures d'une finesse extraordinaires et d'une harmonie colorée tout à fait exceptionnelle sur lesquelles nous nous sommes longuement extasiés à chaque fois que nous avons eu la chance de pouvoir les voir de près. Sa passion des pigments et de leur fabrication, de leurs mélanges et de leur utilisation nous fascinaient tout autant que de voir les merveilles qu'elle arrivait à en tirer.

Et puis Sylvie Constantin a fondé l'association « d'Or et de pigments » pour se consacrer à la diffusion et à l'enseignement de cet art de l'enluminure, et je l'ai croisé une fois ou l'autre dans diverses manifestations autour de l'écriture ou du moyen-âge, toujours accompagnée d'une ribambelle de bocaux et de boites diverses pour présenter les différents types de pigments et leur utilisation, expliquant à chacun et à tous les longs processus qui pouvaient mener de la pierre brute ou des végétaux fraîchement ramassés à ces coloris intenses et si peu habituels. Elle montrait aussi des enluminures qu'elles avait réalisées et qui en ébahissaient plus d'un.

Ceci ne nous rajeunit pas, comme on dit chez les vieux, puisque je reçois justement une invitation à une exposition qui fête les dix ans de son association ! Dix ans déjà ! En tout cas, pour ceux qui ne la connaissent pas ou qui ne connaissent pas son travail, et même pour ceux qui la connaissent d'ailleurs, ne manquez pas cette événement samedi prochain 23 mars de 14h à 19h30 à l'Atelier de Conti, sur la route des Alpes au nord d'Aix en Provence, si vous voulez voir ce que je considère être le top du top de l'enluminure, réservez votre après-midi et rendez vous sur place !

>[Bertrand Lumineur]

   
 14/03/13  Book Architecture et typo

[Architecture et typographie] En me baladant sur le site des éditions B42, dont je pense vous avoir déjà parlé, je suis tombé par hasard ou presque sur un petit ouvrage dont le thème m'a tout de suite interpellé puisqu'il porte sur « Architecture et typographie ». Comme j'avais un autre livre à acheter sur le site de B42, je me suis laissé tenter d'ajouter par un simple clic ce nouvel achat à mon petit panier.

Et bien je n'ai pas été déçu. En en discutant avec une congénère graphosienne fort portée sur le domaine de l'architecture, nous avions moultes fois apprécié les correspondances entre les deux domaines et les convergences entre l’esthétique de l’écriture en général ou de la mise en page en particulier et la conception des bâtiments, avec la gestion des contrastes entre les pleins et les vides (les noirs et les blancs), de la forme générale de l'ouvrage d'art (et de la page) ou bien du bon équilibre entre fonctionnel et ornementation (lisibilité et paraphes). Bref une vraie convergence, pour laquelle chacun des domaines a de quoi apprendre à l'autre.

Dans ce petit ouvrage collectif constitué d'articles de quelques pages, on trouve non seulement des rappels historiques sur les diverses tendances architecturales qui ont eu des répercussions sur la typographie, comme le Bauhaus, bien entendu mais aussi et surtout un article magnifiquement illustré et totalement passionnant intitulé « Les lieux et les mots » sur l'introduction de l'architecture dans les frontispices des livres de la renaissance, tout d'abord la construction de la page de titre en tant que lieu et donc l'influence de l'architecture sur sa composition, mais aussi plus visiblement l'utilisation d'éléments d'architecture, colonnes, entablements ou bas reliefs gravés pour souligner l'effet de monument que devient le livre à l'époque de l'humanisme. Un article brillant et qui ouvre à une multitudes de sens.

Bref, pour une somme modique, lisez cet ouvrage qui aborde un thème inhabituel mais qui réserve bien des surprises et ouvre à bien des réflexions sur les deux domaines de l'architecture en tant que typographie et la typographie en tant qu'architecture.

>[Bernard Chitecte]

   
 10/03/13  Expo Papiers poèmes

[Papiers poèmes] Je vous avais déjà parlé de l'Hôtel de Gallifet, ce délicieux hôtel particulier du quartier Mazarin à Aix, superbe endroit qui abrite la galerie d'art éponyme. Cet été, il faisait bon s'y prélasser sous les arbres du parc (en plein centre ville d'Aix !) pour siroter un petit thé ou grignoter une petite salade après s'être régalé les yeux et la tête en visitant les expositions du lieu. Le propriétaire y était fort accueillant et ne ménageait pas sa peine pour expliquer le sens du travail des artistes, afin que nous en comprenions toutes les subtilités. L'Hôtel de Gallifet avait récidivé en étant partie prenante de la série d'expositions du Parcours d’Art Contemporain en abritant dans son parc une des œuvres les plus réussies de cet ensemble mais aussi « Safari » une exposition de photographies d'Olivier Chapelle qui ne peut pas laisser indifférent !

Eh bien, je vous invite à y faire à nouveau une petite visite pour vous régaler d'une exposition de travaux entièrement réalisés en papier. Et contrairement à ce qu'on pourrait supposer, les œuvres exposées sont très diverses, depuis un traitement extrêmement subtil et aérien à base de papier de cigarette jusqu’aux matières tourmentées issues de livres entiers découpés, collés jusqu'à former des blocs compacts et néanmoins délicatement découpés.
Bien entendu, une petite salle vous permettra de goûter à l'atmosphère calme et tranquille du lieu en dégustant un petit thé ou... un potage de courge (?) tout en s'imprégnant de certains des travaux les plus réussis. Un excellent moment passé dans ce lieu d'exception à voir des œuvres tout aussi exceptionnelles.

Cette exposition est la troisième proposée dans le cadre de PaperART, un cycle d'événements « labellisés MP2013 » (c'est vous dire le sérieux de la chose) dont je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de visiter les deux premières. Mais je le regrette au vu de celle-ci ! Vous trouverez tous les renseignements sur ce cycle d'expositions ainsi que quelques photos sur le programme édité le Gudgi, une association regroupant des galeries d'art de la région aixoise, organisme qui est à l’initiative de ce cycle d'expositions dont vous trouverez le programme ici.

>[Zappata Papier]

   
 06/03/13  Jou Exposition à Marseille

[Exposition à Marseille] Pour les amoureux de la belle typographie en général et de celle de Louis Jou en particulier, apprenez qu'une exposition aura lieu à partir de jeudi prochain 7 mars à la librairie Liber de Marseille sous l'égide de Pierre Brillard, libraire ancien à Tarascon, et ce jusqu'au 16 mars. Profitez-en si vous n'avez jamais eu l'occasion d'approcher les ouvrages de ce typographe et graveur d'exception, vous aurez la possibilité d'admirer de près des chefs d’œuvres tels que son Évangile selon Saint Matthieu, Les Amours de Psyché et de Cupidon de La Fontaine, et le Don Quichotte de Cervantès pour n'en citer que quelques-uns. A l'occasion de cette exposition seront également présentés quelques ouvrages d'artistes réalisés par notre ami Gilbert Bonnet, imprimeur à Marseille.

Ne manquez pas de vous y rendre, la plupart de ces ouvrages sont en général uniquement visibles derrière une vitrine, ce qui vous empêche d'en apprécier la finesse du trait, le grain du papier ou les quelques réminiscences de l'odeur de l'encre.

Vous trouverez toutes les informations nécessaires pour vous y rendre en consultant le blog de cette librairie, mais pensez également à visiter le blog de Pierre Brillard ici, vous pourrez en profiter pour vous régaler les yeux de belle typographie, de belles illustrations et de beaux livres en général, accompagné de notes particulièrement recherchées.

>[Alex Posé]

   
 03/03/13  Sun Pierre de soleil

[Pierre de soleil] Il en est parfois des connaissances comme d'une chaîne, elle se transmet de maillon en maillon jusqu'au jour où... elle se perd. On croit parfois que nos ancêtres étaient des brutes ignorantes, incapable de toute innovation et se remettant à la force brute pour résoudre tous les problèmes. Mais rien n'est plus faux. Prenons un exemple récent, les vikings. Si vous avez vu les quelques films les représentant, depuis le célèbre film de Richard Fleischer jusqu'au dernier Asterix, ils nous sont représentés sous la forme de barbares ignorants de la peur, razziant les malheureuses populations qui avaient le malheur de tomber sous leur regard. Rien n'est plus faux, semble-t-il.

On savait depuis quelques années qu'il semble bien qu'Erik le Rouge et ses marins aient été les premiers européens à fouler le sol de l'Amérique du nord, on a retrouvé au Canada des restes de campements qui semblent bien prouver qu'ils ont réussi cet exploit bien avant Christophe Colomb. Mais on a également retrouvé un bien étrange cristal dans les restes d'un drakkar ayant coulé depuis bien des siècles. Après bien des hypothèses et des analyses, il semblerait qu'il s'agisse d'un exemplaire d'une « pierre de soleil » dont il est fait mentions dans les sagas nordiques, pierre qui servait à pouvoir naviguer les jours sans soleils, à une époque où aucune boussole ne s'était approchée à moins de dix mille kilomètres de l'Europe. Les vikings utilisaient une propriété unique du cristal de calcite qui est connue sous le doux nom de biréfringence, ce qui veut dire, en langage usuel, qu'en regardant à travers cette pierre, on voit doublez, sans avoir eu besoin d'abuser de quelque boisson alcoolisée que ce soit. Une autre propriété bien moins visible pour un œil non averti est que suivant la polarisation de la lumière, les deux images ne sont pas tout à fait identiques, l'une est plus lumineuse que l'autre. Et c'est cette propriété qu'utilisaient les vikings : en effet, le soleil diffuse une lumière qui reste polarisée même à travers les nuages, et cette pierre permet ainsi de trouver la direction du soleil même quand le ciel est uniformément gris, donc de naviguer en toute quiétude.

Il a fallu toute l’astuce d'une équipe de scientifiques modernes, utilisant des appareils dont le plus modeste équivaut à des mois de salaire d'un ouvrier, pour arriver à retrouver ce que les vikings avaient découvert tous seuls, sans le moindre appareil, juste avec leur jugeote et un solide sens de l'observation. Et vous allez encore me dire que c'étaient des barbares ignorants ?

>[Grossebaf]

   
 Février 
 
 28/2/13  Sic Gloire médiatique

[Gloire médiatique] Alors là, ça m'agace un peu. Bon, pas de chance, deux hommes célèbres meurent à quelques heures d'intervalle, Stéphane Hessel et Henri Caillavet. Il allait y avoir dilemme dans les médias, qui mettre en première page ?

D'un côté un résistant célèbre, membre du CNR, ambassadeur, qui fit paraître en 2010 un livre qui eut un fort impact sur des millions de lecteurs, et qui poussa à l'indignation et donc dans la rue, une bonne partie de la population européenne. Manifestations dont on peut se demander si elles eurent un effet autre que d'enfler l'ego des participants, tant la démocratie moderne a, une fois encore, prouvé son imperméabilité à l'opinion du peuple, qui continue de toute façon à voter pour les mêmes, et tant les banques et autres institutions financières plastronnent aujourd'hui avec toute l'arrogance des milliards et de l'absolution de tous leurs travers accordés par l'État.

De l'autre un homme qui a été de tous les combats humanistes depuis soixante ans. Oh, on ne le voyait pas bien souvent à la télévision. Plutôt discret, il a œuvré au parlement pour la dépénalisation de l'homosexualité, pour le droit à l'avortement, pour le divorce par consentement mutuel, la loi sur les greffes d'organes, sur l'avancement de l'idée d'euthanasie et la limitation de l'acharnement thérapeutique, j'en passe et des meilleures. Il a agit, pas parlé. Et ce qu'il a fait a des effets encore aujourd'hui sur des millions de gens, et pas seulement sur leur ego.

Et quel est celui qui gagna la course à la présence médiatique ? Regardez la première page de vos journaux et vous constaterez par vous même. Il y a quelques jours, un journaliste tentait de justifier le virage tabloid qu'est en train de prendre la presse quotidienne en expliquant qu'on disait aux gens ce qu'ils veulent entendre. La presse n'est plus d'information, elle est passée à la brosse à reluire l'ego. Dont acte.

>[Amédée Zinformation]

   
 24/2/13  Argh! Take your pleasure…

[Take your pleasure seriously] Séquence admiration. Jusqu'à il y a quelques jours, je croyais me débrouiller à peu près pour la calligraphie au pinceau. Après trois stages et un peu de pratique à la maison et sur quelques enveloppes, je me disais que bon, je me débrouillais.

C'était avant qu'une lectrice bas-alpine du BdG m'envoie un lien sur une vidéo de Luca Barcellona, dont nous avions déjà parlé dans cette colonne il y a fort longtemps, le 29 juin 2010, vidéo qui le montre en train de calligraphier avec cet instrument redoutable. En quelques minutes, il déploie une maitrise de l'outil qui m'a laissé tout simplement béat d'admiration. La lenteur de l'exécution permet de voir le contrôle proprement incroyable qu'il a sur la pointe de l'outil sachant qu'il ne manipule que le manche et qu'entre les deux, les poils, certes nerveux, amènent leur propre part de tension et de déformation du geste. Bref, en regardant cela, j'ai eu un grand moment de solitude, comme disent les jeunes d'aujourd'hui.

Et si vous trouvez ça génial, comme je pense vous serez un grand nombre à le faire, vous pouvez vous offrir son livre, un peu cher sans doute, mais dont la qualité, si elle s'approche de ce qu'il nous montre dans sa vidéo, vaudra amplement les soiwante huit euros de son prix d'achat. Enfin pour les plus fortunés de nos lecteurs... qui doivent se faire rares en ce moment... bref, vous voyez ce que je veux dire.

Vous trouverez d'autres vidéos de Luca Barcellona ici.

>[Gaétan Duhamort]

   
 20/2/13  Oh! 3Doodler

[3Doodler] On vit vraiment une époque formidable. Il ne se passe pas un mois sans qu'une petite société totalement inconnue le mois d'avant vienne au devant de la scène nous étonner avec une invention qui ne peut que nous faire nous exclamer : mais comment personne ne l'avait trouvé avant !

Voyez par exemple 3Doodler. Elle s'est lancée sur KickStarter, le site qui permet à des anonymes tels que vous et moi, pour peu que nous ayons une idée géniale, de se faire financer par d'autre citoyens anonymes, petite somme par petite somme, en offrant à ses généreux donateurs les tous premiers exemplaires de leur invention, dont le financement aura permis de réaliser les prototypes. Combien de sociétés commerciales se sont ainsi créées sans aucune intervention des banques, des venture capitalistes ou des agences de valorisation de la recherche, depuis l'ampoule multicolore contrôlable à distance depuis n'importe quel ordinateur jusqu'à Ouya une petite console de jeu qui a levé pas moins de 8 millions de dollars sur une simple idée, mais quelle idée ! Et donc parmi tous ces beaux projets qui ne peuvent que soulever l'enthousiasme, notre fameux 3Doodler qui n'est ni plus ni moins qu'un « stylo » qui écrit... dans l'air ! A la base, un petit pistolet à colle chauffant dont on remplace la matière première par une filet de plastique coloré à séchage ultra-rapide, simple me direz-vous, mais il fallait encore le réaliser et le présenter ! Et là, je dois dire que mon sang de calligraphe n'a fait qu'une tour en voyant les possibilités de l'engin : imaginez dessiner de superbes lettres sur une feuille plus les assembler d'un simple mouvement pour en faire des sculptures aériennes quasi immatérielles. Et mieux, dessiner « en l'air » et voir ses gestes matérialisés en 3D ! Imaginez cet engin dans la main de XXX - mettez ici le nom de votre calligraphe préféré(e) !

Noël est encore loin, mais je ne sais pas si je pourrai attendre !

>[Amédée Cinenlère]

   
 16/2/13  Ms Les manuscrits de Tombouctou

[Les manuscrits de Tombouctou] Si vous n'êtes pas resté au fond de votre lit depuis un mois, à cause de la grippe ambiante ou d'une grosse fatigue, vous devez savoir qu'au Mali, le torchon brûle entre les infâmes terroristes d'AQMI et le monde libre. Car oui, comme leur frères talibans en Afghanistan, ces fous d'Allah comptent bien détruire toute trace de culture (et les humains correspondants) n'ayant pas le blanc seing "conforme à l'Islam", qu'il s'agisse des Bouddhas de Bâmiyân ou des mausolées de Tombouctou. Bon, de nombreuses traces existent de ces monuments et grâce à un peu de carton pâte ou de béton armé, on pourra les reconstruire à l'identique sans que le touriste de passage ne puisse y voir supercherie.

Là où cela devient plus grave, c'est que ce gens s'attaquent également à des trésors qu'il serait bien difficile de reconstituer, et je veux parler des nombreuses bibliothèques qui ont le malheur de contenir autre chose que le Coran et ses divers commentaires. Tombouctou héberge ainsi entre ses murs de nombreuses bibliothèques publiques ou privées où dorment bien à l'abri des manuscrits datant pour certains de l'époque de ce qui fut chez nous le Moyen-âge, manuscrits qui ont l'inconvénient de pouvoir partir extrêmement rapidement en fumée tout en étant définitivement perdus si cela arrive, puisque rien ne permettrait de les reconstituer sinon plusieurs dizaines d'années à une armée de copistes et d’enlumineurs.

Alors que faire quand la guerre et son cortège de destructions s'approche de la ville ? Que faire quand on se doute que les occupants temporaires de la ville pratiqueront la politique de la terre (et de la bibliothèque) brûlée quand ils seront acculés à la retraite ? Eh bien, ce qu'il faut faire, vous le découvrirez dans le passionnant numéro de cette semaine de Télérama, qui prouve une fois de plus que cela vaut la peine d'y être abonné, même quand on n'a pas la télévision, comme c'est mon cas. Vous pouvez encore vous précipiter auprès de votre marchand de journaux préféré pour acheter à l'unité le numéro de la semaine, et pour ceux qui auront laissé passer le coche, vous contenter d'un succédané de cette superbe épopée, pleine de ruse, de suspense et d'espoir en vous rendant sur cette page web. Mais sachez que l'article complet vaut largement un bon roman d'aventure !

>[Emma Nuscrit]

PS : je vous conseille également, à ce sujet, de suivre la passionnante enquête de Caroline Fourest sur les réseaux de l’extrême diffusée tous les mardis sur TV5 et disponible sur le site de la chaîne durant la semaine suivant sa diffusion.

   
 13/2/13  Typo Le printemps de la typo

[Le printemps de la typo] Le programme de l'édition 2013 du « Printemps de la typo », organisé par l'école Estienne, est en ligne ! Chanceux amis de la typographie franciliens profitez de cette manifestation pour rencontrer enfin toutes vos idoles, et cette année il y en a pléthore ! Sur le thème de « devenir typographe », avec des conférences sur des sujets aussi alléchants que « Vers une fonderie collaborative en ligne » et la présence de nombreuses fonderies, éditeurs dans le monde de la typo ou même Sterenn et Adeline des Rencontres de Lure in real life, ces deux jours, 28 février et 1er mars, vous permettront de vous plonger jusqu'au cou dans le monde merveilleux de la création de caractères. Rien qu'à voir l'affiche qui démontre une fois de plus l'importance du blanc dans la création graphique, j'en ai les neurones qui pétillent !

Vous qui avez la chance de ne pas être trop éloigné de l'école Estienne, réservez dès maintenant vos places !

>[Arletty Pau]

   
 10/2/13  22 Une bien belle histoire

[Une bien belle histoire] Même si en France, patrie d'Arsène Lupin, de Fantômas ou de Jacques Mesrine, on n'aime pas trop la police, en général tant qu'on ne s'est pas fait voler sa voiture ou cambrioler son appartement, il faut bien lui reconnaître quelques vertus. Une récente histoire redore le blason de ces policiers mal aimés. Une femme écrivain, aveugle mais ne connaissant sans doute pas le braille, avait inventé un brillant système pour pouvoir écrire sans trop de souci, en installant un cache fortement en relief sur une feuille de papier, ce qui lui permettait d'écrire normalement dans les interstices du cache et d'obtenir ainsi une page à peu près régulièrement lignée qu'il était ensuite facile de transcrire sur ordinateur. Son fils venait la voir chaque semaine et se chargeait de cette besogne, pas si désagréable sans doute car elle lui permettait d'être ainsi tenu constamment au courant de l’évolution de l'histoire voir même peut-être d'en influencer le cours par quelques petites remarques judicieusement placées dans la conversation. En tout cas, c'est ce que j'aurais fait si j'avais été à sa place.

Tout semblait devoir se passer du mieux possible dans le meilleur des mondes, mais voici qu'un grain de sable mit à bas ce bel édifice : le stylo tomba en panne, faute d'encre pour l'alimenter. Hélas, trois fois hélas, notre pauvre écrivain ne s'en rendit bien entendu pas compte, et elle continua ainsi à écrire 26 pages de son ouvrage avant que son fils la visite  enfin et se rende compte du désastre littéraire.

Désolés d'une telle perte (enfin vu que le livre n'a pas encore été publié, il est difficile exactement de juger la perte que cela représente), le tandem écrivain et collationneur se sont rendus au commissariat le plus proche est espérant voir sous leur yeux les miracles que peuvent accomplir en matière de recherches les experts de la police, qu'il regardent ans doute à la télévision chaque semaine dans la série éponyme. Les policiers, attendris sans doute par ces deux admirateurs en détresse, prirent sur leur pause déjeuner et restèrent un peu plus tard le soir pour utiliser toutes les ressources de leur science pour arriver à retrouver le texte perdu. Et on nous apprend qu’ils y travaillèrent cinq mois entiers et qu’ils arrivèrent à retrouver le texte des 26 pages à l'exception d'une unique ligne.

Et c'est ainsi que se termine une bien belle histoire dont un élément qui me semble de première importance a été omis : quel est la teneur du texte en question ? Les policiers en ont-ils vraiment retranscrit l'intégralité ou ont-ils modifié ou même censuré certains passages qu'ils ne trouvaient pas à leur goût ? L'histoire ne le dit pas mais, même si la qualité du livre n'est pas au rendez-vous, l'image de la police en aura tellement été améliorée que leurs efforts n'auront de toute façon pas été faits en vain !

>[Antoine Bourrel]

   
 6/2/13  Quelques mots…

[Quelques mots de Roger Willems] Quelques mots de Roger Willems sur son travail, à l’occasion du premier festival de calligraphie contemporaine à Nogent sur Marne en 2006 (1).

« J’ai le privilège, étant retraité, de n’avoir plus d’impératifs de commandes par rapport à la calligraphie. C’est donc en toute liberté que je peux m’y consacrer, en me préoccupant essentiellement d’exprimer ma personnalité, ce qui est peut-être un des meilleurs moyens pour faire connaître le métier de calligraphe comme un métier artistique à part entière. Graphiste de profession, je m’intéressais particulièrement à la lettre typographique. Or, pour dessiner des lettres, les déformer, en faire des logos ou des sigles, il est intéressant d’avoir pratiqué l’art de la calligraphie, qui vous apprend par quel processus les lettres sont formées, selon quel ductus elles sont tracées, ainsi que leur évolution au cours du temps. Dans les écoles de beaux-arts, à l’époque où j’ai fait mes études en Belgique, on ne formait qu’à la peinture, ce qui ne me passionnait pas trop. Je m’intéressais plutôt au dessin et à la composition qui me semblaient plus importants. Maintenant, que j’ai trouvé mon support d’expression, il ne m’intéresse plus de savoir si c’est réellement la calligraphie ou plutôt la peinture. Dernièrement à l’une de mes expositions, j’ai rencontré le calligraphe allemand Werner Schneider, lequel a réagi immédiatement. Il constatait que les calligraphes en Allemagne restent très « classiques ». Tout ce qu’il voyait dans mes travaux était pour lui de la calligraphie. Il insistait disant que ce qui était primordial, c’était de tendre vers un ensemble harmonieux, plus que vers une lisibilité conventionnelle.

J’ai découvert la calligraphie pour la première fois en 1981, année pendant laquelle j’ai fait de la calligraphie chinoise, par curiosité et par volonté de découvrir autre chose. La tenue du pinceau m’a tellement séduit que je faisais du dessin de personnages en tenant mon pinceau comme les Chinois. Je n’ai abordé la calligraphie occidentale qu’en 1983. Je n’ai jamais suivi de cours mais j’ai eu la chance de participer à des stages organisés par de grands calligraphes : Michel Derre, Claude Médiavilla, Jovica Veljovic - que je considère comme un très grand - Gottfried Pott, Thomas Ingmire, Karlgeorg Hoefer, Albert Small, etc.

Grâce à eux j’ai compris que calligraphier c’est retrouver l’esprit de la lettre, du geste pour la tracer, c’est jouer avec l’espace et le temps, les formes et les rythmes, l’ombre et la lumière. Après avoir essayé différents outils, propre à la calligraphie, j’ai choisi de privilégier presque exclusivement le pinceau chinois que je manie, non pas à la verticale comme le font les chinois ou les Japonais, mais incliné, comme en Occident. Cela me permet de soigner la trace, jeu sans fin qui donne mille visages à la même lettre, créant ainsi son propre langage abstrait, mettant en mouvement le blanc fascinant du papier.

Je n’aime pas les outils plats ; plume, pinceau ou calame. Le pinceau chinois se prête à tout, instrument docile et complexe qui me mène au bout de moi-même. Je peux le mouvoir à mon gré dans toutes les directions, le faire danser sur la feuille, se tordre, s ‘envoler, s’aplatir, tracer un fil d’encre ténu, fragile, pour s’épanouir ensuite en courbes grasses et généreuses, monter, descendre, virevolter avec légèreté.

Au début, je notais dans un carnet spécial les textes qui m’inspiraient. Je les consultais très souvent, surtout certains d’entre eux, parce qu’ils définissaient assez bien ce que je ressentais. Je vous les livre en vrac : « Ecrire peu de mots dans un grand silence » Etty Hilsum (les mots doivent accentuer le silence). Un autre exemple de Chilida : « Le dialogue entre les formes, quelles qu’elles soient, est plus important, de beaucoup, que ces formes mêmes. » Baudelaire m’a séduit par cette phrase : « La poésie est ce qu’il y a de plus réel, c’est ce qui n’est complètement vrai que dans un autre monde. » et enfin ces mots de Guy Cadou : « J’écoute, c’est bien moi. »

La sélection que chacun fait de ses textes marque sa personnalité. Pour ma part, je ne les ai jamais calligraphiés, sauf celui de Paul Eluard : « Donne à la raison des ailes vagabondes. » Une première fois, j’ai écrit entièrement la phrase (pour moi c’était lisible). Finalement, je me suis contenté du seul « vagabondes », et c’est fou ce que ce mot peut donner de possibilité. Calligraphier, c’est donner une personnalité, une âme à la lettre, à travers un geste sans cesse renouvelé, varié à l’infini. Cent mille fois tracé, un même mot prendra cent mille formes différentes, envoutant, hypnotique.

Un autre truc que j’ai appliqué, c’est d’avoir deux classeurs. Dans un je range toute la série de modèles classiques et dans l’autre, je mets les calligraphies contemporaines qui me plaisent plus particulièrement. En feuilletant ce dernier classeur, encore et encore, chacun peut voir inconsciemment où il met la barre. Une bonne calligraphie est une calligraphie qui impose son espace, en dépit du format et quel que soit le médium utilisé.

Pour un nouveau défi et une exploration plus approfondie, depuis un ou deux ans, je me suis appuyé sur une langue et des caractères que je ne connaissais pas, ce qui m’a donné la possibilité et la liberté de pouvoir choisir, au hasard, les lettres ou les parties de lettres qui allaient servir à ma composition, sans souci du sens.

Aujourd’hui, bien que toutes ces formes procèdent de la lettre, j’aime bien qu’on ne les reconnaisse pas et cela me conduit jusqu’à faire des simulacres de taches ou bien encore à enchevêtrer les lettres au seul bénéfice de la composition et de l’équilibre. Il n’y a que le pinceau chinois qui me permette cette liberté dont je n’ai pas encore exploré et découvert toutes les facettes.

Par habitude et bien que cela ne soit pas un parti pris que je respecte systématiquement, je préfère installer les bases de ma composition avant de me préoccuper du fond. De cette manière, grâce aux propriétés couvrantes de la peinture acrylique, je peux privilégier certains traits qui sont très forts, les mettre en valeur et ainsi noyer les parties moins importantes dans le fond. Elles n’apparaissent plus alors qu’en filigrane, donnant texture et matière à l’ensemble.

« Musicien du silence » pour reprendre ces mots de Mallarmé qui me paraissent être la définition même du calligraphe. J’ai le bonheur immense de disposer d’un très grand atelier. J’y suis presque tous les jours parce que j’ai besoin de travailler beaucoup pour que la composition vienne spontanément. À chacun son rythme ! Mais l’important, comme le dit Oscar Wilde, « c’est d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’on les poursuit ».

>[Roger Willems]

(1) Sincères remerciements de TEG à Sophie Verbeek, pour la transmission de ce très beau texte de Roger Willems pour tous les lecteurs du BdG.

   
 2/2/13  Lyon Type Display

[Type Display] Il y a mille manières d'amener le grand public à la typographie, pour leur éduquer l’œil et les sensibiliser à la lettre, sans quoi n'importe quelle daube plus ou moins exubérante ou gigotante les agréera et le monde deviendra à l'image de ce qu'ils préfèrent... autant dire que moi, dans ce cas, je préférerai habiter sur Mars ! Les éditions 205 font partie de ces studios qui ont une activité éducative du grand public, d'abord par certaines de leurs réalisations à prix accessible à tous, pour que chacun puisse en profiter mais aussi par leur participation aux manifestations autour de la lettre, plus il y a de monde, plus on en parle et plus le grand public peut être amené à découvrir les merveilles que ces jeunes typographes peuvent nous concocter.

C'est donc pour faire suite à un mail de Noël proposant un jeu des neuf familles typographiques que je vous conseille, que j'ai reçu l'autre jour un mail de début d'année annonçant la tenue à Lyon d'un événement autour de la lettre "Type Display". Bon, autant vous avertir tout de suite, je ne sais pas ce que fera Marseille capitale de la Culture autour de la typographie, mais là Lyon frappe vite et fort. Car dès le 4 février prochain, nombre d'expositions, de résidences, de conférences, de rencontres et autres monstrations de belles typographies sont au rendez-vous jusqu'au 6 avril, et ce dans toute la région puisqu'aussi bien Saint Étienne sera de la partie. Les galeries, les (nombreuses) librairies lyonnaises et les Beaux Arts ne sont pas en reste en hébergeant une partie de ces événements. Les noms des participants sont trop nombreux pour tous les citer, et si j'en oublie je vais me créer des inimitiés, mais sachez que tout le gratin de la typographie, et surtout la jeune génération, sera au rendez-vous.

Notez vite sur votre agenda les différentes manifestations organisées pour cet événement, vous trouverez tous les renseignements sur leur page Facebook qui pour une fois ne vous demande pas d'entrer dans la secte pour avoir accès à l'information !

>[Eudes Sancinque] 

PS : FLASH SPÉCIAL ! L'émission « Empreintes sur TV5 avec Fabienne Verdier est visible quelques jours seulement sur Pluzz ! Si vous ne l'avez pas vue en «Live », n'attendez pas qu'elle parte à l'INA et cliquez vite ici !!! Et merci au lecteur du BdG qui m'a fait passer l'info !

   
 Janvier 
 
 31/1/13  Hommage à Roger Willems

[Hommage à Roger Willems] « Musicien du silence » - Un grand maître nous a quitté. Roger Willems est retourné danser avec les anges le 11 janvier 2013. Il est né à Etterbeek, en Belgique le 20 mars 1929. Il était graphiste et calligraphe. Marié à Yvette, il avait 5 enfants et 12 petits enfants.

Je l’ai rencontré en 1996. Venant de déménager en Belgique, je cherchais un maître qui pouvait me faire progresser dans mon travail de calligraphie. Il m’ouvrit sa porte avec sourire et timidité, se demandant quelle énergumène se cachait derrière l’immense classeur que je portais à bout de bras ! Après avoir éplucher des kilomètres d’exercices calligraphiques et de travaux en tout genre, il ferma mon classeur et me dit tout simplement qu’il fallait tout reprendre dès le début… Roger était un homme exigeant.

Virulent, avec lui-même comme avec les autres, il avait une haute estime de la calligraphie latine et orientale. Avant toute chose, il fallait faire ses gammes et les faire bien. Seulement ensuite, pouvons nous oser envisager la calligraphie contemporaine. Nous nous donnions rendez-vous tous les mois chez lui, dans son magnifique atelier à Braine L’Alleud, où il m’encourageait à regarder mon travail, à le juger et à comprendre la danse des blancs sur la page, le rythme d’un jeu de lignes ou la subtilité qui se cachait derrière un mot. Cet échange devint de plus en plus riche et sous peu, une réelle amitié se développa.

J’aimais l’homme qui se cachait derrière le calligraphe. Il était d’une sensibilité extrême, fragile et timide à la fois, mais il n’en restait pas moins un humaniste et grand épicurien. Aimant la bonne chère, le bon vin et le chocolat belge, nous avons beaucoup ri ensemble !

En 1998, lors d’un passage à Paris je rencontre Laurent Rébéna. Sous peu la conversation se met à tourner autour de Roger, que Laurent avait rencontré lors d’un stage en Normandie en 1995 avec Jovica Veljovic. Laurent est également un admirateur et ami très proche de Roger.

Puis en 1999, Laurent a l’excellente idée de réunir quelques calligraphes français et européens afin que l’on travaille ensemble sur des thèmes sur le graphisme, dans la joie et la bonne humeur. Les Doigts Noirs étaient nés. Ils comprenaient :

Laurent Rébéna, Roger Willems, Jigmé douche, Piero De Macchi, Massimo Pollelo, David Lozach, Bruno Gigarel, Marion Andrews, Chen Li, Bruno Riboulot, Bernard Faguet et moi-même.

Nous nous rencontrons pendant une semaine tous les ans à Propières, avec une envie d’échange, de partage et de travail, tout en nous laissant des moments de détente et de liberté. Roger nous racontait ses exploits de vacances quand il était un jeune homme et nous éblouissait de sa maîtrise au pinceau chinois. C’était un homme taquin, heureux de vivre et aimant la Vie. Il était également un grand marcheur et souvent, nous allions nous promener ensemble avec Laurent.

La maladie l’a atteint il y a trois ans et il s’est éteint doucement, à l’image de l’homme exquis qu’il était. Roger, nous ne t’oublierons pas.

(À suivre)

>[Sophie Verbeek] 

   
 27/1/13  Livre Esquisse d'un pendu

[Esquisse d'un pendu] Il est de ces livres qui laissent à tous leurs lecteurs un souvenir inoubliable, une marque définitive. Stanley Kubrick disait d’ailleurs que son but est que les spectateurs de ses films s’en souviennent encore un an après. Accordons-lui un fort taux de réussite. Pour les livres, je vous ai parlé récemment d’Encre de Fernando Trias de Bes qui m’avait ainsi fortement impressionné et que je vous recommandais. Je l’ai offert à deux amis et tous les deux m’ont confirmé l'excellence de l'ouvrage. N’hésitez donc pas si votre pile de livres en attente est au plus bas.

Non, aujourd’hui je voudrais vous parler d’un autre livre remarquable qui vous laissera également une forte impression mais tout à fait d’un autre genre. Il s'agit d'«Esquisse d'un pendu » de Michel Jullien aux éditions Verdier. J’en ai entendu une critique élogieuse à l’émission de radio, « La fabrique de l’histoire » d’Emmanuel Laurentin, je l’ai donc acheté dans les jours qui ont suivi et par un hasard tout à fait improbable, un lecteur du BdG me l’a également recommandé quelques temps après. C’est dire si je tremblais en commençant ma lecture.

Sur la page de titre est écrit « Roman » et c’est là je trouve, une tromperie sur la marchandise qui pourrait décevoir certains lecteurs. Je m’attendais à une histoire policière au XIVe siècle parisien où l’auteur enroberait de quelques termes historiques un whodunnit classique pour mettre un peu de chair sur un squelette ma foi tout à fait habituel. Et bien c’est tout l’inverse. Après un chapitre tout à fait saisissant mais totalement indescriptible sur le gibet de Montfaucon, l’auteur nous plonge dans le monde parisien des copistes du XIVe siècle en nous faisant vivre par le menu les bien calmes journées d’un écrivain, qui écrit de ses mains donc, on dirait sans doute un copiste de nos jours, Raoulet d’Orléans qui a d’ailleurs réellement existé. On découvre les corporations avec qui il a affaire, parcheminiers, tanneurs, taverniers ou membres du gouvernement de l’époque, avec une minutie des descriptions qui laisse percevoir de nombreuses heures de recherches dans les documents d’époque pour arriver à en donner le moindre détail. Quoi ?, allez-vous me dire, trois cents pages de descriptions ? Non, certes pas, vers la page deux cent, l’auteur, se rendant compte que peut-être il faudrait mettre un peu d’action dans la vie de ce pauvre Raoulet, lui invente une histoire vaguement policière qu’il résout en deux temps trois mouvements, tout en nous en apprenant encore plus sur les techniques des copistes, car gageons que le stratagème qu’il utilise a été puisé dans quelque confession d’époque et qu’il est, je suis sûr, lui aussi, parfaitement documenté.

Bref, toutes ces descriptions et informations pourraient être fortement indigestes si elles n’étaient servies dans un style d’écriture absolument éblouissant. Car loin de créer l’ambiance par l’usage constant de mots désuets ou d’époque, ou par un vocabulaire daté dont le lecteur ne perçoit plus les finesses, cinq siècles après, le tout est écrit en français recherché mais qui ne rechigne pas à une comparaison tout à fait contemporaine, ainsi on nous parle d’Ikéa, de santiags ou de jet-set pour nous faire saisir d’un seul coup le propos, et ces anachronismes de vocabulaire sont des épices qui rendent le tout parfaitement agréable à déguster. Le dénigrement constant de l’imprimerie par ceux qui écrivent de leur main, ce pressoir à syllabe de Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dont le nom compliqué semble lui-même avoir été « forgé par l'addition aléatoire d'une suite de caractères mobiles dont il tenait le secret » est un pur bonheur tant on pourrait aujourd’hui le retrouver dans les propos des tenants du livre papier face au livre numérique.

Surtout ne laissez pas passer une bien rare occasion très agréable de mieux connaître ce monde juste avant l’imprimerie, et toutes les résonances qu’il a avec notre époque, surtout en tant que calligraphe, je suis sûr vous y trouverez de superbes idées et en tout cas une des sources de votre passion.

>[Enrico Piste] 

   
 23/1/13  OD Net addicts

[Net addicts] Si vous avez comme moi des enfants ayant l'âge de raison, six ans au début du siècle dernier, mais plutôt seize ans actuellement, comme quoi l'humanité évolue mais pas forcément dans le sens attendu, vous devez avoir le problème universel du temps passé devant les écrans. Les miens en sont raide dingues. Dès qu'ils ont cinq minutes, ils allument qui son iPod qui son ordinateur et va-z-y que je tchatche avec mes potes sur Facebook, et que je joue à tel jeu de pète-la-gueule et que je regarde une vidéo où un malheureux attardé mental a son quart d'heure de célébrité en alignant une série de phrases à but humoristique, je ne dis pas qu'il l'atteint, qui n'ont pour effet que de confirmer ce qui est évident dès les premières secondes : c'est un attardé mental. Oui mais un attardé mental célèbre, plus de mille personnes ont regardé sa vidéo jusqu'à la fin ! Quant à rappeler que asinus asinum fricat, tout d'abord les jeunes d'aujourd'hui ne comprennent pas le latin et d'autre part de minimis non curat praetor, la paix familiale a un prix. Mais des gens courageux, ou inconscients, s'acharnent encore à tenter d'éloigner nos chères têtes blondes de leurs écrans en utilisant parfois pour cela les moyens les plus extrêmes.

En Chine, un père a ainsi embauché des tueurs à gages pour tenter de faire enfin décoller son fils de son écran ! Non pas de vrais tueurs à gages in real life, je vous rassure, il s'agit d'éduquer l'enfant, pas de l'envoyer rejoindre illico presto ses ancêtres. Non, mais constatant qu'il passait son temps à se bagarrer dans tel ou tel univers virtuel où la moindre erreur au lieu d'être fatale comme dans la vraie vie, n'est qu'une occasion de passer encore plus de temps à remonter son personnage, il a décidé d'embaucher d'excellents joueurs qui attendaient son fils au coin du bois virtuel de ce monde virtuel et lui collaient à chaque fois qu'il commençait à jouer une dérouillée virtuelle qui l'envoyait ad virtuelum patres en moins de temps qu'il ne faut à un opposant chinois pour être envoyé en camp de travail pour avoir utilisé le mot démocratie un peu inconsidérément sur Internet. Le jeune joueur passait ainsi son temps à reconstituer des personnages qui à peine virtuellement nés étaient à nouveau virtuellement zigouillés. La leçon fut salutaire, explique le père, le fils réduisit fortement ses temps de jeu sur Internet. L'histoire ne dit pas s'il reporta son temps ainsi libéré sur l'alcool, la drogue ou l'activisme politique.

Aux États Unis, par contre, des parents ayant eu l'idée, indigne et attentatoire au sain développement de leurs enfants, de restreindre l'accès à Internet en fin de soirée et pour la nuit, une jeune fille a trouvé une combine simple et efficace pour éviter de se trouver ainsi déconnectée par ce couvre-feu numérique, elle a drogué le milk-shake de ses parents, dessert préféré des diners des parents étasuniens semble-t-il, en y versant un puissant somnifère que lui avait apporté son boy-friend. Peu après la fin du diner, les parents furent pris d'une lassitude bien peu naturelle et s'endormirent devant la télé. Le jeune couple put ainsi chater et regarder des vidéos une bonne partie de la nuit, youpi. Mais hélas, le lendemain matin, les parents se réveillèrent avec une casquette de plomb digne des plus grandes beuveries de W C Fields alors qu'ils n’avaient pas mis une goutte d'alcool dans leur milkshake. Un petit kit de test antidrogue, visiblement en vente libre aux US, leur donna rapidement l'explication. En conséquence de quoi ils amenèrent leur fille à la Police, car à force de regarder des séries télé débiles, quand les parents étasuniens décèlent un comportement inapproprié chez leurs enfants, ils les amènent à la Police, comme à la télé. Et heureusement, sinon nous n'aurions jamais rien su de cette bien humoristique histoire !

>[Madmacs] 

   
 19/1/13  Fête Gutenberg 2013

[Gutenberg 2013] L’excellent site Graphiline d’information sur l'imprimerie dans tous ses aspects (comment ? vous n’êtes pas encore abonné à sa newsletter ?) nous réjouit par une grande nouvelle : cette année aura lieu à Strasbourg une fête et un hommage à Gutenberg sur la place du même nom (où je suis né pour tout vous avouer) les 22 et 23 juin prochain pour la saint Jean d’été. Même si on peut se demander pourquoi ne pas avoir fait cette fête pour la Saint Jean Porte Latine qui est le patron officiel des imprimeur, il est heureux que cette ville qui a quand même été un haut lieu des débuts de l’imprimerie remercie un des personnages qui ont contribué non seulement à la rendre célèbre mais aussi à en faire le centre de diffusion de la connaissance européenne en cette fin troublée du XVe siècle.

Si vous comptez trouver à Strasbourg une quelconque marque de ce glorieux passé, vous serez déçu. Une tout petite stèle dont peu de gens connaissent l’existence s’élève à l’extérieur de la ville, rue des Imprimeurs sur les lieux même où Johannes Gensfleisch, Gutenberg donc, a créé sa première imprimerie mais à part cela, nul musée dédié à cet artisanat, surtout à l’époque, nulle mention du fait nulle part, à part une toute petite vitrine au Musée Historique, rien qui ne puisse rivaliser avec le musée de l’Imprimerie de Lyon ou la bibliothèque humaniste de Sélestat.

Alors espérons que cette rencontre sera le point de départ d’une prise de conscience de ce que Gutenberg a laissé à l’humanité en ces temps reculés et en cette bonne ville de Strasbourg et que fleuriront bientôt moultes témoignages de reconnaissance envers ce grand homme qui a tant fait pour l’amélioration de l’humanité.

>[Johann Fust] 

   
 15/1/13  Art Parcours d'art contemporain

[Parcours d'art contemporain] Bon ça y est, Marseille est pour 2013 la capitale européenne de la culture, sous le nom de Marseille Provence pour arroser également un peu les autres communes des Bouches du Rhône. Alors pour tout dire, j'ai été fondamentalement agacé par toute l'agit-prop qui a déferlé sur France Culture (par exemple) pour nous vanter les mérites d'une telle débauche d'argent dans le domaine de la culture dans une ville qui est, mais pas juste en 2013, la capitale du chômage en France.
Alors c'est un peu en grognant et en traînant les pieds que j'ai parcouru Aix à la recherche des œuvres d'art contemporain disséminées dans la ville. Mais je suis bien vite sorti de ma morosité en découvrant avec quel bonheur les œuvres avaient été choisies, et pour certaines conçues, en fonction des lieux où elles devaient être exposées. D'abord, des lieux privilégiés : dans le sublime hôtel de Galifet, dont je vous avais déjà vanté les mérites, devant Saint Jean de Malte, dans la cour de la mairie, plus classique, ou bien dans la chapelle Notre Dame de la Consolation, beaucoup plus inhabituelle. Et chacune des œuvres présentée est mise en écho avec le lieu, soit avec un franc parti pris de contraste, il parait que les sculptures devant le palais de justice ont fait grincer bien des dents, soit plus sereinement en soulignant quelque trait marquant du lieu, comme à la Rotonde. Mon coup de cœur va quand même à l'emballage des platanes du cours Mirabeau avec du tissu rouge à pois blancs, rappel d'une nappe de son enfance, par Yayoi Kusama. Alors là, cela donne au lieu, qui est bordé je le rappelle d'un côté par des banques et de l'autre par des cafés, un petit air de légèreté et de gaieté tellement inhabituel après la pompe à phynance du marché de Noël que je trouve qu'ils devraient laisser cette installation en permanence !

Un coup de chapeau également à l'organisation, car bien souvent ces oeuvres sont relativement difficile d'accès sans explications, c'est de l'art contemporain tout de même, mais dès que vous êtes repéré à lorgner ces objets bizarres, de courageux médiateurs s'offrent à vous bien gentiment pour passer quelques minutes à vous en expliquer les arcanes. Au final une belle balade de deux heures dans les rues d'Aix, à regarder la ville comme jamais encore je n'avais pris le temps de la regarder.

Mode d'emploi : procurez-vous le plan ad hoc (toutes infos ici) et n'hésitez pas à flâner en dehors du circuit pour découvrir tous les attraits de la psycho-géographie.

PS : une fidèle lectrice nous signale la mise en circulation d'un timbre dédiéà cette manifestation qui vous permettront, vous aussi de vous associer au battage médiatique autour de cet événement.

>[Leonard Delarue] 

   
 12/1/13  Livre Lettres du Havre

[Lettres du Havre] Je ne sais pas comment les gens des Editions Non Standard ont trouvé mon adresse mail, mais toujours est-il que j'ai trouvé il y a quelques semaines un fort beau message vantant les mérites d'un livre, « Lettres du Havre », dont les quelques photographies proposées sur le site m'ont tout de suite attiré. Bon, allez c'est Noël (ou presque) et je me dois à ma réputation d'avoir un budget livre équivalent au budget annuel d'un état africain de second ordre, donc pas question de mégoter. La commande part sur leur site internet, très bien fait, paiement par carte bancaire (eCarte Bleue bien sûr) sans difficulté, je clique, tant qu'on y est, je demande qu'on me le dédicace et c'est parti.

Quelques jours plus tard à peine, je reçois un colis bien enveloppé et je découvre ce merveilleux objet. Car oui, pour en rester pour l'instant à sa forme, ce livre est beau. Non pas beau par référence à un passé du livre artisanal, comme le sont les livres de Louis Jou par exemple, non, beau dans son design, dans sa fabrication qui loin de nier sa modernité lui emprunte tout ce qu'elle peut faire de plus chouette, sans complexe. La couverture étant tout à fait visible sur les photos, je vous décrit l'intérieur : le livre se présente sous la forme d'une alternance de groupes de pages en couleur sur papier couché et de suites de pages noir et blanc sur papier normal, les pages couleur étant légèrement plus grandes que les pages noir et blanc ce qui permet d'être feuilletées facilement si on veut sauter d'un cahier à l'autre. Et donc se succédant ainsi, quelques pages de photos couleur de lettrages muraux ou d’enseignes (superbes) parfois classiques parfois inhabituels, parfois sages, parfois très créatifs, parfois tout récents, parfois à demi effacés par le temps, puis suit sur papier normal le texte d'une lettre imaginaire, envoyée par un personnage souvent tout juste suggéré par le contenu de l'envoi à un autre dont on ne sait en général pas beaucoup plus à la fin de la lecture, mais dont la situation qui transparait est pleine d’imprévu et parfois d’humour.

Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, mais je trouve ce livre absolument magnifique, car la beauté qui est dans l'œil du photographe de cette ville bien peu touristique qu’est le Havre, transparaît totalement dans la beauté des photos présentées, et la poésie, inspirée sans doute par cette même ville, est elle aussi constamment sous-jacente dans les textes des missives. Si vous êtes comme moi, sensible à cette beauté simple des lettres, à tous les sens du mot, je crois que vous ne pourrez plus jamais voir le Havre comme avant, et que vous envisagerez même peut-être d'y passer quelques jours en touriste, pour marcher dans les pas des auteurs. Bref, un grand moment de poésie visuelle et littéraire, sans doute pas à lire linéairement de la première page à la dernière, mais plutôt à feuilleter, à butiner, à pilloter quand on veut passer un bon moment à sa régaler les yeux et la tête.

>[Léa Vreux] 

   
 9/1/13  Mmm… Délicieuses impression

[Délicieuses impressions] En ces lendemains de fêtes peut-être barbouillés pour certains, je vous propose de replonger quelques minutes dans les délices chocolatés. Car quel est le plus grand désespoir d'un calligraphe ? C'est de ne pouvoir titiller que quatre des cinq sens de ses lecteurs ! En effet il peut leur offrir un travail agréable à regarder, délicieux à toucher si le support est de qualité, dont le doux bruissement du papier charme son ouïe et dont l'odeur de l'encre est à même de raviver en lui l'équivalent de sa petite madeleine, mais, hélas, le goût lui reste inaccessible d'autant que tout calligraphe averti sait que nombre de substances au mieux dégoutantes et au pire violemment toxiques entrent dans la composition de la plupart des encres, et surtout d'ailleurs des plus magnifiques. Point n'est besoin de rappeler les épouvantables symptômes d'une intoxication au vif argent pour vous dissuader de goûter au sulfure de mercure, ce cinabre au rouge si magnifique, ne serait-ce qu'en vous mettant les doigts à la bouche ou en refaisant d'un coup de langue la pointe de votre pinceau.

Et bien voici enfin une nouvelle solution qui vous aidera à produire une œuvre totale apte à régaler la totalité des cinq sens, j'ai nomme l'imprimante à chocolat ! Bon certes, finies la plume et l'encre habituelles et bonjour l'ordinateur, mais le résultat en vaut le coup : en détournant une imprimante 3D, très à la mode ces derniers temps, des chercheurs de l'Université d'Exeter sont arrivés à la nourrir non pas d'infâme plastique coloré comme la plupart de ses congénères, mais de bon vieux chocolat des familles, lui permettant ainsi d'imprimer non pas des objets tous plus moches les uns que les autres, mais une délicieuse écriture chocolatée qui ne déparera pas votre plateau à desserts... ni vos travaux calligraphiques les plus réussis !

Dire que c'est en Grande-Bretagne que cette invention a été réalisée et non pas au pays du summum de la gastronomie mondiale, il faudrait vraiment plus de gourmands dans les départements de recherche de nos universités ! Voyez ici en vidéo les exploits de cette machine.

>[Madmacs] 

   
 5/1/13  Sol Ombres typographiques

[Ombres typographiques] Il est parfois des idées si simples que  l'on peut se demander comment personne ne les avait eues auparavant. De rares fois, c'est le cas, simplement parce qu'il est difficile de tout connaître même avec Internet, mais bien souvent, le génie créateur de l'homme est à l’œuvre et il n'y a rien à dire, à part « chapeau, l'ami ».

C'est le cas de cette œuvre d'art typographique que j'ai découverte au détour d'une divagation sur je ne sais plus quel site ou blog. L'artiste, Katie Bevin, a peint sur le sol une série de signes énigmatiques que viennent révéler les ombres de poteaux judicieusement placés en fonction de l'heure de la journée. Un peu comme ce qui arrive parfois dans certaines cathédrales ou autres monuments quand un artisan plaisantin (ou réellement inspiré) a créé un jeu d'ombre et de lumière qui ne se manifeste qu'à certaines dates, en général solstices ou équinoxes. Je vous conseille à ce sujet un remarquable article des Chroniques de Mars sur un phénomène lumineux dans la cathédrale de Strasbourg qui montre que ce genre de phénomène ne remonte pas toujours au temps des cathédrales et que certains, sans s'en vanter, ont su transmettre depuis ces époques reculées quelques uns de ces secrets qui font notre admiration aujourd'hui encore.

Mais pour en revenir à Katie Bevin, vous pouvez non seulement admirer les quelques photos de ce projet mais aussi en découvrir d'autres dans son portfolio, sans doute moins innovants mais encore faut-il que les commanditaires lui proposent des projets à la hauteur de sa créativité ! Hélas pour nous autres européens, ce travail est à Sidney et sauf accélération dramatique de la dérive des continents, il faudra de gros efforts pour aller le contempler !

>[Lison Breutipeau] 

   
 1/1/13  2013 Bonne année 2013 !

[Bonne année 2013 !] En ce début de janvier déjà trépidant, le Blog de Graphos vous souhaite une pétillante année 2013 loin du marasme ambiant, des râleurs en tout genre et des fin-du-mondedistes qui, soyons en sûr, ne sont que temporairement muets et ne tarderont pas à reprendre du poil de la bête en nous menaçant à nouveau de la fin finale par une quelconque épidémie, un « épisode » météorologique particulièrement dévastateur ou un réchauffement climatique particulièrement vicieux dont on ne sait plus guère s’il nous réchauffera, s’il nous refroidira ou bien nous tiédira…

Remettez-vous bien de vos abus de cette fin d’année, car si vous n’avez pas abusé à ce moment quand donc abuserez-vous ? et restez à l’écoute du BdG, en cette année où Marseille est capitale européenne de la culture, nous ne manquerons pas de vous signaler toutes les expositions, perles littéraires ou petits événements entre amis qui égayent le monde de la calligraphie, de la typographie et de l’écriture sous toutes ses formes.

Nous avons survécu à la fin du monde alors profitons de ces derniers moments jusqu'à la prochaine !

>[ze BdG] 

   



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