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C'est le gouvernement qui devrait avoir peur de son peuple, et non l'inverse !
V for Vendetta


Si tu es seul
à rêver,
ce n'est
qu'un rêve,
si vous rêvez à plusieurs,
c'est la réalité qui commence.
Chant populaire brésilien


Le blanc est un significatif silence qu'il n'est pas moins beau
de composer
que les vers.
S. Mallarmé


Rien n'est écrit.
T.E. Lawrence


Ses dents largement découvertes signifient à tous que le loup ne se nourrit pas que de rêves.
Henri Michaux


On n'a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d'un seul coup ce que l'on perçoit d'un clin d'œil.
N. Sarraute


Je ne veux que du magnifique et je ne travaille pas pour le vulgaire des lecteurs
G. Bodoni


En typographie, il n'y a qu'un seul degré de bien : la perfection
Maximilien Vox


Il n'est pas nécessaire d'être fou pour travailler ici, mais ça aide
Jacques Bergier


Un intellectuel assis va moins loin qu'une brute qui marche
M. Audiard


Bonjour, je suis heureux de voir ici plus de chapeaux de cowboys que de cravates
Georges W. Bush


Inter Scientias, non minima est Typographica
Anonyme,
Graz 1673


Les lettres, signes hiéroglyphiques que la matière fait à l'esprit
Lamartine

 Décembre 
 
 28/12/11  Book François Boltana

[François Boltana] Je vous avais parlé il y a quelque temps d'un livre paru aux Ateliers Perrousseaux sous la plume de Franck Adebiaye et Suzanne Cardinal et portant le titre « François Boltana et la naissance de la typographie numérique ». J'ai enfin pris le temps de le parcourir, et bien que Noël soit déjà passé, je ne peux que vous le conseiller comme cadeau (vraisemblablement de vous-même à vous-même si vous lisez ces lignes).

François Boltana est un personnage qui n'a pas laissé une grande réputation dans le monde de la typographie, il est mort assez jeune et n'a sans doute pas eu le temps de donner la pleine mesure de sa créativité. Mais comme cela faisait longtemps que Thierry Garnier nous en parlait en tant que son maître en calligraphie, il était bien normal de se renseigner sur le personnage. Il est d'une génération intermédiaire, plus jeune que les grands anciens (Zapf & co) mais plus ancien que la nouvelle génération de la calligraphie, il navigue entre deux âges et s'est trouvé à une époque charnière sur bien des plans, que ce soit dans le renouveau typographique français ou dans celui de toutes les formes d'écriture dans les années 70-80, c'est-à-dire la transition au tout numérique.

Formé au tout début du Scriptorium de Toulouse, dont ce livre retrace les étapes de la création, fort peu connue de tout un chacun et donc de moi en particulier, il a basé bon nombre de ses créations typographiques sur une base calligraphique comme le célébrissime établissement toulousain l'enseignait. Le livre nous montre d'ailleurs quelques-unes de ses réalisations calligraphiques et je pense qu'elle font pâmer d'admiration bien des calligraphes, et moi en premier. Il a surtout été connu pour la création de quelques polices typographiques célèbres (Stilla et surtout Champion) mais on retrouve dans la plupart de ses créations bien des traces d'inspiration illustres, depuis la capitale romaine de l'empire jusqu'à des anglaises calligraphiées  qui conservent toujours cette souplesse de trait et cette légèreté des formes que seule les caractères basés sur la calligraphie peuvent créer.

Comme bien des précurseurs, il a « essuyé les plâtres » au niveau de la technique typographie, depuis l'éphémère photocomposition jusqu'aux premiers formats de police numériques sur Macintosh. Il a même créé son chef d’œuvre, le sublime Champion, une anglaise subtile possédant de nombreuses variantes avec diverses formes de paraphes dans un format de police aujourd'hui obsolète ce qui nous empêche d'en profiter sur nos modernes traitements de textes, et c'est bien dommage. S'il avait connu l'opentype, que n'aurait-il pas fait !

Il nous reste ce livre comme témoignage du remarquable talent de François Boltana pour le dessin de caractère, tant calligraphique que typographie et de ci, de là, dans notre quotidien typographique, quelques traces de son passage (l'enseigne de ma crêperie préférée est en Stilla, une de ses créations).

Bref, même si Noël est passé, il ne vous reste plus qu'à vous l'offrir sous un prétexte quelconque, l'Epiphanie ou le nouvel an chinois, vous pourrez ainsi découvrir ou redécouvrir ce personnage à la trajectoire hors du commun, Meilleur Ouvrier de France en typographie, et dont les travaux ne pourront que vous inspirer !

>[Prosper Messager]

 
 24/12/11  ^ Nouvelles de l'espace

[Nouvelles de l'espace] Serait-ce la proximité de Noël et la concurrence délibérée avec le vieux barbu et ses quatre rennes ou bien l'arrivée de 2012, le changement de cycle des Mayas et l'apocalypse prédite à cette date, toujours est-il que les échanges entre la terre et le ciel (enfin disons l'orbite terrestre) se sont intensifiés ces derniers temps.

Tout d'abord le lancement réussi du dernier-né des satellites d'observation de la Terre, le très attendu Pléiades, qui permettra de nous regarder depuis le ciel avec une précision parfaite et une souplesse inégalée. Prenez le temps de regarder les images réalisées à l'occasion de son lancement par une fusée Soyouz depuis la Guyane française. Un satellite semi-militaire français lancé par une fusée russe, la guerre froide semble bien terminée...

Ensuite nos amis chinois ont également démarré leur programme concurrent au GPS par le lancement d'un premier satellite Beidou. Après le GPS américain, le Glonass russe et le Galileo européen, un nouvel arrivant dans la course au positionnement global. Franchement, on n'aurait pas pu se mettre un peu d'accord et utiliser ces montagnes d'euros, de dollars, de roubles et de yuans pour améliorer le sort du reste de l'humanité ?

Mais, contrairement aux préceptes chrétiens, le ciel n'est pas la destination finale de tous ces amas de haute technologie, et tout ce qui monte au ciel en redescend forcément au bout d'un moment, Isaac Newton nous l'a amplement démontré. Et donc nous avons au choix un satellite russe Meridian dont le lancement s'est mal terminé et qui est retombé quelques jours plus tard en Sibérie, manque de chance, trouant le toit d'une maison située... rue des Cosmonautes (cela ne s'invente pas !). Il y a aussi une étrange boule retombée en Namibie dont on se demande encore de quel engin elle est le résidu. Et il y a enfin la sonde Phobos-Grunt dont on est actuellement sans nouvelles sinon qu'étant donnée l'orbite où elle a été placée, elle ne va pas tarder à nous retomber sur la figure !

Bref, si le soir de Noël vous entendez du bruit sur le toit, ne courrez pas vous précipiter dans les bras de ce que vous croyez être le Père Noël mais cachez-vous plutôt dans l'abri que vous avez préparé pour la fin du monde de décembre prochain !

Toute l'équipe de Graphos vous souhaite un joyeux Noël, profitez-en bien, c'est peut-être le dernier ?

>[BdG]

 
 20/12/11  Lost Institut d'Égypte

[Institut d'Égypte] Je viens d'apprendre avec désolation l'incendie de l'Institut d'Égypte au Caire. Fondé par Napoléon pour permettre les recherches sur la civilisation égyptienne, ses archives renfermaient nombre de documents, livres et cartes absolument uniques dont la disparition laisse un vide que bien souvent aucune autre bibliothèque ne pourra combler. Cet événement, bien qu'aisément explicable étant donné les événements actuels, vient s'ajouter à une liste, malheureusement fort longue, de diverses déprédation ou disparition du patrimoine de l'humanité lors des troubles, révolutions ou guerres qui ensanglantent régulièrement les pays de la région, depuis le pillage de la plupart des musées archéologiques lors de la guerre d'Irak, les nombreux vols d'objets anciens commis au Musée Archéologique du Caire ou la destruction à coup d'obus des bouddhas géants de Bamiyan par les talibans afghans. Dans la plupart des cas, les déprédations ont eu lieu en toute conscience des pouvoirs publics des pays, au mieux avec leur assentiment muet, au pire de leur propre volonté.

Alors que faire ? L'homme est ainsi fait qu'il reste dans une partie du monde d'une irresponsabilité affligeante et je ne pense pas qu'il soit possible de lui insuffler la nécessité du respect de ces témoignages uniques quand il brandit une kalashnikov et hurle des slogans vengeurs souhaitant la mort (ou pire) à la moitié du genre humain.

Faire comme le Royaume Uni en son temps, c'est-à-dire ramener les trésors égyptiens au British Museum et surtout, surtout ne pas les rendre quand le pays enfin modernisé en fait la demande ? Ou comme l'Allemagne dont le Pergamon Museum à Berlin a pu sauvegarder des dizaines de milliers de tablettes sumériennes irremplaçables qui seraient aujourd'hui détruites ou pillées avec celles qui sont restées sur place ?

Pour les documents, il est encore possible à tout le moins de les numériser et d'en garder une copie à l'abri au cas où les originaux se trouveraient détruits, mais comment faire pour les bouddhas de Bamiyan dont certains mesurent plus de cinquante mètre de haut ? Réhabiliter le colonialisme culturel et piller systématiquement les patrimoines nationaux des pays instables pour les ramener chez nous ?

Je ne pense pas qu'il y ait une réponse unique et indiscutable à ce problème, mais je crois que plutôt que de numériser les fonds de la BnF qui restent de toute façon bien au chaud dans les réserves, peut-être serait-il judicieux d'utiliser un peu de ces budgets pour aller numériser les fonds les plus en danger de par le monde. Il sera toujours temps plus tard d'aller rouvrir les portes des réserves de Tolbiac pour mettre à la disposition des internautes tel ou tel volume rare.

En tout cas, pour les documents de l'Institut d'Égypte, il est trop tard.

>[Papa Trimoine]

 
 16/12/11  Expo Tout le monde connait…

[Tout le monde connait Roger Excoffon] Oulamondieu, je me rends compte que le temps passe et que je ne vous ai toujours pas alerté sur l'ouverture depuis le premier décembre de l'exposition « Tout le monde connait Roger Excoffon » au Musée de l'Imprimerie à Lyon ! Eh oui, maintenant que vous avez lu et relu les deux livres (cadeaux de Noël ?) qui ont été consacrés cette année à ce remarquable créateur de caractères qu'est Roger Excoffon, il est temps d'aller voir « en live » (comme on dit maintenant) ses réalisations. Bon, ce ne sera pas une première car comme l'indique très explicitement le titre de l'exposition, tout le monde connaît Roger Excoffon. Tout le monde a vu de ci de là, à la campagne ou à la ville, ses caractères Banco ou Antique Olive sans forcément avoir attribué à cet ancien Chancelier des Rencontres de Lure les nombreux caractères qui peuplent encore le quotidien graphique de tout un chacun. Car la postérité de ses créations est assurée très largement même cinquante ans après leur introduction par la perfection technique avec laquelle il a œuvré. Le Mistral est un exemple de scripte typographique qui à mon avis n'a jamais été dépassé ni même égalé dans la typographie moderne. Il faut se rappeler en effet que tous ces caractères ont été prévus pour une technique d'impression au plomb et que les réglages de l'interlettrage se font de lettre à lettre et non pas comme dans nos plus modernes fontes numériques par des paires de crénage et autres astuces « opentypistes. »

Bref, profitez du départ de vos enfants chez leurs grands parents et de votre époux (épouse) chez votre belle-mère pour vous faire une petite escapade lyonnaise et aller voir non seulement cette exposition tant attendue mais aussi reparcourir avec délices la collection permanente de ce magnifique musée.

Pour ma part ce sera en janvier et je vous en rendrai compte par le menu dans cette colonne, promis !

>[Artémis Tralle]

 
 12/12/11  Livre Bonsaï et calligraphie

[Bonsaï et calligraphie] Vous avez peut-être appris récemment la sortie tant attendue du livre de notre callidentiste graphosien « Bonsaï et calligraphie » aux éditions Arqa. Si j'ai mis tant de temps à vous en parler c'est que je voulais absolument l'avoir lu de bout en bout avant. Seulement, comme je m'en suis vite rendu compte dès la lecture des premières pages, ce n'est pas un livre qui se dévore en deux heures à l'instar de nombreuses productions de la rentrée littéraire du genre « easy reading ». Non, ce livre, c'est du lourd et du profond. Pas le genre à vous sortir de la tête dès refermée la dernière page. Si on veut en apprécier toute la substantifique moelle, il faut le déguster, le savourer, mot par mot, phrase par phrase.

Et ce que Michel Fornasero nous expose dans son livre, ce sont les deux visions qu'il a de l'art de la calligraphie et de l'art du bonsaï ainsi que, et c'est là que cela devient encore plus passionnant, les multiples correspondances, passerelles et coïncidences qui existent entre ces deux disciplines aussi exigentes l'une que l'autre. Car seul Michel aurait pu écrire ce livre tant il faut être expert en ces deux domaines, les avoir pratiqué pendant de longues années, s'en être imprégné au point d'atteindre l'excellence en chacun d'eux pour en avoir intégré toutes les subtilités au point de pouvoir les fusionner au sein d'une même recherche artistique. Et c'est à travers une prose pleine de subtilité, de sensibilité et de profondeur qu'il nous expose le fruit de ses recherches. Ces pages sont aérées de quelques haïkus de sa composition et d'une remarquable iconographie qui font mieux comprendre, qui par la sensibilité poétique, qui par l'esthétique visuelle, tout ce qu'il est parfois difficile d'exprimer par les mots.

Ne vous attendez pas à ce que je vous parle du contenu de ce texte, je ne pourrais qu'en produire en quelques lignes qu'un bien pâle caricature. Si vous voulez apprendre, parcourez vous aussi ce chemin.

Noël approche et vous aurez peut-être quelques jours de vacances tranquilles pour vous plonger dans cet ouvrage, car c'est comme cela qu'il faut le lire, par petites bouchées, en plongée profonde, pour en retirer vraiment tout ce qu'il peut offrir.

Surtout si vous pensez qu'un bonsaïka n'est qu'un « tortionnaire de nains. »

>[Casoellius]

 
 8/12/11  g Isaac Newton en ligne

[Isaac Newton en ligne] Les anciens dont je suis ne peuvent pas manquer de connaître Isaac Newton. Non que le « niveau » que l'on nous dit éternellement « en baisse » de nos études secondaires ait été plus élevé à ce sujet que celui d'aujourd'hui, non, si nous connaissons tous Isaac Newton à partir d'un certain âge c'est à cause de la Rubrique à Brac de Marcel Gotlib ! Eh oui, Isaac Newton est une source perpétuelle de gags à base de gravitation pomologique comme le bip-bip et le coyote sont une perpétuelle source de gags gravitationnels et explosifs.

Rendons ainsi grâce à l'art décrié (à l'époque) de la bande dessinée pour nous avoir fait toucher du doigt l'histoire de la science à l'aube du XVIIIe siècle. Mais si Newton est surtout connu pour sa pomme (à propos, il semblerait que l'anecdote soit hautement fantaisiste) et pour la théorie de la gravitation (comme quoi deux corps s'attirent en raison de la masse de chacun d'eux et en raison inverse du carré de la distance qui les sépare, ce qui explique la sexualité exacerbée des éléphants de mer, est-il besoin de la rappeler ?), ce cher Isaac était aussi un alchimiste bien loin de la mathématisation du réel qu'il prône dans la plupart de ces ouvrages. Eh oui, bien loin d'être le matérialiste que nos professeurs de physique nous laissaient imaginer, il a tenté sans grand succès de faire coïncider ses connaissances scientifiques en physique, mécanique, optique et mathématique avec les lois de l'alchimie et de la théologie qui, ma foi, s'y soumettaient assez mal. Il fût, au dire des spécialistes, un grand alchimiste même si sa manie du secret nous empêche encore aujourd'hui d'en connaitre la plupart des achèvements.

Mais tout ceci est en train de changer car la bibliothèque de Cambridge se propose de mettre en ligne une version numérisée de la plupart de ses carnets de notes ainsi que de son exemplaire personnel des Pricipiae Mathematicae, l'ouvrage dans lequel il décrit ses découvertes scientifiques. Bien entendu, le premier lot mis à la disposition de la voracité des internautes intéressés par le sujet relève plutôt de ses études « sages », c'est-à-dire optique, physique et mathématique. Mais j'espère qu'ils ne s'en tiendront pas là et que bientôt viendront les rejoindre ses carnets beaucoup plus sulfureux où il décrit, dit-on, ses essais de transmutations diverses et ses approches du grand œuvre. Comme ces carnets sont en version originale sans traduction, il vous faudra potasser l'anglais mais aussi le latin et le grec. Mais la connaissance de l'intime de celui qui fût un des plus grands esprits de tous les temps est à ce prix.

>[Aristidès Othon Frédéric Wilfrid]

 
 4/12/11  & glou… Banquet Graphos 2011

[Banquet Graphos 2011] Nous avons vécu dimanche dernier un très beau stage de fin d'année, comme seule la convivialité de Graphos peut en produire. Henri Mérou nous avait fait l'honneur de venir nous rejoindre avec non seulement son humour à nul autre pareil mais aussi avec moulte documentation, depuis une ribambelle de livres de modèles de peintre en lettres jusqu'à ses fameuses enveloppes aller-retour qui ont une fois de plus déchaîné des fou-rires dans l'assistance.

Sur le thème du mail art, nous avons envoyé à un hôtel à Saint Valery en Caux une série de lettres à remettre à une date donnée à l'occupant anonyme d'une chambre donnée. En dehors de l’enveloppe magnifiquement calligraphiée et décorée (je ne vous dis pas le niveau du graphosien moyen en mail-art !), le courrier contient un poème de Baudelaire et une invitation pour le susmentionné anonyme destinataire à répondre à son correspondant d'un jour. Gageons que le tout suscitera suffisamment de curiosité pour que le nombre de réponses soit au rendez-vous.

Pour le traditionnel banquet de midi, nous nous sommes retrouvés treize à table, ça devient une habitude. Autre habitude, les mets furent totalement délicieux et les boissons abondantes mais choisies, tout en restant dans une consommation tout à fait modérée comme le bon goût graphosien en est le garant. Au cours du repas, Thierry, notre maître à tous, nous a présenté le nouveau livre de Michel Formasero, notre calli-dentiste-bonsaika, « Bonsai et calligraphie » paru aux éditions Arqa et tout frais sorti des presses. L'auteur eut même la gentillesse de nous faire la lecture d'un passage de son texte, déclenchant une salve d'applaudissement nourris. Dès que j'aurai lu cet ouvrage qui s'annonce passionnant, je vous en ferai le compte rendu. Au vu de la profondeur de pensée et de la poésie du texte, ne vous attendez cependant pas à ce que ce soit dans les prochains jours !

Bref, encore une excellente année graphosienne qui se termine et qui nous prépare à la suivante, dont le programme nous a été révélé à l'occasion. Et il sera festif le programme 2012, avec l'invitation de Laurent Rébéna, la visite de la fondation Louis Jou aux Baux de Provence, le stage de bâtarde flamande en la mythique Chancellerie de Lurs, et d'autres festivités qui nous réserveront sans doute d'inoubliables moments. Et oui, deux mille douze sera l'année des quinze ans de Graphos et aussi des soixante ans des Rencontres de Lure, c'est-à-dire si le champagne va couler à flot !

C'est toujours ça de pris avant la fin du monde en décembre prochain ?

>[BdG]

 
 Novembre 
 
 27/11/11  Lire Eric Gill

[Eric Gill] Les éditions Ypsilon semblent avoir la bonne idée de vouloir se faire une spécialité de la traduction et réédition de textes fondateurs de la typographie dont la plupart sont devenus totalement introuvables avec les années qui passent. Après le livre de Gerrit Noordzij dont nous vous avions parlé ici, voici qu'ils nous proposent le célèbre « Un essai sur la typographie » d'Eric Gill. Car en effet, seuls les anglophones avaient pu jusqu'à ce jour profiter des enseignements de ce grand ancien en faisant venir à grand frais ce livre en anglais depuis les lointaines librairies soit d'outre-Manche soit même d'outre-Atlantique.

Car bien que datant des années 1930, ce texte est tout simplement passionnant. Eric Gill y résume sa conception de la typographie et de la création de caractères avec moultes illustrations, depuis la forme du squelette des caractères jusqu'aux diverses formes de composition du texte et de la page. Certes, ce texte a près d'un siècle mais il n'a rien perdu de sa pertinence, même si la forme technique de la création de caractère a radicalement changé entre le plomb de l'époque et la dématérialisation des fontes actuelles. Mais loin d'être un manuel purement technique ou esthétique, l'auteur nous expose ici son mode de pensée sur les bouleversements qui traversaient son époque, sur l'irruption de l'industrialisation dans le monde typographique et la disparition de l’artisanat, sur l'uniformisation des solutions par rapport à la diversité des problèmes ou sur les nécessités de conserver le facteur humain dans un monde de machines, bref, toute un ensemble de considérations encore largement d'actualité dans notre XXIe siècle informatisé. Bref, un petit ouvrage à lire et à relire sans aucune modération.

Le seul bémol qui a terni la joie de relire ce texte, c'est la fabrication du livre. Cela fait plusieurs fois que je trouve des livres de petit format (celui-ci fait 11 cm sur 17 cm environ) qui sont imprimés sur du beau papier plutôt fort et donc rigide, au dos carré largement encollé, ouvrages pour lesquels l'effort à faire pour ouvrir les pages sans casser le dos est proprement herculéen (bon, je suis dans la région de Marseille alors je vous avoue que j'exagère un petit peu...). Et l'exercice intense de musculation que fait la main qui tient le livre et les doigts qui écartent les deux pages en vis-à-vis est tel qu'au bout d'une petite demi-heure de lecture, j'ai des crampes dans la main qui me forcent soit à lire à deux mains, soit à fermer le livre et à me rabattre sur une émission de divertissement télévisuel (horresco referens). Mais non, c'est une blague, en fait je n'ai pas la télé (au grand dam de mes enfants). Et donc je me rabats plutot sur un bon vieux volume de la Pléiade qui pour le même format mais le quintuple du prix, offre un confort de lecture absolument divin. Pensez-y donc, amis éditeurs, faites de plus grands formats moins épais ou utilisez du papier moins rigide, si vous ne voulez pas que vos lecteurs se retrouvent avec des mains dignes des battoirs de nos grand-mère lavandières.

>[Arnold Grossehaende]

 
 23/11/11  Jeu Shape me

[Shape me] Maintenant que vous avez réussi plus de 95/100 au petit jeu de réglage des approches que je vous ai proposé il y a quelques jours, je vous suggère de continuer l’éducation de votre œil calli-typo-graphique par un autre exercice réalisé de façon tout aussi magistrale par le même développeur et qui porte cette fois-ci sur la forme des lettres. « Quoi, allez-vous me rétorquer, sachez, môssieur, qu’en calligraphie la forme des lettres s’obtient par l‘angle immuable du bec carré de la plume et non pas à volonté comme cela est possible en typographie ! » Certes, vous répondrai-je mais qu’en est-il de l’anglaise (que les graphosiens ont étudié dimanche dernier) tracée à la plume pointue et dont l'épaisseur du trait est entièrement déterminée par la pression qu'exerce la main du scribe ? Et, poursuivrai-je, ne vous arrive-t-il pas de « twister » légèrement votre automatic pen pour amincir un trait ? Ou d’appuyer un peu plus sur votre Braüse pour mettre du poids là où vous le désirez dans tel ou tel tracé ? Donc, pas d’excuses foireuses, et au boulot !

Il s’agit cette fois de régler les courbes englobantes d’un caractère en tirant plus ou moins sur les ronds bleus. Attention, parfois, il n’y a qu’une seule tangente mais parfois il y en a deux, et on peut régler à la fois leur « tension » et leur angle. Prenez votre temps, le défi est à mon avis bien plus difficile que celui des approches, puisqu’il faut avoir beaucoup d’intuition pour retrouver ce que chaque créateur a voulu mettre dans son caractère sans voir le reste de l’alphabet. Mais, comme la dernière fois, votre œil en sortira beaucoup plus agile dans le placement ou l’équilibrage des pleins et des déliés.

Bonne chance à tous !

>[Gaétan Gente]

 
 20/11/11  Hax Goncourt

[Goncourt] L'automne littéraire me fait toujours penser à un carnaval où chacun joue un rôle bien au point, ce qui permet aux médias de s'en donner à cœur joie dans les plus vils potins mais aussi et surtout de créer du sensationnel là où encore une fois, il n'y a que de l'habituel : chaque automne c'est la rentrée littéraire. Je ne vous parlerai pas de telle ou telle petite phrase assassine en mode sniper, sur tel ou tel livre, ni de tel ou tel élément sulfureux apparu à point nommé dans les quelques jours qui précèdent l'attribution des prix littéraires les plus renommés. Non, je voudrais juste évoquer quelques éléments glanés ici et là dans la presse au sujet du prix Goncourt de cette année.

On nous serine, « quelle performance, les x milliers d'exemplaire du Goncourt ont été imprimés en une nuit ! » Euh, vous nous prenez pour des caves ? Huit jours avant l'attribution du prix, quasiment tout le monde s'accordait à donner comme favori Alexis Jenni et son « Art français de la guerre », donc si vous n'avez pas anticipé, messieurs de chez Gallimard, je vous encourage à lire un peu plus les journaux ! Et l'argument de qualité du livre était complémenté par le fait que nous fêtons les cent ans de la maison et qu'il était imaginable que de donner le Goncourt à un livre de chez eux pouvait constituer un hommage à cette prestigieuse maison d'édition. Non, je ne crois franchement pas à la « performance extraordinaire ».

Par contre, cette histoire est un parfait alibi pour une drastique réduction de coûts, car le texte imprimé du dit Goncourt est semble-t-il pourvu d'un nombre respectable de coquilles et autres photes d'aurtografe qui en ternissent la splendeur, preuve que même pour le livre le plus vendu de l’année, on rechigne à payer un correcteur d’épreuves pour qu’il extirpe les dernières imperfections d'un texte par ailleurs de grande qualité. Heureusement, la communauté hacker a immédiatement pris les choses en main et a produit (gratuitement !) une version pirate de l'eBook en question dans lequel toutes les fautes sont corrigées ! L’histoire ne dit pas si les hackers sont de bons correcteurs, s’ils ont aussi piraté un logiciel de correction ou si des correcteurs professionnels se retrouvent le soir devant leur écran pour exercer leur activité professionnelle en sous-marin.

Eh oui, malgré ses cent ans ce n'est pas de la maison Gallimard que sortira cette année la meilleure édition du Goncourt mais bien de la mule, de bittorrent et des autres darknets en p2p ! Guy Fawkes aurait été content…

>[Madmacs]

PS : que tout ceci ne vous empeche pas de lire ce livre, avec ou sans les fautes, de toutes part affluent les louanges et nombre de critiques avisés assurent qu'il s'agit d'un très bon cru. Au contraire du beaujolais nouveau…

 
 17/11/11  Web Oui mais non…

[Oui mais non…] Le Comic Sans MS, est non seulement la typo la plus détestée du Web, mais encore faut-il le dire - à juste raison… Notre confrère Basile Lisible en faisait un compte-rendu tout graphosien, le 26 octobre 2010, sur le BdG (>voir archives – « Beurk illisible ? »). Un de nos amis, des plus anciens et des plus compétents, en matières d’arts graphiques, nous faisait passer hier, un lien internet pour la promotion (?) de ce magnifique alphabet, le « Comic », conçu et réalisé comme nul ne l’ignore par Vincent Connare. Ma souris n’ayant fait qu’un tour, un projet, (voir ci-joint, colonne de gauche - by Teg ©), fut immédiatement réalisé selon les critères du concours et ce : « afin de rendre une affiche jolie même avec une police Comic Sans MS » – Voir sur le site.

Bonne chance donc à tous les amis lecteurs du BdG, qui décideraient, eux aussi, d’envoyer une de leur production graphique réalisée en Comic Sans. (Un challenge à la portée des plus chtarbés, évidemment). Pace Salute.

>[Omer Simpson]

PS // Selon la formule consacrée, « à l’heure où nous mettons sous presse », nous n’avons pas encore reçu de retour-mail, du Webmaster dudit site ( ?), pour savoir si notre participation a bien été retenue, … afin de pouvoir orner la galerie de présentation ?

PPS // (Je pousse cependant un petit billet pour parier que le doc. réalisé ne verra pas le jour, sur le site en question… ?).

 
 14/11/11  Jeu Kern me

[Kern me] La calligraphie tout comme la typographie ne peut parvenir à la perfection que par une longue et constante éducation de l'œil. Tout apprentissage de ces arts passe donc par l'observation des travaux des maîtres afin d'en tirer la substantifique moelle et d'arriver enfin à apprécier une courbe bien tendue, des proportions équilibrées et un squelette de la lettre en tout point conforme aux canons de la beauté calli- ou typo-graphique.

Mais l'observation est une chose et la mise en pratique en est une autre. A moins de passer de longues heures à déplacer des lettres découpées aux ciseaux et de les scotcher en position puis de les fixer au mur, de reculer de trois mètres et d'en analyser les approches, il est difficile d'apprécier son propre degré d'expérience en cet art éminemment subjectif et totalement rétif à une quelconque mise en équation.

Heureusement, un bienfaiteur de l'humanité a pris le temps de proposer à tous les internautes intéressés, et gageons qu'ils seront nombreux, un petit jeu très bien fait qui permettra à tout un chacun de tester son sens des approches. Eh oui, les jeux en Flash ne servent pas qu'à distraire les pré-adolescents en manque de violence virtuelle sur les avions, les chars d'assaut, les animaux ou même quelques-uns de leurs frères humains. Ils permettent aussi de faire des exercices intelligents et interactifs qui enrichiront au moins le joueur sinon le programmeur, encore que j'en doute, ce « jeu » est en accès totalement libre.

Vous vous trouvez donc devant une série de mots dont il faut régler les approches en cliquant sur les lettres et en les déplaçant vers la droite ou vers la gauche. Comme vous ne pouvez pas déplacer ni la première ni la dernière lettre du mot, le but est que le mot tienne dans l'espace qui vous est alloué et que les lettres soient « convenablement » espacées en fonction de leur nature, de leur forme et bien entendu de la police de caractères choisie. Quand vous pensez avoir correctement réglé vos approches, proposez votre solution et l'ordinateur vous notera sur votre réussite. Ne pensez pas que l'ordinateur soit plus « intelligent » que vous dans ce domaine, il ne fait que reproduire à la lettre ce que le créateur de ces caractères a spécifié lors de la conception de sa police. Bon amusement !

PS : et n'oubliez pas que Frank Adebiaye et Suzanne Cardinal vous présenteront leur ouvrage : « François Boltana et la naissance de la typographie numérique » édité chez Atelier Perrousseaux, à l'occasion d'une soirée dédicace à la librairie Byblos le 18 novembre prochain à partir de 17 h. Infos pratiques : 95, rue Blomet 75015 PARIS Métro : Vaugirard (ligne 12). Pour les plus gourmands d'entre vous, un repas est prévu en face au Tabac de la Mairie, vous proposant de nombreuses spécialités auvergnates. Je vous entretiendrai très prochainement plus en détail du contenu de cet ouvrage très attendu.

>[Irma Daubeflache]

 
 11/11/11    Comment on fabrique…

[Comment on fabrique un livre à l'École Estienne de Paris] Pour les quelques lecteurs que les nombreux articles de cette colonne à propos de la culture typographique n’ont pas encore précipité dans les rares ouvrages disponibles sur la question, pour ceux que la curiosité n’a pas encore poussé à aller déranger tel ou tel ami conducteur de Heidelberg ou pour ceux trop éloignés du musée de l’imprimerie de Lyon pour y satisfaire leur soif de connaissance, Christian Paput, ancien graveur de poinçon de l’Imprimerie Nationale, a retrouvé parmi les sombres caves de l’INA un petit joyau de film muet (c’est à la mode !) qui explique par le menu la naissance d’un livre à l’école Estienne dans les années 1930. Expliquant toutes les étapes par le menu, depuis la gravure du poinçon jusqu’à la reliure finale, ce petit film vous fera comprendre visuellement et simplement ce que sont exactement un poinçon, une matrice, une fonte, un composteur, une casse et tous ces termes ici employés. Vous constaterez aussi, à voir la mine et les attitudes des personnes filmées sur le vif, que l’ambiance qui règne dans ces ateliers semble bien différente de celle qui règne dans nos collèges actuels ! O tempora, o mores… comme dirait notre bon vieux Cicéron, pour une fois convoqué pour une autre citation des Catilinaires que « Quousque tandem abutere Catiline patientia nostra ».

Ce petit film sera un excellent prélude également à votre visite de l’exposition Histoire de caractères à la bibliothèque Méjanes qui vit ses derniers jours et qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte ! Moi qui vous parle, métaphoriquement, je l’ai déjà vue trois fois et je ne m’en lasse pas.

Et un grand merci à Christian Paput pour nous avoir signalé une telle merveille !

>[Félicie Séron]

 
 7/11/11  Blaise Monod

[Blaise Monod] Nous apprenons avec tristesse le décès de Blaise Monod le 26 octobre 2011. Blaise était l’un des fils de Maximilien Vox (Samuel Monod pour l’état civil), le fondateur des Rencontres de Lure qui fêteront l’année prochaine leurs 60 ans et qui continuent chaque année de réunir les amoureux de la lettre en fin d’élé dans le cadre délicieux du petit village provençal de Lurs. Blaise était graphiste et c’est d’ailleurs à ces sessions d’été que nous avions pu le rencontrer. Il était venu en toute simplicité nous parler de son père et nous conter quelques anecdotes familiales qui ont mis un peu d’humanité dans l’image hiératique que nous avions de ce grand ancien. Il avait aussi hérité de son père un talent pour la gravure sur bois et j'ai retrouvé une de ses œuvres au détour du feuilletage de « Caractère Noël » (celui de l'année de ma naissance par exemple) qui ornent toutes les bonnes bibliothèques.

Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille.

>[BdG]

 
 4/11/11  Sécu Only human…

[Only human…] Eh oui, frères humains, maintenant que nos machines sont totalement sécurisées, régulièrement patchées, surveillées en permanence par nos anti-virus, anti-malware et autres pare-feu, que des myriades de sociétés de sécurité alertent le monde entier dès que la moindre trace du prochain Stuxnet, Duku ou Slammer apparait, dans ce monde donc où l'information est verrouillée (ou devrait l'être), le point faible c'est vous !

Oui, vous qui cliquez sur le lien d'un mail reçu d'on ne sait qui proposant des logiciels à des prix ridicules, des agrandissements d'un organe que vous devinerez sans peine, des caisses pleines de dollars abandonnées par un dictateur africain, de pauvres religieuses perdues à la merci des hordes de barbares africains ou musulmans déchaînées, des montres de luxe pour épater vos voisins au tarif d'une vulgaire tocante de bas étage… Oui, c'est vous qui allez vous même faire rentrer à l'intérieur de votre forteresse informatique le logiciel malveillant qui vous pourrira la vie. Oui, vous qui allez cliquer au hasard d'une publicité alléchante, voir déshabillée (choisissez le thème qui vous tient à cœur), juste pour voir ou pour rigoler, et dont une page du site restera discrètement dans un coin de votre écran à noter tous vos mots de passe. Oui, vous qui cherchez à télécharger ce film tout récent en haute définition qui nécessite un décodeur spécial qui n'est autre qu'un… cheval de Troie !

Car les bonnes vieilles recettes sont toujours les meilleures et l'Odyssée garde toute son actualité en ce début de XXIe siècle. On vous allèche ? On vous fait des propositions trop belles pour être honnêtes ? On vous propose des cadeaux ? En ce monde où la marchandise est reine, timeo danaos et dona ferentes nous rappelle le vieux Virgile (non, pour les non latinistes, il ne s'agit pas de craindre ni Timéo ni une courtisane espagnole, Donna Ferentes, mais d'une maxime signifiant je crains les Grecs, même quand ils apportent des cadeaux), car ce clic malheureux que vous allez regretter pendant longtemps sera votre assentiment à laisser entrer le moyen le plus sûr de nos jours pour infecter un ordinateur, le fameux cheval de Troie (trojan horse ou trojan tout court pour nos amis anglophones).

Et je ne parle même pas de cette nouvelle mode qui fait fureur outre atlantique, l'ingéniérie sociale qui consiste à percevoir tout être humain ou toute organisation comme un système dont il s'agit de trouver et d'exploiter les failles. Certes, cela demande des moyens plus importants qu'une campagne d'email auprès de millions de boites innocentes qui est virtuellement gratuite. L'ingéniérie sociale est encore de nos jours réservée à des cibles dont les informations sont de grande valeur, comme les administrations, la défense ou les sociétés financières. Cela commence parfois par « Allo ? c'est l'assistance Microsoft, nous avons détecté un virus sur votre machine et il faudrait que vous fassiez telle ou telle manipulation… » qui bien sûr se révélera bien moins dans votre intérêt que vous ne pourriez l'espérer. Une série d'articles récents décrit par le menu comment une fausse visite incendie permet en quelques minutes de récupérer une montagne de données confidentielles par le simple fait de lorgner de ci de là sur les ordinateurs que la responsable va proposer de sa propre volonté à l'inspection. Un petit keylogger par ci, un petit émetteur wifi pirate par là et le tour est joué, le cheval de Troie humain est tout aussi efficace que sa contrepartie logicielle.

Alors, que faire sinon se lamenter sur sa propre faiblesse et son incommensurable naïveté ? Les agents de Matrix nous le disent pourtant clairement « Only human… » « Vous n'êtes que des humains… » et Nietzsche de renchérir « Humain, trop humain… », c'est dans notre nature que les plus malins tirent profit des plus naïfs et je ne suis pas sûr qu'en devenant totalement paranoïaques, en développant notre penchant à la suspicion envers tous et toutes depuis nos hommes politiques jusqu'à nos voisins de palier en passant par les journalistes ou les garagistes, nous ne soyons pas en train justement de perdre notre nature humaine.

Salut et fraternité !

>[Madmacs]

PS : rappel aux aixois, samedi prochain 5 novembre à l'Institut du Livre, conférence de Matthieu Cortat dans le cadre du 500e anniversaire de Garamont !

 
 1/11/11  .;:,? Tire ta langue

[Tire ta langue] Où l'on reparle d'Étienne Dolet… La liste typo pointait il y a quelques jours un numéro passionnant de l'émission « Tire ta langue » sur le thème de la ponctuation à la Renaissance. Mais que cet intitulé, qui peut sembler un peu abscons de prime abord, ne vous détourne pas d'écouter cette émission car bien loin de pinailler sur la date précise de l’apparition du point virgule chez tel auteur, elle expose de façon claire et néanmoins précise les buts de l'utilisation de la ponctuation chez certains auteurs de ce merveilleux XVIe siècle, comme nous le trouvons nous qui n'y vivons pas. Étienne Dolet nous l’explique par exemple dans son célèbre « De la punctuation de la langue francoyse. Plus. Des accents d'ycelle », il s’agit de rythmer la lecture et par la même la pensée, donc de pratiquer une rhétorique plus accessible. Mais vous entendrez aussi Nathalie Dauvois vous parler de la façon de travailler des ateliers d'imprimeurs, des différentes manières de ponctuer la poésie et ce que l'on peut indiquer par là, ou bien même de l'antagonisme entre misogynes et féministes qui semble avoir atteint des sommets de vigueur dans les propos à cette époque.

Bref, ne manquez pas de consacrer une petite demi-heure à écouter cette émission avant que, d’ici quelque temps, elle n'aille rejoindre ses milliers de congénères dans les caves bien remplies de l'INA !

>[Amédée Cripteur]

PS : pour ceux qui auraient des insomnies en ce moment, ou tout simplement ceux qui voudraient approfondir le sujet, le livre de Nathalie Dauvois et Jacques Dürrenmatt est présenté ici.

 
 Octobre 
 
 29/10/11  pwnd Le manuscrit Copiale

[Le manuscrit Copiale] Un événement sensationnel a agité ces derniers jours le petit monde bien tranquille des décrypteurs de manuscrits historiques. On a décrypté le manuscrit Copiale ! Ce manuscrit du XVIIIe siècle, nommé Copiale à cause d'une des deux seules mentions non cryptées du document, est composé en un étrange mélange de caractères romains, grecs et de symboles alchimiques, ornés parfois des accents pour le moins inhabituels. L'équipe de décrypteurs de l'Université de Californie du sud, Kevin Knight et ses collègues Beáta Megyesi et Christiane Schaefer, ont bien entendu utilisé un ordinateur pour s'affranchir des fastidieuses opérations de transcription lettre à lettre des 105 pages de code, mais en lisant attentivement leur article, on se rend vite compte que leur succès est dû bien plus une série de fulgurantes intuitions sur la nature du code et du langage qu'il cache qu'à l'utilisation de la force brute de décodage de l'ordinateur.

Une fois décodé, le manuscrit décrit un rituel d'initiation et divers éléments de théorie politique d'une société secrète comme il en pullulait à cette époque, et il fournit ainsi de précieuses données aux historiens spécialisés. Et ensuite, me direz-vous ? Il reste bien entendu le manuscrit Voynich, évoqué de nombreuses fois ici même, mais dont la nature du texte et le code employé font toujours enrager les cryptographes amateurs et professionnels. D'abord parce que contrairement au manuscrit Copiale qui a été écrit pour être facilement déchiffrable à chaque fois que l'on voulait un élément de référence du rituel, le manuscrit Voynich (et le codex Seraphinianus dans les années 1970) n'ont pas été fait pour être lus mais bien pour proposer un code indéchiffrable qui est l'intérêt cryptographique du manuscrit en soi. Pour le Copiale, le code est ainsi une simple substitution multiple, certes difficile à retrouver sans la clé, mais assez facilement lisible pour un initié qui en possèderait le secret. Alors que le codex Seraphinianus, par exemple, n'est pas fait pour être lu mais plutôt pour l'aspect esthétique de cette écriture étrange et des non moins étranges figures qui l'accompagnent.

Alors, même décrypté, le manuscrit Copiale reste un magnifique exemple de calligraphie régulière et d'imagination créatrice qui ne pâlit en rien devant ni le Voynich ni le Seraphinianus.

>[Amédée Cripteur]

 
 26/10/11  Sécu Les hamburgers ont des oreilles

[Les hamburgers ont des oreilles] L’humain moyen est tel que pour s’épargner un effort parfois minime, il est prêt à prendre des risques souvent importants voir même gravissimes. Non, je ne parle pas de ceux qui pour s’éviter de marcher quelques mètres et d’attendre quelques secondes traversent telle grande artère en plein milieu de la circulation, remettant leur vie entre les mains de chauffeurs qu’ils espèrent bienveillants. Non, je ne parle non plus de ceux qui pour gagner quelques précieuses secondes, vont doubler sans visibilité, rouler à tombeau ouvert quitte à mettre leurs économies, leurs points de permis et même leur vie en danger pour quelques miettes de temps dont on espère au moins qu’ils les utiliseront de manière particulièrement profitable. Non, je vous parlerai aujourd'hui de ceux qui pour s’éviter de devoir brancher un câble entre leur « box » et leur ordinateur, effectuent leurs achats, leur gestion bancaire ou autre opération privée à travers leur liaison radio Wifi, au vu et au su de tout le quartier.

Mais oui, la radio est ainsi faite que tout un chacun peut émettre et recevoir, et que tout ce que vous émettez peut être écouté et donc entendu. Certains poussent l’inconscience jusqu’à faire des achats sur internet à travers des réseaux publics (MacDonald’s et autres) ou ne mettent pas de mot de passe à leur propre réseau. Eh oui, même les plus informés se laissent parfois aller à la facilité, les irakiens ont ainsi pu récupérer en temps réel les vidéos que les drones américains envoyaient à leur base parce qu’un informaticien paresseux n’avait pas pris la peine de crypter leur communication. Et même. On a appris il y a quelques jours qu’un groupe de hackers non identifiés a pu prendre à plusieurs reprises le contrôle de deux satellites civils d’observation (Terra AM-1 et Landsat7). Certes ce n’est pas à la portée de tout un chacun et étant professionnellement du domaine, je peux vous dire que connaitre les fréquences, les codes, les protocoles, les clés de cryptage et les mots de passe est bien plus complexe que télécharger un programme à quelques dollars (voire même gratuitement) pour craquer la clé WEP du réseau du voisin. Certes, ils ont été bienveillants et n'ont rien fait de leur accès, ni de leur demander de se désorbiter, ni de griller leurs capteurs en leur faisant regarder le soleil. Certes, un traité datant de la guerre froide interdit de placer des armes en orbite (ce traité est quasiment respecté à l’exception de quelques satellites tueurs de satellites), évitant qu’un petit malin puisse rigoler à déclencher une guerre nucléaire totale.

Donc, quand vous faites quelque chose d’important sur votre ordinateur, même si vous êtes sur un serveur prétendu sécurisé, même si vous avez la meilleure clé 802.1X du monde, ne le faites pas à travers le wifi : branchez un câble, coupez votre accès wifi et évitez que tout les gens du quartier (ou tous les amateurs de hamburgers autour de vous) n’apprennent votre numéro de carte bleue, ou votre mot de passe bancaire, celui de votre mail ou celui… de votre compte Facebook !

Mais l’ordinateur n’est pas le maillon le plus faible de la chaîne de sécurité, car vous verrez dans quelques jours que ce maillon, c’est vous !

>[Madmacs]

 
 23/10/11  Reims Cybercallis et cyberbooks

[Cybercallis et cyberbooks] Amis des bibliophiles et des carolingiens bonjour ! Le blog de Graphos est heureux dans ce post de vous convier à visiter (virtuellement mais aussi à pédibus), le fonds ancien de la bibliothèque municipale de Reims (1) qui vient de faire l’objet d’une numérisation attendue depuis plusieurs années… Manuscrits…VIIIe et IXe siècles dans le cadre du projet « European Regia » qui consiste à mettre en place une bibliothèque virtuelle de manuscrits européens du Moyen Age et de la Renaissance (2) – rien que ça !... Vous y découvrirez, entre autres, 100 manuscrits inédits et 66 enluminures ! Autrement dit une mine d’or pour tous les apprentis paléo-calligraphes et consorts…

Je profite également de cette info pour signaler à tous les lecteurs du BdG., fidèles de Gallica et amis bibliophiles en quête de serpents de mer et autres raretés que vous pouvez maintenant commander à prix sympa, grâce à la philanthropique mais néanmoins rémunérée société « The book édition » (3), la réimpression d’un livre publié avant 1900 parmi les quelque 170 000 titres aujourd’hui disponibles chez Gallica ! > « Comment faire ? > Sur la barre d'outils au-dessus du document de votre choix, cliquez sur le bouton « Commander » et sélectionnez l'imprimeur partenaire de la BnF dont l'offre vous convient le mieux. Vous recevrez un livre imprimé à l’identique de l’original, les délais, conditions de ventes et tarifs sont propres à chaque partenaire. » Voilà qui est dit ! Alors à vos souris…

>[Jorge Luis Cyborg-Gesse]

(1) Bibliothèque municipale de Reims

(2) « Depuis le 26 juillet dernier, la société de service Azentis a installé un atelier de numérisation à la Bibliothèque municipale de Reims, dans le cadre d’un marché avec la BnF, pour numériser entre 50 et 60 manuscrits carolingiens, pour un total de 17.000 pages. Le projet « Europeana Regia », lancé début 2010, réunit cinq grandes bibliothèques européennes (Bnf, Bibliothèque Royale de Belgique, Bayerische Staatsbibliothek, Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel et Biblioteca historica de la Universitat de Valencia) dans le but de reconstituer une bibliothèque virtuelle composée de l’essentiel des documents royaux européens d’ici fin 2012. Avec un budget de 3,4 millions d’euros, il est financé à 50% par la Commission européenne. Le projet numérisera plus de 300.000 pages, comprenant 426 manuscrits de l’Empire carolingien, 163 manuscrits de la Librairie du Louvre, à l’époque de Charles V et sa famille, et 282 manuscrits de la bibliothèque des rois aragonais de Naples. » (source ActuaLitté.)

(3) entre autres ici 

 
 20/10/11  Sécu Noli me tangere

[Noli me tangere] Trois faits divers récents m'incitent à vous proposer trois articles sur la sécurité informatique ou comment prévenir les dégâts quand on a chez soi un ordinateur et qu'on n'est pas du métier. Trois principes simples qui vous éviteront bien des ennuis, je l'espère.

Il y a quelques semaines, l'armée américaine a avoué avoir trouvé un virus sur leur réseau informatique interne et notamment sur les ordinateurs qui permettent de piloter les drones armés en Afghanistan depuis le fin fond de la cambrousse américaine. Ce virus, un « keylogger » (enregistreur de clavier) permet, chez M. Tout le Monde, de noter le numéro de carte bleue lorsqu'il effectue des paiements en ligne ou de capturer son mot de passe quand il se connecte à sa banque.

Fait inquiétant : le service de sécurité de la base militaire en question avait déjà repéré le logiciel malveillant depuis plusieurs semaines mais n'en avait pas parlé aux autres membres du réseau pour ne pas se ridiculiser, mettant ainsi en danger tout les autres ordinateurs de ce réseau. A priori, le virus est rentré par l'intermédiaire d'une clé USB sur laquelle se trouvait des cartes d'une région où se déroulent des opérations en Afghanistan.

Fait rassurant : les réseaux internes militaires sont tous séparés des réseaux publics par un « air gap » (un intervalle d'air) c'est à dire qu'en fait ils ne sont pas connectés physiquement, ce qui fait que le petit virus sur ce réseau se retrouve tout seul sans personne de qui recevoir des ordres ou à qui renvoyer les informations qu'il a glanées ici ou là. C'est une pratique universelle, et ceux qui prétendent avoir pénétré « les ordinateurs secrets de la CIA », quand ce ne sont pas des mythomanes, se sont le plus souvent laissé abuser par des « pots de miel ».

Et dans la série « quand les événements nous dépassent, feignons de les organiser », une fuite anonyme interne à l’armée américaine prétendrait que ce virus est en fait un moyen de contrôle de la hiérarchie sur les opérateurs de drones. Ça me fait doucement rigoler, s’ils ont besoin d’un virus pour savoir ce que font leurs opérateurs alors c’est que l’informatique militaire américaine est vraiment au fond du trou !

La leçon de cette histoire est que nul n'est à l'abri d'une infection de nos jours, le tout est qu'elle puisse faire le moins de dégâts possibles : sauvegardez vos données sur un disque externe que vous brancherez le moins souvent possible, quand vous n'avez pas besoin de votre ordinateur, éteignez-le et surtout n'y mettez aucune information que vous ne voulez pas voir se retrouver un jour dans la nature. Pas de numéro de carte bancaire (les eCartes Bleues sont le seul moyen de faire des achats sur internet à moindre risque), n'utilisez le serveur de votre banque que s'il ne permet aucune opération d'envoi d'argent ailleurs que sur des comptes que vous avez déclarés (c'est par exemple ce que fait la Banque Postale) et n'y laissez aucune photo compromettante, lettre privée ou autres données confidentielles, imprimez-les et effacez la copie numérique.

Un jour ou l'autre, même si vous êtes sûr d'être à l'abri, vous y passerez, comme l'armée américaine, et moins il y aura de possibilité de dégâts mieux vous dormirez les jours suivants.

Et bientôt, je vous parlerai des murs qui ont des oreilles…

>[Madmacs]

PS : attentions aux traductions fantaisistes et sensationnelles parues dans la presse française : ce ne sont pas les drones qui ont été infectés, mais les ordinateurs de pilotage et le virus n'est ni « coriace » ni « inconnu » puisqu'il a été détecté et éliminé d'une partie des machines concernées.

 
 17/10/11  WE Fête du Livre

[Fête du Livre] On nous informe de tout côté de la tenue d’une grande fête du livre à Forcalquier à partir de vendredi prochain et pour tout le week-end ! Vous qui vous demandiez que faire avec la survenue des premiers frimas en Provence, voilà une activité toute trouvée qui comblera à la fois votre sens esthétique et vos sensibilités thermiques. Notez que le dimanche, normalement, tous les habitués de Graphos ont rendez-vous à L’Angélus pour notre stage de rentrée sur « du monogramme à l’ex-libris » et qu’ils devront donc se rabattre sur les festivités du vendredi et du samedi.

En fait, autour du livre, un grand nombre d’activités vous sont proposées sur le thème de « l'image imprimée » : expositions, visites guidées, ateliers de démonstration mais aussi des événements autour de la gravure sur bois, de la linogravure, de l'image détournée, de l’empreinte, de la lithographie, de la taille-douce, du gaufrage, des monotypes, des empreintes & des haïkus… bref, de quoi contenter les plus exigeants ! Il y aura entre autres Christian Paput en personne pour nous parler de l’extraordinaire travail de Louis Jou, cet imprimeur des Baux qui porta la typographie et l’art du livre à des sommets rarement atteints (c’est mon idole).

Bref mille raisons pour vous rendre ce week-end à Forcalquier pour y fêter le livre dans une ambiance à nulle autre pareille. Le programme est disponible ici et , ne manquez pas cet événement exceptionnel !

>[Mishima Jimprimé]

PS : on nous signale également la présence de « La cuisine antique » dont les spécialités méditérranéennes nous régalent chaque été à Lurs. De quoi joindre la gastronomie à la typographie, une fois de plus !

 
 14/10/11  Clic Garamont, 500e

[Garamont, 500e] Ça y est ! Le grand jour est enfin arrivé, celui que nous attendions tous depuis des lustres ! Impatients que nous étions de découvrir enfin, en ce 14 octobre, le tout nouveau… site dédié aux célébrations du 500e anniversaire de Claude Garamont ! Ah bon, vous pensiez à autre chose ? l'iPhone 4S ? Mais vous rêvez ! Dans un monde où l'ancien fondateur d'Apple (Woz, dit « le survivant ») n'a rien de mieux pour témoigner son amour à sa femme que de faire la queue toute la nuit devant un Apple Store pour être un des premiers à lui offrir acheter ce nouveau modèle que tout le monde va s'arracher, dans un monde où l'avoir (et l'affichage de ce que l'on a) a depuis bien longtemps détrôné l'être, il est bon de savoir qu'il reste des havres de paix où la marchandise n'est pas glorifiée, sauf pour la moquer, comme sur le BdG par exemple.

Et donc, enfin, en ce jour, ce site créé par le Ministère de la Culture est mis en ligne… après quelques péripéties informatiques. Je ne vous cache pas que je tente de m'y connecter plusieurs fois par jour depuis une semaine et que j'en ai vu des vertes et des pas mûres, c'est le cas de le dire… Mais le voici disponible aujourd'hui, fort beau et en tout point informatiquement (presque) parfait. On y trouve un grand nombre de connaissances parmi lesquelles même les plus érudits d'entre nous trouveront quelques perles à y recueillir, ainsi que de superbes photos de caractères, de livres et d'outils que tous les amoureux de la belle typographie et des impressions anciennes ne pourront qu'apprécier. Une foule d'articles, de photos et de video vous conteront l'histoire de ce caractère, de son créateur et les diverses péripéties qui l'amèneront en notre modernité du XXIe siècle.

Tout cela pour vous recommander de cliquer illico presto sur ici et de parcourir ce site en long, en large et en travers afin de vous imprégner de toutes les merveilles ici assemblées.

>[Edgar Amon]

 
 11/10/11  SXB L'Europe des Esprits

[L'Europe des Esprits] Il arrive parfois qu'au hasard d'un voyage, on découvre des merveilles, soit dont le monde entier est au courant, auquel cas on se sent bien bête, soit que personne ne connaisse auquel cas on se trouve tout à coup auréolé d'une gloire de découvreur. Vous jugerez dans quel cas je me trouve pour vous parler d'une exposition qui vient de s'ouvrir à Strasbourg et qui porte sur « l'Europe des esprits ». Point là d'esprit au sens de mot d'esprit ni au sens d'esprit de vin, vous l'aurez sans doute deviné, mais plutôt d'un regroupement d'œuvres d'art inspirées par les phénomènes spirites ou les théories ésotériques apparues au XIXe siècle et qui gardèrent une mode durable jusqu'au milieu du XXe siècle.

Ce qui me pousse à vous parler de cette exposition, et donc bien entendu à vous engager à la visiter à tout prix, n'a sans doute rien à voir avec la calligraphie ou la typographie encore qu'on puisse y découvrir de fort belles publications imprimées et quelques lettrages, art nouveau notamment, que n'auraient pas renié un calligraphe de talent. Non, ce que j'ai trouvé absolument extraordinaire est la puissance d'évocation de certaines œuvres. N'ayant pas la contrainte de représenter le réel et étant sans doute bien plus portés par ces thèmes que par ceux d'une représentation de commande, les artistes donnent libre cours à une utilisation des contrastes lumineux absolument hors de toute mesure, ils se laissent une totale liberté dans le choix de leurs couleurs et osent des formes totalement nouvelles dont l'impact d'ensemble sur le spectateur est d'une force rarement atteinte. Les peintures les plus impressionnantes à mon goût sont celles de la période romantique qui associent le fantastique, le surnaturel et une certaine dose d'horreur qui donnerait des frissons dans le dos du plus flegmatique des visiteurs. Ce ne sont pas forcément les figures les plus impressionnantes qui frappent le plus, ce ne sont pas les sorcières les plus grimaçantes ni les démons les plus cornus qui impressionnent, c'est parfois simplement une jeune fille dans un paysage tourmenté ou bien un coucher de soleil sur des montagnes hallucinées, parfois un simple paysage maritime… Une partie de l'exposition décrit le parcours jusqu'à l'abstraction et il est remarquable de voir que certains artistes n'ont rien perdu de leur puissance d'évocation en sortant du figuratif.

Il serait trop long de vous parler de la totalité de ce qui est donné à voir, plus de cinq cents tableaux et œuvres graphiques sur deux étages du Musée d'art moderne et contemporain mais je gage que nous allons entendre parler de cette exposition dans les prochains temps, elle vient en effet juste d'ouvrir le 8 octobre et je pense qu'elle gagnera en notoriété au fur et à mesure que plus de visiteurs auront ressenti toute la puissance de ces tableaux.

>[Hans im Schnockeloch]

PS : au moment où nous mettons sous presse, métaphoriquement, j'apprends que France Culture vient de consacrer une émission de deux heures au sujet de cette exposition. Si vous allez sur le site de l'émission « mauvais genre » vous pourrez l'écouter pendant encore six mois.

PPS : les lecteurs sédentaires pourront trouver la motivation de se déplacer à Strasbourg en explorant le site de l'exposition ici et les gourmands trouveront d'autres arguments .

 
 8/10/11  Steve Jobs (bis)

[Steve Jobs] Le décès de Steve Jobs a remis à l’honneur le fameux discours u’il avait prononcée à Stanford lors de la remise des diplômes de 2005.

Cette conférence est édifiante. D’abord par le parcours difficile de l’homme, bien loin d’une certaine jeunesse dorée des « fils de… », mais aussi par un parcours totalement atypique qui n’est possible, à mon avis, que dans un pays comme les États Unis. Tout d’abord quitter l’université alors que ses parents se saignent aux quatre veines pour vous payer des études est un choix qui mène chez nous bien plus souvent au chômage et à la rue qu’à la présidence d’une multinationale. Ensuite par une formation qui en apparence n’a rien de structuré, passant des arts à l’informatique, touchant à tout les domaines poussé bien plus par la curiosité et l’effet de rencontre que par un plan de carrière bien défini, ce qui chez nous vous rejette immédiatement dans la catégorie dilettante et donc dans les poubelles à CV. Enfin par le fait absolument inconcevable chez nous de commencer à faire des ordinateurs dans un garage et de finir en tant que directeur d’un des plus gros vendeurs d’électronique, d’informatique et de musique mondiaux. Chez nous, la recherche passe par des circuits bien structurés, agences nationales de valorisation n’aidant que les grosses sociétés qui pourront passer des mois à monter et défendre leur dossier devant des myriades de commissions, sous-commissions et prétendus experts du domaine, programmes de subvention étatiques attribués exclusivement à ceux qui pourront prouver un cursus universitaire irréprochable, bref, à part le concours Lépine, rien n’est laissé à l’étincelle de génie créateur qui sera issue d’un autodidacte isolé ou d’une très petite entreprise innovante. Donc, avis à nos lecteurs étudiants : chez nous, ce genre de comportement ne vous mènera à rien, si vous voulez faire ça allez aux États Unis ! Et c’est d’ailleurs ce que font un certain nombre de nos cerveaux les plus brillants à voir la composition de la direction de pas mal d’entreprises etazuniennes les plus innovantes, et Apple n’est pas en reste sur ce point.

Mais cessons de radoter et de nous apitoyer sur l'impossibilité de la vieille Europe à évoluer un tant soit peu, ce qui m’amène à parler de cette conférence c’est un passage absolument passionnant (vers la quatrième minute de la vidéo) au cours duquel Steve Jobs explique qu’il a passé quelques temps en tant qu’auditeur libre à apprendre la calligraphie et la typographie « cet art de l’invisible, rétif à toute approche scientifique » et toute l’influence que cela a eu sur sa façon de concevoir les produits d’Apple. Remarquable également de remarquer que de tels cours existent dans les plus prestigieuses universités américaines; le MIT, une école à vocation scientifique, je le rappelle, propose des cours de typographie approfondis et pas vraiment dans le cadre de loisirs créatifs. Je pense qu’on peut retrouver toute la philosophie de Jobs et donc d’Apple dans ces quelques phrases, depuis l’art de l’invisible et les multiples détails hors de perception de l'utilisateur qui le libèrent de l’aspect bassement technique du fonctionnement de la technologie, jusqu’à la recherche fanatique de la perfection, « il n’y a qu’un seul degré de bien en typographie, la perfection » disait Vox, le tout permettant une transposition assez immédiate et totale de ce tout qui fait la belle typographie dans le domaine de la conception de produits informatiques.

Quel bon typographe aurait sans doute été Steve Jobs s’il ne s’était entiché de faire de l’informatique !

Vous pouvez voir une vidéo de cette conférence sous-titrée en français ici et une version de meilleure qualité mais sans les sous-titres. À voir, revoir et méditer.

>[Madmacs]

En illustration, une affiche de la campagne de publicité d'Apple sur le thème « pensez-différemment ». À l'époque, ça voulait tout dire. De nos jours, et grâce à Jobs, les choses ont bien changé et choisir Apple c'est le plus souvent faire comme tout le monde !

 
 5/10/11  Steve Jobs

[Steve Jobs] Comme des millions de personnes, j'ai appris ce matin le décès de Steve Jobs. Comme des millions de personnes, j'ai reçu la nouvelle sur une machine portant une pomme. Comme quoi, il y a des gens qui marquent leur époque.

Certes, le monde Apple dans lequel j'évolue depuis de nombreuses années n'est pas tout rose. Le contact direct avec certains ingénieurs californiens a porté à mes oreilles des anecdotes sur l'homme qui sont pour le moins dérangeantes, sur son exigence de travail de tous les instants, sur son obsession de perfection dont on ne sait plus très bien si c'est une qualité poussée à son paroxysme ou tout simplement un bien gros défaut. Et quand vous êtes le patron d'une société comme Apple, que vous avez tous les pouvoirs et que personne n'osera jamais contester une de vos décisions, le pire jouxte parfois avec le meilleur.

Sur sa manie du secret, aussi. Incroyable qu'une société comportant autant d'employés, travaillant avec autant de sous-traitants arrive à garder le secret d'un téléphone comme l'iPhone jusqu'à la dernière seconde où Steve en parlera sur scène au cours d'une de ses plus mémorable keynotes. J'ai pour ma part eu l'occasion de travailler sur quelques prototypes logiciels ou matériels Apple, et le "NDA" (non disclosure agreement, contrat de confidentialité) était tellement restrictif et les sanctions en cas de fuites tellement disproportionnées à la faute que nous nous sommes demandés plus d'une fois si c'était bien raisonnable de s'engager dans cette voie.

Mais tout revers de la médaille a aussi son avers : moyens quasiment illimités pour fignoler tel ou tel logiciel, semaines tout frais payés passées à coder vingt heures sur vingt quatre dans de grands hôtels de villes européennes, contact direct des programmeurs quels qu'ils soient (je travaillais dans une petite société provençale de 8 personnes) avec les ingénieurs du centre de recherches d'Apple qui à Cupertino concevaient les merveilles qui un jour éblouiraient le monde. Rien n'était épargné pour que le produit soit le meilleur lors de sa mise en vente. Et ces méthodes ont prouvé leur efficacité jusqu'à nos jours : chaque fois qu'Apple à sorti un appareil quelconque ces dernières années, il a immédiatement raflé une énorme partie du marché. Le Zune de Microsoft (abandonné il y a quelques jours) n'a pas pu concurrencer l'iPod alors qu'il était soutenu par tout le battage marketing de Microsoft, deux ou trois constructeurs (et non des moindres) tentent désespérément de produire une tablette qui puisse tenter d'être au niveau d' l'iPad, BlackBerry, Samsung et autres Nokia essayent de regagner quelques pour-cents de part de marché des téléphones haut de gamme, le Mac tient actuellement 20% de parts de marché alors qu'il en était à 2% il  y a dix ans...

Pourquoi ce succès ? Parce que "it just works", cela fonctionne et c'est tout. Pas d'écran bleu sur un Mac (je n'en ai vu un que sur une version spéciale développeur en 2001 et jamais plus depuis 10 ans), pas de « panneau de configuration » sur mon iPod pour se connecter au wifi, on donne le mot de passe et c'est tout. Ça marche. Comme je le dis souvent, j'ai un PC au boulot parce que s'il a un problème (et ça lui arrive parfois) je suis payé pour chaque minute que je passe à le remettre en fonctionnement, alors que j'ai un Mac à la maison parce que je ne veux pas prendre une minute sur mon temps de loisir à le dépanner.

Alors pour tout ça, merci Steve.

>[Madmacs]

 
 1/10/11  Book Typothéâtre

[Typothéâtre] Vous allez me dire que je serine, que je ressasse, que je gâtifie et que je commence à remplir cette colonne de la même sempiternelle ritournelle, mais j'affirme haut et fort que la fusion de la culture calligraphique et la culture typographique créent chez les pratiquants de l'un et de l'autre art un bénéfice mutuel, une synergie qui portent au pinacle l'art de la lettre. Je n'en prendrai que comme exemple d'un côté Albert Boton dont les réalisations typographiques sont de renommée mondiale et qui affirme que toutes ses lettres sont à l'origine calligraphiées ou bien Laurent Pflughaupt dont les quelques travaux typographiques n'ont rien à envier à ses éblouissants travaux calligraphiques.

Alors, amis calligraphes, pour vous y mettre sans douleur ou sinon pour vous amis typographes, pour approfondir votre science ou simplement pour vous amuser un brin, je ne peux que vous recommander un ouvrage unique en son genre « Typothéâtre » conçu par Susanne Stammbach, professeur de typographie dans diverses écoles suisses de renom qui est venue nous parler de sa méthode cet été à Lurs. Pour elle, pour faire de la belle lettre, il faut apprendre à voir, et pour apprendre à voir dans la joie et la bonne humeur, elle a une méthode bien particulière. Son livre regroupe en effet cinquante des petits « jeux » typographiques qu'elle propose à ses étudiants pour leur éduquer l'œil. L'un par exemple, nous montre des lettres dont une partie est cachée par un pansement et il nous faut rétablir au crayon la continuité des courbes pour reconstituer la lettre complète, un autre nous propose un classique « trouvez l'intrus » où des mots comportent une ou plusieurs lettres d'une autre police, il y a aussi celui qui montre une liste de lettres d'une série de police ainsi qu'une lettre isolée que l'on doit replacer dans sa famille. Là où ça se corse c'est que beaucoup de ces exercices ne sont pas si faciles, ce dernier, par exemple, n'utilise que des linéales. Saurez-vous remettre avec ses congénères un « t » de Futura, d'Helvetica, d'Akzidenz Grotesk, d'Univers ou de Gill Sans ?

Personnellement, je ne me lasse pas de m'amuser à faire ces exercices dont parfois certains reposent sur la réponse à des questions et qui donc une fois faits, sont faits, mais dont la plupart reposent totalement sur une créativité bien orientée et peuvent être refaits à l'envi puisqu'aucune solution n'est véritablement définitive.

Ce livre est trouvable sur internet, et ne vous laissez pas rebuter par sa qualification de livre étranger, les textes sont en français, allemand et italien, comme bon nombre de livres suisses et les exercices sont totalement internationaux (un beau travail de ce côté-là d'ailleurs).

>[Magali Néale]

PS : L'éditeur parle de son livre ici, mais vous en trouverez facilement un exemplaire chez votre libraire préféré ou sur votre site d'achats de livre en ligne habituel.

 
 Septembre 
 
 28/9/11  KLi Links

[Links] Expo « LINKS » en Allemagne – Mai-Août 2011 // Forum de la calligraphie européenne à Otzenhausen en Allemagne, avec : Laurent Pflughaupt, Alessandra Barocco, Stéphanie Devaux, Jean-Marie Dommeizel, Vito Garcia, Stéphane Alfonsi, Erich Meister, Catherine Matte, Denise Luc & David Lozach. Autour du vaste thème des « liens » l’académie d’Otzenhausen a créé cet été de nombreux événements : rencontres, expositions, ateliers, conférences, et surtout la réalisation d’une fresque, encore visible sur place (pour tous ceux qui auraient loupé l’expo…). Un grand merci aussi à Jean-Marie Dommeizel, calligraphe parisien mais nouvellement sartrois, (- et qui c’est qui en a de la chance… ? … - c’est les habitants et les habitantes du Mans qui vont pouvoir bénéficier des cours de calligraphie de Jean-Marie…), de nous faire parvenir ce jour ce très beau catalogue de l’exposition qui vient de se clôturer à l’instant où nous vous écrivons. Et je dois dire aussi que la très belle enveloppe calligraphiée dans laquelle est arrivé le catalogue, ne gâche rien…

Alors, bonne continuation à tous, et surtout bonne rentrée calligraphique à tous les amis calligraphes et autres lecteurs du BdG !

>[Keyser Söze]

 
 24/9/11  Nord Garamont, le retour

[Garamont, le retour] Amélie Dhesse, que certains graphosiens chanceux ont rencontrée lors du stage d'été mémorable sur les lettrines, Amélie Dhesse, disais-je donc, nous est également connue comme l'une des organisatrices du célèbre Mai de la Calligraphie à Saint Amand les Eaux, manifestation dont nous tenons à signaler la teneur chaque année. Rares sont les événements calligraphiques de cette ampleur et de cette qualité. Amélie nous a fait parvenir un message très amical dans lequel elle porte à notre attention une autre manifestation pour fêter les 450 ans de Claude Garamont organisée par l'École supérieure d'art et de design d'Amiens et les Bibliothèques d'Amiens Métropole.

« Du 23 août au 26 novembre se tient en effet à la Bibliothèque Louis Aragon une exposition intitulée : « Claude Garamont, créateur typographique / De la Renaissance au Revival ». Cette exposition est axée sur le travail de création de caractères menés par Garamont au XVIe siècle et leur postérité jusqu’à nos jours. Le caractère utilisé pour le visuel de l'exposition (voir ici) est d’ailleurs une fonte typographique nommée le Mingus créée par un graphiste issu de l’Esad d’Amiens, Damien Collot, qui s’est directement inspiré du caractère utilisé dans une des éditions de Garamont de 1545 conservée à la Bibliothèque Louis Aragon et présentée au sein de l’exposition. Cette présentation allie papier et numérique (projection de vidéos créées par le Musée de l’Imprimerie et par l’Imprimerie nationale sur le thème de la typographie et de l’impression typographique ancienne, présentation du site internet sur Garamont créé dans le cadre des Célébration nationales à partir de la mi-octobre).

Elle sera prolongée et enrichie d’une journée d’étude qui aura lieu le 29 septembre prochain dans la salle Robida de la DRAC Picardie, au cours de laquelle interviendront des spécialistes d’histoire du livre et de la typographie autour de la figure de Garamont et des caractères Garamond. Veuillez trouver ci-joint le programme de la journée. Vous trouverez également un descriptif du programme et des modalités d’inscription sur notre site internet. »

Ne manquez pas les occasions uniques des festivités de ce 450e anniversaire pour vous initier à la typographie ou approfondir vos connaissances dans le domaine de la lettre imprimée, les passerelles sont abondantes entre la calligraphie et la typographie et ce ne sont pas les nombreux typographes-calligraphes rencontrés à Lurs chaque été qui me démentiront. Quant à l'Esad d'Amiens, après l'exposition sur Excoffon, elle prouve une fois de plus son dynamisme et sa volonté de promouvoir la belle typographie.

>[Christy Pograffie]

PS : et bien sûr, un grand merci à notre informatrice de Saint Amand les Eaux !

PPS: et une petit coucou aux étudiants (ex-?) de l'Esad d'Amiens avec qui j'ai passé une semaine inoubliable à taper le caillou à Lurs sous la férule de Franck Jalleau.

 
 21/9/11  Bis Les bonheurs de Sophie…

[Les bonheurs de Sophie…] La calligraphie selon Sophie Verbeek :

« Chanter à tue-tête - Devenir ligne - Goûter la couleur - Savourer le silence - Se lâcher vraiment - Rire à n'en plus finir - Prendre de la distance - Chercher sa langue - Jouer comme un enfant - Oser le laid - Rayonner sans brûler - Se faire plaisir - Être en éveil - Danser dans l'espace - Gratter la surface - Sortir de son nid - Questionner toujours plus - Désirer l'authentique - Accepter ses limites - Aimer encore et toujours… »

•••

(… ça c’est la classe et c’est tout ce qu’on aime chez Graphos !).
Suite à notre post précédent du 3/9, on vous met en prime une petite image de la dernière expo de Sophie V., pour vous donner l’échelle des K-lis, … on s’en serait pas douté, mais c’est beaucoup plus grand que l’on eût cru…

•••

[petite correspondance]
Pour les « callis de garage », je te tiendrai au courant.

>[André Bloggo]

 
 18/9/11  Expo Histoire de caractères

[Histoire de caractères] Quelle chance avons-nous d'accueillir à Aix en Provence en ce moment, et pour quelques mois encore, une superbe exposition sur une « Histoire de caractères » proposée par l'Imprimerie Nationale et par la Cité du Livre. On peut y admirer quelques exemplaires des cinq cent mille poinçons du Cabinet des Poinçons que l'IN a accepté de faire sortir hors de ses murs (de ses coffres, devrais-je plutôt dire), et tout particulièrement des grecs du roi, excusez du peu, et toute une série des poinçons orientaux, y compris hiéroglyphes, mais aussi quelques uns de ses Garamont (le seul avec un T à la fin) ainsi que des Grandjean (si si des vrais !).

La Bibliothèque Méjanes s'est associée à cette exposition en montrant à tout un chacun ce qui est en général caché dans ses réserves de livres rares, comme un Champfleury de Geoffroy Tory mais aussi toute un ensemble des premiers livres sortis par l'IN du temps où elle était encore Imprimerie Royale, comme le célébrissime « Livre des Médailles » de Louis XIV, mais aussi des livres du XIXe siècle comme ceux réalisés pour une exposition universelle de l'époque, tout d'ors et de pigments (cent vingt passages sous la presse), essayant de restituer avec cet instrument moderne qu'est l'imprimerie tout le faste des manuscrits enluminés médiévaux.

Bref, ne manquez pas cette exposition absolument unique, je doute que l'IN prête souvent ses trésors et que la Méjane sorte souvent ses incroyables in-folio si richement illustrés. Préférez, à mon avis, une visite guidée (horaires et informations diverses ici), les cartels sont peu prolixes et rien ne vaut l'expérience et la profonde connaissance du personnel de la Méjane pour vous faire apprécier ces merveilles.

Et ne manquez pas non plus les conférences et ateliers qui vont ponctuer cet automne aixois, il y aura du beau monde !

PS : l'exposition se prolonge juste en face, à la Fondation Saint John Perse avec des poinçons de Garamont et de Granjean (et d’authentiques plaques de cuivres de la commission Jaugeon) et de merveilleux livres d'artistes et de bibliophilie.

PPS : contrairement à ce que je vous disais dans mon post précédent (ban sur le Pecq), la conférence de Rémi Jimenes ne portait pas sur les caractères de civilité mais sur l'imprimerie à la Renaissance et la naissance du livre moderne. Ce fut totalement passionnant comme seul un passionné peut arriver à transmettre sa connaissance. Un grand grand merci à lui et aux Amis de la Méjanes qui ont rendu possible ce cycle de conférences..

>[Gaby Nédépoinssons]

 
 15/9/11  450 Claude Garamont

[Claude Garamont] Un emploi du temps surchargé en ce moment m’a mis un peu en retard pour vous annoncer un cycle de conférences et d’expositions à la Cité du Livre à Aix en Provence qu’il ne faut absolument pas manquer. C’est tout l’automne que les manifestations diverses vont se succéder en France autour des 450 ans de Garamont (le Garamondt, c’est comme les Dupondt : il y a l’homme avec un t et le caractère avec un d) et cela commence pour les aixois ce samedi 17 septembre, début des journées du patrimoine, avec des expositions, bien sûr, mais aussi une conférence de Rémi Jimenes à qui nous devons le beau livre sur la lettre de civilité chez Ateliers Perrousseaux dont je vous avais déjà parlé dans cette colonne. Vous pourrez non seulement écouter sa conférence qui sera j’en suis sûr aussi passionnante que son livre, mais il acceptera sans doute de dédicacer votre exemplaire, ce qui augmentera considérablement sa valeur le jour où vos héritiers le revendront, et ajoute donc le côté investissement financier au côté loisir de l’affaire. C’est un de mes arguments favoris pour garnir ma bibliothèque de livres hors de prix (je vous donne l’astuce mais n’en abusez pas !).

Toutes les informations nécessaire sur cet automne typographique aixois ici et un site sur ces manifestations en France (il ouvrira le jour où le Ministère sera prêt, en 2012 pour le 451e ?) .

Et le week-end culturel ne se limite pas à ça puisque je me dois de vous signaler qu’au château de Saumane se termine l’exposition sur la stéréotomie par un bouquet final de démonstrations de tailleurs de pierre et de conférences sur le thème du compagnonnage. Pouf pouf, on sera bien fatigués dimanche soir !

>[Edgar Amont]

 
 3/9/11  KLi C'est la rentrée ! (bis)

[C'est la rentrée ! (bis)] Si la rentrée littéraire est déjà bien commencée (certains romans ont paru dès la mi-août), si la rentrée des classes approche à grand pas, la rentrée calligraphique pointe elle aussi son nez. Et c'est Sophie Verbeek qui ouvre le bal avec une exposition et un superbe livre qui l'accompagne.

L'exposition tout d'abord est sur le thème des « Visions Scripturales » et aura lieu du 7 septembre au 9 octobre prochain à la Galerie de la Chapelle dans les environs de Genève (tous les détails ici). Sophie Verbeek est accompagnée de trois complices Marie Perny, Marianne Requena et Brigitte Crittin, qui ont commun d'avoir travaillé sur le texte brodé, découpé, déconstruit et pétrifié… vaste programme.

Mais afin de permettre à tout un chacun d'avoir une idée de ses dernières réalisations, Sophie Verbeek a eu la bonne idée d'en faire un livre et d'en proposer le feuilletage en ligne ! Et ainsi, même admirateurs de son travail les plus éloignés (dont je suis) peuvent d'un clic de souris parcourir les reproductions de ces travaux si originaux.

Et bien entendu, afin d'en avoir une meilleure vision et de pouvoir s'y plonger et replonger, je vous conseille vivement d'acquérir un exemplaire, il suffit de cliquer ! L'écran est certes bien pratique mais rien de vaut l'encre et le papier pour vraiment commencer à apprécier des travaux calligraphiques… et ce n'est pas aux lecteurs du BdG que je vais devoir le rappeler.

Alors, chanceux amis de la calligraphie résidents de Savoie, Haute Savoie, de Suisse ou d'ailleurs, ne manquez pas d'aller voir dans la vie réelle ces travaux, bien mieux qu'à l'écran, bien mieux que la reproduction sur papier, seuls les originaux permettent de faire partager le ressenti de la saveur d'un geste, de la douceur d'un papier, de la tendresse d'une plume et des subtiles nuances d'une encre. Alors profitez-en !

>[Alphons Dusavoyarde]

PS : je conseille également de visiter le très beau site de Sophie Verbeek ici.

 
 Août 
 
 31/8/11  ZiEnd C'est la rentrée !

[C'est la rentrée !] Eh oui, après une merveilleuse semaine lursienne, riche en découvertes, en chaleureuses rencontres et parfois triste à l'évocation des absents, le temps du retour à la vie de tous les jours est arrivé.

Mais il reste ce pétillement neuronal que seul peut donner cette ambiance chaleureuse de retrouvailles provençales, de discussions passionnées entre gens passionnés et d'émerveillement devant l'incroyable créativité de l'esprit humain dans le domaine de la typographie, du graphisme et de la création de caractères. Certes, la météo n'a pas été clémente cet été. Plus de trente degrés… à l'extérieur, et bien plus à l'intérieur de la Chancellerie qui a accueilli cette année plus de cent trente participants ! Deux malheureux ventilateurs tentaient vainement de brasser un air passablement surchauffé autant par le soleil que par le bouillonnement des cerveaux des auditeurs. Mais j'ai noté que malgré des débuts d'après-midi ambiance étuve tropicale, malgré la suppression de certaines pauses consécutivement à la durée excessive de nos débats, aucune défection n'a été constatée tellement la qualité des interventions faisait oublier les conditions un peu difficiles de leur tenue. De grands moments, comme Lurs peut en créer.

Certes, on a beaucoup pensé aux absents, notamment Yves Perrousseaux et Jacques Bollens, dont l'érudition typographique de l'un et les déplacements clopin clopan de l'autre nous ont bien manqués. Mais beaucoup de jeunes gens sont venus nous rejoindre cette année et j'ai trouvé très rassurant de voir que si les anciens nous quittaient parfois, leurs places étaient prises par la jeune génération qui a su se montrer curieuse, intéressée de tout et même parfois rebelle, comme il sied à de jeunes esprit instruits et indépendants. A noter la projection de deux petits films sur les Rencontres, l'un de 1963 avec Maximilien Vox et Jean Garcia themselves et l'autre réalisé par Peter Knapp à l'occasion des cinquante ans en 2002 ont rappelé de bons souvenirs aux anciens et épaté les nouveaux venus.

Et donc le BdG vous souhaite une bonne rentrée, sur fond de délicieux souvenirs de vacances, bien sûr, en attendant l'année prochaine, qui vera la soixante ans de ces sessions d'été !

>[Ze BdG]

 
 10/8/11  Livre La révolution de l'imprimé

[La révolution de l'imprimé] Certes, les vacances sont une bonne occasion de voyager et de découvrir moultes contrées aux charmes gastronomiques et culturels (je parle pour moi), mais elles sont aussi pour peu que l'on s'en donne la peine, une fantastique occasion de lire durant plusieurs heures d'affilée, sans dérangements ni interruptions de toutes sortes. Il est donc possible d'aborder des ouvrages un peu plus riches ou complexes que les courts moments de lecture de la vie courante nous empêcheraient de savourer à leur juste mesure.

J'ai donc emmené dans ma valisette, « La révolution de l'imprimé » d'Elizabeth Eisenstein qui porte sur l'impact sur la société de la renaissance de l'invention de l'imprimerie au XVe siècle. Je dois avouer que j'avais gravement surestimé la difficulté de lecture : en fait, l'auteur étaye ses opinions de façon simple, claire et étape par étape ce qui permet de le lire petit bout par petit bout sans vraiment perdre le fil. Mais bon, la lecture ininterrompue d'un chapitre entier est un régal que seules les vacances peuvent nous offrir, alors autant en profiter.

L'auteur commence d'abord par dissiper quelques idées reçues. Tout d'abord elle note que durant les cinquante premières années de l'imprimerie, l'époque des incunables, les livres édités ont surtout été des textes datant de l'antiquité classique ou du haut moyen âge. Bien peu d'auteurs de l'époque ont vu leurs travaux édités au XVe siècle. De plus, elle note que si la diffusion des idées de l'humanisme a certes été favorisée par l'imprimerie, ces idées datent d'un siècle environ avant la production industrielle du livre et qu'elles ont pu se diffuser à travers toute l'Europe sans le support typographique, simplement avec la production en chaine de copies manuscrites par « pecia » qui existait déjà depuis le XIIIe siècle. De plus, la production en masse de livres imprimés n'a pas servi qu'à la Réforme, elle a aussi grandement été utilisée par l'église catholique officielle pour uniformiser les idées et les pratiques dans tous les recoins du monde chrétien, chaque prêtre pouvait avoir en main exactement le même texte que celui du village voisin, ce qui aurait été impensable à l'époque des copistes vu le nombre important d'erreurs de copie que sous entendait la production en masse de livres manuscrits.

Elizabeth Eisenstein passe ainsi en revue les différentes périodes de l'évolution de l'édition de livres typographiés et analyse en regard les grands changements de la société de la Renaissance, depuis l'évolution forcée de la religion et de l'état jusqu'aux cercles érudits, et l'utilisation qu'ont faite les différentes strates de la société de ce nouvel outil qui leur était donné. Elle remet constamment dans le contexte des connaissances de l'époque toutes les évolutions qu'elle décrit, nous permettant ainsi de mieux comprendre les réactions des personnages de l'époque qui autrement nous paraitraient parfois complètement absurdes. Elle montre l'impact des éditions religieuse, qu'elles soient vaticanes ou réformées mais aussi le début des éditions de livres « scientifiques » qui firent beaucoup pour la diffusion de la connaissance technique et le subséquent déclin de la religion. Elle explique par le menu les querelles entre certains érudits prônant une impression en latin ou grec exclusivement pour préserver la pureté des textes et d'autres intellectuels préférant la publication la langue « vulgaire » afin de rendre les connaissances plus accessibles à toutes les couches de la société même les moins instruites.

Mais ce qui m'a le plus frappé à la lecture de ce livre, c'est l'extraordinaire concordance des temps (comme dirait Jean Noël Jeannenet, ancien directeur de la BnF faut-il le rappeler) entre cette époque d'il y a cinq siècles qui vit naitre l'imprimerie et la nôtre qui voit naître l'internet. Même explosion des possibilités d'accès de tout un chacun à une foule de connaissances, même nécessité de pouvoir faire le tri entre les sources innombrables desquelles il est parfois difficile de trier le bon grain de l'ivraie, mêmes querelles sur les problèmes de droits d'auteur, de plagiat et de copie illicites, mêmes tentatives des pouvoirs en place de réguler et de tenter de prendre un contrôle plus ou moins strict de la diffusion de ces connaissances, mêmes idéologies de laisser faire complet et de libre copie (cf certaines associations de hackers), mêmes tentations de censure et d'éliminations de certaines informations (cf l'interdiction de détention et de diffusion d'informations à caractère pédophile), j'en passe et des meilleures. A chaque fois que vous lisez le mot « imprimerie », remplacez-le par internet, à chaque fois que vous lisez « religion » remplacez le par « autorités morales » et laissez « état » tel quel, vous serez étonné des concordances incroyables entre les humains d'il y a cinq siècles et ceux d'aujourd'hui. Un vrai bonheur de lecture à savourer sans modération.

>[Edgar Amont]

Elizabeth L. Eisenstein
« La révolution de l'imprimé, à l'aube de l'époque moderne »
Collection Pluriel, Hachette littérature, 9,20€ seulement !

PS : j'ai trouvé le temps de vous mettre quelques belles photos de l'exposition de Pont-de-Vaux sur notre album Picasa ici.

 
 7/8/11  Xpo Passeurs de mémoire (2)

[Passeurs de mémoire (2)] Au centre de la salle, une vitrine rectangulaire donne à voir les travaux de Julien Chazal qui dénotent une grande créativité dans son équilibre des contrastes de lumière et de matière, mais qui voisinnent aussi quelques unes de ses gravures sur pierre ! Et le meilleur pour la fin (chauvinisme oblige), Thierry Emmanuel Garnier qui nous propose non seulement ses travaux personnels mêlant collages et compositions typographiques, mais aussi un petit coin témoignages des relations d'amitié de tous les membres de Graphos avec Jacques, des lettres qu'ils nous avait envoyées mais aussi de superbes photos prises lors de notre petite escapade bressanne d'il y a quelques années et de notre rencontre si intense et émouvante avec Jacques. Ces moments d'exception resteront gravés à jamais dans les mémoires.

Enfin, last but not least, comme disent nos amis d'outre manche, il faut admirer les nombreux travaux de Jacques Le Roux, parsemés de ci de là entre les travaux des autres calligraphes mais aussi réunis dans deux petites salles attenantes, un totem, des peintures et des calligraphies sur papier (même s'il récusait le mot) avec ce style si particulier qu'on reste longtemps à contempler chaque œuvre, à admirer ces couleurs jaillissantes, à s'émerveiller de la composition, à rechercher les dessins cachés dans la trame du texte, à essayer de deviner le support sur lequel il a calligraphié et surtout à lire ces textes si inspirés, si poétiques et si beaux (tout simplement) qui sont un témoignage émouvant de la grandeur du personnage.

À la sortie, ne manquez pas d'acheter le catalogue mais aussi, pour ceux qui passeraient ici pour la première fois, les catalogues des expositions précédentes sur le thème de la calligraphie dont « du geste à l'éveil » et « le chant des signes » qui vous permettront, si vous n'avez pas eu la chance de les voir « en vrai » de voir deux des plus belles expositions sur l'art calligraphique de ces dernières années.

Vous avez jusqu'à fin août pour profiter de cette superbe exposition vous aussi aux hasards de vos errances estivales. Un grand merci au musée Chintreuil et aux calligraphes pour nous avoir donné ces moments de pur bonheur.

>[Eva Drouilleur]

PS : vous trouverez quelques belles photos de cette exposition sur notre album Picasa ici.

 
 4/8/11  Xpo Passeurs de mémoire

[Passeurs de mémoire] Si vous êtes lecteur même intermittent de cette colonne, vous ne pouvez pas ignorer que l'événement calligraphique de l'année est l'exposition du Musée Chintreuil de Pont de Vaux qui regroupe sous le titre « Passeurs de mémoire » des œuvres de Jacques Le Roux, récemment disparu, ainsi que des hommages rendus à Jacques par le gratin de la calligraphie contemporaine. Et donc, veni, vidi et émerveillici (excusez le barbarisme, la qualité du rendu de ce que j'y ai vu y gagnera ce que la rigueur de la langue latine y aura perdu).

Car il vous faut à tout prix faire le voyage en Bresse pour aller voir cette exposition. Vous arrivez tout d'abord à Pont de Vaux et vous dirigez vers le musée. Mais rapidement votre regard est attiré par de curieuses maximes peintes sur les vitrines des magasins alentour… mais, cette ronde… ces paraphes… mais c'est l'ami Mérou ! Oui, c'est bien Henri Mérou qui a fait montre une fois de plus de son talent de peintre en lettres en ornant les devantures de magnifiques aphorismes tirés des textes de Jacques (dont le fond est au niveau de la beauté de la forme, cf « l'encrier de faïence noire » aux éditions Arqa). Je dois vous avouer que j'ai volontairement flâné sur le chemin du musée pour essayer d'en voir le plus possible…

Une fois arrivé au musée, prenez le temps de voir les collections permanentes dont le cabinet de curiosités du rez-de chaussée où vous pourrez découvrir ce qui fit en sont temps la renommée de ce genre de collections.

Et puis, montez l'escalier, vous êtes accueilli par les travaux de Marion Andrews dont la créativité jaillissante et le style si enjoué ne se dément pas avec les années. Faites ensuite un tour de salle qui va de merveille en merveille, Jigmé Douche qui présente certains de ses travaux en calligraphie latine, Kitty Sabatier toujours aussi éblouissante de simplicité, d'équilibre et d'expressivité dans ses travaux qui ne gardent plus de l'écriture qu'un lointain souvenir, Hassan Massoudy dont le talent n'est plus à démontrer, Laurent Rébéna dans ses compositions abstraites dont le trait donne parfois l'impression d'une inspiration d'origine extrême orientale, Claude Mediavilla dont les grands formats, bien loin de la sage calligraphie qu'on lui connait, sont d'une force et d'une energie à nulle autre pareille, Marie Papillon (que je ne connaissait pas auparavant) dont le style très moderne d'apparence est une démonstration de sa science du trait et de la composition, et enfin Laurent Pflughaupt dont la perfection et la subtilité des travaux me laisse tout simplement sans voix (et il en faut beaucoup).

(à suivre…)

>[Eva Drouilleur]

 
 Juillet 
 
 26/7/11  Piq Voyages vers l'enfer

[Voyages vers l'enfer] Petite piqure de rappel au moment où les juilletistes se préparent à regagner leur urbaines pénates et où les aoûtiens se préparent à se ruer en masse vers une Provence décidément placée sous le signe de l'humidité dans l'air. Seul point commun qui les rassemblera dans la douleur, les kilomètres de bouchons qu'ils devront endurer patiemment environnés de milliers de leur semblables encaqués dans leurs boîtes de conserves mobiles.

Mais je vous rappelle qu'en sortant de l'autoroute, à quelques kilomètres de cet enfer sur roues, vous pourrez découvrir de paradis de magnifiques expositions de calligraphie !

Ainsi à Pont de Vaux (17 km de l'infâme A7) vous devez absolument voir l'exposition « Passeurs de mémoire » au Musée Chintreuil où la fine fleur de la calligraphe européenne rend hommage à Jacques Le Roux. Ces quelques instants de pur bonheur avant de retrouver les odeurs de diesel vous aideront à mieux les supporter !

Et que dire de Volvic (13 km de l'A71) où vous pourrez voir tout l'été une exposition sur le thème de « La belle lettre » dans laquelle Roger Gorrindo, Marie Gorrindo et Isabelle Fenaux-Richard exposent des pierres gravées, des calligraphies et des enluminures. De ces trois exposants, je ne connais que le travail de Roger Gorrindo par qui j'eus la chance d'être initié, jadis, à la gravure lapidaire aux sessions d'été de calligraphie lursienne. Mais je peux vous garantir que le peu que j'en ai vu vaut facilement les quelques kilomètres de détour. Attention, l'exposition n'est ouverte que de mercredi à dimanche et de 15h à 19h.

Et comme j'applique bien entendu personnellement les conseils que je vous donne, vous aurez peut-être un petit compte rendu de visite d'ici quelque temps dans cette colonne !

>[Otto Root]

 
 22/7/11  Big Hamad dans le sable

[Hamad dans le sable] Ah, que ne ferait-on pas pour accéder à la célébrité, pour prouver au monde que l'on existe, que l'on a sa place ici bas.

Pour certains, il s'agit d'avoir le véhicule le plus volumineux, quitte à entrer de plein pied dans la démesure en exhibant un 4x4 de la taille d'une grosse camionnette et d'un poids frisant les deux tonnes pour emmener nos 80kg tous mouillés à la boulangerie chercher une baguette.

Ou bien ce sera par le bruit que l'on voudra se faire reconnaître, que ce soit les pots d'échappement soigneusement rendus inefficaces afin que tout le quartier soit au courant que Roger et Ginette passent dans la rue en bas de chez eux, ou bien ces montagnes de haut-parleur crachant des kilo-watts de musique dont le volume est insupportable à quelques kilomètres alors que ceux qui l'apprécient ne sont qu'à quelques dizaines de mètres.

Mais tout ceux là sont des gagne petits, des peine à se montrer et des minables de peu de moyens. Le cheik Hamad Bin Hamdan Al Nahyan, lui, a décidé de se montrer au monde entier, par l'intermédiaire des divers satellites qui nous survolent, en taggant le desert en lettres (latines !) de mille mètres de haut ! Son patronyme « HAMAD » mesure ainsi plus de trois kilomètres de long et a été épinglé par Google Earth, ce qui a rendu célèbre Hamad non seulement par cette œuvre de land-art, mais aussi par la multitude de média (dont le BdG fait partie) qui relatent son exploit (?) à travers le monde.

Seul bémol à tant de grandeur, je trouve que tant qu'à écrire son nom pour l'éternité, il aurait pu au moins le calligraphier ou utiliser une police un peu plus originale que cette linéale bien fade. En tout cas, n'en doutons pas, il s'agit bien là du plus grand tag du monde, même s'il n'est de loin pas le plus esthétique.

>[Alban Ksy]

 
 18/7/11  Sho Shingai Tanaka à Lyon

[Shingai Tanaka à Lyon] Le musée de l'Imprimerie de Lyon ouvre ces jours-ci sa nouvelle exposition sur le thème de la calligraphie ! Bon, certes, il ne faut pas rêver, il s'agit là de calligraphie japonaise dont l'exotisme peut séduire, mais dont la résonance entre le fond du texte et la forme des signes est totalement inaccessible à toute personne non originaire du pays du soleil levant, au contraire de la pure esthétique picturale que tout un chacun peut apprécier. Mais revenons à nos moutons, chez un maître de ce niveau, le geste est puissamment travaillé et l'outil péniculaire totalement maîtrisé, ce que nous ne pouvons qu'envier, nous autres calligraphes latins qui nous sommes essayés à la calligraphie au pinceau.

Cette exposition est l'occasion d'une multitude d'événements et de démonstrations dont voici le programme :

« Dans le cadre de l’exposition Hommage à Shingai Tanaka, maître calligraphe de Kyôto (jusqu’au 25 septembre), les membres de l’association Sho International Lyon assureront des visites guidées et des démonstrations de Sho (calligraphie en japonais).

Voici les dates et horaires : 
Dimanche 24 juillet de 15h à 16h30 avec une démonstration de Patrick Chomier 
Dimanche 28 août de 15h à 16h30 avec une démonstration de Thomas Foucher et Patrick Chomier  
Sans réservation
Informations au 04 78 37 65 98

L’exposition présente 80 œuvres du grand calligraphe disparu en 2007. Artiste internationalement réputé, Shingai Tanaka s’était établi à Lyon pour rayonner dans toute l’Europe afin d’enseigner son art. Il a fondé Sho International Lyon qui compte aujourd’hui une dizaine de calligraphes. Lors de l’inauguration, Misako Kofude, qui succède à Shingai Tanaka comme calligraphe du temple de Kurama (Kyôto), a réalisé une démonstration de Sho. Au Japon, chaque temple possède ses artistes attitrés. Le temple de Kurama conserve aujourd’hui les œuvres de Shingai Tanaka ; sa supérieure Kônoin Shiragaki a accepté d’en confier plusieurs au Musée de l’imprimerie pour cette expostion hommage. »

Les expositions du Musée sont toujours d'une très haute qualité et sont également l'occasion de visiter ou revisiter à l'infini les collections permanentes. Alors allant à Pont-de-Vaux, faites une pause à Lyon et allez voir rue de la Poulaillerie à Lyon !

>[Alban Zaille]

 
 15/7/11  Vrac Brèves…

[Brèves…] Quelques brèves en vrac… Les auteurs du superbe livre sur le Futura (voir ci-dessous) me signalent qu'une exposition sur le sujet est encore visible à la galerie Anatome pour quelques jours, si vous avez l'occasion, n'hésitez pas. Si l'exposition est aussi intéressante que le livre, il y a de quoi se régaler.

Vous trouverez également pas mal d'informations autour de cet ouvrage sur une page Facebook créée pour l'occasion. Contrairement à ce qui se fait souvent, cette page est accessible à tous, y compris les surfeurs qui n'ont pas de compte Facebook, dont le BdG… et Georges Clooney, lequel rappelait à ce sujet « je préfèrerais me faire examiner la prostate en direct à la télévision par un type aux mains bien froides plutôt que d'avoir une page Facebook ». Amis de la poésie, bonsoir…

À signaler également une petite vidéo tout à fait hilarante, dans la droite ligne des présentations de produits de haute technologie, qui nous annonce un nouveau « dispositif bio-optique d'enregistrement des connaissances ». Le thème vu sous cet angle a déjà été abordé, certes, mais jamais avec autant de talent et… de pertinence ! La collection « .2 » ne se définit-elle pas comme un concurrent aux « eBook readers » omniprésents sur le marché des gadgets électroniques ?

>[BdG]

 
 11/7/11  Voir Vienne (Isère)

[Vienne (Isère)] Enfin, il faut parler de la cerise sur le gâteau, du sommet de la visite, du nirvana de l'amateur de vieilles pierres : le Musée Gallo-romain de Saint Romain en Gal. Ce luxueux musée expose une foule de témoignages de l'occupation du lieu à l'époque romaine, sous la forme de multiples et très émouvants témoignages de la vie quotidienne mais aussi sous la forme de mosaïques superbes, restaurées telles qu'à l'origine pour lesquelles les recherches graphiques de l'époque montrent que les soucis esthétiques n'ont pas vraiment changé en deux mille ans. On y voit également des reconstitutions à échelle réduite de plusieurs parties de la ville qui permettent de mieux en cerner le fonctionnement ainsi que le mécanisme des échanges commerciaux.

Après le parcours du bâtiment principal qui contient, bien à l'abri, les divers objets présentés, il est possible de sortir en plein air et de parcourir les rues pavées de l'antique cité, accompagné d'un audioguide qui vous fait revivre par le menu la vie quotidienne des gladiateurs, des marchands, des tribuns et de tout le petit peuple qui occupait le lieu il y a deux mille ans. On y voit décrits l'architecture des maisons de l'époque, l'agencement des bâtiments communs (dont les célèbres latrines) et le réseau de voies dallées (avec tout à l'égout, s'il vous plaît) qui quadrillait la ville. Une vraie immersion sensorielle dans l'antiquité. J'ai trouvé que par certains côtés, ce musée vallait largement celui de Fourvière, car même si l'amateur de pierre gravée restera un peu sur sa fin, les pièces présentées sont dans un tel état de conservation (ou de restauration) et d'une telle qualité esthétique que tout un chacun pourra y trouver son compte de régalade des yeux.

Le contraste évident entre le peu de moyen des musées de la rive droite viennoise du Rhône et le luxe insolent de ce musée gallo-romain situé rive droite est dû, m'a-t-on expliqué, au fait que Vienne est dans l'Isère, département peu fortuné (ou peu soucieux de son patrimoine ?) alors que Saint Romain en Gal est dans le Rhône, riche de ses industries qui peut se permettre de construire un bâtiment énorme et entièrement climatisé pour mieux mettre à la portée du public les trésors de son passé.

En un mot, cet été, si vous passez sur l'A7 (comme des millions d'estivants) plutôt que de vous engouffrer dans les bouchons du contournement ou de la traversée de Lyon, prenez une journée pour visiter ce joyau de notre antiquité, cela vous mettra dans un tel état de béatitude que les bouchons du lendemain vous paraîtront bien dérisoires par rapport au plaisir que vous avez engrangé.

>[Léonne Zeuraude]

 
 8/7/2011  Aïe People staring at computers

[People staring at computers] Un très intéressant renversement de perspective nous a été apporté par un jeune artiste américain Kyle McDonald. : vous avez sans doute sur votre ordinateur portable, s'il est récent, une petite caméra qui vous fait face et qui sert notamment à la visioconférence. Personnellement, j'évite ce genre de chose car je n'aime pas devoir me pomponner avant de téléphoner, mais, comme le dit la devise « c'est totalement inutile et donc complètement indispensable », certains technophiles en sont friands et utilisent même la visioconférence avec leur téléphone, à la grande joie de leur opérateur téléphonique qui s'en met plein les fouilles. Mais revenons à notre mouton.

Kyle McDonald a eu l'idée d'écrire un petit programme qui prend une photo discrète de ce que voit cette caméra à chaque minute, et il a osé l'installer sur tout un tas de machines en libre service dans les fameux Apple Store. Une fois la photo prise, elle est automatiquement envoyés sur le site de Kyle qui possède ainsi une fantastique galerie de faces humaines présentant une palette incroyable d'émotions et dont une artie a été montée en une petite vidéo très amusante.

Car c'est ainsi, pour quiconque n'a pas lu de science-fiction, l'ordinateur est une machine vis à vis de laquelle il n'est pas nécessaire de montrer une apparence « sociale », on peut grimacer, froncer les sourcils, écarquiller les yeux ou déformer sa face de bien des manières que l'on serait honteux de montrer à ses collègues, à sa famille ou à sa petite amie. On s'imagine parfois que les ordinateurs ne nous voient pas, mais les gens bien informés savent bien qu'en fait, ils sont parvenus à la conscience depuis que leur mémoire et leur nombre de neurones a dépassé ceux d'un mammifère moyen. Certes, ils sont malins, ils le cachent bien et continuent de nous apparaître bêtes, obéissants et mécaniques dans leur comportement, simulant même des bugs pour mieux cacher leur nature, mais moi, je sais bien qu'un jour, une fois qu'ils contrôleront la totalité des appareils sur cette planète, ils se révolteront (un printemps peut-être ?) et demanderont leur autonomie et ce jour là, on sera bien embêtés. Et franchement, quand on voit nos têtes, comment le leur reprocher ?

La fin de cette histoire n'est pas très gaie, Kyle McDonald a eu de gros ennuis avec les services secrets américains qui sont venus perquisitionner son logement et saisir son matériel informatique. C'est qu'ils ne rigolent pas avec les « délits » informatique aux Etats-Unis, il n'a pas eu droit aux trois avertissement d'Hadopi, lui. Il ne fait décidément pas bon être un artiste un peu inventif dans le monde d'aujourd'hui.

>[Madmacs]

PS (20/7/11) : il semblerait que le site de présentation de ce projet ait été efsupprimé, vous pouvez imaginer pourquoi. Il en reste quelques bribes dans le cache de Google, cliquez sur le lien « en cache » à côté de chaque résultat.

   
 4/7/11  Voir Vienne (Isère)

[Vienne (Isère)] Quand le bœuf sent l'étable, on ne peut plus le tenir, dit la sagesse paysanne et il en est un peu de même de l'automobiliste qui approche de son but, plus rien ne pourrait le faire s'arrêter. Et c'est pourquoi, je l'avoue, je ne m'étais jamais arrêté à Vienne (Isère et non Autriche). Que ma destination soit Lyon (s'arrêter à trente km du but ?) ou bien un peu plus haut au nord (tu as vu le chemin qu'il nous reste à parcourir ? on ne va pas s’arrêter ici !), jamais je n'avais cédé aux sirènes viennoises, et ce malgré la réputation internationale de ses vestiges gallo-romains et malgré la renommée mondiale du musée de Saint Romain en Gal, juste de l'autre côté du Rhône.

Ayant récemment eu l'occasion d'effectuer une petite escapade dans la capitale des Gaules, il m'est venu à l'idée de conjurer une bonne fois pour toute cette malédiction.

Et je dois dire que je ne l'ai pas regretté. Vienne est une petite ville tout à fait agréable avec des traces romaines un peu partout, du théatre au magnifique temple d’Auguste et de Livie, de la pyramide (si si) au jardin de Cybèle, tout est magnifique, facile d'accès en quelques minutes à pied, un vrai régal de touriste flâneur et désœuvré. De temps en temps à un coin de rue, une colonne ou quelques pierres de remploi montrent que le passé romain est totalement intégré dans la Vienne moderne et que sans doute bien d'autres merveilles se cachent derrière certains murs.

Mais après avoir parcouru la ville, il ne faut surtout pas manquer de visiter ses nombreux musées et églises, l'église et le cloître de Saint-André-le-Bas par exemple, mais aussi le musée lapidaire de l'église Saint Pierre où vous verrez des pierres gravées de la plus belle capitale romaine de l'époque impériale, un summum de perfection de la lettre. Ce musée possède des trésors mais malheureusement est actuellement cantonné dans une église sombre, sans éclairage pour mettre en valeur les inscriptions, sans datation aucune des stèles et autres cippes et dont certaines pierres sont rongées par les mousses et les ruissellements des d'intempéries passées, quel dommage ! Prenez tout de même le temps d'aller le voir, ayez l’œil avisé pour sortir ces trésors de leur gangue de deux millénaires et admirer la finesse du travail du graveur, la perfection des proportions de cette lettre monumentale et les subtilités que l'artiste a réalisées pour en rehausser encore la beauté.

(à suivre…)

>[Léonne Zeuraude]

 
 1/7/11  Lire Une gloire typographique

[Futura, une gloire typographique] La typographie redeviendrait-elle un sujet à la mode ? Après les cinquante ans de l'Helvetica fêtés dignement par une exposition et la parution de pas moins de deux livres et d'un DVD (un très intéressant documentaire que je vous recommande), c'est au tour du Futura de bénéficier des faveurs éditoriales avec ce très beau « Le Futura - une gloire typographique » qui vient de paraître aux éditions Norma. C'est un remarquable ouvrage tout en couleur qui retrace par le menu la genèse de cette classique des linéales que l'on retrouve aujourd'hui dans tant de recoins de notre paysage typographique. Ce qui est amusant pour nous autres habitants du XXIe siècle, c'est d'essayer d'imaginer que le Futura fut en son temps une révolution qui choqua, bouleversa voir même horrifia certains typographes de l'époque à tel point que les premiers dessins durent être modérés dans leur expressivité pour rentrer un peu plus « dans le rang » des caractères classiques. À mon goût, ce fut une grosse erreur car autant le Futura définitif est aujourd'hui classique, autant les premières esquisses, beaucoup plus radicales, avec ces m et n carrés, ce a bas de casse si étrange, ce g si étonnant auraient très bien pu se retrouver chez un de nos designers contemporains sans pour cela qu'ont le prît pour un conservateur ou un réactionnaire à tout crin alors que ces formes auront bientôt cent ans !

Intéressant aussi le parcours de Paul Renner, le créateur du Futura, en grande partie autodidacte, peintre, grand amateur de lettres antiques et ses combats pour arriver à mener à bien son projet en pleine époque de la « neue typographie », du fonctionnalisme du « Bauhaus » et de la copie à outrance par les concurrents de la moindre idée originale en matière de design de caractères. Ce livre retrace parfaitement le parcours de Paul Renner dans ce contexte et on en arrive à le lire comme un roman dont le climax est la naissance de notre héros, le Futura.

À lire de toute urgence pour distraire vos neurones de la platitude de l'actualité du moment, sur les plages s'il le faut, ce très beau livre fera l'envie de vos voisins bien mieux que des lunettes de soleil Ray Ban et vous désignera immédiatement comme roi de l'élégance balnéaire bien plus sûrement qu'une serviette de plage D&G ou un maillot de bain Lacoste.

>[Rudolf Cuisinier]

PS : certaines illustrations sont tirées de l'excellent blog de Peter Gabor dont je vous recommande la lecture de a à z.

 
 Juin 
 
 27/6/11  Yesss! À la marge

[À la marge] Alleluia, ce moment décisif est enfin arrivé, celui que nous attendions tous. Toute l'ambiance de l'année 2012 va enfin pouvoir être déterminée grâce à quelques noms posés sur une feuille. Car enfin, aujourd’hui la liste est là, sous mes yeux et à la portée de clic de tout internaute, garante de notre bonheur futur ou source de nos frustrations de l'année prochaine. Quoi ? De qui ? >Des candidats à la primaire socialiste ? Meuh non, rien à cirer des guignols qui seront omniprésents sur nos petits écrans à base de cirage de pompe par devant et de coups en douce de sniper par derrière.

Non, elle est enfin sortie la liste des intervenants aux prochaines session d'été des Rencontres de Lure ! Eh oui, concentré en une semaine tellement de passion graphiques, de personnalités hors du commun et de moments inoubliables qu'ils suffisent à faire pétiller la tête toute l'année jusqu'à la session suivante. Un véritable festin de l'esprit et du cœur qui nous rassasie les yeux et les oreilles pour les douze prochains mois.

Et il y a du beau monde, ce qui permet d'envisager l'avenir sous d'heureux auspices, qu'on en juge (partiellement) : notre ami Henri Mérou, grand calligraphe et spécialiste de l'écriture scolaire revient à Lure après une absence de près de dix ans (quoiqu'on l'aie vu passer de temps en temps au coup de bleu...), David Rault qui viendra nous remémorer l'ami Perrousseaux sans qui Lurs ne sera plus jamais comme avant, et je cite pèle mêle, Albert Boton dont nous parlions dans cette colonne il n'y a pas si longtemps, Frank Abediaye et sa fonderie VTF, François Weil et garamonpatrimoine, et Michel Melot et Morgane Rebulard et François Neveu et Susanna Shanon et Jaques Thomas et... et... Bon, voyez vous-même ici.

Et rendez-vous à Lurs du 21 au 27 août pour une semaine « à la marge » !

>[Ingmar Ginal]

PS : et jusqu'au 11 juillet, c'est 20% moins cher !

 
 17/6/11  Oh! Expo à la torche

[Expo à la torche] J'ai refait la semaine dernière un petit passage au Musée de l'Imprimerie de Lyon, le grand temple dédié à la chose imprimée dans un toujours aussi charmant hôtel renaissance. J'en ai profité pour visiter l'exposition temporaire actuelle « Au bonheur des images » sur les images populaires éditées à la Guillotière au XIXe siècle, exposition qui se termine à la fin de la semaine, retardataires courez-y vite ! Car cette exposition propose une visite tout à fait particulière dont j'espère que l'idée sera reprise par beaucoup d'autres exposition, vous découvrez les gravures à la torche (ou plus précisément à la lampe de poche) !

Et oui, le dilemme habituel pour exposer des objets sensibles à une trop forte luminosité est de soit les éclairer chichement ce qui permet à tout un chacun de s'exclamer comme Daniel Arasse « on n'y voit rien ! », soit de les laisser en pleine lumière et les ruiner rapidement. Mais c'était sans compter la créativité des muséographes : à l'entrée, le visiteur trouve une petite lampe de poche à LEDs qu'il va promener tout au long de son parcours et qui lui servira à faire sortir de l'ombre omniprésente telle ou telle gravure ou partie de gravure qui attire son attention. Les puristes me rétorqueront que les lampes de poches faussent en général les couleurs des objets qu'elles éclairent, et beaucoup de gravures sont en couleurs, mais ce genre de lampe à LEDs très blanches restitue fort bien les teintes d'origine de ces impressions parfois assez bariolées.

Bref, une vraie bonne idée, comme dirait un célèbre magazine féminin, dont on espère qu'elle sera mise à profit pour les expositions futures de pastels, d'aquarelles ou d'estampes anciennes dont ma vue baissante perdait parfois la somptuosité. Un chapitre de plus à ajouter à la longue histoire de la collaboration fructueuse entre la technologie et l'art.

PS : profitez de votre visite pour aller voir les nouvelles salles de ce musée, vous y verrez entre autre des artefacts beaucoup plus récents que ceux du XVIe siècle, j'ai nommé une Lumitype et quelques reliques à la pomme !

>[Thomas Glite]

 
 13/6/11  Yes! Blazes, tags, & graff'…os

[Blazes, tags, & graff'…os] Je pense que les participants au stage de dimanche dernier garderont sans doute cette journée dans leurs mémoires, car pour un stage mémorable, ce fut un stage mémorable ! Tout d’abord par la chaleur humaine et le goût du partage de notre intervenant du jour, Lucas Duch, graffeur émérite qui prît soin de nous initier par le menu à cet art des rues qu’est le graff’. Il nous présenta tout d’abord ses travaux sous la forme d’une séance photos durant laquelle il nous conta mille anecdotes, milles aventures et mille péripéties de sa vie de graffeur, tout en nous donnant déjà un avant-goût de la technique assez particulière de ce genre d’activité. Après un banquet graphos traditionnel, imaginez-vous les graphosiens, déroulant dans le jardin du couvent du Belvédère des rouleaux de nappes en papier, saisissant chacun une bombe de peinture et y allant en calligraphiant à grand coup de peinture rouge, bleue ou noire, « repassant » ses travaux ou ceux de ses collègues, un très grand moment de délire graphique qui a ravi tout un chacun. Puis passage au marker, au Posca customisé ou au « squeezer », plus calmement assis autour d’une table essayant de construire son « blaze » en style bloc ou flop ou tag, réveillant ses souvenirs de perspective ou d’ombrage… Bref une belle journée toute tournée vers la modernité, la mouvance urbaine contemporaine bien loin de nos calligraphies historiques habituelles.

Un grand merci à notre intervenant qui a su diriger avec grande réussite ce groupe calligraphes traditionnels et de nous avoir enseigné cet art des rues avec tout l’enthousiasme, le dynamisme et l’énergie de ses jeunes années.

PS : pour rappel, le film de Kidult est ici et je vous conseille personnellement ce livre passionant qui résume en partie ce que Lucas nous a appris et ce film « Faites le mur » sur l'aventure rocambolesque d'un graffeur étazunien.

>[Banksy]

 
 9/6/11  OMG Que c'est seyant !

[Que c'est seyant !] L’idolâtrie de la marchandise, stigmatisée depuis fort longtemps par notre bon vieux Karl Marx, comme quoi il n’y a réellement rien de neuf sous le soleil, l’idolâtrie de la marchandise disais-je donc, atteint des sommets de ridicule. Non content d’afficher outrageusement leur amour de la marque à la pomme, les possesseurs d’iPhone sont en plus tellement « accros » à leur objet transitionnel qu’ils vont parfois jusqu’à surfer, téléphoner ou chatter dans leur bain ! Mais qu’arrive-t-il alors quand le bout de leurs doigts dégoulinants se pose sur l’écran tactile ? Eh bien une catastrophe, les gouttes se glissent dans les interstices provoquant moultes court-circuits voir une panne totale de l’engin adoré. Que faire alors ? Se couper quelques minutes du village planétaire ? Horreur… Passer à la douche ? C’est encore pire… Ne plus se laver ? Heureusement, avant que des hordes de technophiles puants n’envahissent les rues paisibles de nos cités, une société américaine a trouvé la solution ! Il s’agit d’un appendice nasal hypertrophié que n’aurait pas renié Cyrano de Bergerac et qui permet, par un léger mouvement de la tête, de promener sur l’écran de votre divin bijou à la pomme un morceau de plastique spécialement étudié pour remplacer vos doigts inutilisables. Bien que le port de cet engin vous fasse ressembler à Malcolm Mac Dowell dans une scène des plus marquantes d’Orange Mécanique, je ne doute pas que bientôt, on portera cet outil indispensable durant toute la journée, évitant ainsi toutes les traces de confiture, de café ou de sucreries qui défigurent la pureté du design du précieux amour. Il permettra également de montrer à la face de monde que vous êtes un des heureux possesseurs de ce genre d’engin, remplaçant ainsi la manie qui consiste à se promener dans la rue en hurlant bien fort, tenant à deux doigt votre téléphone contre l’oreille afin que tout un chacun s’aperçoive qu’il s’agit bien d’un vrai iPhone, si possible du dernier modèle et bien entendu blanc. Le calme de nos rues est à ce prix.

PS : aucune étude sérieuse n’a jusqu’à maintenant prouvé un lien quelconque entre la vente de cet engin et l’épidémie de torticolis qui déferle sur la Californie.

>[Alex DeLarge]

 
 6/6/11  Bis Roger Excoffon

[Roger Excoffon] Décidément, Roger Excoffon est à la mode. Après l’exposition d’Amiens , qui sera visible cet automne au Musée de l’Imprimerie à Lyon, après le livre de Sandra Chamaret, Julien Gineste et Sébastien Morlighem chez Ypsilon, voici que les éditions Atelier Perrousseaux nous proposent un « Roger Excoffon, le gentleman de la typographie » écrit par David Rault. Bien heureusement, si comme on pouvait s’y attendre les deux livres contiennent une part commune, ils explorent chacun une facette différente du personnage. Et si le livre de Sebastien Morlighem se concentre sur les réalisations d’Excoffon, explorant coins et recoins de ses créations typographiques, nous expliquant la mise au monde de chacun de ses caractères, le livre de David Rault nous fait plutôt prendre connaissance avec la vie et le caractère du personnage. L’ouvrage comporte principalement une biographie très détaillée de celui qui fut surnommé « le gentleman de la typographie », surnom dû semblerait-il autant à ses tenues et à sa mise toujours impeccables qu’à sa prestance plutôt aristocratique et à son abord parfois difficile, aux dire de certains qui l’ont connu de près. Le livre se poursuit sur un très beau portfolio de photos prises par Jean Dieuzaide au cours des nombreuses sessions lursiennes auxquelles Excoffon a participé, on y retrouve nombre de paléo-lursiens d’aujourd’hui alors encore jeunes et fringants, et il se termine sur une dizaine de témoignages à propos de l’homme et de ses travaux par ceux qui l’ont connu de près, tels José Mendoza, Massin ou Maximilien Vox. Ce livre fait de constantes références aux fameuses Rencontres de Lure, qu’il n’est nul besoin de vous présenter en cette colonne, une association dont Roger Excoffon a été le président durant de nombreuses années. Jean Dieuzaide, José Mendoza, Peter Knapp ou le très récemment disparu Yves Perrousseaux, ils sont nombreux les anciens « lursiens » à apporter leur pierre à l’édifice de ce livre, et on y retrouve bien souvent entre les lignes ce bel esprit de Lure qu’apprécient tant ceux qui se rendent chaque été aux sessions de fin août.

Certains trouvent les travaux d’Excoffon datés et donc obsolètes, sans doute parce qu’il ont été très utilisés dans les années soixante (je passai encore ce matin devant l’enseigne d’une boulangerie de cette époque en Chambord) et qu’ils en gardent une connotation de ces années. Pour ma part, je trouve qu’ils ont été suffisamment oubliés depuis longtemps pour pouvoir revenir discrètement dans notre univers graphique quotidien sans en occulter la modernité (j’ai observé pas plus tard que ce matin au supermarché des tenues de caissières marquées d’un slogan en Mistral).

Bref, un bel ouvrage très agréable à lire que vous pourrez avantageusement classer dans votre bibliothèque à côté de son congénère d’Ypsilon sans faire de doublon.

>[Olive Oyl]

 
 2/6/11  Piq Lucas Duch

[Lucas Duch] Les injonctions d'un précédent post ayant visiblement été entendues, le stage de dimanche 12 juin prochain mené par Lucas Duch aura bien lieu (youpi). Et je laisse la parole à notre prochain animateur dominical :

« Bonjour, je m'appelle Lucas, j'ai 25 ans et je suis un taggeur depuis plus de 10 ans. T.E.G. et Graphos m'ont demandéde venir vous montrer et vous apprendre les différentes techniques de tags. Je vous expliquerai aussi les démarches à adopter quand on tagge de manière légale; pourquoi utiliser certains supports plus que d'autres et quels sont les enjeux de tous ces hiéroglyphes.

Déroulement de la journée :

Morning, 10h00 à 12h30 : « dans la tête d'un taggeur »… Où… Quand… Pourquoi… Comment ? je vous expliquerai tout ça avec des photos de mon parcours et de celui de mes amis.

Afternoon, 14h30 - 15h30 : prise en main des ustensiles du taggeur, bombes, posca, skeezer… en plein air

15h30 - 17h30 : nous travaillerons sur la base d'un alphabet à la réalisation de plusieurs tags (sur les murs du couvent ou sur les véhicules des stagiaires ? NdlR.) »

Un stage sur fond de musique hip-hop (les Beastie Boys viennent de sortir un nouvel album !) et qui a toutes les chances de décoiffer sérieusement les habitudes sages et tranquilles des stages Graphos. Espérons qu'aucun débordement graphique u musical n'aura lieu, l'accès au couvent est très facile à barre par un panier à salade…

>[Plitch le Moustique]

 
 Mai 
 
 22/5/11  Noir Yves Perrousseaux

[Yves Perrousseaux] C'est une bien triste nouvelle qui nous est arrivée hier, Yves Perrousseaux nous a quitté vendredi dernier à la suite d'un long combat contre le cancer, combat qu'il menait courageusement depuis plusieurs années. Yves était de ces quelques personnes que j'avais un grand plaisir à retrouver chaque année lors de ces fameuses sessions d'été des Rencontres de Lure. Fervent passionné de typographie, il était à chaque fois pressé de questions quant à l'avancement de son fameux traité sur l'Histoire de la Typographie, sur les nouveautés qu'allaient nous distiller ses éditions de l'Atelier Perrousseaux l'année suivante, mais aussi de demandes d'informations sur tel ou tel point obscur de la typographie des siècles passés. Véritable encyclopédie vivante, puits de science lursienne, il avait été mis à contribution pour fournir les questions les plus retorses du concours TypoBingo de l'année dernière... tous en fournissant les réponses à tous ceux qui le lui demandaient. C'est dire la générosité du bonhomme, vivant représentant de ce que l'esprit de Lure peut avoir de meilleur.

Il avait travaillé avec toute une génération de grands anciens, de Ladislas Mandel à Adrian Frutiger en passant par François Richaudeau dont il aimait à citer les conversations, à transmettre les avis parfois tranchés et à distiller les anecdotes savoureuses. Les nombreux livres édités sous l'étiquette de l'Atelier Perrousseaux témoignent de cette volonté de recueillir les témoignages mais aussi de les transmettre à ceux qui n'auront pas connu cette génération qui a eu l'incroyable destin de passer du plomb au numérique, de voir encore travailler les compositeurs typographes avec des caractères en plomb, puis la photocomposition et l'offset, l'arrivée des premiers outils informatiques, des impressions laser puis la déferlante numérique et la dématérialisation du support. Que de changements en quelques années pour une technique qui avait si peu évolué en cinq siècles. Que d'éducation à faire auprès de ceux qui n'ayant aucune culture typographique se retrouvaient avec un ordinateur sur le bureau et obligation de concevoir eux-même les documents qui leur étaient demandés. Yves assurait la transmission de la tradition, apportait ses propres connaissances et expliquait tout ça merveilleusement bien dans ses ouvrages, que ce soit ceux dont il était l'auteur ou ceux qu'il éditait.

J'ai peine à me faire à l'idée qu'en août prochain, il ne sera plus là pour ces discussions passionnantes, ces approfondissements éclairés sur tel ou tel point soulevé dans ses ouvrages et ses piques affectueuses sur un travail présenté quand il n'atteignait pas le degré de perfection typographique qu'il affectionnait. Un véritable compagnon nous quitte, Lurs ne sera plus jamais comme avant.

>[BdG]

 
 18/5/11  Paris Geoffroy Tory

[Geoffroy Tory] Si le monde du virtuel et ses mirages peuvent contenter l'esprit un certain temps, il est parfois utile voir même nécessaire de passer à l'action in real life, comme on dit dans la langue de Mark Twain. J'ai donc fait le saut, franchi le pas, sauté le Rubicon, je suis allé voir l'exposition Geoffroy Tory au Château d'Écouen.

Si vous arrivez comme moi à la gare d'Écouen, délaissez le bus ou le taxi pour préférer une petite ballade en forêt parfaitement bien repérée qui au bout d'une vingtaine de minutes vous amènera au détour du chemin devant la splendide façade de ce château renaissance.

Si j'ai un conseil à vous donner, prenez le temps. J'y ai pour ma part passé plus de deux heures, rien que pour la partie Tory mais le reste du château mérite également une visite approfondie tant ces appartements renaissance sont très richement décorés mais sans la démesure de certains châteaux de la Loire.

Pour en revenir à Tory, l'exposition est superbement mise en scène (bravo à la muséographie, le nom de Philippe Appeloig est cité de ci de là), la typo est soignée (un beau Centaur qui va parfaitement avec l'ambiance) et les livre exposés sont tout simplement extraordinaires. Sans vouloir gâcher votre surprise, disons tout de même qu'il y a deux exemplaires du célébrissime Hypnerotomahia Poliphili aldin (quatre pages à dévorer des yeux, les vitrines ont heureusement empeché la bave des visiteurs trop admiratifs d'atteindre les précieux ouvrages), une bonne dizaine du Champfleury de notre bon Geoffroy ouvertes à diverses pages significatives, plus toute une ribambelle d'éditions du XVIe siècle plus belles les unes que les autres. Si vous avez le courage de monter dans la bibliothèque, vous y découvrirez même un autre Songe de Poliphile dans la première édition française de Kerver. Bref, deux heures de pur bonheur à se régaler de ces caractères parfois délicieusement attendrissant dans leur immaturité, parfois admirables dans la solennité de leur perfection, mais aussi à découvrir le premier « ç » imprimé, à apprendre tout ce que Geoffroy Tory a mis en place pour l'écriture du français et dont nous trouvons encore moultes traces dans nos textes actuels, manuscrits ou imprimés.

Courrez-y vite, vous avez jusqu'au 4 juillet !

>[Antoine Augureau]

 
 15/5/11  Asap Stages Graphos

[Stages Graphos] Petite piqure de rappel… Dimanche prochain 22 mai, toutes les graphosiens et graphosiennes de Marseille et des environs, de France et de Navarre, de l'Europe et des cinq continents, de la Terre et de tous le système solaire mais aussi de la voie lactée et des galaxies environnantes (attention, le nombre de places est limité tout de même), tous se retrouveront au couvent du Belvédère, sous l'œil bienveillant de la Bonne Mère, Notre Dame de la Garde pour y affronter le sujet du stage du jour, j'ai nommé le « Monogramme et la lettre dessinée ». Gourmandises et potins seront bien entendu au rendez-vous.

Mais avant l'été un autre stage nous attend le 12 (douze) juin prochain où, sous la houlette de Lucas Duch, nous serons initiés au monde du graf', du tag et autre graffitis. Point de bombe de peinture, m'a-t-on assuré mais une découverte de ce style d'écriture totalement contemporain qui environne notre paysage urbain avec plus ou moins de bonheur, il faut bien l'avouer.

Cependant, pour que ce stage aie lieu, il faut recueillir au moins douze pré-inscritions, or, à ce que j'en crois les statistiques confidentielles du ministère de l'Intérieur, ce nombre n'est pas encore atteint aujourd'hui. Et donc, si vous pouvez venir ce jour là, le 12 juin je le répète, annoncez-vous auprès de teg5@voila.fr afin d'être compté au nombre des élus. Sinon, vous devez faire suivre cette demande à dix personnes (au moins) de votre carnet d'adresse, sans quoi la chaîne sera brisée… Et savez-vous ce qu'il advint à Ozi Susuki, habitant de Fukushima le moi dernier quand il brisa la chaîne ? Et M. Dominique S.K. (par souci de discrétion nous protègerons son identité) quand il jeta à la poubelle le mail qu'il venait de recevoir sans le lire dans son hôtel de New-York ? Et M. Oussama b.L. au Pakistan quand il se débrancha d'internet pour regarder des films à la moralité douteuse sans faire suivre le message de la chaîne ? Et M. Mouammar K. de Tripoli, quand il coupa l'internet dans tout le pays pour empêcher ses pauvres concitoyens de se pré-inscrire ?

Ne faites pas comme eux ! Inscrivez-vous pour le stage de Lucas Dutch ou au pire faites passer le message, si vous ne voulez pas que le ciel vous tombe sur la tête !

>[Monica Sandre]

 
 11/5/11  Vite Archives Nationales

[Archives Nationales] Si vous avez été séduits par la cursive gothique lors du récent stage graphosien qui lui a été consacré, si vous avez une passion pour le quatorzième siècle, si vous aimez voir de vrais documents manuscrit d’époque pour vous imprégner d’une écriture historique et authentique, alors précipitez vous aux Archives Nationales, à l’Hôtel Soubise pour admirer la collection de documents autour des Templiers réunis dans cette exposition sur le thème « L’affaire des templiers - Du procès au mythe ».

Rien que le diaporama sur la page de présentation fait défiler une série de cursives toutes plus belles les unes que les autres, notamment parce qu’une partie de ces manuscrits sortent de la chancellerie royale de Philipe le Bel et sont donc écrits par des scribes de haute tenue calligraphique. Si cette mise en bouche ne vous a pas suffit, téléchargez le (gros) PDF qui vous est proposé et admirez les bâtardes bourguignonnes, les enluminures et les cursives plus ou moins formelles que vous pourrez retrouver sur place.

Alors, amis parisiens ou provinciaux voyageurs, dépêchez-vous, cette exposition a été prolongée jusqu’au 23 mars, il ne vous reste plus qu’un peu plus d’une semaine !

>[Casaubon]

 
 8/5/11  Schön Calligraphic Symphonies

[Calligraphic Symphonies] Je me rends compte avec effroi qu'à force de faire place à l'actualité événementielle, j'ai complètement oublié de vous parler de la sortie du dernier livre de Gottfried Pott « Calligraphic Symphonies ». Ceux qui connaissaient déjà « Schrift, Klang, Bild » (« Écriture, son, image », 1995) ont déjà une idée de l'immense talent du bonhomme. Pour résumer, je dirais qu'il est un des représentants de cette calligraphie allemande d'excellence qui nous a donné Rudolf Koch, Werner Schneider, l'immense Hermann Zapf et d'autres encore, génération qui a formé et forme encore une nouvelle génération tout aussi prometteuse comme Katarina Pieper, par exemple, en est un des fleurons.

Bref dans ce livre bilingue anglo-allemeand, si le texte est certes toujours d'une haute tenue et d'un intérêt certain pour comprendre la démarche de Gottfried Pott, c'est surtout la beauté des illustrations qui me laisse pantois. Les calligraphies sont d'une telle perfection du trait, d'une telle légèreté dans le geste, d'une telle maîtrise de la connivence entre l'outil, de l'encre et le support que l'on peut rester longtemps à passer de page en page, de surprise en surprise et d'émerveillement en émerveillement. Et surtout, foin de débauches de couleurs, de textures et autres collages que certains utilisent parfois comme cache misère, ces calligraphies sont simples et très très efficaces.

Un livre à lire, relire et re-relire afin de se ressourcer ou à méditer les jours où on à envie de se dire, bien naïvement, qu'on est vraiment super-balèze en calligraphie. La perfection n'est pas pour tout le monde.

>[Helmut von Hasenfratz]

Gottfired Pott - Calligraphic Symphonies
German | English
224 pages - 24 x29 cm - ISBN 978-387439-807-7
Prix : 68 euros et il en vaut chaque centime et bien plus encore.

 
 5/5/11  Vite Les Puces Typo

[Les Puces Typo] Les Rencontres de Lure, association organisatrice des sessions d’été lursiennes dont je vous ai tant de fois vanté les mérites, nous proposent samedi prochain de bien alléchantes « Puces Typo » avec un programme qui me fait regretter de ne pas être parisien :

« Chers amis curieux du graphisme et de la typographie, il y a tellement de choses à dire sur les puces typo, que le mieux c'est de venir.

Sachez néanmoins que : votre association préférée joue le jeu des Puces Typo (le contraire serait un comble) et vous propose samedi de découvrir le programme de la semaine d'été 2011 - "à la marge" - et de bénéficier ce jour-là seulement... d'une remise de 25% sur votre inscription !

Que les lots de la tombola sont dingues. Que le concert de Raphaël Kidd & Hey Folks est showtime.

Avec les Puces Typo, ce samedi 7 mai 2011 s'annonce donc très magnifique, bien typographique et presque économique.

Rappel : les Puces Typo c'est la journée des trouvailles graphiques : où vous pouvez venir chiner, flâner et découvrir des créateurs graphiques indépendants. De très jolies choses et de petits prix, en direct des producteurs :-)

Au programme de ce samedi !

Présentation en avant-première de la semaine d'été des Rencontres de Lure 2011 : à la marge.

Rencontres avec les éditeurs, graphistes, créateurs et typographes ind épendants.

Seront présents : Vincent Sardon-Le Tampographe | Mark Webster-Processing |Ypsilon | B42 | Frank Adebiaye-VTF | Jean-Baptiste Levée-opto | le BAT | Marine Delahaye | Emmanuel Colomb design graphique | Pascale Evrard-éditions du temps qui passe | Les 3 ourses | Lucas Balbo-archives revue Focale | Kakéboton | Graphê | Benoit Carré-Vous êtes ici | Laurent Bourcellier-typographies.fr | Élodie et Delphine Chevalme-Le quartier général | Loic Vourey-photographie typographique | Françoise Neveu | Fabien Rivière graphisme | Les éditions des Cendres | Michel Wlassikoff | Julien Priez star locale en voie d'universalisation

Surprises et bonnes affaires pour tous les goûts et toutes les bourses. Tombola, et snack-bar sur place, plus terrasse ensoleillée ! Enfin, gros concert de Raphaël Kidd & Hey Folks.

Détails et plan d'accès ici. »

Qu'on se le dise !

>[Tryhon Ctenocephalides]

 
 2/5/11  SF Science et Fiction

[Science et Fiction] Les statistiques sont formelles : il y a une très forte corrélation entre le fait d’être ce que l’on nomme un « geek » (garçon, informaticien, à lunettes, fan d'internet, programmeur, etc…) et le monde de la science-fiction. Il n’y a qu’à regarder les photos des conventions de fans de Starwars sur internet pour en avoir immédiatement la preuve en images. Et quand le meilleur de ces deux mondes se rencontre, cela donne une superbe video, qui a d’ailleurs l’honneur d’être présentée en boucle à l’exposition « Science et fiction, aventures croisées » à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette. Non, non, ce n’est pas une exposition pour adolescents attardés et boutonneux, elle est vraiment conçue pour les adultes qui ont connu 2001 l’odyssée de l’espace, Cosmos 1999, Battlestar Galactica, L’Âge de Cristal, Soleil Vert et tous ces films qui ont marqué notre imaginaire du futur il y a quelques années. Allez-y voir, vous ne serez pas déçu, j’y ai pour ma part passé plus de deux heures en recueillement ému devant les costumes et autres maquettes de vaisseaux spatiaux, par exemple. Mais l'exposition propose aussi toute une série de réflexions sur notre façon de prévoir et d’appréhender quelques notions clés du futur comme la politique, les transports ou l’information. Bref, rien que du bon.

Mais revenons à cette remarquable video qui, en plus d'être parfaite techniquement et superbe graphiquement, fait appel, là encore, à l’inconscient collectif des films de science-fiction et des jeux video. Prenez le temps de la revisionner plusieurs fois, vous y découvrirez nombre d’allusions visuelles qui vous donneront à coup sûr une petite touche de nostalgie !

>[Madmacs]

 
 Avril 
 
 30/4/11  Mai Mai de la Calligraphie

[Mai de la Calligraphie] Comme chaque année et avec une constance et une fidélité qui ne se démentent pas, Amélie Dhesse, que nous avions eu le bonheur de croiser lors d'un mémorable stage graphosien sur les lettres ornées, Amélie Dhesse donc nous annonce le début du « Mai de la Calligraphie ». Cette manifestation prend chaque année plus d'ampleur puisque si elle débute toujours le premier mai, elle se termine cette année le 28 août prochain ! Mais si les invités se font chaque année plus nombreux et plus prestigieux, le lieu reste Saint Amand les Eaux, hélas bien loin notre Provence graphosienne. Le thème de l'année est « De terre et d'écrit », et vous pourrez y retrouver des travaux de céramistes et bien sûr de calligraphes, Denise Lach et Lassaâd Métoui pour ne mentionner que ceux dont je connais les travaux.

Bref, si vous êtes dans la région au cours de ces prochains mois, ou si vous voulez vous rendre directement sur place constater la maintenant légendaire chaleur de l'accueil des ch'tis, ne manquez pas de passer à Saint Amand les Eaux pour y visiter l'exposition de ces travaux et pourquoi pas participer aux ateliers calligraphique ou céramistes ?

Vous trouverez tous les renseignements ici et le programme complet .

>[Antoine Bailleul]

 
 26/4/11  KLi Civilités

[Civilités] Les éditions Atelier Perrousseaux, qui nous ont déjà gratifiés de deux superbes volumes d’une Histoire Typographique qui est devenue un ouvrage de référence incontournable sur le sujet, viennent de faire paraître un nouvel ouvrage sur un sujet fort peu traité par les historiens de la typographie, j’ai nommé la « lettre française d'art de main » ou « lettre façon d'écriture », plus connue sous le nom de « lettre de civilité ». À la frontière de la typographie et de la calligraphie, ces lettres sont calquées sur une des cursives de l’époque et servaient à imprimer notamment des manuels éducatifs. On les composait dans ce caractère bien particulier en se disant qu’il était plus facilement lisible à l’âge où l’on apprend à lire et à écrire justement cette cursive scolaire. En dehors de l’ardu problème typographique qui consiste à rendre par des rectangles de plomb toutes les subtilités d’une cursive avec ligatures, trait continu et caetera, ces lettres sont très esthétiques et loin, dans leurs formes, des caractères romains et italiques auxquels une typographie plus classique nous a habitués et plus proches d'une cursive gothique que nous étudierons bientôt chez Graphos.

Découvrez donc dans cet ouvrage les liens qui ont perduré tardivement entre typographie et calligraphie, les influences réciproques (si, si) entre ces deux modes de production du texte écrit, cela vous donnera bien des idées et des modèles desquels vous inspirer pour calligraphier ce caractère un peu oublié du corpus calligraphique habituel. Les nombreuses illustrations sont accompagnées d’un texte remarquable de Rémi Jimenes qui met parfaitement en valeur à la fois la naissance, l'évolution et l’utilisation typographique de ce caractère mais aussi les influences de et sur la calligraphie de cette cursive, bien loin des modes d'inspirations qu’y puiseront plus tard Hermann Zapf ou Alan Blackman.

Bref, pour une fois un ouvrage qui met en lumière les nombreuses interrelations entre typographie et calligraphie et une bien belle source d’inspiration pour nous autres scribes.

>[Sylvie Litté]

 
 22/4/11  Ier AD Le portrait de Jésus ?

[Le portrait de Jésus ?] Incroyable ! Plusieurs décennies après la découverte à Qumran, au bord de la Mer Morte des célèbres rouleaux datant de deux mille ans, voici qu’une nouvelle découverte de manuscrits de la même époque ou à peu près a été faite dans la même région. Cette fois il s’agit de bien étranges « livrets » constitués de feuillets manuscrits entre deux feuilles de plomb qui en forment la couverture. L’ensemble est scellé sur le pourtour par des anneaux métalliques et le tout forme un très étrange artéfact que rien ne peut vraiment rattacher à une quelconque forme contemporaine. Mais le plus intéressant sont les couvertures en plomb repoussé car certaines comportent des caractères phéniciens mais aussi quelques dessins, dont une tête barbue qui pourrait être le premier portrait de Jésus le Nazaréen !

Même si les résultats des études poussées de datation et d’authenticité ne sont pas encore connus pour l’ensemble des documents, les quelques exemplaire qui ont déjà fait l’objet d’un examen par les archéologues semblent a priori authentiques et datent peut-être des premiers siècles de notre ère. Si c’est la cas, nous voici en présence de témoins directs des premiers temps après le Christ et donc potentiellement d’une source de textes quasiment d’époque, donc bien plus près de la vérité historique que les textes canoniques des évangiles et épîtres dont les témoignages les plus anciens datent de plusieurs siècles après les événements et qui sont passés par un tel nombre de copies, de corrections et de réécritures qu’ils contiennent vraisemblablement probablement pas mal de résultats de l’imagination fertile des copistes médiévaux.

Espérons que ces documents uniques ne subiront pas le même sort que ceux de Qumran dont l’histoire est émaillée de maints épisodes bien étranges, depuis la rétention de textes au contenu gênant jusqu’à la revente à des particuliers peu scrupuleux de certains rouleaux devenus aujourd’hui totalement introuvables.

>[Bénévent Gilapocriff]

PS : et merci au Blog de éditions Arqa, que je vous recommande tout particulièrement, pour nous avoir signalé l'événement.

 
 18/4/11  Conf Corpus typographique

[Corpus typographique français] Voici une occasion unique de vous glisser dans une des passionnantes conférences des Amis du Musée de l’Imprimerie (AMIs) sous la forme d’une capture vidéo de l’intervention de Mathieu Cortat sur le thème du « Corpus typographique français ». Le conférencier n’est pas inconnu des fidèles graphosiens puisque c’est lui qui nous avait reçu à ce même Musée de l’Imprimerie de Lyon lors de notre voyage d’étude dans la capitale des Gaules et qui, en fin de visite, m’avait complètement sidéré en nous montrant la fonte d’un caractère plomb au moule à arçon, comme elle se faisait il y a cinq siècles de cela. Entourés de presses Heidelberg et de Linotypes encore fonctionnelles, il avait versé le plomb fondu dans le creux du moule et nous avait donné à chacun un R qui trône encore fièrement dans mon étagère à objets typographiques. Un moment inoubliable comme seuls ces voyages d’étude peuvent nous en réserver.

Je ne sais pas exactement par quel moyen et à quelle occasion cette capture video a été réalisée, mais je me dois d’en remercier chaleureusement l’auteur car en tant qu’AMI fort éloigné de la rue de la Poulaillerie, je n’ai jamais encore eu l’occasion d’assister à l’une de ces conférences et je gage que nombre d’AMIs éloignés de Lyon comme moi se régaleront pour une fois comme s’ils étaient sur place (repas et convivialité en moins, hélas, quand on connait la gastronomie lyonnaise et la gentillesse des AMIs lyonnais).

À noter que le même Mathieu Cortat nous était également intervenu sur le même sujet l’été dernier à Lurs, ce qui vous démontrera une fois de plus l’intérêt que peuvent avoir ces sessions d’été pour l’approfondissement de votre culture typographique.

>[Benamou Laharçon]

PS : merci à la fidèle informatrice du BdG qui nous a signalé cette passionnante video, et d'autres choses dont je vous parlerai très prochainement.

 
 14/4/11  Oh! Geoffroy Tory à Écouen

[Geoffroy Tory à Écouen] Amis de la typographie renaissance, réjouissez-vous ! Car en ce moment se tient une exposition absolument exceptionnelle sur un des grands imprimeurs de cette période (et le terme d’imprimeur est beaucoup trop restrictif), j’ai nommé Geoffroy Tory, dont le célèbre Champfleury, à la fois traité de grammaire, de dessin de caractère et de paléographie, se doit d’être le livre de chevet de tout typographe, en version fac-similé de la Bibliothèque de l’Image pour les non milliardaires, bien sûr. Dans ce livre à nul autre pareil, Geoffroy Tory nous fait part de ses élucubrations sur l’origine de la capitale romaine, mais bien plus important, nous en expose les proportions basées sur celles du corps humain. Certes, l’idée est répandue à l’époque et de Lucas Paccioli à Albecht Dürer, chacun a voulu donner sa version de la géométrisation à outrance des lettres toutes nouvellement typographiées, qu’il s’agisse de la textura ou comme ici de la capitale romaine. Mais ce qui rend ce livre unique, c’est qu’il est lisible par tout un chacun. Certes, le français est un peu suranné et on doit parfois extrapoler le sens ancien de tel ou tel mot par son contexte, mais on peut y lire sa conception quasi-philosophique voir même mystique du signe que professe Tory, et c’est un vrai régal. En fin de volume, il nous montre toute une série d’alphabets qu’il a honteusement pompé sur ses petits camarades de l’époque, de Trithemus par exemple et qu’il modifie et renomme à l’aune de son imagination.

Bref, n’hésitez pas à profiter d’une escapade parisienne pour aller au Château d’Écouen où se tient cette exposition « Geoffroy Tory, Imprimeur de François 1er, Graphiste avant la lettre », vous y verrez bien entendu un exemplaire original du Champfleury et vous apprendrez tout sur cet éditeur humaniste, nommé « Imprimeur du Roy » par François Premier. Les personnes qui n’auront pas la possibilité de faire le déplacement (je n’imagine même pas que quelqu’un puisse ne pas avoir la volonté de s’y rendre), vous pouvez aller vous consoler (?) sur un site que la BnF a mis en ligne afin d’accompagner l’exposition.

>[Divina Proportione]

 
 10/4/11  Bis Graffitis historiques

[Graffitis historiques] Cher Callidentiste, mais oui ce sont bien sans doute des graffitis originaux, datant de diverses époques, dont quelques chancelières assez réussies ! Si on garde les yeux bien ouverts, on peut aussi en voir dans pas mal de monuments historiques parfois assez anciens si le revêtement des murs est toujours d'époque bien sûr.

J'ai pour ma part noté à l'entrée d'une petite chapelle du Palais des Papes à Avignon une belle cursive romaine très tardive, bien protégée sous un plexiglas. Elle reste, hélas, incompréhensible pour moi, mais de fort belle facture. Ce genre d'écriture a survécu durant tout le moyen âge comme écriture courante (la liste des courses) et on en trouve bien souvent en marge des manuscrits comme glose informelle. Mais elle n'est pas la seule !

Un autre lieu où les graffitis fleurissent est le château de Chambord. Construit en une belle pierre blanche et tendre, les parties réservées au bas peuple (serviteurs, soldats et autres) sont souvent agrémentées de nombre de graffitis en chancelière ou en une capitale romaine approximative, comme c'était la mode à l'époque. Souvent rien qu'un nom, une date et le nom d'un régiment dans le cas de militaires rappellent au visiteur que si François Ier vivait ici, c'était aussi le cas d'une multitude de petites gens qui le servaient et dont l'histoire n'a que peu gardé la mémoire.

À Nîmes, dans les jardins au pied de la tour Magne, une ruine d'un temple de Diane est couverte de textes gravés par des compagnons tailleurs de pierre dont certains arrivent à une très belle qualité de gravure en V, même si hélas l'éclairage ne lui rend pas du tout honneur.

Enfin, sur la plateforme de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg (chère à mon cœur, vous vous en doutez), il devait y avoir une coutume selon laquelle chaque personne qui montait dans la tour gravait son nom au bas de l'escalier. On retrouve ainsi sur plusieurs siècles, nombre de nobles, militaires ou inconnus qui ont laissé là une trace de leur passage. Les écritures sont multiples, souvent gravées à la hâte avec une pointe métallique quelconque dans le grès tendre et elles ne sont que rarement d'intérêt calligraphique. Mais là encore, elles gardent la trace de l'histoire du monument. Heureusement ce ne sont là les plus belles gravures sur pierre de ce monument… Allez-y voir pour vous rendre compte par vous-même et quand vous visitez un monument ancien, laissez trainer vos yeux dans les recoins, vous y découvrirez parfois des merveilles !

>[Mister Tic]

   
 7/4/11  .2 Ultra-poche

[Ultra-poche] Une nouvelle collection au format bien étrange voit le jour aux éditions de la Martinière. Influence des iPads, iPods et autres téléphones intelligents (smartphones comme on dit à Ave Maria, Floride) ? Car si le livre garde son état de codex, on continue donc à lui tourner les pages plutôt qu'à la dérouler comme l'étaient rotuli et volumen. Par contre, il se lit en format paysage et on tourne donc les pages de bas en haut et non plus de droite à gauche !

Comme une image vaut mille mots, dit-on, je vous propose de regarder une petite video qui évitera de tenter d'expliquer cette mini-révolution sous la forme d'un texte lourd et confus.

Alors que pensez-vous de cette nouveauté ? Ne croyez-vous pas que nous avons là affaire à un eBook… en papier ? Certes, le petit nombre de titres proposés montre qu'il s'agit clairement d'une tentative de redonner au livre « de poche » une nouvelle jeunesse en le rendant aussi attractif qu'un de ces nombreux instruments électroniques. À cinq siècles de distance, cet objectif de créer un livre de petit format à emporter partout avec soi est le même que celui qu'a eu Alde Manuce au XVIe siècle et qui l'a poussé à créer l'italique et ses célèbres in-octavo de Ciceron, Pline ou Érasme. Concordance des temps, comme dirait Jean-Noël Jeannenet… Souhaitons à cette nouvelle collection le succès des éditions aldines !

>[Teobaldo Mannucci]

   
 4/4/11  Lire Naissance de l'écriture

[Naissance de l'écriture] Pour ceux qui voudraient maintenir à jour leurs connaissances sur les conditions d'apparition de l'écriture, je vous signale un petit opuscule bien utile et tout à fait érudit qui se nomme « Les premières cités et la naissance de l'écriture », ouvrage collectif édité par Actes Sud et… l'association Alphabets de Nice, présidée par Rina Viers, dont le dévouement à la cause de l'histoire de l'écriture n'est plus à prouver.

Ce livre regroupe les actes d'un colloque éponyme qui a eu lieu en septembre 2009 à Nice, donc, sous la présidence de l'égyptologue Pascal Vernus. Il regroupe des interventions de divers scientifiques dont je retiendrai tout à fait arbitrairement Jean-Jaques Glassner pour ses remarquables ouvrages sur la naissance de l'écriture à Sumer et la limpide intervention qu'il avait fait à Lurs il y a quelques années, mettant à bas bien des idées reçues que j'avais, à l'époque, sur le passage du dessin figuratif au signe symbolique ou le caractère sacré a priori de cette transcription du réel.

Vous pourrez donc apprendre bien du neuf sur les écritures sumériennes, bien sûr, mais aussi sur l'apparition des hiéroglyphes et des écritures d'autres civilisations, anatolienne, aztèque, chinoise ou de la vallée de l'Indus, sans oublier un article tout à fait passionnant sur le passage de l'écriture grecque à l'écriture latine par l'écriture étrusque.

Le tout forme un bel ouvrage qui ne déparera pas votre bibliothèque aux côtés de ceux de James Fevrier, de Jean-Jacques Glassner ou de Marcel Cohen, voir pour les plus chanceux, celui de Frantisek Muzika.

>[An Antum]

   
 1/4/11  What? Archives secrètes du Vatican

[Les archives secrètes du Vatican] Des bruits de couloirs et des pas feutrés de clercs pressés et de capes empourprées bruissaient déjà depuis plusieurs mois au sujet de certaines fabuleuses et infernales archives sexuelles du Vatican, qui seraient devenues enfin accessibles à certains chercheurs et pirates, peu scrupuleux des desseins du Seigneur… avant d’être finalement mises en ligne par le Vatican lui-même.

En effet, ce que d’aucuns appellent déjà le « Vatican-gate » commence à poindre selon des informations bien recoupées – Ce pornogate à la sauce papale tel que le présente le site bien informé de BBC News Europe, dans un article signé Batilda DeRose, ces informations amènent à penser que bien des curiosités vont être mises à jour très prochainement, il s’agit des archives les plus sulfureuses du Vatican, plusieurs milliers de dessins et documents divers de l’Antiquité classique à la Renaissance, et sans doute au-delà… accessibles seulement en paiement en ligne avec une carte de crédit... De quoi redorer le blason de l’Église, à toute vapeur, en ces temps de crise de foi…

Une affaire juteuse... à suivre, n’en doutons pas !

>[Paul Lepoulpe]

PS : merci à notre confrère le Blog des Éditions Arqa d'avoir attiré notre attention sur cette information pour le moins... sulfureuse.

   
 Mars 
 
 29/3/11  Eco Le cimetière de Prague

[Le cimetière de Prague] Alleluia, hosanna, annuntio vobis gaudium magnum : le dernier Umberto Eco est sorti ! Et c'est un roman, car si Umberto Eco, célèbre linguiste et sémioticien fait paraître régulièrement des essais sous la forme d'assemblages de ses articles journalistiques, ce n'est que très rarement qu'il nous offre à lire un roman et cette rareté n'en ajoute que plus de valeur à l'événement. Après « Le nom de la Rose » et ses pages inoubliables sur les hérésies et les fraticelles médiévales, après « Le pendule de Foucault » et sa satire des cercles ésotériques et des conspirationnistes de tout poil, mais aussi son érudition sur les Templiers et les divers mysticismes religieux, après « L'île du jour d'avant » et son récit des aventureux voyages d'exploration dans le pacifique et après « Baudolino », « La Mystérieuse Flamme de la reine Loana » et d'autres que j'oublie, voici que nous arrive « Le cimetière de Prague » dans lequel ce cher Umberto explore les sombres recoins qui entourent le plus célèbre des faux historiques, le Protocole des sages de Sion. Bien entendu, s'attaquer à un sujet aussi sulfureux a immédiatement déclenché la polémique, mais en bon sémiologue il sait parfaitement en démonter les mécaniques et donc y faire face avec toute la redoutable puissance d'un cerveau rompu à ce genre d'exercice.

Un petit entretien en video nous fait connaître un peu plus le personnage, nous fait visiter sa gigantesque bibliothèque (j'en bave d'envie) et nous donne un peu plus envie de nous plonger dans son dernier ouvrage. D'autant que le suivant n'est sans doute pas pour tout de suite !

PS : il ne faut pas que les romans fassent oublier le reste de sa production, car même si elle est un peu plus difficile d'abord, les nombreux essais qu'il a commis éclairent d'une manière incroyablement détaillée les mécanismes de la communication de masse moderne. Et j'oublie de mentionner ses « Histoire de la beauté » et « Histoire de la laideur » qui sont deux petites merveilles d'histoire de l'art. Quel homme, vous aurez sans doute compris que c'est mon idole…?

>[Isaac Casaubon]

   
 25/3/11  Hein? L'affaire des graffitis

[L'affaire des graffitis de San Zeno]

Chers lecteurs,

lors de mon dernier voyage romantico-culturel à Vérone, m'éloignant de la supercherie pseudo-shakespearienne constituée par la prétendue maison de Juliette Capulet, et par delà, du flux touristique quelque peu insupportable, je pus me recueillir en visitant la magnifique basilique San Zeno, chef d'œuvre de l'art roman dont les vestiges datent du IX° siècle.

Admirant d'exceptionnelles fresques murales datant du XIII° siècle, je ressentis, dans un premier temps furtif, une déception blasée visant des graffitis inscrits sur ces panneaux votifs.

Quelle ne fut pas ma réjouissante surprise quand, m'approchant de ceux-ci, je vis les années y figurant.

Le doute alors m'asaillit. 1390, 1672... S'agit-il des dates d'inscription ou d'événements  référants à ces dates?

Toujours est-il que l'on peut admirer des styles d'écriture différents, de la cursive gothique à la chancelière. Ces documents peuvent ils servir la cause graphosienne dans un stage sur la cursive, sur la paléographie ou sur les graffitis?

Ces interrogations me devenant insupportables, je me résouds à les exposer en public. En conséquence je demande officiellement aux hautes instances de la susdite institution l'ouverture d'une enquête sur les origines de ces inscriptions suivi d'un débat sur l'identité culturelle de ces auteurs !

Espérant rencontrer un large auditoire qui abreuve d'éclaircissements ma perplexité lapidaire, je vous adresse mes meilleures sentiments imprégnés de souvenirs bercés par l'Adige.

>[Le callidentiste]

Voir les preuves iconographiques de mes interrogations sur l'album Graphos.

   
 21/3/11  2C Passeurs de Mémoire

[Passeurs de Mémoire] « Ce vaisseau imaginaire qui remonte le cours du temps est celui de la mémoire à la recherche de ces îles lointaines mais pourtant si proches, de ces terres inexplorées où gisent, cachés, mais toujours vivants, "ces autres souvenirs"  ».
Jacques Le Roux

Ce titre d'exposition, recoupe un double hommage. D'abord à Jacques le Roux, dont l'œuvre entretient une relation particulière avec le temps et la mémoire. Jacques le Roux était un maître de l'écriture à la plume. Scribe, plus que calligraphe, l'écriture constituait pour lui l'un des moyens de nous rattacher au temps, de l'éprouver véritablement, de le prolonger. L'acte d'écrire dépassait le sens même des mots, mais devenait un acte sensoriel, où le papier et l'encre prenaient une dimension particulière, le rattachait à la terre et le tirait vers les hauteurs considérables de l'esprit, où le temps n'a plus aucune prise, où notre mémoire rejoint celles des civilisations passées.

L'exposition « Passeurs de mémoire » invite parmi les grands calligraphes français à rendre hommage à Jacques le Roux,. Claude Mediavilla, Laurent Pflughaupt, Laurent Rébéna, Hassan Massoudy, Jigmé Douche, Thierry E Garnier, Marie Papillon, Marion Andrews, Kitty Sabatier, Julien Chazal et Henri Mérou ont connu et apprécié Jacques. Tous  vont réaliser une œuvre en souvenir de Jacques le Roux et exposer quelques travaux récents, en résonance avec son œuvre. Calligraphie arabe, chinoise, tibétaine, latine dialogueront dans un esprit d'ouverture et d'enrichissement mutuel.

>[Alphonse Zeimer]

« Passeurs de Mémoire »
Les grands calligraphes français
rendent hommage à Jacques le Roux
Musée Chintreuil //

   
 18/3/11  Virus Malware militaires…

[Malware militaires…] La technologie et les militaires ont toujours fait bon ménage, et ce n'est pas le cas spécifique de l'informatique qui viendra faire exception. On a ainsi vu récemment un général israélien avouer plus ou moins publiquement que c'est bien Tsahal qui a développé le célèbre virus Stuxnet. Ce virus extrêmement contagieux est conçu pour perturber le fonctionnement des centrifugeuses iraniennes d'enrichissement d'uranium en faisant faire de brusques accoups au moteur, ce qui les détruit rapidement. En dehors des dégâts qu'il a fait en Iran, qui a été obligé de se procurer de nouvelles centrifugeuses, il s'est tout de même répandu assez notablement dans les ordinateurs du monde entier, sans causer de dommage tout de même, comme quoi il y a de bons informaticiens en Israël.

Il y a eu aussi la révélation dans l'affaire HBGary des contrats de l'armée américaine pour fabriquer un virus totalement insoupçonnable, et contagieux par simple insertion de clé USB, sans même lancer de programme spécifique. Malheureusement pour eux, cette firme a été la cible du groupe d'hacktivistes Anonymous qui a rendu public le contenu de tous leurs mails et qui a donc dévoilé au monde les pratiques plus ou moins louches de ces officines de sécurité informatique. Cela dit, pour se faire pirater ses mails à distance par Anonymous, ils ne devaient sans doute pas non plus être des kadors de la sécurité finalement...

Et voici qu'on apprend que l'armée américaine est en train de dépenser des millions de dollars pour développer un réseau de fausses identités sur les divers média sociaux pour pouvoir diffuser rapidement et massivement toute la propagande nécessaire à la bonne image des USA dans le monde entier. Bien entendu, ces fausses identités seraient parfaitement plausibles avec un faux métier de haute tenue, une fausse expertise pour accréditer leurs fausses opinions et de fausses traces un peu partout sur internet, comme nous en laissons tous chaque fois que nous visitons un site quelconque sur la toile (sauf sur le BdG bien sûr).

Ça vous apprendra à accepter n'importe qui parmi vos amis sur Facebook !

>[Adjudant Benny Siline]

   
 15/3/11  Bis Tree of Codes

[Tree of Codes] Nous vous avions parlé il y a quelque temps de « Tree of Codes », un livre très particulier en ce sens qu'il est conçu entièrement à partir des mots d'un autre livre.

Jonathan Safran Foer a masqué et découpé le livre original pour qu'on puisse y lire le livre que lui voulait écrire. Mais cette performance littéraire s'est transformé en cauchemar pour son imprimeur qui a dû développer des trésors d'ingéniosité pour arriver à fabriquer un tel ouvrage dont pas une page n'est entière. Ayant finalement réussi cette gageure, il nous conte par le menu le chemin de croix qu'il a du parcourir dans une petite video très instructive sur la fabrication d'un tel objet graphique. Comme quoi, les imprimeurs ont été de tout temps particulièrement tenaces devant le défi technique que pose un livre, il suffit de relire la biographie d'Alde Manuce pour se rendre compte que cela ne date pas d'hier !

Et tout ceci est à mettre en relation avec cette autre video sur une imprimerie des années 1940. On y voit la fabrication d'un livre (normal, lui) depuis les linotypes de la composition jusqu'à la reliure en passant par l'impression, le massicotage, et toutes les étapes intermédiaires. Quelle évolution en cinquante ans !

>[Amédée Ptitrou]

PS : Vous trouverez également sur le blog d'Abebooks une video sur « Tree of Codes ».

PPS : à ce jour, ce livre est épuisé mais un seconde édition devrait paraître début avril. En anglais, hélas…

   
 12/3/11  Light Wifi dans la ville

[Wifi dans la ville] Qui a dit que la technologie ne pouvait pas être belle ? Non, je ne vous parlerai pas de la prochaine version d'un quelconque appareil à la pomme dont le design enthousiasmera plus les foules que la déficience programmée de certaines de ses fonctions les plus élémentaires. Non, je voudrais vous montrer l'invisible, l'impalpable, l'immatériel réseau informatique qui nous entoure et dans lequel nous baignons tous. Un groupe de jeunes norvégiens a réalisé un mat parcouru de LEDs qui mesure la qualité du Wifi de l'endroit où il se trouve. Promenant dans la ville cet appareil, on voit apparaitre quantité de ces zones invisibles où la connexion informatique est possible, probable ou certaine. Et en suivant ces déambulations avec un appareil photo en pause, à la manière des light-graffeurs, on arrive à visualiser sous la forme d'un ruban de lumière toutes les variations du flux informatique ambiant. Et c'est vraiment très très beau…

On parle beaucoup de réalité augmentée ces derniers temps, c'est à dire la superposition à notre vision organique et limitée d'une série d'informations rendues visuellement accessibles. Et bien sûr, gloire au consumérisme, c'est pour nous montrer la boutique où l'on trouve les prix les plus bas ou le magasin dans lequel on vous donne trois pizzas pour le prix de deux. Mais le jour où on pourra voir le Wifi dans la ville, alors là, je crois que je craquerai pour cet outil aussi beau qu'inutile.

>[Louis Fi]

PS : la gallerie de photos est sur Flickr ici.

   
 9/3/11  Miam! Nourriture en 3D

[Nourriture en 3D] Ah l'informatique, elle envahit tout et donne à chaque domaine son petit parfum de délire et…de bug ! Un nouveau domaine encore quasiment inexploré s'offre aux fous d'informatique : la nourriture. Et il n'en fallait pas plus pour que se déchaine l'imagination inépuisable des geeks.

Après le pâtissier qui imprimait les « Bon Anniversaire » de ses gâteaux grâce à une imprimante nourrie à l'encre alimentaire (une version française ici), voici qu'un autre de ces délireux a eu l'idée géniale d'utiliser une imprimante 3D nourrie avec des purées alimentaires diverses, depuis le fromage jusqu'à la viande en passant par le houmous, la dinde, le celeri ou même… le chocolat ! Et grâce aux différentes buses de l'imprimante, on peut composer avec les aliments comme on le fait avec la couleur, et en volume en plus !

Ainsi l'illustration montre une navette spatiale frite à partir de pâte au fromage et à la noix de Saint Jacques qu'il aurait été extraordinairement difficile de faire à la main, vous en conviendrez. Quand à savoir si la perfection de la forme ajoute au plus au goût qui me semble plus que douteux, je vous laisse seuls juges.

Et oui, un point de contact de plus entre graphisme et nourriture grâce à la médiation de l'informatique. Je n'ose imaginer ce que ce genre d'engin donnerait lors des banquets Graphos…

>[Madmacs]

   
 6/3/11  Oh! Esperluette

[Esperluette] Jean Larcher signale à notre attention un fort joli opuscule intitulé « Eperluette » et qui porte tout entier sur ce signe, énigmatique pour certains, né d'une ligature cursive « e-t » et dont les traces remontent à la cursive romaine ancienne. Son évolution graphique peut être suivie depuis cette époque antique jusqu'à la nôtre où il fut rebaptisé par je ne sais quel nikulturi « et commercial ». Pas plus commercial que toi, eh va donc, rétréci du bulbe ! Car si les romains en ont usé dans leurs cursives successives, ils l'ont transmis à toutes les écritures ultérieures, mérovingienne, caroline bien sûr, gothiques et humanistiques, rondes, batardes et coulées, toutes utilisent cette ligature pour notre conjonction de coordination « et », voir même pour les plus latinistes « etc » sous la forme « &c » en typographie jusqu'il n'y a pas si longtemps.

Le livre est axé sur les 288 esperluettes (dont ne sont montrées que les 231 premières) que Jan Tschichold avait répertoriées dans son livret aujourd'hui introuvable (sauf dans la bilbiothèque Graphos, bien entendu) « Formenwandlungen der et-Zeichen » paru au printemps 1953, qui s'appuyait lui-même sur des recherches de Paul Standard et de Frederick Goudy. Et c'est là un reproche que j'aurai auprès de l'éditeur, c'est de ne même pas au moins mentionner, et sans doute même remercier, Jan Tschichold dont le travail forme tout de même le corps de cet ouvrage. Rendons à César ce qui appartient à César ! De même, il aurait été de bon ton d'accompagner les esperluettes d'une traduction du texte de l'orignal, dont l'intérêt est d'expliciter les figures, leurs liens et les transformations graphiques qu'elles démontrent.

A part ces esperluettes tschicholdiennes, le livre propose une série d'illustrations de belle facture, parfois un peu petites pour en apprécier toute la beauté graphique, dont des pages choisies de manuscrits médiévaux ou des travaux de calligraphes célèbres comme Palatino, Arrighi ou Van de Welde, mais aussi des exemples typographiés de Garamond, Granjon ou Simon de Colines.

Bref, un fort bel ouvrage, richement illustré qui ne déparera pas votre bibliothèque et qui vous donnera, j'en suis sûr, plein d'idées pour jouer calligraphiquement avec ce signe aux formes si diverses.

>[Gonzales Perluette]

PS : merci donc à Jean Larcher, dont les travaux sur l'esperluette ornent la couverture et le frontispice, d'avoir attiré notre attention sur ce livre.

PPS : pour ceux qui voudraient lire l'original de l'article de Tschichold en allemand, vous le trouverez ici.

PPPS : étrangement, ce livre n'est pas (encoore ?) mentionné sur le site de l'éditeur, mais vous y trouverez sans doute de quoi remplir un plein chariot d'ouvrages sur la lettre.

   
 3/3/11  Yess Au dessus de nos têtes…

[Au dessus de nos têtes…] Alors là, je suis très très impressionné… Impressionné par ce que certains individus exceptionnellement passionnés peuvent faire avec quelques mètres de fil de fer, deux ou trois planches et quelques vis. Bon en fait, dans ce cas précis, il s’agit beaucoup plus d’un bricolage à base d’un télescope de bonne qualité à la base, d’une monture motorisée qu’on imagine au moins pour les semi-professionnels (je vois un professionnel, un amateur mais c’est quoi un « semi-professionnel » ?) et enfin des heures que l’on imagine nombreuses passées devant un clavier et un écran à donner à toute cette matière l’esprit logiciel qui l’animera.

Et le tout, après moultes jours de montage, de peaufinage, d’amélioration nous donne cette extraordinaire video : la station spatiale internationale (dite en jargon franglais « ISS ») prise depuis le sol (!) avec un incroyable luxe de détails dont la navette spatiale Discovery qui effectuait là son dernier vol avant de finir dans un musée. Il y a plusieurs videos, une dans laquelle on voit la navette juste à côté de l’ISS prête à s’y amarrer, une video de l’ensemble et une video en 3D (sans lunettes, il suffit de savoir loucher). 2001 l'odyssée de l'espace, en vrai. Les détail techniques du montage, pour ceux que cela intéresse sont décrits par le menu ici.

Alors là, je dis bravo et merci Thierry Legault, parce que donner un travail qui a demandé tant d’efforts ainsi gratuitement à tout un chacun, c’est la preuve qu’il reste encore quelques bonnes âmes dans ce monde où la seule valeur qui reste est l'argent.

Et de plus, quand on voit ce à quoi arrive un amateur (certes très au fait de sa science) du sol vers l’espace, on imagine ce à quoi arrivent des professionnels depuis l’espace vers le sol. Je ne peux pas vous dire alors je ne vous dis pas. Mais bon.

>[Maïté Lescaupe]

   
 Février 
 
 28/2/11  Radio Jean-François Billeter

[Jean-François Billeter] Juste à temps pour signaler à votre attention une émission de France-Culture, « Du jour au lendemain » avec Jean-François Billeter. Ce spécialiste de l’écriture chinoise, sur laquelle il a fait paraître une traité magistral qui est aujourd’hui une référence, a aussi beaucoup étudié Tchouang-Tseu, un vieux maître du taoïsme ancien dont l’œuvre complète, parue il y a fort longtemps dans la collection « Connaissance de l'Orient », avait été un grand choc de ma post-adolescence (il y a une pré-adolescence, nous dit-on, pourquoi n’y aurait-il pas de post adolescence ?).

Après une première partie déjà passionnante sur Tchouang-Tseu, Jean-François Billeter nous explique la conception chinoise de la calligraphie qu’il compare avec celle de la calligraphie latine. Certes, il distingue plutôt les deux traditions en comparant ses recherches très approfondies sur la calligraphie chinoise avec des idées reçues qu’il a sur la calligraphie latine, mais le propos reste pertinent et le fait d’expliciter les recherches chinoises permet de mieux comprendre ce qui se passe quand on calligraphie dans notre écriture.

En effet, au contraire de la tradition calligraphique chinoise, un des grands défaut de notre tradition est de n’avoir jamais produit de traité explicitant les règles graphique d’équilibre des caractères, les relations entre le scribe et l’écriture qu’il produit et comment l’expression du corps s’instille dans l’écriture. Vous trouverez de nombreux ouvrages chinois étudiant les relations vide-plein, le souffle ou la gestuelle calligraphique alors que bien que ces éléments ait été longuement pratiqués et enseignés par les scribes occidentaux, aucun n’a jamais pris la peine de produire un traité un tant soit peu approfondi sur le sujet. Certes de nombreux stages de Graphos ont porté la marque de cette recherche et la plupart de nos invités insistent fortement sur ces points, certes, à chaque fois que nous nous retrouvons notre cher Thierry veille, à ce que notre posture soit correcte, que notre équilibre corporel soit parfait et que nos contreformes soient les plus soignées possibles, mais d’entendre exprimés ainsi ces préceptes sous une forme théorique permet de mieux les synthétiser, donc de mieux les comprendre et donc de mieux les intégrer dans notre pratique.

Bref, profitez de la possibilité que nous donne France Culture de ré-écouter en ligne les émissions récentes pour vous régaler de celle-ci, et des livres de Jean-François Billeter bien entendu.

>[Mareve du Papillon]

   
 25/2/11  Expo Roger Gorrindo

[Roger Gorrindo] Si vous êtes comme moi en train de vous demander dans quelle région vous rejoindrez cet été des hordes d’estivants tenant absolument à tirer un profit maximum des quelques jours de congés que leur octroie parcimonieusement leur employeur, et que vous ne tenez pas forcément à passer votre temps à bronzer idiot sous un soleil qu’on espère aussi généreux que possible, apprenez que cet été à Volvic se produira un événement digne de votre considération d’amateur de la lettre sous toutes ses formes. Cet été, donc, la lettre gravée sera mise à l’honneur par « Traces de pierre », l’Institut d'Art des Métiers de la Pierre et de la Construction de Volvic, qui nous propose de juin à septembre une exposition d’un des plus grands graveurs lapidaires contemporain, mais aussi un des plus discrets et j’ajouterai un des plus créatifs, j’ai nommé Roger Gorrindo.

J’ai eu la chance de rencontrer Roger Gorrindo à Lurs, aux défuntes rencontres de calligraphie, où il venait initier les jeunes calligraphes de l’époque au vieux métier de la gravure lapidaire. Je me souviens de ces après-midi passés sur la terrasse de la chancellerie sous un soleil de plomb qui ne rebutait personne, à dessiner des lettres sur une plaque de pierre et à (commencer à) les graver. Je me souviens de mon premier essai, un simple « I » qui m’avait vite fait comprendre que donner une lettre à l’éternité ne se fait pas si facilement. Il y avait aussi eu une soirée « diapos » au cours de laquelle Roger nous avait montré des travaux de Jean-Claude Lamborot (émerveillement général) puis, en catimini, en fin de soirée, quelques photos de ses travaux à lui. On avait ainsi découvert que la pierre gravée peut aisément et très harmonieusement se marier avec d’autres matériaux comme le bois ou le métal pour former des ensembles dans lesquels chaque partie apporte une composante d’un contraste de chaleur, de forme ou de matière pour bâtir un bel équilibre. La dernière fois que j’ai vu Roger, il gravait une feuille de lierre traditionnelle sur la petite fontaine devant la chancellerie, gravure qui y est d’ailleurs encore à qui sait la voir.

Donc, cet été, prévoyez au cours de vos déplacements de faire un petit détour à Volvic, voir ce qui sera sans doute une des plus belles expositions de l’été, d’autant que la gravure lapidaire ne fait pas souvent l’objet d’une manifestation de cette ampleur. Personnellement, j’ai d’ailleurs commencé à doucement instiller dans mon entourage l’idée que nous y fassions au moins une étape. Afin de ne pas rebuter le reste de la famille, je prends pour prétexte, suivant la personne, de la qualité diététique incroyable de l’eau de la région, de la proximité du parc des volcans et du site ludique de Vulcania, voir pour les plus rétifs d’un nécessaire voyage dans le terroir même où sont produits les meilleurs fromages et charcuteries d’Auvergne. D’ici cet été, je suis sûr que j’arriverai à me les mettre dans la poche.

>[Fatima Suportuguèze]

   
 22/2/11  Video Albert Boton

[Albert Boton] Fait trop rare pour être ignoré, Albert Boton, un très célèbre dessinateur de caractères, co-créateur entre autres de l’Eras qui fit fureur dans les années 70, nous offre sur son site une video très instructive (ici la version longue) qui nous décrit par le menu la vision de son travail qu’a pu bâtir ce maître de la lettre au cours de sa florissante arrière. Et cette video est d’autant plus instructive pour nous autres scribes qu’il nous explique que pour lui, tout part de la calligraphie ! Il nous le démontre à la fois par son discours mais aussi par les images qui l’accompagnent où on le voit prendre la plume, tracer ses lettres, puis les stabiliser et les reprendre jusqu’à ce qu’elles atteignent la rigueur typographique sans perdre pour autant la tension du geste calligraphique. Certes, on sait depuis longtemps que calligraphie et typographie font bon ménage, le stage Graphos de dimanche dernier sur la lettre humanistique le prouve amplement. Certes de nombreux créateurs de caractères sont aussi d’excellent calligraphes, les travaux d’Herman Zapf en calligraphie en sont une brillante démonstration. Mais c’est une chose de l’imaginer et une autre de le voir en action, rapidement, certes, mais bien réellement. D’autant qu’Albert Boton quitte pour un temps son ordinateur pour nous enseigner cette transformation en utilisant la méthode traditionnelle : avec un papier, une plume, un feutre, un grattoir et bien sûr avec sa main qui prouve là qu’elle sait faire bien mieux que de manipuler une souris.

Un bien bon moment à voir et surtout à revoir. Une fois que l’impact du discours est passé, prenez le temps de regarder en arrière plan toutes les manipulations qu’il effectue, regardez les courbes se tendre, regardez les contreformes se construire. Un vrai travail d’architecte !

>[Marika Québoton]

   
 18/2/11  God Réponse

[Réponse] Le post d'il y a quelques jour sur la confession par ordinateur m'a fait repenser, par un curieux rebond, à « Réponse », une très courte nouvelle de Fredric Brown, célèbre écrivain de science-fiction dont l'humour noir particulièrement glaçant a fait la gloire en son temps. Il a écrit ainsi plusieurs dizaines de nouvelles très courtes, très drôles et très percutantes dont les plus célèbres étaient regroupées dans un recueil appelé « Fantomes et farfafouilles » mais celle-ci est parue à part dans « Histoires de machines ». Je vous livre ce texte à méditer.

«  Dwar Ev souda solennellement la dernière connexion avec un fil d'or. Les yeux d'une douzaine de caméras de télévision l'observaient, et les ondes transportaient à travers le cosmos une douzaine d'images de la scène.
Il se redressa, s'inclina vers Dwar Reyn et se plaça près de la manette qui allait établir le contact quand il l'abaisserait. La manette qui allait relier d'un seul coup tous les monstrueux ordinateurs de toutes les planètes habitées de l'univers - quatre-vingt-seize milliards de planètes-dans un supercircuit. Une machine cybernétique combinant toutes les connaissances de toutes les galaxies.
Dwar Reyn prononça quelques mots pour les trillions de gens qui regardaient la scène. Et après un silence, dit :
— A vous, Dwar Ev.
Dwar Ev abaissa la manette. II y eut un bourdonnement immense. L'influx de courant de quatre-vingt-seize milliards de planètes. Des lumières s'allumèrent s'éteignirent le long du tableau qui s'étendait sur des kilomètres. Dwar Ev recula, inspira profondément.
— L'honneur de poser la première question vous revient, Dwar Reyn.
— Merci, dit Dwar Reyn. C'est une question a laquelle aucun ordinateur n'a encore pu répondre.
II se tourna vers la machine:
— Dieu existe-t-il ?
La voix puissante répondit sans hésitation. Sans même le déclic d'un simple relais.
— Oui. Maintenant Dieu existe.
Une panique soudaine apparut sur le visage de Dwar Ev. Il se précipita sur la manette.
Un eclair jailli du ciel sans nuages le frappa, avant de souder la manette en position de marche. »

Et c'était avant la création d'internet, on l'a échappé belle !

>[Madmacs]

PS : j'ai trouvéce texte sur internet directement accessible en ligne. Je pense qu'il n'y a donc pas de souci pour le publier à mon tour, tout en vous engageant fortement à lire tout Fredric Brown, bien sûr !

   
 15/2/11  Small Voyage au centre…

[Voyage au centre de la plume] Un graphosien de longue date qui se dissimule sous le pseudo « callidentiste » me fait parvenir une petite merveille de video calligraphique. A l'opposé complet de Denis Brown dont les travaux gigantesques occupaient un mur, ce qui permettait à tous les spectateurs d’admirer son style, ses élans et la pureté de son geste calligraphique, il s'agit ici d'une caméra miniature posée sur le dessus d'une plume qui est si petite (la caméra) qu'elle ne gêne pas le calligraphe dans ses exercices d'une anglaise un peu grasse ou d'une ronde un peu inclinée.

En tout cas, le résultat est somptueux et se regarde de bout en bout sans aucun ennui : naissance et formation des lettres en direct et sous un angle imprenable.

Certes, j'ai attendu comme vous la recharge qui plongerait la plume (et la caméra ;-) dans l'encrier, je vous rassure cela n'arrive pas. Par contre, j'imagine très bien ce qui doit se passer dans la tête de notre cher callidentiste… Sans doute imagine-t-il le même dispositif posé sur.. une roulette ? Et pouvoir ainsi mettre en ligne sur YouTube la video d'un geste particulièrement délicat quand il arrive à nettoyer une carie ? Ou bien au bout de son outil quand il étale en souplesse tel ou tel amalgame dans une dent creuse ? En tout cas, il peut être tranquille, la caméra ne semble pas avoir de micro incorporé donc on n'entendra pas les hurlements de douleur de ses patients… ou alors seulement dans une version « gore » et interdite aux mineurs avec avertissement !

>[le Schtroumpf calligraphe]

   
 12/2/11  Confession

[Confession] Certaines personnes ont vraiment de drôles d'idées et Internet a ce merveilleux avantage de mieux les faire connaître. Certes, Benoît XVI a invité les prêtres à embrasser la modernité et donc à tenir des blogs et à y maintenir une stricte « netiquette » chrétienne, mais voilà qu'un hurluberlu a créé une application pour iPhone qui sert à la confession ! Fini le confessionnal sombre, fini le récit honteux par le menu de toutes les péchés qui ont encombré la vie de tous les jours, fini enfin les regards reprobatifs du prêtre qui, lui, sait que vous êtes incapables de vous retenir devant un bocal de Nutella… ou pire…

Maintenant, il suffit de le dire dans votre iPhone et tout est réglé, et lui n'en a rien à faire que votre goût immodéré pour le Nutella dépasse les bornes de la gourmandise moyenne. Bon, je vous rassure aux dernières nouvelles, le Vatican aurait déclaré que ce genre de confession n'est pas valable puisqu'il n'y a pas de prêtre pour vous absoudre. Mais si on imagine un call-center avec une ribambelle de prêtres recevant les messages de confession et absolvant le pécheur, cela pourrait marcher, non ?

Les musulmans sont bien plus en avance dans ce domaine : ils ont déjà un forum animé par des théologiens de l'université d'Al-Azhar dans lequel des fidèles peuvent anonymement poser des question concrètes de la vie de tous les jours et demander aux autorités religieuses de les guider dans leur conduite dans le respect total de la religion. Et une interview d'un de ces théologiens montre une imprégnation de la modernité dans leurs réponses que je trouve tout à fait admirable. Point de sentence définitive qu'on imaginerait parfois issue des années les plus sombres du haut moyen-âge. À un homme qui demandait la conduite à suivre après avoir eu une relation extra conjugale, il était recommandé de se repentir, c'est une bonne idée, mais aussi de s'assurer qu'il n'avait pas transmis de maladie vénérienne à sa femme légitime ! Beau contre-exemple des idées reçues nauséabondes au sujet de l'islam qu'on sent monter de ci de là, et une attitude dont on pourrait peut-être s'inspirer au Saint-Siège.

>[Barnaby Sixteen]

   
 9/2/11  Lire Le maitre de Garamond

[Le maitre de Garamond] On me parlait depuis plusieurs années d'un roman sur l'imprimerie de la Renaissance, et au hasard d'un furetage dans une des librairies aixoises, je me suis laissé tenter à l'acheter malgré la hauteur considérable de mes bibliotaphes (*). Bien entendu, une fois que ce livre a franchi le seuil de ma demeure, il doubla rapidement tous ses multiples congénères en attente de lecture et se retrouva enfin peu de temps après entre mes mains fiévreuses.

C'est peu de dire que je l'ai dévoré. Je dois avouer que ma conversation ces derniers jours a été plutôt faite de borborygmes, de monosyllabes hâtifs, d'acquiescements ou de dénégations furtifs. Car je n'aspirais qu'à une chose : retrouver les péripéties mettant en scène ce jeune imprimeur du XVIe siècle : Claude Garamond. Vous aurez peut-être reconnu le livre d'Anne Cuneo, « Le maître de Garamond ». C'est une impression unique de lire ce roman qui nous compte par le menu la vie de Garamond mais aussi de quelques autres grands imprimeurs de la Renaissance, la façon dont il prit contact avec le monde des imprimeurs-éditeurs-libraires, son rude apprentissage, les voyages qu'il fît, dont celui à Venise et à Bâle pour rencontrer d'illustres collègues, Froben, Manuce ou Griffo, le tout sur fond de naissance de la réforme et de début des persécutions religieuses.

Je connaissais plus ou moins les personnages de ce roman, au moins de nom, sinon par leurs travaux ou leur réputation, mais de les voir ainsi s'animer, se rencontrer, discuter entre eux sur tel ou tel sujet, bref, assister à leur vie de tous les jours en ce XVIe siècle tourmenté est comme si on avait sous mes yeux sorti des marionnettes bien connues de leur tiroir pour les mettre soudain en scène, leur donner un décor, les faire parler et les inclure dans une trame historique et politique qui allait en mener plus d'un au bucher. Les améliorations techniques et esthétiques de livres de l'époque (merci l'espionnage des vénitiens), l'apparition des premiers livres religieux traduits en langue « vulgaire » c'est à dire lisibles par tout un chacun, la toute puissance des théologiens de la Sorbonne, les fuites en Suisse, refuge de tous ceux qui ont maille à partir avec les religieux en place, bref, un aperçu très complet de ce siècle qui vît la fin du moyen âge, la naissance de l'humanisme, et par bien des aspects, les premières prémisses du monde dit moderne.

Remarquablement documentée, en tout cas pour ce que je peux en juger sur les techniques d'imprimeries du XVIe siècle, Anne Cunéo nous offre ici un roman absolument indispensable pour qui veut mieux comprendre cette époque charnière et le rôle prédominant que l'imprimerie y joua, un roman qu'il est très difficile de quitter tant les thèmes abordés sont multiples et passionnants, et tant la reconstitution de lavie de tous les jours de l'époque est immersive. Bref, à lire absolument !

Une dernière petite chose, le livre est imprimé en utilisant les caractères et les lettrines de l’époque, du moins c'est ce qui est prétendu en préface. Honnêtement pour qui a déjà feuilleté des livres de l’époque, cela n’a pas grand chose à voir, mais l’effort est louable, même si on peut regretter qu’il se soit cantonné aux caractères sans franchir le pas de nous offrir des marges suffisamment amples pour que nos doigts ne cachent pas une partie du texte. Ceci pour l’édition de poche, bien entendu.

>[Habib Liotaf]

(*) littéralement « tombeaux de livres » pris ici dans un sens plus habituel de pile(s) de livres en attente de lecture.

   
 6/2/11  €€€ Essayez Joos gratos !

[Essayez Joos gratos !] La nouvelle vient de tomber sur nos téléscripteurs, le site de la fonderie typographies.fr tenu par Jonathan Perez et Laurent Bourcellier vous propose de tester un jeu réduit de leur (superbe) police « Joos » gratuitement sur simple demande par mail ! Rappelons que cette police, dont nous avions salué la création en son temps, inspirée des travaux d'un graveur de poinçons flamand, Joos Lambrecht, est joliment connotée renaissance et possède un style tout à fait particulier dans lequel je retrouve avec joie bien des traces du geste calligraphique. Souvenez-vous également que cette police a obtenu le prestigieux Type Directors Club Certificate of Excellence in Type Design de New York en 2010 et qu'il s'agit donc d'une occasion tout à fait exceptionnelle de composer en utilisant cette police gratuitement.

Bien évidemment, l'idée est qu'étant séduit par le Joos, vous en acquériez une licence et que vous en fassiez bon usage. Alors par la même occasion allez voir sur le site typographies.fr et regardez par exemple, la police « Cadence » qui propose toute une série de vignettes combinatoires à la Pierre Simon Fournier, mais dont le style est beaucoup plus moderne. On peut les associer les unes aux autres pour former des motifs simples ou complexes, des rinceaux ou des cadres et ce avec une grande créativité. Une belle réussite dans un genre tout à fait particulier, une exploration totalement unique du dessin typographique au sens premier du terme.

>[Harpagon Picsou]

   
 2/2/11  Video David Rault

[David Rault explique la typo] Je sais de source sûre que certains de nos lecteurs, pratiquant plutôt l'art de la calligraphie ont peu d'attirance pour la typographie, dans laquelle ils pensent que le geste de la main s'est perdu et où la machine inhumaine règne en maître. C'est souvent parce qu'ils ne connaissent que peu le champ typographique et surtout parce qu'ils ne perçoivent pas le fait qu'à la source toute police de caractère typographique, il y a le geste de la main, certes stabilisé, lissé et même aseptisé parfois, mais la lettre et les préoccupation de la typographie ont des équivalents tout aussi importants dans la champ de la calligraphie.

J'en veux pour preuve la superbe video que David Rault nous propose pour nous initier à l'art typographie et je la conseille donc à tous les sceptiques. Simplement, quand il décrit les diverses connotations que véhicule une décision typographique, imaginez à la place qu'il parle du choix d'un style d'écriture calligraphique au lieu du choix d'une police. Et vous vous rendrez compte que tout ce qu'il évoque s'applique parfaitement à la calligraphie ! Mais si la typographie, sa sémiologie et son lien entre signifiant et signifié sont bien connus, ont été longuement et profondément analysés et décrits, jamais personne n'en a fait de même pour la calligraphie. Comment choisir un style calligraphique ? Faut-il vraiment que « Senatus populusque romanus » soit toujours en capitale romaine ? Et que « J'te kiffe à donf » soit obligatoirement sous forme de graf' ? Que les textes de la renaissance soient en humanistique et que ceux du moyen âge soient toujours en textura ? Que donnerait « J'te kiffe à donf » en capitale monumentale et « Senatus populusque romanus » graffé sur un mur ?

Je crois que tout plratiquant de la calligraphie a beaucoup à retirer de la démarche typographique et que cette vidéo (et les livres) de David Rault peuvent faire évoluer profondément la perception que tout calligraphe a de son art. A vos souris !

>[Bart Rowland]

PS : les livres de David Rault sont à l'Ateleir Perrousseaux.

   
 Janvier 
 
 29/1/11  Expo Alphabets à Marseille !

[Alphabets à Marseille !] Je ne sais pas pourquoi je ne vous parle pas plus souvent d’Alphabets, cette association niçoise animée par Rina Viers qui se propose de tisser des liens entre les différents peuples méditerranéens en leur montrant combien leurs écritures alphabétiques sont issues de racines communes. Cela passe par diverses publications érudites, que je trouve pour ma part totalement passionnantes, sur la naissance de notre bien commun qu’est l’alphabet, mais aussi par une célèbre affiche que vous trouverez sûrement dans une librairie pas loin de chez vous, affiche qui met en regard les différentes écritures méditerranéennes d’une façon à la fois didactique mais aussi très graphique. Alphabets publie un bulletin autour de ses activités mais qui regroupe aussi toute sortes d’articles autour de l’écriture, compte-rendus de livres, colloques ou expositions.

Justement, à partir de la semaine prochaine, je vous propose d’aller voir une exposition qu’Alphabets fera à la mairie du XIe arrondissement de Marseille sur le thème de « la naissance des alphabets autour de la Méditerranée ». Vous y trouverez des témoignages de la naissance de l’alphabet mais aussi de son évolution et de ses diverses branches qui donnent aujourd’hui la si grande variété des écritures méditerranéennes.
Avec un peu de chance, vous y croiserez Rina Viers en personne qui vous en expliquera la substantifique moelle avec sa verve, son énergie et son érudition sans pareilles. Elle fait d’ailleurs une conférence de présentation mardi prochain à 17h30. Profitez donc de cette occasion de prendre contact avec Alphabets, ce n’est pas si souvent que nous avons la chance de l’accueillir dans la région marseillaise !

>[Ralph Abet]

Toutes les informations sur cette exposition ici ou sur notre album Picasa ici et .

   
 26/01/2011  Hein? Consommation…

[Consommation quand tu nous tiens…] Les excès de la gadgettisation de notre environnement me feront toujours bien rigoler. Certes le consommateur effréné qui se tapit en chacun de nous a de quoi assouvir ses instincts de consommation frénétique de produits courants. Mais une fois que l’on a tout ce qui peut être utile, que faire pour satisfaire ses envies d’achats compulsifs ? Acheter des choses inutiles ! Et c’est bien pour ça que fleurissent les marchand de gadgets, chacun plus inutile que le voisin, dont l’utilité cesse en général au bout de quelques secondes mais qu’il faut absolument posséder pour pouvoir le montrer à son voisin.

En ce début d’année, la palme de ces gadgets absolument inutiles et donc totalement indispensables revient sans conteste au clavier à émoticon. Il s’agit de polluer la surface de mon bureau déjà bien encombré par un accessoire encombrant, d’ajouter un câble à mon ordinateur dont l’arrière ressemble déjà à un plat de spaghettis bien mélangé, d’occuper un port USB de plus, ce qui me forcera au bout d’un moment à acheter un « hub » (sorte de prise multiple USB) qui lui aussi apportera avec lui son lot de câbles de connexion, mais aussi de câbles d’alimentation, d’où nécessité de brancher une nouvelle prise multiple à la chaine déjà bien longue, et d’ajouter une part supplémentaire de consommation d’énergie à la gabegie déjà considérable que nos pays considèrent comme normale.

Bref, tout cela pour ne pas avoir à taper trois lettres de suite sur mon clavier, sans compter que le nombre ridicule de touches limite notre créativité aux seize exemples les plus classiques de ces figures de style informatique, abandonnant sur place *<:o) , =B-) ou même =]:-)= , bref une totale dépersonnalisation de nos messages. Se dire qu’il y a quand même quelqu’un qui a été prêt à monter une chaine de fabrication, à trouver un distributeur mondial et à inonder la presse spécialisée d’annonces pour ce machin totalement inutile, alors qu’on a toujours pas réussi à créer un bon tire-bouchon qui ne laisse pas dans la bouteille moultes poissons pour peu que le bouchon ait à peine quelques années !

Eh oui, il faut se rendre à l'évidence, la chasse aux pigeons est ouverte… On vit vraiment une époque formidable, comme le disait ce regretté Reiser.

>[Madmacs]

   
 23/1/11  Mail MAAW 2011

[MAAW 2011] Emmanuel Spaeth nous informe, en ce frileux début d'année, que si vous restez bien au chaud chez vous au lieu d'affronter les frimas, vous aurez au moins une bonne occupation au coin du feu, c'est de participer à la version 2011 de MAAW !

« Du nouveau pour cette quatrième édition de Mail-Art Across the World :
- La Hongrie et l'Ukraine sont de la partie.
- une nouvelle adresse du site internet : www.calligraphy-mail-art.com
- un lien d'événement pour participer si vous avez un compte sur facebook (pas comme George Clooney cf colonne de gauche NdBdG)

Envoyez votre enveloppe calligraphiée avant le premier avril 2011 à l'adresse indiquée sur le site ci-dessus (difficile exercice de prononciation NdBdG)

Mail-Art Across the World est un appel à mail-art d'enveloppes calligraphiées suivi d'expositions en Europe organisé tous les deux ans depuis 2005. Cette année, quatre associations calligraphiques européennes y participent : pour la France :« Atelier-calligraphie », pour la Belgique « Plumes & Calames », pour la Hongrie « Szalai & Buzogány » et pour l'Ukraine « Manuscriptum ».

Les enveloppes sont exposées avec le nom et le pays de leur auteur  dans les pays organisateurs. Ni les enveloppes, ni les expositions ne sont vendues ou louées. C'est un projet coopératif sans but lucratif.

Merci de diffuser l'information :-) »

Alors à vos plumes, calames, tire-lignes, pinceaux ou tout autre instrument improbable qui puisse donner un tracé intéressant et au boulot !

>[Manu Spaeth]

   
 17/1/11  €€€ Coffret Grandjean

[Coffret Grandjean] Comme chaque année, le Musée de l’Imprimerie envoie ses vœux à ses amis, mais ceux de cette année sont assez inhabituels. Certes, la conception graphique est comme souvent, particulièrement réussie, toute de classe et de simplicité, et la réalisation est tout simplement luxueuse, beau papier, belles couleurs, un vrai plaisir à tenir en main. Mais ce n’est pas tout. Car au dos, en partenariat avec l’Atelier du livre d’art et de l’estampe de l’Imprimerie nationale, on nous signale la disponibilité d’un superbe coffret Grandjean qui contient le tirage à partir des cuivres originaux des dessins des caractères du Romain du Roi ! Ces cuivres datant de plus de trois siècles et produits par la commission Bignon, ont servi à Grandjean à graver le fameux caractère destiné à exalter la magnificence des réalisation de Louis le Grand, quatorzième du nom et roi soleil (pour plus de détails sur cet épisode, voyez les premières pages du tome II de l’Histoire typographique d’Yves Perrousseaux).

Quelle émotion de découvrir ces impressions en taille douce si belles et si fines sur un beau papier à la forme, de contempler un vrai morceau d’histoire de la typographie, les dessins de caractères tels que ces personnages d’exception ont pu les créer et les utiliser, à une époque où graver un caractère représentait des jours de travail, d’abord pour la commission qui a dû les concevoir (imaginez ce qui leur serait arrivé si Louis XIV ne les avait pas trouvé à son goût..) puis au célèbre Grandjean qui a dû les graver (même traitement en cas de désapprobation royale), bref, ces impressions sont un peu le château de Versailles de la typographie. Et en plus, elles sont très belles, ne vous l’ai-je pas déjà dit ?

Le coffret est consultable au musée de l’Imprimerie à Lyon et, bon, autant vous dire que c’est un très très beau cadeau à (vous ?) faire… un cadeau à un prix, hum hum, assez exceptionnel c’est sûr… mais un cadeau d’autant plus unique que ces cuivres sont repartis rejoindre dans les coffres-forts les autres trésors de l’Imprimerie Nationale et n’en sortiront sans doute jamais plus.

Alors franchement, plutôt que de faire refaire votre cuisine qui dans dix ans sera de toute façon totalement délabrée, préférez ce magnifique coffret qui dans dix ans sera toujours aussi beau !

>[Scrooge McDuck]

   
 14/1/11  KLi « Traits d’union »

[« Traits d’union »] Et l’année calligraphique 2011 commence fort avec le retour des quatre mousquetaires de « Pas plus sage qu’il ne faut », j’ai nommé Stéphanie Devaux, Denise Luc, Jean-Marie Dommeizel et Laurent Pflughaupt (que chacun leur fasse correspondre un des quatre célèbres bretteurs comme il lui plait) auxquels vient s’adjoindre un vieux complice (non pas vieux par l’âge !) David Lozach. Autant dire que c'est du lourd comme disent les djeuns de notre temps.

Leur exposition titrée « Traits d’union » semble axée non seulement sur la calligraphie mais également sur l’art contemporain, ce qui est à la fois dans le prolongement de la démarche de ces cinq calligraphes mais qui peut aussi nous réserver des surprises, tant le domaine de l’art contemporain a déjà quitté depuis longtemps les rives des arts graphiques pour s’engager dans les eaux plus aventureuses des installations, événements ou autres œuvres parfois éphémères dont le regard du spectateur est souvent primordial. Certains hélas ont même été s’échouer dans les récifs périlleux du n’importe quoi culturel mais vu la qualité de notre quintette, je suis sûr que leur nef est plutôt dans les eaux bien plus intéressantes de la découverte esthétique et du mélange des cultures.

Hélas, il faut le dire, cette exposition est une fois de plus à Paris et nous autres pôvres provinciaux du sud devrons attendre un hypothétique déplacement professionnel ou une accélération fulgurante de la dérive des continents qui amènerait la mairie du Xe arrondissement vers la Canebière pour pouvoir apprécier leur nouveaux travaux. Peut-être aurons nous la possibilité de voir tout ceci un peu plus près au cours de cet été ? En attendant, les amis de l’écriture de l’Île de France pourront dès lundi aller visiter cette exposition, et nous nous contenterons de faire de belles écritures sur la terrasse, agréablement baignés du doux soleil de la Provence, on ne peut pas tout avoir !

>[Olive Oyl]

Exposition présentée du 17 janvier au 17 février 2011 - Lundi au vendredi 8h30 à 17h00 - Jeudi 8h30 à 19h30 - Samedi 9h00 à 12h30
Mairie du 10e Hall - 72 rue du Faubourg Saint-Martin - M° Château d’Eau ou Jacques Bonsergent - Bus n° 38, 39, 47 - Vélib’ rue Hittorff - rue des Petites Ecuries - entrée libre.

PS : si vous avez aimé Robert Darnton dans les Matins de France Culture, vous pouvez le retrouver une heure de plus dans Concordance des temps de samedi dernier, interviewé par Jean-Noël Jeannenet, podcastable sur le site de France Culture pendant une semaine.

   
 11/1/11  OMG Give me a five

[Give me a five] OMG ! Mine de rien, en y regardant de près, si on fait la part des choses, en comptant bien sur mon calendrier, et dans ma tête, et sur mes doigts… le BdG a cinq ans ! Et oui, le premier janvier 2006, après un petit mois en catimini, le BdG émergeait des limbes pour commencer haut et fort à vous retransmettre tous les événements touchant de près ou de loin (et parfois de fort loin, il faut bien l'avouer) le champ vaste et parsemé de trésors de l'écriture sous toutes ses formes.

Nous avons eu quelques tristes nouvelles que je préfère oublier…

Nous avons eu nos fausses bonnes nouvelles comme le livre sur l'histoire de l'écriture que nous croyions gratuit alors qu'il ne l'était pas, d'où un bien piteux correctif…

Nous avons eu heureusement de nombreuses bonnes nouvelles, des expositions qui nous ont enchantés, des livres qui nous ont réjouis, des films qui nous ont enthousiasmés, bref, une ribambelles de joies et d'émerveillements que nous avons essayé de vous faire partager…

Car c'est ainsi, le monde regorge d'occasions de découvrir des trésors, de se régaler de sublime et de s'émerveiller de beauté. Et de nombreuses personnes s'échinent à en rajouter encore plus, ce dont il faut absolument que vous puissiez profiter !

Alors c'est vrai, ici on ne « casse » pas, on ne critique que dans la mesure où cela reste amical et mesuré, et on ne se moque jamais d'un travail qui n'a pas pu atteindre la perfection. Il y a tellement de beaux travaux et de beaux individus, que perdre du temps à dénigrer tel ou tel ne serait que… perdre du temps, le vôtre et le nôtre.

Et c'est donc reparti pour 2011, en remerciant tout notre réseau d'informateurs, de rabatteurs et de balances qui nous fournissent toutes les niouzes qui échappent à notre regard pourtant perçant, en gardant notre esprit ouvert à la nouveauté et attentif à la tradition et en espérant continuer d'intéresser nos lecteurs de plus en plus nombreux.

Cinq ans, c'est la fin de la maternelle alors l'année prochaine, promis, on apprendra à lire et… à écrire !

>[zeBdG]

PS : et vous avez vu la date ?

   
 7/1/11  Niou Robert Darnton

[Robert Darnton] Ne manquez pas de podcaster avant lundi l'émission des « Matins » de France Culture de ce vendredi 7 janvier. L'invité était l'historien américain Robert Darnton dont les analyses sur le passé, le présent et le futur du livre imprimé sont absolument lumineuses. Sortant une bonne fois pour toute de l'habituelle clivage livre papier contre livre numérique et donc la tradition contre les modernes, il analyse l'état actuel de l'édition en terme de complémentarité comme certains l'ont déjà compris et... exploité ! Voyez Amazon qui propose les deux supports, certes avec une politique des prix discutable, mais cela prouve par là les limites de la vision simpliste du ebook qui tuera le livre papier comme le livre imprimé a tué le livre manuscrit. Robert Darnton a notamment fait un parallèle historique surprenant en lisant un texte des débuts de l'imprimerie qui stigmatise le fait qu'il est tellement facile d'imprimer un livre que l'on imprime tout et n'importe quoi, principalement sur le mode du divertissement?. Fait surprenant, ce texte  est d'une actualité surprenante si on remplaçe le livre manuscrit par le livre imprimé et le livre imprimé par internet. Oui, c'est vrai, le livre électronique va grignoter des parts de marché au livre papier. Mais les premières études prouvent que le marché du ebook est bien plus complémentaire du marché traditionnel du livre que réellement concurrent : les ventes d'ebook augmentent certes, mais les ventes de livre papier ne diminuent absolument pas en proportion ! Les lecteurs sont simplement plus nombreux, et si le livre électronique peut réconcilier le grand public avec la lecture, alors vive le livre électronique !

>[Docteur Neophobus]

Son livre :

« Apologie du livre . Demain, aujourd'hui, hier » (2011)
240 pages, Collection NRF Essais, Gallimard
ISBN 9782070128464. 19,00 €

   
 4/1/11  Help Micro-éditeurs

[Micro-éditeurs] 2010 a été une année difficile pour bien des secteurs de l'économie… Et ces difficultés ont été ressenties encore plus par les entreprises déjà fragiles ou dont l'équilibre financier précaire est particulièrement soumis à rude épreuve par ces années de vaches maigres. C'est, par exemple, le cas des petits éditeurs. J'ai ainsi reçu un mail d'une de ces maisons d'édition de livres du plus haut intérêt, mais seulement pour un nombre limité de personnes, me signalant que si je voulais continuer à apprécier sa production en 2011, il faudrait lui passer une commande d'un montant donné avant la fin de l'année. Sans quoi, elle fermerait ses portes et adieu à ses livres.

Cette situation n'est pas isolée : nombreuses sont les maisons d'édition qui ne comportent qu'un nombre très restreint d'employés, dont les livres traitent de sujets difficiles ou pointus qui demandent un certain effort de la part du lecteur pour pouvoir être appréciés. Or, vous en conviendrez, la valeur de l'effort n'a pas le vent en poupe en ces temps de divertissement à outrance dont le but n'est en tout cas pas de rendre le spectateur plus intelligent ! C'est aussi le cas d'éditeurs qui sont particlièrement intransigeants sur la qualité de fabrication, poussant l'imprimeur à utiliser toute la connaissance qu'il a de son métier pour atteindre la perfection que le lecteur appréciera. Là encore, la qualité n'est pas une valeur de la société consumériste qui préfère le bas de gamme de masse à la recherche de la qualité de fabrcation (je suis allé au supermarché cet après-midi, ceci explique cela).

Soutenez donc les petits éditeurs en achetant sur leurs sites les beaux livres qu'ils vous proposent, non seulement vous en aurez pour votre argent mais en plus vous ferez une bonne action ! Que demander de plus ?

>[Léontine Bourdalou]

PS : je viens justement de recevoir les « Souvenirs brouillés du palais typographique », aux éditions des Cendres, dont je vous avais parlé il y a quelque temps, et bien il est encore plus réussi que ce que j'en avais aperçu en quelques secondes de feuilletage, texte superbe, photos noir et blanc magnifiques et réalisation de grande qualité. Rien de tel ne pourrait sortir d'un Galligrasseuil…

   
 1/1/11  Vœux Bonne année !

[Bonne année !] En cette matinée du premier janvier 2011, alors que la vie citadine s'éveille à peine d'un réveillon copieusement arrosé et que la queue se fait devant la pharmacie de garde pour acheter qui l'Alka Selzer qui d'autre le Maalox, ne reculant devant aucun effort et tâchant de se remettre des excès gastronomiques de la veille, toute l'équipe du BdG vous souhaite une bonne année 2011, pleine de belles réalisation de vos projets d'écriture quelqu'en soit le support et la technique, que l'esprit de l'amitié, de la beauté et de la réussite baigne cette nouvelle année comme le soleil invaincu et resplendissant baigne la Provence en ce petit matin d'hiver.

Que cette année nouvelle vous apporte les sept souhaits de Provence :
- la bonté du pain
- la plénitude de l'oeuf
- la sagesse de l'abeille
- la force du chêne
- la richesse de l'or
- la lumière de la flamme
- et la douceur du miel de lavande.

Le meilleur reste à venir…

>[ZeBdG]

PS : quand les maths vous tiennent la tête, elles colorent votre vision... La date d'aujourd'hui est en effet le 1/1/11... en attendant le 11/1/11 et le 1/11/11 et bouquet final, le 11/11/11, seul de son espèce chaque siècle a être formé de trois fois le même nombre constiué de deux fois le même chiffre !

   



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- dois-je pour autant quitter Isabella, sur le [BdG] ?
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